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Françoise Cartano (Traducteur)
EAN : 9782226137036
444 pages
Albin Michel (20/08/2003)
3.8/5   27 notes
Résumé :
Il est des écritures magiques, qui transportent le lecteur parfois très loin sans que rien se passe vraiment: quelques amis et voisins réunis au fin fond de la campagne irlandaise, des mariages, des dîners après la moisson, des soirées au pub, des envies de quitter cette Irlande figée dans le temps mais que n'épargne pas la violence politique...
C'est la manière de faire parler ses personnages qui rend John McGahern unique: ce langage savoureux de la campagne... >Voir plus
Que lire après Pour qu'ils soient face au soleil levantVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Nous voici avec le grand écrivain John McGahern au fin fond de la campagne irlandaise chez les Ruttledge, dans le County Leitrim, tout près de la frontière de l'Ulster. Parti jeune travailler en Angleterre, Ruttledge décide de rentrer au bercail avec sa femme Kate, rachetant une vieille maison par l'intermédiaire de son oncle le vieux Shah. Ils vivent près d'une ville, à côté d'un lac, entourés d'une communauté rurale bigarrée, aux personnages singuliers.
Ils ont des relations pas toujours facile à comprendre, ils s'embrassent sur la bouche,
jouent aux fermiers ou à l'entrepreneur, ont un lien pas très clair à la politique et la religion et passent leur temps à déguster des sandwichs arrosés au whisky et au thé. Le hautain Shah, le déstabilisant Patrick Ryan, le trop bavard et curieux Jamesie, l'étrange et glouton Bill Evans, l'infernal violeur, coureur de jupons John Quinn, le trop honnête et trop franc Frank Dolan....sont quelques uns des caractères qui gravitent autour du généreux et serviable Ruttledge. Dans cette existence calme, l'irlandais reste quand même imprévisible. "Un irlandais , on ne sait jamais ce qu'il va faire dans l'instant qui suit. Et le pire, c'est qu'il y a de fortes chances pour que lui-même ne le sache pas davantage ". Des irlandais dont l'auteur prend son temps pour nous les faire connaître et nous y attacher. Quand aux personnages féminins, elles sont bien chouchoutées.
.

Pas vraiment de trame particulier dans ce livre, composé d'anecdotes de la vie quotidienne racontées avec beaucoup de tendresse et un zeste d'humour, dans le contexte d'une nature grandiose. Mariages, décès, arrivées, départs et quelques affaires entrecoupent ce quotidien paisible en apparence, que l'auteur agrémente de détails amusants comme ceux vestimentaires,”Il portait un costume en laine peigné bleue. Sa cravate était rouge, et sa chemise blanche...”. Il effleure aussi la politique et sa violence se référant au conflit protestant-catholique, le système des classes et le poids de la religion. Un monde où les gens semblent avoir accepté leur destinée sans se poser trop de questions, et pourtant.....
John McGahern ( 1934-2006 ) est un de mes auteurs de prédilection Celui-ci étant son dernier roman avant qu'il nous quitte définitivement, j'espère qu'il a été enterré la tête à l'Ouest.

"Il s'endort la tête à l'ouest...pour qu'à son réveil il se lève face au soleil....Nous croyons à la résurrection des morts."




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That They May Face The Rising Sun
Traduction : Françoise Cartano

Extraits

Personnages

J'ai lu quelque part que ce roman au titre si poétique était le plus optimiste, le moins désenchanté de son auteur - peut-être le plus apaisé. Et c'est vrai que le rythme en est lent, paresseusement bercé par le cycle des saisons (une année entière en fait), au coeur d'une Nature comme oubliée, près d'un lac dont l'un des personnages-phare, Jamesie, aime beaucoup à faire le tour.

McGahern met à profit de cette existence si calme, troublée seulement par les grandes ventes de bétail annuelles ou le retour d'un exilé à la terre qui l'a vu naître, pour nous dresser le portrait d'une Irlande rurale à prédominance catholique où chacun connaît son voisin, le critique quand il le faut et le soutient de même mais où, aussi, personne ne renie les racines communes.

Depuis les Ruttledge - lui est du coin mais son épouse vient des USA - simplement préoccupés de vivre la vie dont ils rêvaient alors qu'ils se traînaient encore de métro en métro, jusqu'à Jimmie Joe McKiernan, ancien membre de l'IRA et tenancier de bistrot, en passant par l'attachant Bill Evans, l'excentrique Jamesie et son épouse, Mary sans oublier l'oncle de Ruttledge, surnommé "le Shah" et le hautain et déstabilisant Patrick Ryan, tous sentent qu'ils appartiennent à une même espèce, à un même pays. Pour le meilleur comme pour le pire.

Et tous se retrouveront donc, à l'issue du roman, autour de la dépouille de Johnny, le frère de Jamesie, revenu mourir au pays et qui sera, selon l'ancienne coutume, inhumé la tête tournée vers l'est afin que, au jour de son réveil, il puisse voir le soleil se lever avec lui.

"Pour Qu'Ils Soient Face Au Soleil Levant" est un livre qui se lit comme on déguste un bon whisky (ou une crème de whisky Wink ), devant un bon feu bien chaud, à l'heure où les souvenirs et la nostalgie se sont installés avec la nuit. le chat ronronne dans un coin, le chien dort sur le tapis, la pendule tictaque dans les ténèbres du couloir, dehors, le silence s'est fait et le lecteur, livré à sa mémoire, tend l'oreille pour percevoir, dans le lointain, le pas feutré du Temps qui passe.

Un beau récit, subtil, parfois déroutant, à ne réserver cependant, je pense, qu'aux inconditionnels de l'Irlande et de la Celtie en général. ;o)
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Une année sur les bords d'un lac dans le Nord-Ouest de l'Irlande. Quelques maisons éparses sur les rives sont habitées, d'autres, abandonnées depuis longtemps, s'écroulent. La ville est à plusieurs kilomètres. le récit est centré sur les Ruttledge, un couple revenu s'installer au pays depuis plusieurs années. Autour d'eux gravite une galerie de personnages : un couple de fermiers et amis proches, un oncle riche et taiseux, un vieux valet de ferme exploité par ses patrons, un voisin prédateur de femmes, un maçon qui laisse le travail toujours à moitié fait. Les détails qui font les saisons sont décrits par petites touches, régulièrement. La couleur des eaux du lac, le bruit des oiseaux, les feuilles des arbres. Il ne se passe pas grand chose, autour du lac. Et si c'était ça, le bonheur?

Cette lecture est déconcertante, l'auteur réussit à nous coller à son texte malgré un manque d'action flagrant. le fil narratif est très ténu, et pourtant, il nous tient. On se prend, comme les personnages, à attendre les nouvelles apportées par les voisins, à s'inquiéter des caprices du temps sur les récoltes, tous les évènements qui marquent une année dans ce coin reculé de l'Irlande.
Le point de vue narratif m'a semblé un peu maladroit au début, le narrateur ne nous apporte aucun élément de compréhension du contexte, hors des conversations entre personnages. On ne sait pas où on est, quelle est l'époque, qui sont ces gens. le procédé est un peu lourd au début du roman car les personnages sont obligés de livrer une grosse quantité d'information quant au contexte, dans une conversation de tous les jours, ce qui n'est pas naturel. Une fois la période d'introduction passée, la narration fonctionne de manière beaucoup plus fluide.

Au final un roman à conseiller à des lecteurs patients, qui ont envie de découvrir le monde surprenant et apaisant de John McGahern.
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Il y a des lectures qui vous "salissent" et vous feraient regretter de savoir lire; avec ce livre, c'est exactement le contraire !
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation

Un raclement de griffes se faisait entendre derrière le rideau couvrant une fenêtre ouverte. Le tapage des oiseaux était déjà intense autour de la maison, mais le bourdonnement sourd des petits insectes n'avait pas encore commencé. La circulation était à peine existante sur la route lointaine.
       Le bruit de griffes fut suivi par celui d'une chute sur le plancher de la pièce, et tout redevint immobile. On entendit comme un objet lourd que l'on traînait par terre, en direction du lit. Tous les matins ou presque, la chatte noire entrait dans la chambre en passant par la fenêtre. Habituellement, elle ne faisait pas de bruit, sauf lorsqu'elle arrivait avec des souris ou des petits oiseaux avec lesquels elle jouait  en faisant un vacarme qui réveillait toute la maison. le bruit était plus fort et plus inquiétant que celui d'un chat revenant avec sa proie.
       Kate continua de dormir malgré le bruit. Elle enfonça même son visage davantage dans l'oreiller, comme pour chercher un sommeil plus profond..
  
    D'un seul bond, la chatte atterrit au pied du lit, les griffes enfoncées dans la couverture blanche pour ne pas être entraînée vers le bas par le poids qu'elle portait. Elle attendit d'avoir assuré son équilibre au bord du lit pour avancer et déposer l'animal sous l'épaule dressée de Kate. Puis elle s'assit, bien droite, et se mit à ronronner. L'animal qu'elle avait rapporté  était un jeune lièvre, dont le pelage brun était étendu sur la couverture blanche, avec le blanc du ventre qui luisait faiblement dans l'obscurité. Toute l'attention de la chatte était concentrée sur la femme endormie.
       Lorsqu'elle était sauvage et affamée, Kate lui portait à manger. Derrière un arbre, la chatte observait la manœuvre sans abandonner la sécurité de l'arbre tant que la femme n'était  pas repartie. Elle finissait par venir, en rampant sur le sol, à condition que Kate reste à distance respectable. Jusqu'au jour où, après avoir vidé l'assiette, elle resta sur place pour se nettoyer le museau au lieu de filer se remettre à couvert.
       Pour être désormais apprivoisée et passer plus de temps dans la maison que dans les champs, elle n'avait jamais cessée tout à fait d'être sauvage. Elle avait dû tomber sur le levraut alors qu'il dormait tranquillement dans l'herbe haute, ou le prendre en chasse lorsqu'il avait tenté de s'enfuir à travers les ondulations denses de la prairie.
        Lasse de rester assise sur le lit sans aucune réaction de la femme endormie, la chatte saisit de nouveau le lièvre et avança jusqu'à pouvoir lâcher sa proie sur la gorge de Kate.
       Ruttledge était prisonnier de la fascination de l'observateur. Il aurait pu tendre la main et soulever le levraut, mais il se sentait impuissant, comme s'il faisait partie d'un rêve.

       Avant qu'il réussisse à faire un geste, les mains de kate sortirent de sous les draps et tâtonnèrent du côté de la gorge, comme si elles avaient l'autonomie de deux petits animaux distincts. Au contact de la fourrure tiède, elles s'immobilisèrent brusquement, tandis que Kate se redressait avec un cri, envoyant valser le petit lièvre.
       " Quelle horreur ! "
       La chatte se retrancha dans l'angle du lit devant cette explosion, mais tînt sa position. Ruttledge alluma la lampe de chevet.
       " Comment est-ce arrivé ici ? "
       - Ta chatte l'a apporté. En passant par la fenêtre.
       - Pourquoi ne l'as tu pas empêchée ?
       - Je ne savais pas ce qu'elle allait faire. "
       Soulagée de la tension provoquée par sa frayeur, Kate tendit la main pour attraper le chat d'un geste vif. " espèce de sale bête ! pauvre petit, qu'est-ce que c'est ?
       - Un jeune lièvre - à peine grandi. "
       La chair était encore tiède. Un filet brillant et écarlate coulait des naseaux. Il y avait une mince tache rouge, semblable à un rail, sur le couvre-lit blanc. Il souleva le levraut qu'il déposa sur le plancher, hors de vue.
       " Pourquoi m'as-tu fait une chose pareille ? " Le chat réagit à l'intonation de la voix en ronronnant encore plus fort, avant de venir chercher compliments et caresses.

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-Cette fois, il va peut-être tomber sur une partenaire à sa dimension dit Ruttledge. On ne sait jamais. Il doit bien y avoir aussi des êtres ignobles du côté féminin.
p.200
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Tout bien pesé, le seul tort de Frank Nolan avait été de se montrer trop honnête et trop franc. Chaque qualité étant en soi suffisamment dangereuse, l'addition des deux était la recette parfaite du désastre.
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Les gens agissent bizarrement dés qu'il est question d'argent. C'est une chose qui va plus loin que le bon sens ou la raison.
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Il n’a pas grand usage d’argent. C’est seulement le fait d’en posséder qui lui procure du plaisir.
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Video de John McGahern (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de John McGahern
Avec Le cœur qui tourne, roman qui lui a valu de remporter le Guardian First Book Award et figurer dans la sélection du Man Booker Prize en 2013, Donal Ryan s’est imposé comme un véritable phénomène littéraire comparé à William Faulkner ou John McGahern. Une année dans la vie de Johnsey Cunliffe, qui paraît aux éditions Albin Michel, est le récit bouleversant, douloureux mais non dénué d’humour, de la vie d’un jeune paysan naïf et solitaire. Une formidable critique de la société moderne et ses dérives unanimement louée par la presse et les plus grands écrivains irlandais. Cet événement a eu lieu au Centre Culturel Irlandais le 19 janvier 2017.
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