Il n'y a aucun doute, la rencontre de Carson, à l'âge de 16 ans, a été pour moi la première révélation de ce qu'est un écrivain. Désolé pour ce mot masculin. Une auteure, une autrice, une artiste, une poétesse de la vie humaine, une romancière, Carson.
Ce roman est terriblement situé dans le temps et l'espace, dans le sud des USA, dans une petite ville insipide, dans les années 20-30 du XXe siècle, mais qu'importe, c'est l'histoire aussi de un, de cinq, de trente ou quarante personnages, que l'on voit vivre sous le soleil implacable, dans les rues vides, près du café de Biff Brannon, dans la chambre d'hôte de John Singer, dans les shorts de Mick Kelly, derrière les lunettes du Docteur Copeland et les moustaches de Jake Blount.
J'ai relu ce livre au moins une fois tous les cinq ans depuis. J'en ai près de cinquante. Chaque fois, je pouvais être, être Mick, Jake, Biff ou Copeland... Chaque fois, j'étais emporté dans le récit de ces individus fixés dans leur temps, leur lieu, leur condition, et leur désir d'y échapper, d'en faire échapper...
Ce livre est un roman d'émancipation, au moins autant qu'un roman qui exprime son amour de l'humanité.
Ce livre est un roman communiste, aussi, parce qu'il exprime la profonde affirmation que nous sommes tous égaux dans notre privation de liberté.
Mme
McCullers, je vous aime...