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3,49

sur 293 notes
La façon dont Laurent Mauvignier se glisse dans la peau de cette femme est véritablement troublante. Il compose un personnage tout en nuances, profondément humain, bouleversant dans ses peurs, contradictions, son courage et sa souffrance. Dans un style très parlé, heurté, qui laisse la place aux silences, Laurent Mauvignier réussit à nous toucher profondément, à nous ramener à nos propres angoisses face à la vie, l'abandon, la solitude. C'est beau et très émouvant, profondément humain et sincère, bien loin de l'exercice de style un peu vain de son dernier roman, Ce que j'appelle oubli.

Il y a dans Apprendre à finir un souffle, une vérité déchirante, une blessure inguérissable, comme la vie. Et c'est magnifique. Un très beau livre.

Lire la critique complète sur mon site : http://chroniques.annev-blog.fr/2011/06/chronique-livre-apprendre-a-finir/
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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Et parfois j'ai comme une grande envie de ressortir un livre qui traîne dans ma pile à lire depuis des lustres....
À vrai dire en ce moment c'est constamment. Je regarde ces bijoux qui m'attendent et que je dédaigne au profit des nouveautés, et je me dis que STOP. Je veux prendre le temps de découvrir ces « déjà presque classiques » qui m'ont échappé à leur sortie.

Aujourd'hui c'est « Apprendre à finir » de Laurent Mauvignier, qui est passé entre mes mains, le Prix Inter 2001 (et oui le temps file ma pauvre Lucette...).
Un texte court donc rapidement lu mais qui me laisse un sentiment mitigé. Je ne sais dire si j'ai aimé ou pas. D'un côté j'ai été clairement gênée par le style (de longues phrases hachurées, un récit saccadé, une succession de pensées intimes, une ambiance pesante) et en même temps il y a tellement de puissance dans le long monologue intérieur de cette femme blessée en amour que je n'ai pas pu abandonner ma lecture.
J'ai eu l'impression de lire une prouesse littéraire, un exercice de style (parfaitement mené au demeurant) mais que l'auteur souhaitait mettre le lecteur à distance des sentiments de la narratrice. Finalement mon intellect a été plus stimulé que mon coeur. Étant une lectrice en recherche d'émotions, je ne peux que rester dubitative tout en saluant une écriture singulière.
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Ce livre est un long soliloque d'une femme qui parle de sa relation avec son mari et père de leurs trois enfants qui, nous dit-elle, aime une autre femme. Il a failli partir avec elle mais un accident (il a été renversé par une voiture) l'en a empêché. Après un séjour à l'hôpital où sa femme est venu le voir chaque jour, il est de retour à la maison et peu à peu il retrouve ses forces et sa mobilité. Au fur et à mesure que sa convalescence se confirme, sa femme s'inquiète de le voir repartir un jour vers l'autre femme.
Cette femme qui parle est obsédée par ce qu'elle redoute : l'abandon de son mari.
De lui, on sait seulement qu'il a eu une enfance solitaire dans une ferme, qu'il a combattu pendant la guerre d'Algérie et qu'il est éboueur. D'elle, on ne sait rien, sinon que pour amener un peu d'argent à la maison après l'accident, elle devient femme de ménage pour une famille voisine. Visiblement, elle n'a pas d'ami(e) à qui se confier, elle est seule face à cet abandon et elle ressasse sa crainte et sa douleur d'être délaissée. Elle a une fille aînée qui est elle-même mère mais elles ne parlent pas de la situation (cette éventualité n'est d'ailleurs même pas évoquée). On est dans l'enfermement, dans l'obsession. Pas très loin de la psychose.
On peut admirer (et de nombreux critiques et lecteurs l'ont fait) l'art de Laurent Mauvignier à exprimer cette situation dramatique en s'en tenant au seul discours de cette femme. Mais c'est aussi le choix de l'auteur d'enfermer ce personnage dans une voie qui semble sans issue, de rendre son personnage incapable de communiquer avec les autres sans nous en donner la moindre explication. En enfermant son personnage, il enferme aussi son lecteur et, pour ma part, ça me rend mal à l'aise. Par la position radicale dans laquelle il met son personnage, Mauvignier m'empêche de communiquer avec lui et j'assiste impuissant à sa descente en enfer. Cela relève certainement d'un parti-pris littéraire, esthétique, peut-être aussi politique de l'auteur (pariant peut-être sur le fait que toute tentative de compréhension serait un malentendu ?) mais cela ne correspond pas à ma conception de la littérature qui doit, à mon avis, non fermer des portes, mais les ouvrir, donner accès aux autres, quand bien même une bonne part de cet accès serait illusoire et fantasmé. Ici l'accès est bloqué, non par le personnage qui, par sa plainte, tente de s'exprimer, et aimerait (selon moi) en dire davantage. Mais bien par l'auteur qui nous prive de tout ce que son personnage principal aimerait nous dire, sans parler des autres qui restent muets.
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Encore un livre que je n'aurais jamais lu si mon club de lecture ne l'avait pas inclus dans sa liste. D'ailleurs, je n'avais jamais entendu parler de Laurent Mauvignier. J'ai donc découvert ce roman et maintenant je suis très partagé. Indiscutablement, cet écrivain est original et surtout il démontre l'exceptionnelle maîtrise de son écriture. Pourtant, j'ai trouvé la lecture difficile et parfois franchement pénible.
C'est la forme choisie pour ce roman qui me pose problème. Il s'agit du très long monologue d'une femme qui recueille son époux gravement accidenté. Cet homme n'a plus d'attachement à elle, il a une maitresse, mais elle reste amoureuse et souhaiterait le reconquérir. Inlassablement, cette femme revient sur son douloureux passé conjugal et exprime ses espoirs et ses angoisses sans fin. C'est une plainte continue, dramatique et dérisoire, passant du coq à l'âne, oscillant entre les petits griefs et la dévastation morale. La pensée de cette femme tourne en boucle, avec d'énormes redondances qui lui sont nécessaires… mais qui a fatigué le lecteur que je suis; et pourtant ce livre est très court ! (Pour illustrer ces redondances, je vais aussi ajouter une citation, prise au hasard dans le livre, mais qui me semble caractéristique de l'écriture voulue par Mauvignier).
Cette lecture me laisse vraiment perplexe. Pour moi, c'est presque un exercice de style ! De la première à la dernière page, l'auteur nous oblige à pénétrer dans l'univers affectif de cette femme, il nous rend prisonnier de sa subjectivité et il nous impose sa manière lancinante d'exprimer sa souffrance. Ce n'est vraiment pas une partie de plaisir !
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N°1730 – Avril 2023

Apprendre à finirLaurent Mauvignier – Les éditions de Minuit.

La voix de ce monologue c'est celle d'une femme blessée dont le mari, après un accident de voiture, est paralysé et revient chez lui après une hospitalisation. C'est un couple déjà vieux, la fille aînée est mariée et deux adolescents sont encore au foyer. Elle lui a fait de la place dans leur petite maison, s'occupe de lui avec une attention de tous les instants, avec dévouement et amour et se consacre principalement à lui. Elle sait qu'il remarchera mais qu'il faudra du temps, elle accepte cela avec abnégation mais cette perspective lui permet de faire des projets de voyages avec lui, accepte d'aller faire des ménages pour rendre cela possible, l'immobilisation de son mari compromettant l'équilibre financier du ménage. C'est un peu comme si elle récupérait cet homme, certes diminué, mais qui revenait au foyer, comme si elle cherchait à oublier ce qu'avait été leur vie d'avant l'accident, faite d'invectives, d'insultes, d'hostilités et même de coups de sa part à elle et dont leurs enfants meurtris, désemparés et dégoûtés de leurs parents, avaient été les témoins, comme si cette tranche de vie n'avait jamais existé, comme si cette ambiance délétère était imaginaire, comme si cet homme au passé un peu secret, fait de souffrances dues à la guerre, de doutes et de chômage n'était pas allé chercher dans d'autres bras un bonheur qu'il savait impossible chez lui, comme si elle n'avait jamais été jalouse et agressive. Elle était trompée, le savait et l'acceptait, impuissante à s'opposer à cet adultère.
Maintenant, pour elle c'est une véritable renaissance, avec une volonté de chaque instant de lui témoigner son amour par de petits gestes dévoués du quotidien et, après avoir été désespérée, agressive même, elle revit de l'avoir retrouvé et ce d'autant plus qu'il est coincé chez lui. Elle veut donc lui faire oublier cette maîtresse, cherchant intimement les raisons de cet abandon, en éprouvant même de la culpabilité, se présentant comme une épouse attentive, patiente, absolutoire, tentant d'apprendre à finir cette histoire d'amour de contrebande pour en recommencer une autre avec lui et effacer cette passade, de se poser en garante de la famille. Pourtant tout avait bien commencé entre eux, mais dégénéra très vite, imperceptiblement, sous les coups du quotidien. Elle se présente comme une femme courageuse, patiente, honnête, pleine de sollicitudes face aux erreurs passées de ce mari qui grâce à elle aujourd'hui revit. C'est un peu comme si elle choisissait d'oublier ses rancoeurs, sa soif de vengeance, l' éventualité  d'une reprise de cette relation adultère, pour un retour à une vie de famille apaisée, pour que les choses rentrent dans l'ordre, reviennent à une place qu'elles n'auraient jamais dû quitter et peut-être un nouvel amour avec lui.
Lui n'a rien de contrit, de repentant, au contraire, il est bizarrement silencieux comme s'il opposait à ses bons soins une attitude bizarrement indifférente voire négative. C'est à peine s'il prend la parole, se félicite de ses progrès, se réapproprie son entourage, son quartier. Il n'est pas douteux qu'il a de la chance d'être ainsi cocooné, d'être chez lui, avec sa femme aux petits soins. Il vit peut-être mal, comme un reproche , une honte ou une vengeance intime cette sollicitude face à son adultère passé.
Son attitude à elle est peut-être inspirée par l'amour mais j‘y vois une forme d'égoïsme, une manière de se protéger elle-même mais aussi peut-être une opportunité, une dernière chance qu'il ne faut pas laisser passer pour une meilleure qualité de vie commune. Elle envisage même de lui pardonner, d'oublier son orgueil et sa résignation passée et de lutter dans les plus petits gestes du quotidien dans ce seul but et invite même un de ses fils à adopter son attitude. Toute cette posture est évidemment méritoire et porteuse d'avenir pour eux mais j'avoue aussi que je partage ses doutes pour l'avenir, inopportunité des voyages qui les eût réunit, la menace de la reprise de cette relation extraconjugale parce que, malgré tous ses efforts pour paraître plus jeune et plus désirable, l'ombre de l'autre femme qui l'obsède.
Le livre refermé, ce roman me laisse pourtant quelque peu perplexe par les sujets qu' il soulève, l'amour entre les êtres qui est fragile, le pardon qui est malgré tout difficile, l'oubli, les compromis voire les compromissions, les mensonges qu'on se fait à soi-même pour enjoliver le présent, la honte d'avoir été trompé et aussi de s'être tromper soi-même, d'avoir vu sa confiance trahie et son impuissance à réagir, de connaître les regrets et les remords, les doutes qui empoisonnent le présent et hypothèquent l'avenir, l'hypocrisie qui force à ne rien voir ou à tout supporter, le sentiment d'injustice de voir comment a été récompensé chaque moment d'abnégation passée, la certitude qu'on est plus rien pour celui qu'on a choisi et sa volonté de tourner la page, de passer à autre chose, l'évidence d'être partagé entre la crainte de son départ définitif et la volonté qu'il parte pour que les choses soient enfin claires, que tout ce qu'on avait imaginé s'effondre, la certitude que leur passé destructeur sera toujours le plus fort.

J'apprécie cet auteur pour son style à la fois simple, dénué d'artifices littéraires, parfois brusque, plein d ‘émotions mais aussi pour les thèmes humains qu'il a choisis et qu'il traite à la fois avec humanité et humilité. C'est toujours pour moi un bon moment de lecture mais aussi de réflexion.


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je suis passée complètement à côté de ce roman qui pourtant a reçu des éloges, des prix. C'est plus l'atmosphère et le style qui m'ont mis mal à l'aise. Une lourdeur, cette souffrance, ce combat vain. On étouffe en lisant ce roman heureusement court. Les personnages ne sont pas attachants entre un homme qui trompe sa femme qui revient parce qu'il a eu un accident et cette même femme qui tente de pardonner, enfouit sa haine et son mal au très fond d'elle même. Non cette lecture ne donne aucun plaisir ni le moindre point positif au final car on aurait pu en tirer d'une éventuelle moralité. Hormis
que l'amour comme tout le monde sait rend aveugle mais en plus bête. bref un livre qui me deçoit tant par l'histoire que par son style.
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On lit Laurent Mauvignier avant tout pour le style. Et le style on accroche ou on n'accroche pas. Moi, j'adore ce flux ininterrompu de mots, ces virgules qui balancent les phrases, à tel point que je me prenais parfois à lire des phrases tout haut, pour sentir le rythme, les palpitations de l'histoire racontée par des phrases longues et musicales. Sur apprendre à finir, on est sur un couple qui se brise, du point de vue de la femme. L'homme, qui l'a manifestement trompé, se remet d'un accident de voiture. J'ai lu ça de manière hypnotique, c'est beau même si c'est au final un peu toujours la même chose.
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Au départ, l'histoire est banale : une femme délaissée pense pouvoir reconquérir son mari en lui prodiguant soins et attentions suite à un grave accident de la route. Adroit, l'auteur choisi le monologue avec tout ce qu'il comporte de creux, de dérives, d'hésitations, d'interrogations, de doutes et de silences pour dresser, en creux, le portrait d'une femme perdue...
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Ce récit offre une prose dense et déstabilisante, dans le bon sens du terme, car elle nous déconcerte tout en faisant jaillir une certaine beauté. La gorge se serre plus d'une fois à la lecture du récit de Mauvignier. Alors on s'arrête de lire pour se dire que, vraiment, c'est beau, c'est fort. Oui... Ce livre est immense. Mauvignier, à travers son personnage, pose l'image comme une vérité ressentie sur le monde qui l'entoure après le drame. C'est comme ça. L'image est indiscutable de beauté.
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Un long monologue déchirant .
La narratrice aime son mari. Ce mari la trompe. Prêt à la quitter et à refaire sa vie, il se blesse gravement lors d' un accident. Maintenant, il est revenu à la maison en convalescence. Laissant son orgueil de côté, la narratrice s'en occupe et se confie.
Tellement bien écrit ( le style de Laurent Mauvignier est très particulier) et décrit que la lecture en est "moralement" difficile. Bouleversant.
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