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EAN : 9782264024350
256 pages
10-18 (12/09/1999)
3.51/5   37 notes
Résumé :
Quand un jeune Anglais très convenable rencontre une jeune femme russe dans un de ces bordels parisiens des années 20 et que, de surcroît, l'héroïne est la femme d'un bagnard auteur d'un crime crapuleux, on pourrait s'attendre au pire roman de gare. Tout l'art de Somerset Maugham (1874-1965) est de transformer ce mélo en un petit chef-d’œuvre d'ébénisterie littéraire. On comprend l'admiration sans bornes que le grand Evelyn Waugh, plutôt avare en compliments, portai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Dans les circonstances actuelles j'avais envie de vous parler de Vacances de Noël. Oui, je sais, rien de bien original en cette période, sauf qu'il s'agit du titre d'un merveilleux roman qui m'a séduit, d'un certain Somerset Maugham. Je ne sais pas pourquoi Alain Souchon que j'adore l'avait catalogué dans une de ses chansons, d'auteur de nouvelles pour dames...
Lorsque j'avais vingt-cinq ans, j'avais une amie dont l'un de ses écrivains préférés était justement Somerset Maugham. Elle n'avait rien d'une dame imaginée par un de mes chanteurs préférés.
J'ai eu la chance de découvrir une très vieille édition de ce roman dans une brocante, datant de 1946, c'est-à-dire précisément l'année où il fut traduit en français, par une certaine Mme E.-R. Blanchet. J'ai eu l'impression de tenir une oeuvre d'art fragile entre les mains, tant le papier était usé et risquait à certaines pages de se casser comme du verre. Outre ce privilège, cela m'a aussi épargné la version de poche plus actuelle qui offre, - paraît-il autant sur sa couverture que sur sa quatrième de couverture, l'image rose bonbon d'une bluette littéraire. Or il n'en est rien.
L'écriture est ciselée à merveille. On est vite happé par le récit dont on pourrait imaginer qu'il sera banal, voyez un peu... Nous sommes dans les années vingt, un jeune Anglais d'une famille aisée, Charley Mason traverse la Manche et vient à Paris pour les vacances de Noël dans l'idée de se divertir durant une semaine. Il rejoint un ami d'enfance, d'origine plus modeste, Simon, journaliste aux idées révolutionnaires.
Se divertir dans Paris, c'est pour Charley visiter les maisons de charme parisiennes dont son ami Simon lui a tant vanté les vertus...
Dès le premier soir, justement à la faveur de cet ami, voilà Charley faisant connaissance dans une maison de Montparnasse avec une princesse russe du prénom d'Olga, l'accueillant en tenue légère...
Jusqu'ici on pourrait reconnaître que l'actuelle version de poche par sa couverture tient toutes ses promesses. Eh bien, détrompez-vous ! C'est justement à ce moment que le roman prend tout son charme, tout son piment, tout son attrait, toute sa saveur, tout son mystère aussi. Et peut-être vous avouerai-je déjà en chemin, toute son émotion.
Car la fameuse Olga n'a de princesse que le nom, elle est d'une origine extrêmement modeste, aujourd'hui elle vit dans la précarité et autant l'appeler par son vrai prénom, Lydia.
La nuit torride promise se transforme en confidences touchantes, la légèreté de la princesse Olga laisse place à la tristesse de Lydia. Celle-ci lui raconte son histoire, les événements qui l'ont amenée là précisément à cette situation de devenir une prostituée et Charley se rend compte alors que son ami Simon ne lui a pas tout dit...
J'ai aimé cet endroit exaltant où le récit bascule d'un versant à l'autre. Toute l'habileté de l'auteur m'a entraîné dans le dédale d'une intrigue construite sur des récits enchâssés et dès lors je n'ai pas lâché le livre. Je voulais savoir comme Charley ce qui se cachait derrière la mélancolie de Lydia, ses larmes la nuit, sa gaieté soudaine le jour aussi comme pour effacer d'un geste brusque le malheur qui l'étreignait et peut-être sa douleur aussi.
L'histoire de Lydia prend corps, celle d'une femme mariée à un époux aujourd'hui au bagne. Simon le savait puisque, chroniqueur dans un journal, il avait suivi le procès...
Les jours et les nuits passent durant les vacances de Noël de Charley à Paris. Ce ne sont peut-être pas les vacances dont il rêvait, cependant je sais qu'il n'oubliera jamais ces jours, qu'il en sera marqué à jamais, bousculé...
Lydia porte ce secret, ce drame, elle le porte comme une croix, à tel point qu'elle voudrait porter la faute de son mari, porter sa douleur, comme pour l'expier à son tour, à jamais. Il y a brusquement quelque chose de grand qui s'ouvre dans les pages intimes de ce roman.
Charley découvre, à chaque page qui se déplie dans le récit, un peu plus un peu mieux cette femme énigmatique qui lui échappe sans cesse, de jour comme de nuit dans la chambre d'hôtel qu'ils partagent. Visiter un musée en sa compagnie, le Louvre en particulier, c'est découvrir une autre manière de regarder un tableau ; une nature morte de Chardin par exemple, a priori banale, devient la description d'un désespoir emplie de beauté. Une mélodie ordinaire posée sur le clavier d'un piano prend brusquement sous les doigts de cette femme la puissance d'une résurgence souterraine qui dévaste les âmes.
Charley a vingt-trois ans et s'aperçoit qu'il ne sait encore rien de la vie, il se sent presque encore un enfant auprès de Lydia, lui qui rêvait d'être son amant lors de la première nuit de leur rencontre. Il ne sait rien de la vie, tandis que son ami Simon revient de temps en temps comme un écho, comme un balancier au gré du récit, revenant exposer son point de vue politique sur le monde, Simon amer, Simon révolté, Simon aigri et déçu par ce que peut proposer la démocratie à ses yeux...
Les trois personnages principaux de ce récit sont de véritables caisses de résonnances intérieures qui orchestrent la trame de l'histoire, tissent et donnent une épaisseur à la narration, sans compter le quatrième personnage absent durant ces vacances de Noël, l'époux encore au bagne, tellement présent dans l'histoire...
Ce texte est un véritable roman d'apprentissage.
De ce voyage intérieur, Charley n'en reviendra pas indemne. Il commencera à s'en rendre compte dans le Pullman qui le ramène vers le cocon familial et comme tout voyage qui permet d'en apprécier l'impact, c'est au contact de son univers familier retrouvé, ses proches, qu'il mesurera le séisme qui l'aura bousculé à jamais... C'est à cela qu'on peut mesurer le caractère romantique d'une oeuvre. Alors, bluette ?
J'ai repensé à cette amie lorsque j'avais vingt-cinq-ans. Aime-t-elle encore cet écrivain ?
Connaissant son âme, je sais pourquoi elle aimait Somerset Maugham.
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Alors pour les Vacances de Noel, Charley en aura pour son compte! Pour un apprenti gestionnaire des affaires familiales, Charley se voit proposer d'aller passer ses Vacances de Noel à Paris, par son père, après avoir prouvé par ses compétences, qu'il serait capable, un jour, de le remplacer valablement. Rêvant de passer des moments d'exaltation dans les coins chauds de Paris mais il n'en serait rien! Son ami Simon lui présente à la veille de Noel, la princesse Olga, une immigrée russe dont la vie avait l'air de subir encore les affres de la répression soviétique...
Un roman dynamique qui se lit tout seul bien qu'on a l'impression d'être cloitré dans in huis-clos...
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« …Comme dans ces nouvelles pour dames
De Somerset Maugham »
J'aime bien les textes d'Alain Souchon, elles racontent souvent des histoires et cette chanson m'a, depuis longtemps, donné envie de découvrir cet auteur.
Ce roman paraissait donc parfait en ce tout début d'année où l'esprit de Noël est encore là. Je pensais m'échapper au Royaume Uni pendant l'époque Victorienne, avec tous les clichés de Noël et l'esprit « so british » que j'affectionne tant. Eh bien, j'ai eu tout faux. Je me suis retrouvée dans les années 20 à Paris ! Pas inintéressant mais loin de ma projection littéraire. Ma frustration est totale.

Charley, jeune anglais, vient de réussir ses examens. Pour le féliciter, sa mère lui offre un voyage à Paris pendant les vacances de Noël. Charley est ravi et décide d'en profiter pour rencontrer son ami d'enfance Simon. Seulement, ce dernier n'est pas très disponible et le présente à une jeune prostituée russe, Lydia. Charley apprécie fortement cette compagnie seulement elle lui confie son amour inconditionnel à son mari accusé de crime et qui purge sa peine au bagne. Bien éduqué, Charley passe ses vacances auprès d'elle à écouter ses mésaventures.

Il est clair que je n'ai pas lu le livre que j'avais imaginé mais Charley, lui, n'a pas passé les vacances de Noël qu'il prévoyait !
Malgré ce p'tit goût de déception, je n'ai pas oublié ma lecture certainement dues à l'écriture et à la réelle personnalité des personnages. Et puis, il faut en convenir, l'ambiance est là.
En résumé, déroutant mais pas inintéressant.
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Avis mitigé :

J'ai bien aimé la façon dont sont dépeints les personnages (Lydia, Charley , Simon, les parents de Charley, etc ) y compris dans leurs côtés "caricaturaux" ... c'est ce que j'aime vraiment chez Maugham, sa façon de brosser des portraits "vrais" ( limite caricaturaux mais ... en fait non : terriblement humains, on s'y reconnait ou on y reconnait forcément des proches ou des connaissances ... ).

J'ai bien aimé l'idée de cette parenthèse (et de sa conclusion en dernière page, qui évoque quelque chose de très vrai qui nous arrive à tous à un moment donné, souvent à l'entrée dans l'âge adulte ... ).

Mais :j'ai eu envie de sauter pas mal de passages .
Pour tout dire je n'aime pas trop les bouquins où il y a des histoires dans l'histoire , je veux dire par là des textes où à un moment un des personnages (ou le narrateur) se met à nous raconter pendant des pages et des pages une autre histoire (même si elle a un semblant de rapport avec les évènements principaux ... ), ça me fait le même effet quand dans des bouquins y'a des textes de chansons, le récit d'un rêve , des contes insérés dans la narration , etc : c'est psychologique, je ne m'y fais pas ,j'ai spontanément envie de sauter les passages... Stupide , certes, mais c'est comme ça ...
Et donc là ... Eh bien "Robert Berger"... pffff , même si son histoire est un peu le "fil rouge" du machin ... arf ...j'ai eu envie de survoler les passages où il en était question...

Bref ... une bonne idée mais un récit , à mon goût, déséquilibré (du fait de cet "enchâssement" de récits ... ).
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Chaley, un Anglais très convenable passe ses vacances à Paris dans les années 1930. Il doit y retrouver son ami Simon devenu un révolutionnaire haineux. Celui-ci l'amène dans un bordel où Charley rencontre Lydia, femme un criminel condamné aux travaux forcés. Leur relation reste platonique mais grâce à elle, il découvre un monde de violences de sentiments dans lequel aucune certitude n'a cours. Lydia aime son mari en dépit de ce qu'il a pu faire avec une force que ne comprend pas Charley. En musique et en peinture, Lydia ressent davantage qu'elle ne comprend. Charley en est déstabilisé tant sa conception de l'art est différente. Il reste le même en apparence mais suite à cette rencontre, son univers intérieur s'écroule.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Ah ! Le contact de ses lèvres douces quand il les prendrait, de ses seins quand il les caresserait, de son corps souple dans ses bras, de ses longues jambes à lui mêlées aux siennes ! Dans l'espoir de l'éveiller, il alluma et se leva. Elle reposait sur le dos, les mains jointes comme une statue couchée sur une tombe. Des larmes coulaient de ses yeux clos et la douleur tordait sa bouche. On eût dit d'une enfant désespérée qui ne sait pas que, comme tout le reste, le chagrin passe. Charley tressaillit. La peine de cette femme endormie éteignit son désir. Toute la journée, elle s'était montrée gaie, gentille, et il l'avait cru délivrée, au moins pour un certain temps, de son cauchemar. Il soupira. Moins que jamais, il avait envie de dormir. Pour ne pas déranger Lydia, il baissa l'abat-jour, alla à la table et alluma sa pipe. Puis il tira le rideau et s'assit pour regarder dans la cour. Seule, une fenêtre restait éclairée. Un malade peut-être, ou quelqu'un comme lui, en proie à l'insomnie. Un homme pouvait aussi avoir ramené une femme ; leur frénésie apaisée, ils reposaient dans les bras l'un de l'autre. Charley fumait. Il se sentait lourd et las. Il ne pensait à rien. Enfin il se recoucha et s'endormit.
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Ils arpentèrent le quai, en recherchant, comme on fait dans ces occasions, quelque chose à dire. L'idée venait-elle à Lydia qu'ils ne se reverraient sans doute jamais? Pendant cinq jours, ils avaient été presque inséparables et dans une heure, ce serait comme s'ils ne s'étaient pas rencontrés. Le train allait partir. Il tendit la main à Lydia. D'un geste qu'il avait trouvé touchant, elle croisa les bras sur sa poitrine, comme la nuit où elle avait pleuré en dormant, et releva la tête. A son étonnement, il vit des larmes dans ses yeux. Il l'enlaça, et, pour la première fois,l'embrassa sur la bouche. Elle se dégagea et, se détournant, s'éloigna à la hâte. Charley entra dans son compartiment. Il était très ému. Mais un copieux déjeuner, avec une demi-bouteille d'un chablis quelconque, l'aida à reprendre son équilibre. Il alluma sa pipe et déplia le Times. Cela le calma. Le contact de ce papier épais lui paraissait hautement anglais. Il regarda les illustrés. Sa bonne humeur revenait. En arrivant à Calais, il se sentait tout joyeux...
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Et n'est-ce pas admirable qu'avec ces simples objets et sa sensibilité de peintre, ce bon petit vieux ait fait quelque chose de si émouvant ? On dirait qu'inconsciemment il a voulu prouver, qu'à force d'amour et de sympathie, on peut créer de la beauté avec de la douleur, la misère, et même la méchanceté.
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C'est idiot, n'est-ce pas ? Il est égoïste et cruel, sans scrupules et vicieux. ça m'est égal. Je ne le respecte pas, je n'ai pas confiance en lui mais je l'aime avec mon corps, mes pensées, mes sentiments, mon être
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Je m'entraîne à ignorer les insultes, l'indifférence et le ridicule. Un jour, j'aurai assez de détachement pour me sentir, même en prison, libre comme l'oiseau dans l'air.J'aurai assez de force pour tirer parti de mes erreurs. Je veux me cuirasser contre la pitié, arracher de mon cœur la possibilité de l'amour.
- Pourquoi ?
- Pour ne pas laisser les sentiments influencer mon jugement.
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"Servitude humaine" Livre vidéo. Non sous-titré. Non traduit.
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