«
Histoire » par
Guillaume Mazeau, un petit livre de 100 pages paru aux éditions Anamosa ce mois-ci.
«
Histoire » est un peu compliqué à résumer. En une centaine de pages,
Guillaume Mazeau nous propose un texte assez riche en références et en idées. Je connaissais le nom de l'auteur pour son livre « le bain de l'
histoire » (Champ Vallon, 2009) sur Charlotte Corday, lu il y a dix ans, mais aussi pour ses prises de position contre
Michel Onfray en 2010 (je crois), à propos de la même Charlotte Corday.
Si le XIXe siècle fût le siècle de l'
Histoire, comme le rappel une citation de
Gabriel Monod, que Mazeau reprend en ouverture de son petit essai, le XXIe siècle aussi fait un usage important de l'
Histoire, que ce soit au travers des réseaux sociaux, des jeux vidéo, de la télévision, etc. le rapport des universitaires avec ces usages populaires de l'
histoire est décrypté également. L'auteur évoque même « l'
histoire vivante » avec l'exemple du festival « Les historiques » de Montbazon. de même, l'évocation de la généalogie ne peut que ravir le passionné que je suis depuis plus de 15 ans. En effet, écrire son
histoire familiale n'est plus inaccessible pour les plus pauvres.
Riche en références disais-je ? Parmi d'autres, sont citées les deux séries télévisées que sont « Rome » et « Les Tudors », que j'avais beaucoup aimé. La diversité des auteurs cités me plaît assez (sociologues, anthropologues, historiens…), ainsi que la diversité des sources (livres universitaires, articles de presse généraliste, articles de revues universitaires…). Il est même fait référence aux Gilets Jaunes !
La partie intitulée « le poison identitaire » (p. 40 à 50) est intéressant à plus d'un titre, mais peu encourageant. Mazeau y montre l'usage que des régimes autoritaires, ou du moins « nationalistes », peuvent faire de l'
histoire. Une petite anecdote sur Trump (p. 43), qui n'est cependant pas sourcée, m'a beaucoup fait sourire.
La partie suivante mérite de s'y arrêter, « Quand les peuples s'approprient l'
histoire » (p. 51 à 71), où il est question, entre autres chose, d'Assassin's Creed Unity (2014) ou de Wikipédia. Mazeau évoque aussi la mode actuelle consistant à conserver des objets anciens du quotidien. Des collectionneurs, écrit-il, qui « racontent et défendent une autre
histoire de la vie quotidienne » (p. 56).
L'avant dernière partie, « L'
histoire et son grand ‘‘h'' minuscule » (p. 72 à 86) m'a aussi paru fort intéressante sur le fond, car il y est question des dangers pouvant menacer l'
histoire en tant que discipline scientifique. Mazeau reste cependant optimiste. Je ne l'étais plus depuis longtemps, mais je n'avais pas vu les choses sous cet angle : « l'
histoire n'est plus ce qu'elle était et c'est tant mieux : elle peut enfin se libérer du fardeau que constituait l'esprit de mission » (p. 75). Et il ajoute : « le meilleur service que les historiens peuvent aujourd'hui rendre à la démocratie, c'est plutôt de donner les outils pour la faire vivre comme un espace critique » (p. 77). Mazeau en arrive naturellement à la question de la méthode, qui est au coeur de cette partie, car c'est un point très important (à mes yeux).
Un essai riche, intéressant, parfois surprenant en ce qui me concerne. Ce petit texte devrait être lu par les étudiants, les passionnés d'
histoire ou même, encore plus, par les citoyens qui veulent avoir une vision un peu plus claire de la place de l'
histoire dans notre société, de son usage et des dangers pouvant la menacer.
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