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3,91

sur 608 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voilà un livre que j'ai énormément aimé. J'ai dû le lire au collège et avec le recul je me dis que ma prof était un brin avant-gardiste...c un roman très incisif et cruel
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Une chronique de Seb, à retrouver sur Aire(s) Libre(s).
« Il marmonna quelque chose à part lui et s'en alla. Je restais couché là, songeant au coucher du soleil, essayant de me rappeler les couleurs. Je ne parle pas du rouge, je veux dire les autres teintes. À une ou deux reprises, je crus bien me les rappeler. C'était comme un nom qu'on aurait su, mais qu'on aurait oublié, dont on se rappellerait la longueur, les lettres et le rythme, sans pouvoir assembler le tout dans l'ordre exact. »

L'histoire. Avant la seconde guerre mondiale. Deux jeunes, Gloria et Robert, triment à Hollywood de figuration en figuration. Désespérés, ils décident de participer dans un des nombreux marathons de danse qui festonnent les comtés de Californie. le couple gagnant, celui qui restera à la fin, empochera mille dollars, une sacrée somme pour l'époque. Lorsque le roman débute, l'épreuve a débuté depuis 216 heures et il reste 83 couples en course.
Ce roman est le plus connu d'Horace McCoy, à cause de la puissance de la trame qui nécessite de l'endurance et dont le fonctionnement génère un grand suspense. Sans doute aussi que le film qu'en a tiré Sidney Pollack n'y est pas pour rien.
Horace McCoy est l'archétype de l'écrivain maudit des années de la grande dépression. Indépendant, rebelle et caustique, il a toujours moqué le discours officiel du « rêve américain » et a levé dans ses romans, le voile sur l'envers du décor, sale et glauque, corrompu et puritain. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant qu'il ait été mis au ban.

Dans ce roman noir épuré (peut-être que la traduction de monsieur Duhamel ne rend pas entièrement justice au texte d'origine, on sait qu'à l'époque, à la Série Noire, on n'hésitait pas à couper dans le vif pour des questions de format et de délais), je disais donc que dans ce roman épuré, d'aucuns diraient « à l'os », on y retrouve condensées toutes les obsessions de l'auteur.
La suite :

Lien : https://aireslibres.net/2024..
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The World greatest dance marathon

Danser...
Danser jusqu'à l'épuisement...
Danser jusqu'au bout... Jusqu'à la mort.
Voilà l'histoire de Gloria et Robert, deux acteurs de complément, deux "figurants atmosphériques", bien en peine de décrocher un petit contrat, parce que tant qu'on est pas engagé par "Central", la boîte qui fournit les figurants...
Alors, à défaut de contrat, ils participent au marathon de danse. Un "danse avec les stars" bien avant l'heure, prémices de la future télé réalité.
L'écriture de Horace Mac Coy est concise, précise, ciselée comme Hemingway auquel il a souvent été comparé.
Quand on pense à des auteurs ayant écrit la grande dépression aux USA de 1929, le premier qui me vient est à l'esprit est le maître presque incontesté, John Steinbeck évidemment avec "Les raisins de la colère" mais Horace Mac Coy mérite tout autant de figurer parmi les auteurs remarquables ayant décrit cette période, chacuns à leur façon.

Que ce roman est noir, magnifiquement noir.
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Roman d'Horace Mac Coy.

1935, à Hollywood. Gloria Bettie et Robert Syberten sont deux acteurs sans avenir. La Grande Dépression bat son plein. Pour gagner quelques centaines de dollars ou se faire repérer par un producteur de cinéma, des couples s'engagent dans des marathons de danse qui durent des semaines. Gloria et Robert sont le couple n°22. de derby en derby, ils poursuivent le marathon. le principe est simple mais infernal : les danseurs doivent bouger pendant 1h50, disposent de 10 minutes pour se reposer, dormir, manger et se changer et remontent sur la piste pour un nouveau tour de danse. "Durant la première semaine, il fallait danser, mais après c'était inutile. On nous demandait seulement de rester continuellement en mouvement."(p. 47 et 48) La compétition est rude et chaque couple fait de son mieux. Certains ont la chance d'être patronnés par des sponsors. Mais la fatigue la plus terrible ne vient pas du corps, elle déborde de l'âme. Gloria est lasse de vivre et est obsédée par la mort. "Il doit y avoir dans le monde une tripotée de gens comme moi, qui ont envie de mourir, mais qui n'en ont pas le courage." (p. 27) Robert, son ami depuis quelques semaines à peine, accède à sa demande la plus démesurée.

"They shoot horses, don't they ?" C'est la phrase qui clôt le roman. le récit est mené par Robert qui répond en fait aux questions du tribunal. Dès la première page, on sait qu'il a assassiné Gloria mais sa défense est singulière : "Ce garçon avoue avoir tué la jeune fille, mais c'était pour lui rendre service." (p. 13) Les titres de chapitre ne sont que la conséquence de cet acte charitable. La sentence, inéluctable, est morcelée et tombe par à-coups : Robert se sait condamné et il attend avec résignation l'issue du procès.

Le Pacifique, figure du dehors, de l'absence et de l'inaccessible, est obsédant. Enfermés pendant des semaines entières dans le bâtiment où se déroule le marathon, les participants ne voient jamais le jour. Et pourtant, le Pacifique est là, au bout de la jetée-promenade et sous leurs pieds. Inlassables et immuables, ses vagues poursuivent leur ballet éternel et se moquent bien des quelques humains qui s'épuisent dans un mouvement qu'ils voudraient incessant.

Il faut lire cet épatant roman en écoutant Old Man River pour ressentir toute la lassitude de vivre d'une femme perdue."I'm tired of living and 'fraid of dying." (p. 136) le texte est court mais percutant. Pas de fioriture, pas d'introspection. le lecteur est happé par le rythme infernal du mouvement. Les faits s'enchaînent, se télescopent jusqu'à l'issue finale, doublement tragique.

Le film éponyme de Sydney Pollack avec Jane Fonda et Michael Sarrazin est épatant. La réalisation est époustouflante : la caméra bouge au rythme des danseurs : frénétique lors des derbys, elle est presque immobile lorsque les couples tentent de ne pas cesser de bouger. L'objectif rend à merveille la fatigue et la douleur qui s'accumulent au fil de jour : les danseurs sont hagards, sales, dépenaillés. L'interprétation rend hommage aux personnages d'Horace Mac Coy : Michel Sarrazin déborde de gentillesse et de compassion, Jane Fonda est amère et lasse. le film insiste sur la concurrence entre les participants et sur le côté show du marathon : si les danseurs viennent pour gagner le prix de 1000 dollars, le public veut du spectacle et l'animateur du marathon sait quoi faire pour satisfaire l'assistance, à grand renfort de bassesses et de coups montés. L'anecdote qui explique le titre clôt le livre mais elle ouvre le film. Elle remplace l'aveu initial de Robert. L'insertion du procès, par touche, dans le film m'a semblé moins habile que dans le livre. Mais dans l'ensemble le film de Sydney Pollack est une excellente adaptation du livre en dépit des quelques libertés qu'il prend avec le texte. L'image est fidèle à la lettre et la misère humaine gagne en force sous les projecteurs d'Hollywood.
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Je connaissais le titre, sans connaître le sujet.
Et je n'ai jamais vu le film éponyme.
Je me suis lancé avec plaisir dans cette lecture.
Ces marathons sont des fruits surprenants de la crise économique de l'époque.
Une exploitation de la misère, offerte en pâture au public, avec force justifications bienveillantes (on peut tous trouver des similitudes avec notre époque)
J'apprécie aussi le rythme, rapide, c'est le premier livre que je lis de cet auteur, je vais approfondir
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Un petit livre que j'avais l'intention de lire depuis très longtemps. Je l'imaginais beaucoup plus long, beaucoup plus dur à lire. Quelle erreur, d'abord c'est un roman très court, et en plus il est très prenant, malgré un sujet a priori peu accrocheur. Par contre ce n'est pas un livre que je conseillerais quand on n'a pas le moral et quand tout va mal. Horace McCoy réalise une peinture sombre et amère de la société américaine des années trente, et ce n'est pas parce que les marathons de danse n'existent plus qu'on ne peut pas trouver des équivalents contemporains. le pire, c'est que ce livre a bien vieilli… Robert et Gloria pourraient être une parfaite illustration du rêve américain et ils sont broyés tous les deux. Ce roman court à l'écriture incisive oscille entre le temps (forcément très court) de l'énoncé d'un verdict de tribunal et le temps (forcément relativement long et étiré) d'un marathon de danse. Un petit bijou, un chef d'oeuvre.
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Au-delà de l'anecdote, c'est bien entendu à une lecture de notre propre société qu'invite ce livre, par opposition entre l'enfer que vivent les participants de ce marathon - privés de sommeil et de temps de réfléchir, et soumis à des épreuves cruelles (où mourra l'un d'entre eux) - et la beauté du paysage et du soleil levant entrevus de façon fugitive à l'extérieur. Horace McCoy offre enfinréflexion sur l'absurdité de la condition humaine.  Un livre édifiant et profondément cruel !
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Un vrai livre coup de poing, on est vraiment sonné quand on referme ce livre. Désespoir, cynisme, des humains qui n'ont plus rien d'humain, qui poussent à l'extrême leurs limites pour s'en sortir (avoir à manger, rencontrer des sponsors ou même des gens du spectacle ). Un univers sans espoir, triste, lugubre, sans lumière (voir le soleil !) Mais qui tient en haleine tout le long de ces 210 pages.
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Etant donné que je pensais m'en servir pour analyser le plaidoyer ou le réquisitoire j'ai été un peu déçue car il n'y a très peu d'éléments à charge ou à décharge des personnages. Néanmoins l'ambiance des concours de danse des années trente était très distrayante et nous sommes bien tenus en haleine par l'auteur. Avec ce premier roman, un chef-d'oeuvre, Horace McCoy, qui a lui-même rejoint les rangs des figurants sans travail dès son arrivée à Hollywood en 1931, et qui a assisté à ces jeux du cirque des temps modernes, est le premier auteur à avoir oeuvré dans ce sens. le personnage principal est un figurant hollywoodien qui, est sur le point d'être condamné à mort pour un crime qu'il a déjà commis. le roman est construit de façon très originale, en fulgurants flash-backs supposés nous montrer ce qui a amené Robert Syverten à tuer Gloria Beatty, sa partenaire cynique et désespérée, de ce terrible marathon, semblables aux courses de chevaux.
Ce petit livre d'une incroyable intensité (le meilleur qui ait été écrit contre Hollywood) a été ignoré à sa sortie en Amérique, en 1935..C'est aussi, et surtout, une caricature féroce du rêve américain et un réquisitoire contre l'exploitation de la misère humaine, qui montre les deux Amériques, l'une, riche et opulente, dans les tribunes du marathon, et l'autre, pauvre et misérable, sur la piste. Un terrible roman dont on se remet très difficilement.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Terrifiante et immonde période sombre des années 30 aux Etats Unis et ailleurs....
Infame bal de zombies qui reflète le voyeurisme répugnant de la population et ce depuis l'époque des gladiateurs.
Horace Mac Coy distille juste ce qu'il faut de cet opium du peuple peu glorieux pour nous laisser une sensation de malaise degoulinant de sueur et de fatigue qui nous exténue le moral.
Bref je suis fourbue mais heureuse d'avoir pris le temps de lire cet ouvrage. En effet petite, le titre du film m'intriguait et me laissait présager que cette histoire etait tout sauf à l'eau de rose.
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