Apprendre à finir

J'essaie de me réconcilier avec la littérature française du XXI mais sans vouloir faire de comparaison avec Céline ou Sade force est de constater que la réconciliation n'est pas à l'ordre du jour. Suis-je né en 1750 ? Manifestement non et pourtant comment se fait-il que Marivaux, Huysmans ou Maupassant me procurent un plaisir de lecture considérablement supérieur ? Mystère...

Au pays de : « Il avait dit : ici, je n'en peux plus. Avec toi je ne peux plus. Alors après son accident, les semaines dans la chambre blanche, son retour à la maison pour la convalescence, ça a été comme une nouvelle chance pour elle, pour eux. Elle a repris confiance et elle s'est dit, je serai celle qui donnera tout, des fleurs, mon temps, tout. Pour que tout puisse recommencer. »

Au début,

j'ai vu.

Ce stress, cette angoisse, ce malaise. Il est en moi. Première lecture. Je n'entre ni dans le rythme ni dans les mots. Et, malgré les louanges des journalistes qui figurent sur la 4e de couverture, je ne retrouve ni beauté ni psychologie ; mon coeur, lui, ne trouve pas non plus le tempo à la lecture de ce qui se cache derrière les non-dits d'un monologue malade. Si les silences peuvent parler, dans Apprendre à finir non seulement ils se taisent en ma présence, mais me font tourner la tête.

Je lis, je finis. Et seulement

j'ai cru.

À la promesse d'un titre. M'aurait-il encore menée en bateau ? Ai-je encore failli, impatiente de découvrir un voyage auquel je voulais croire ? [Vous pouvez retrouver la suite de la chronique sur www.startingbooks.com]
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Ce court roman est le monologue intérieur d'une femme qui refuse le délitement de son couple. S'occupant de son mari accidenté -et qui était sur le point de la quitter- elle veut pardonner, réapprendre à aimer, retrouver la douceur du "nous". Avant d'accepter que tout n'est qu'une illusion, et qu'il est temps de revivre, d'accepter d'apprendre à finir.

Ce deuxième roman de Laurent Mauvignier s'inscrit tout à fait dans la continuité du précédent Loin d'eux : même technique du monologue intérieur, même environnement social de milieu modeste, même complexité d'écriture entre oralité balbutiante et langage écrit.
On y retrouve aussi cette difficulté à communiquer à l'intérieur de la cellule familiale (cellule à lire dans tous les sens du terme).
Dans ce roman, Mauvignier s'est attaqué à la relation conjugale, vue du côté de Madame. C'est vertigineux car on oscille en permanence entre non-dits, ressassements, réalité, illusions.
Mais vivre l'épreuve que traverse ce couple est étouffant et pénible. Et j'avoue que j'étais content d'en terminer la lecture. Mauvignier réussit à créer par son écriture quelque chose de fort et démontre qu'il est un grand écrivain mais ce roman m'a mis dans un tel malaise que j'ai du mal à lui attribuer toutes les étoiles qu'il mérite peut-être.

Monologue d'une femme meurtrie face à un homme blessé.....

Où je continue.

Comme j'ai débuté avec le dernier roman publié, d'un auteur dont je n'avait rien lu, je poursuis avec le deuxième roman publié (il y quelques années) d'un auteur dont je n'avais lu qu'un. Donc deuxième chronique pour un deuxième roman.

La narratrice d'apprendre à finir illustre à elle seule la citation de Coluche - corrigez moi si je me trompe - : « La bigamie c'est quand on a deux femmes, la monotonie c'est quand on n'en a qu'une ».

Son monologue est brut des mots du quotidien, les mots d'une classe sociale qui prouvent que l'adultère n'est pas cantonné aux CSP+. Eh oui même en province, et l'éboueur peut s'enticher de la postière, au désespoir de la femme de ménage. de fait, on sent la vérité des remords, des regrets et du ressentiment. En contrepoint de ce vocabulaire, et de ses phrases longues - ce n'est pas Proust hein ! Non, la phrase qu'on n'en finit pas de ne pas finir - il reste la subtilité de raconter. Et en plus, je trouve ça très bien de clouer au lit le mari infidèle, de l'obliger à être là - qui plus est dans un lit !

J'ai bafouillé cette note en écoutant Zazie qui chantait « Homme Sweet Homme »

Je savais que j'avais un autre roman de Laurent Mauvignier dans ma PAL. J'ai tellement aimé Autour du monde que j'ai rapidement eu envie de lire un autre de ses romans, je l'ai donc sorti.

J'ai été un peu surprise au début, par un style un peu plus compliqué que son dernier roman, mais c'est vite passé. Disons qu'il fallait être au calme pour pouvoir le lire tranquillement, vu la longueur et la complexité de certaines phrases. En effet, elles sont très longues, vont et viennent et semblent parfois être interminables et n'aller nulle part. Cela donne une certaine ambiance au récit qui va parfaitement avec l'histoire.

Ce fut une lecture plutôt agréable, mais loin de valoir celle de Autour du monde. Dommage. Cependant, je suis contente de l'avoir lu et je compte bien continuer ma découverte de l'auteur.

Ici, il n'y a qu'un seul narrateur, une narratrice plutôt : ce roman est le long monologue d'une femme qui cherche à se battre pour son mariage.

C'est l'histoire d'une femme blessée, trompée et déçue par son époux, qui est allé voir ailleurs. Seul un accident de voiture et l'immobilisation pendant des mois et des mois l'a ramené à elle et elle est bien décidée à le garder, tout en redoutant toujours qu'il finisse par repartir.


On suit donc les pensées de cette femme, ses allées et venues entre le passé et le présent, son besoin de tout faire, tout donner, pour l'empêcher de repartir. Elle veut changer le destin, transformer cette histoire en « détail du passé » et lui montrer qu'ils peuvent prendre un nouveau départ tous les deux, qu'elle l'aime encore et qu'il peut, lui l'aimer à nouveau…

Mais petit à petit, elle est bien obligée d'ouvrir les yeux, de voir que sa soumission, ses désirs, son besoin de lui ne suffira peut-être pas…et le doute et la jalousie reviennent la torturer : partira-t-il quand il sera remis? ne partira-t-il pas?


Elle le redoute et semble presque l'espérer également, pour que cela finisse, pour qu'enfin, elle sache où elle en est, ce à quoi elle doit s'attendre. Pour enfin, ne plus avoir l'impression de devenir folle.


Je trouve que le titre est particulièrement bien choisi! Cette femme apprend petit à petit à faire face à la réalité, à la vérité, à « finir » son fantasme de second départ, d'amour plus fort que tout.


C'est donc un monologue assez violent et puissant, qu'on ne peut s'empêcher de lire rapidement, pour enfin savoir, avec la narratrice ce qu'il en est.

Je trouve que l'auteur a très bien réussi à faire passer le désespoir, les fantasmes de cette pauvre femme, encore très amoureuse de son époux, qui n'arrive pas à se détacher et à comprendre la situation.

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Un portrait d'une femme blessée et fragile particulièrement poignant, une lecture plutôt agréable, si vous aimez l'auteur, je vous le conseille. Si vous ne le connaissez pas encore, je vous conseille plutôt de commencer par Autour du monde (mais cela reste mon avis bien entendu).
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Apprendre à finir est mon premier roman de l'auteur et je ne pensais pas découvrir une écriture comme celle-ci. Laurent Mauvignier a une écriture qui se rapproche du Nouveau Roman, des phrases très longues, décrivant parfaitement la pensée de la narratrice et ses sentiments. A la lecture du récit on ressent comme une musicalité, on entend presque la voix de la narratrice pendant son long monologue intérieur qui remet en question sa vie.

Ce court roman est vraiment original, il n'y a pas de dialogues, simplement un monologue intérieur d'une femme qui est amenée à s'occuper de son mari victime d'un accident qui a failli lui coûter la vie... On a l'impression d'être à sa place, de dire ses mots et de vivre sa vie. Il faut vraiment lire ces phrases avec le rythme qui nous est donné, Laurent Mauvignier nous transmet réellement bien les sentiments humains, sentiments qu'une femme peut ressentir quand elle sait que son mari ne veut plus d'elle mais où elle voit l'espoir d'un renouveau...

Au fil de la lecture on ressent une vraie force, une rage de vivre et de survivre, la force d'une femme voulant retrouver l'homme qu'elle aime... Cependant arrivé aux trois quarts du récit cela se tasse, on a la sensation de se lasser et de lire un discours monotone et qui n'avance plus, cela est dommage.

J'ai bien aimé ce court roman, j'ai été vite emportée à travers le texte mais je suis néanmoins déçue de ne pas l'avoir été durant toute ma lecture. Après avoir compris le souhait de l'auteur de nous dévoiler ce qu'il en est de cette relation, le récit devient plat et on ne sait plus trop où l'on va alors qu'on se sentait guidé jusque là.
Lien : http://mary-book.blogspot.fr..

une belle écriture... sur une grande déchirure obsessionnelle,qui ne peut que déboucher sur la fin

Apprendre à finir, une lecture bouleversante.

Un monologue maitrisé. L'auteur retranscrit avec une précision subtile, l'épaiseur émotionnelle qui compose le quotidien.

Un style puissant, ample, léger, travaillé où les images se destinent à frapper notre imagination. Et que dire du rythme saisissant qui s'en dégage et apporte une riche vigueur au sens de ce monologue. Exceptionnel.

Les personnages vivent à travers nous, le décor est alourdi de souvenir ranimés, à noter également les nombreux espoirs, entrave quelque fois retranscrit en sentiment douloureux où la conscience instable et fugueuse, arpente le laboratoire d'une pensé assailli entre un passé inachevé et un présent souvent absurde de sens.

L'esprit de souplesse nous livre son art, un livre qui fait honneur à son écrivain talentueux.