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Partages tome 2 sur 1
EAN : 9781095086339
Inculte éditions (05/10/2016)
4.58/5   6 notes
Résumé :
Partages II reprend la deuxième année (le mes chroniques sur Facebook, écrites entre juillet 2014 et juillet 2015. L'expérience inaugurée en juin 2013 a donc continué, avec une régularité, un texte tous les deux jours, quelles que soient les circonstances, qui, je dois dire, m'étonne un peu moi-même, comme si toutes les lignes de mon travail trouvaient leur expression dans ce lieu que j'appelle "sans-lieu", ce lieu de la banalité la plus normale. Au fil des jours, s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Honnêteté de la poésie, humilité de la traduction, intensité du coeur et de l'esprit comme antidotes possibles à la montée des haines. Indispensables partages.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2016/12/08/note-de-lecture-partages-vol-2-andre-markowicz/
Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
20 JUILLET 2014
Sur un silence obligé
Vincent Nordon fait un post pour dire qu’il ne dira rien de ce qui se passe actuellement à Gaza. Je le comprends parfaitement. Et c’est justement parce qu’on ne peut rien dire, ou plutôt, parce que les choses sont organisées de telle sorte qu’on ne puisse rien dire.
Il y a, de fait, collusion entre la droite israélienne au pouvoir et le Hamas. Les deux ont besoin l’un de l’autre : plus l’armée israélienne détruit et tue (des innocents ou pas des innocents – mais, essentiellement, hélas, des innocents), plus le Hamas est fort. Une seule roquette d’un criminel fanatique du Hamas est rendue plus forte que toutes les opérations militaires israéliennes, à cause, justement, de la disproportion. Et ça va continuer, parce que personne n’a l’intention de dire au gouvernement israélien que ça suffit. L’existence du Hamas dépend de la guerre. Et, ça, pour une raison claire. La seule réponse aux fascistes musulmans est l’ouverture totale des frontières, la destruction de tous les murs, et le début d’une coopération économique. Cela, personne, n’en veut. Parce que ce pourrait être le début de la paix. Avec la paix viendrait la question de la démocratie : c’est-à-dire de savoir si une vie arabe vaut une vie juive, et ce qu’il en serait d’un État juif dans lequel les Arabes pourraient, un jour, avoir une majorité démographique. Parce que le problème est celui-là : si la démocratie est la démocratie de l’État juif, elle ne vaut, objectivement parlant, que pour les Juifs – et donc, qu’on le veuille ou non, qu’on proteste ou non, elle s’apparente à celle de l’apartheid : la démocratie pour les blancs, et pas pour les autres.
Israël ne tient que par la confusion créée par le gouvernement israélien entre Israël et les Juifs. Comme si les Juifs devaient obligatoirement, en tant que Juifs, être solidaires de la politique de l’État créé par des Juifs pour les Juifs. C’est aussi la confusion qu’entretiennent les organisations sionistes ou confessionnelles : critiquer Israël, ou tel ou tel aspect de la politique d’Israël, c’est mettre en cause l’existence même de l’Etat d’Israël, et donc être antisémite. Ce saut, ici, en Bretagne, nous le voyons tous les jours, à l’échelle infime du nationalisme breton : si je critique les nationalistes bretons, je suis anti-breton. Cette accusation est la base même de toute rhétorique nationaliste. Pour Israël, la monstruosité est que, derrière les accusations d’antisémitisme, il y a, réellement, la longue histoire des persécutions anti-juives, et le génocide hitlérien. Le fait d’utiliser la tragédie de l’hitlérisme pour se laver de toute critique dans l’ici-et-maintenant est, au sens strict du terme, désarmant. C’est exactement le but : on ne devrait pas pouvoir critiquer un État qui entretient Yad Vashem, et qui a accueilli à sa naissance un tel nombre de survivants de l’Holocauste. Si on le critique, on paraît, tout de suite, criminel. Et Israël peut donc continuer d’appliquer des punitions collectives pour des faits individuels, c’est-à-dire de faire ce que faisaient les bolcheviks, et, hélas… pas que les bolcheviks.

Mais la monstruosité n’est pas que celle d’Israël, loin, très loin de là. La résurgence de l’antisémitisme à travers le monde, et en France – avec, en parallèle, la montée de l’islamisme intégriste -, voilà ce à quoi nous sommes confrontés maintenant. Entre les fous furieux, assassins en puissance, en keffieh ou non, qui crient « Mort aux Juifs » dans les rues de Paris pendant des manifestations qui prétendent être solidaires de la Palestine, et les crétins israéliens qui regardent tomber les bombes sur Gaza comme on regarde un feu d’artifice, ou cette députée d’extrême-droite qui dit à la Knesset qu’il faut tuer toutes les mères de Gaza, parce qu’elles engendrent des terroristes (et qui le dit sans qu’il y ait de suite judiciaire à ce qu’elle dit) – que dire ? que faire ?
Une fois encore, même si ça ne sert à rien, proclamer le principe fondamental de la laïcité, de la non-appartenance identitaire comme seule base possible de la vie en commun. Rester, sans trop d’espoir, sur les rives de Babylone, en se rappelant la blague juive la plus courte qui existe : « C’est un Juif qui rencontre un autre Arabe… » Et se taire, les poings serrés de rage.
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J’ai longtemps regardé les arbres verts


J’ai longtemps regardé les arbres verts.
Le repos emplissait mon âme.
C’est toujours comme avant, pas de grandes pensées globales.
Toujours les mêmes fragments, bribes, par petits bouts.
Soit un désir terrestre qui s’allume.
Soit la main se tend vers un livre intéressant.
Soit brusquement, je prends une feuille de papier,
Mais là, le doux sommeil me cogne dans la tête.
Je m’installe à la fenêtre dans un fauteuil profond.
Je regarde la pendule, je m’allume une pipe,
Mais, tout de suite, je bondis et me dirige vers la table,
Je m’assieds sur une chaise dure et roule une cigarre ;
Je vois une petite araignée qui court sur le mur,
Je la suis, elle m’aimante.
Elle m’empêche de prendre la plume.
La tuer, l’araignée !
La flemme de me lever.
Maintenant je regarde à l’intérieur de moi,
Mais c’est vide dans moi, c’est monotone et morne,
Nulle part ne bat la vie intensive,
Tout est fade et somnolent, comme de la paille humide.
Bon, je suis passé à l’intérieur de moi
Et me revoilà devant vous.
Vous attendez que je vous parle de mon voyage,
Mais je me tais parce que je n’ai rien vu.
Laissez-moi me reposer, regarder – les arbres verts.
Alors peut-être, le repos emplira mon âme.
Alors, peut-être, mon âme s’éveillera,
Et je me réveillerai aussi, et dans moi,
La vie intensive pourra se mettre à battre.
                              (2 août 1937)

Daniil Charms, traduction d’André Markowicz (chronique du 27 Août 2014)
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J’ai longtemps regardé les arbres verts


J’ai longtemps regardé les arbres verts.
Le repos emplissait mon âme.
C’est toujours comme avant, pas de grandes pensées globales.
Toujours les mêmes fragments, bribes, par petits bouts.
Soit un désir terrestre qui s’allume.
Soit la main se tend vers un livre intéressant.
Soit brusquement, je prends une feuille de papier,
Mais là, le doux sommeil me cogne dans la tête.
Je m’installe à la fenêtre dans un fauteuil profond.
Je regarde la pendule, je m’allume une pipe,
Mais, tout de suite, je bondis et me dirige vers la table,
Je m’assieds sur une chaise dure et roule une cigarre ;
Je vois une petite araignée qui court sur le mur,
Je la suis, elle m’aimante.
Elle m’empêche de prendre la plume.
La tuer, l’araignée !
La flemme de me lever.
Maintenant je regarde à l’intérieur de moi,
Mais c’est vide dans moi, c’est monotone et morne,
Nulle part ne bat la vie intensive,
Tout est fade et somnolent, comme de la paille humide.
Bon, je suis passé à l’intérieur de moi
Et me revoilà devant vous.
Vous attendez que je vous parle de mon voyage,
Mais je me tais parce que je n’ai rien vu.
Laissez-moi me reposer, regarder – les arbres verts.
Alors peut-être, le repos emplira mon âme.
Alors, peut-être, mon âme s’éveillera,
Et je me réveillerai aussi, et dans moi,
La vie intensive pourra se mettre à battre.
                              (2 août 1937)

Daniil Charms, traduction d’André Markowicz (chronique du 27 Août 2014)
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Soljenytsine disait aussi, très sérieusement : « Dans toutes les sciences exactes, c’est-à-dire celles qui sont fondées sur les mathématiques, la vérité est une. (…) La multiplicité des vérités dans les sciences humaines est un signe de notre imperfection. »
Ce qu’on découvrait en le lisant, c’est que l’homme qui avait mis en cause la dictature bolchevique ne l’avait pas mise en cause parce que c’était une dictature, mais parce qu’elle était bolchevique, c’est-à-dire qu’elle était sans Dieu, ou, pire encore, qu’elle avait mis à la place de Dieu un dieu terrestre. Mais, le fait que la vérité doive être unique, cela, pour l’auteur du Pavillon des cancéreux, c’était une évidence. Quelle vérité ? Évidemment celle d’une Russie éternelle, russe et orthodoxe. (…)
Là est l’essentiel, bien sûr. Il s’agit bien d’un nationalisme orthodoxe, d’extrême-droite, qui, plus encore que les Juifs, hait le pluralisme, c’est-à-dire la laïcité. « Nous », les Russes. Soljenytsine est l’expression de l’idéologie actuelle d’une Russie nationaliste, revancharde, fascisante – et l’on comprend l’hommage national qu’on lui a rendu à sa ort, Poutine et le patriarche en tête, dans un pays où le racisme est utilisé comme un outil de base de la propagande.
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Quelques notes sur Macbeth, 2
Du son, de la « surtraduction »
Les sorcières, au début :
– Fair and foul, and foul is fair :
Hover through the fog and filthy air.
Ce que ça veut dire, c’est assez simple : « Le beau est laid, et le laid est beau : Flottons à travers le brouillard et l’air sale. » – Sauf que fair ne veut pas simplement dire « beau », mais aussi « juste ».
Et que le jeu n’est pas seulement sur le beau et le juste, mais sur le fair play et le foul play – sur l’idée de jeu, sur le théâtre. Imaginez que vous allez au théâtre voir un jeu qui est foul – pervers, injuste, laid… – Comment traduire ça, dès lors ?… Je n’en sais rien du tout.
Mais ce qui frappe, naturellement, quand on l’entend en anglais, ce sont les allitérations. Cette espèce de surabondance de « f ». Sans les allitérations, on se dit que la formule n’existerait pas, qu’elle ne serait qu’informative. Or, elle n’informe sur rien du tout. Elle fait peur. Et elle fait peur pour une raison toute simple, c’est que, avec le « f », ce que vous prononcez, c’est votre propre souffle – c’est votre propre souffle qui dit le retournement du monde : la peur vient de vous-même.
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Videos de André Markowicz (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de André Markowicz
Rencontre des étudiants comédiens du Conservatoire municipal du XVIe arrondissement et du public de la Maison de Victor Hugo avec André Markowicz.
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