Voici une belle petite comédie en un acte, comme
Marivaux sait si bien nous les servir à point. Ici, point de haute portée philosophique (quoique), mais une jolie partition, bien menée, bien rythmée, bien écrite.
Ainsi, le marquis aime la comtesse, Hortense aime le chevalier, lesquels comtesse et chevalier, en retour aiment le marquis et Hortense. Eh bien ? Tout va bien alors ? Qu'ils se marient tous et qu'on n'en parle plus dans ce cas.
Certes, mais ce n'est pas aussi simple que ça, et c'est tout là l'enjeu de la pièce. D'une part, une clause testamentaire prévoit que si le marquis épouse Hortense, il n'aura rien à débourser, tandis que s'il en choisit une autre, il devra reverser à ladite Hortense deux cent mille francs sur les six cent mille qu'il vient de toucher.
On comprend ainsi mieux pourquoi ladite Hortense essaie de soudoyer les domestiques autant qu'elle peut afin de faire aboutir l'union du marquis avec la comtesse. Intérêt financier, d'une part, mais il est un autre point sur lequel
Marivaux souhaite nous emmener.
Il s'agit d'autre part du chapitre de l'orgueil et de l'honneur. En effet, le marquis aime la comtesse, mais ne veut pas s'abaisser à le lui avouer le premier, et, vous vous en doutez, il en va de même de la comtesse.
De l'orgueil ou de l'appât du gain, lequel aura raison duquel ? Ça, je m'en voudrais de vous le révéler. Sachez encore que l'un des domestiques pousse dans un sens, tandis que l'autre dans l'autre.
Et l'amour vrai, là dedans ? semble nous questionner l'auteur, l'amour simple et seul, dépouillé des sentiments d'orgueil et d'appât du gain, qu'en est-il ?
Pour moi, ce fut un moment plaisant, tout particulièrement eu égard à cette langue sublime du XVIIIème dont il est un si brillant orfèvre, et qui rend les répliques tellement savoureuses. Un vestige des temps jadis, mais un si beau vestige. Il est loin le temps où l'on se parlait de la sorte, et pourtant, c'est tellement beau.