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4,22

sur 941 notes
Magnifique. C'est le seul mot qui m'est venu en refermant le livre.
Il est question de guerre civile, d'attentats, de solitude, d'errance, de crasse, d'alcoolisme, de sentiments dépareillés, de misère... et c'est magnifique ? Oui, magnifique d'écriture, de tendresse balayant la crudité, de simplicité estompant le chaos. Un livre écrit avec intensité et urgence comme s'il avait été dicté par un amour insensé qui résistera à tout et lu comme s'il était parlé à voix douce. Et puis, il y a l'humour au manque d'amour avec l'auto-dérision comme baume au coeur, et puis, surtout, il y a le chapitre onze...
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Les désabusés Jake et Chuckie, respectivement catholique et protestant, traînent leurs désoeuvrement dans une Belfast divisée, érigeant leur amitié en contre-exemple absolu d'un conflit dont les tenants et aboutissants se brouillent à mesure que les saisons s'égrènent et que les dépouilles anonymes et malchanceuses s'empilent. Des illusions tragiquement déchues, des rapports sociaux globalement accidentés, des états d'âme plus ou moins affirmés, ennui, célibat souvent forcé, beuveries, emplois précaires, désintérêt total pour la guerre civile qui se déroule sur leur pas de porte aucun des deux hurluberlus ne trouve sa place dans la société nord-irlandaise.
Rien de réjouissant, et pourtant si, c'est un livre prenant et surprenant, une galerie de personnages souvent peu glorieux mais aussi singuliers qu'attachants, dont nos deux protagonistes sont le dénominateur commun.
Ces deux prolos au destin capricieux, contrarient à eux seuls un climat délétère de désunion et de tensions tantôt sourdes, tantôt assourdissantes, et soulignent l'absurdité de ce conflit.
Pas de mélodrame, un roman drôle, poétique, jamais alourdi par le contexte politique, une complainte irlandaise farfelue, rythmée, ou l'amitié, l'espoir, le rire, le disputent au repli sur soi, la détresse et la raison.
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Un livre magnifique , où il ne faut pas attendre la page 100 pour se demander si on aime ou pas , je l'ai lu très vite et comme pour tous les livres que j'adore , j'ai drôlement ralenti aux dernières pages , j'avais l'impression de quitter des amis , qu'est-ce que ça donne envie d'aller à Belfast. pour me consoler , j'ai regardé quelques pages de Wikipédia sur le conflit protestants- catholiques mais rien à faire , je préfére la fiction à la réalité. Je me suis rappelée le très beau film (mais très dur aussi , dans un tout autre registre ) Hunger sur la vie de Bobby Sands , je le conseille vivement.
Pour les amoureux d'écrivains irlandais , il faut absolument lire 'Mauvaise pente ' de Keith Ridway et ' Sang impur ' d'Hugo Hamilton.Je suis partante pour d'autres pistes à explorer.
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un merveilleux roman, écriture dynamique et drôlissime, surtout pour moi qui adore l'Irlande et les Irlandais. J'ai été très souvent en Irlande et la première fois, en 1984, j'ai vu les derniers miradors .... encore un livre que je vais relire plusieurs fois, et comme souvent, je l'ai trouvé dans la rue ...
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"Vous avez vu les drapeaux, les inscriptions sur les murs et les fleurs sur le pavé. Voici une ville où les gens sont prêts à tuer et à mourir pour quelques bouts de chiffon colorés. Telles sont les habitudes de deux populations dotées de différences nationales et religieuses remontant à quatre ou huit siècles. le drame, c'est que toute différence jadis notable a aujourd'hui fondu et que chacune de ces deux populations ne ressemble à aucune autre, sinon à l'autre. C'est une aberration, une énigme qui corrompt le sang. Il n'y a pas de révolution, seulement une mortelle convolution." p.298

Avec beaucoup d'humour et une écriture à la fois franche et subtile, Robert McLiam Wilson évoque formidablement bien cette aberration politico-terroriste dont il est question dans ce roman, il tourne en dérision, avec brio, le conflit catholique/protestant.
Pour celà, il nous fait partager l'histoire d'une bande de potes, Jake, Chuckie, Slat, Donal et tant d'autres, qui incarnent à merveille le Belfast des 90s : des catholiques, un protestant, des modérés, une extrémiste nationaliste fasciste, des personnages hauts en couleur, des gens ordinaires, humains avant d'être Irlandais, vivant dans une ville en conflit ... vivant simplement, chaotiquement, entre beuveries à répétition, coucheries, bagarres, à la recherche d'un boulot, à la recherche de l'amour et s'accrochant à leurs rêves.

Les personnages font la force de ce roman, il lui donne toute sa dimension humaine, la lutte entre catholiques et protestants, les attentats, les marques de la guerre civile restant la plus part du temps en toile de fond.
Le personnage central n'est autre que Belfast, sa ville, qu'il dépeint avec beaucoup de poésie et de réalisme. Il lui rend un bien bel hommage ainsi qu'à ses habitants.
Le chapitre 10, consacré à sa ville est très beau,
Belfast, c'est Rome avec davantage de collines; c'est l'Atlantide sauvée des flots. Et, où qu'on soit, où qu'on regarde, les rues brillent comme des bijoux, comme de menues guirlandes étoilées. [...] elle est magique. p.297
Mais surtout, les villes sont des carrefours d'histoires. Les hommes et les femmes qui y vivent sont des récits complexes et intrigants. le plus banal d'entre eux constitue un récit plus palpitant que les meilleurs et les plus volumineuses créations de Tolstoï. Il est impossible de rendre toute la grandeur et toute la beauté de la moindre heure de la moindre journée du moindre citoyen de Belfast. Dans les villes, les récits s'imbriquent ...Les histoires se croisent. Elles se heurtent, convergent et se transforment. Elles forment une Babel en prose. p.300

Celui qui suit est un formidable condensé d'émotions, extrêmement touchant, l'humour désabusé y devient grinçant et le ton ironique pour raconter un attentat :

"Car les poseurs de bombes savaient que ce n'était pas de leur faute. C'était la faute de leurs ennemis, les oppresseurs qui refusaient de faire ce que les autres voulaient qu'ils fassent. Ils avaient demandé à ce qu'on les écoute. Ils n'avaient pas réussi. Ils avaient menacé d'utiliser la violence si on ne les écoutait pas. Quand cela non plus n'avait pas réussi, ils furent contraints, à leur grande répugnance, d'accomplir tous ces actes violents. de toute évidence, ce n'était pas de leur faute". p.316

"Le seul vrai professionnalisme vint des journalistes et des cameraman sur les lieux du drame et dans les hôpitaux. Ils firent preuve d'une vigueur réelle et d'une ambition indéniable. Ils braquaient partout caméras et micros. Un journaliste allemand dirigea même son micro vers un cadavre allongé sur un lit de camp. Les journalistes du cru se moquèrent beaucoup de lui. Car ils avaient cessé d'interroger les morts depuis belle lurette."

Il faut que je vous avoue, que j'ai eu un peu de mal à rentrer dans cette histoire, les presque trois cent premières pages sont une succession de portraits de ces compagnons de beuveries, et j'ai commencé à m'en lasser au point de vouloir abandonner et refermer cet opus.
Et puis, j'ai été happée par le tourbillon des événements, de la vie, de leurs vies, emportée dans une Belfast meurtrie; j'ai dévoré les deux cent cinquante pages restantes, ravie de ne pas être passée à côté de ce petit trésor.
Un petit trésor déniché à tout hasard dans une librairie, acheté sur les deux simples critères Belfast et auteur irlandais. Oh que j'ai bien fait !!!

En 1999, j'ai eu l'occasion de passer à Belfast. J'en garde des images de violences, d'une ville blessée, meurtrie et insécure : barreaux aux fenêtres, impacts de balles sur les murs, voitures calcinées, quartiers dévastés, certains interdits d'accès...
Ce livre m'a donné envie d'aller y boire une pinte, de m'y attarder un peu plus cette fois ... ce sera l'occasion de relire ce grand roman.

Certains passages ont un goût très bizarre, amer, douloureux ... après Charlie, après le Bataclan.

"Tous avaient leur histoire. Mais ce n'étaient pas des histoires courtes, des nouvelles. Ce n'aurait pas dû être des nouvelles. Ç'aurait dû être des romans, de profonds, de délicieux romans longs de huit cents pages ou plus. Et pas seulement la vie des victimes, mais toutes ces existences qu'elles côtoyaient, les réseaux d'amitié, d'intimité et de relations qui les liaient à ceux qu'ils aimaient et qui les aimaient, à ceux qu'ils connaissaient et qui les connaissaient. Quelles complexité ... Quelle richesse....
Qu'était-il arrivé ? Un événement très simple. le cours de l'histoire et celui de la politique s'étaient télescopés. Un ou plusieurs individus avaient décidé qu'il fallait réagir. Quelques histoires individuelles avaient été raccourcies. Quelques histoires individuelles avaient pris fin. On avait décidé de trancher dans le vif. " p.321
Lien : http://seriallectrice.blogsp..
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J'ai beauocup aimé Eureka Street. J'ai tôt fait de m'attacher à ces personnages colorés qui resteront sûrement longtemps dans ma mémoire. Les principaux, Jake Jackson, catholique et Chuckie Lungan, protestant, deux copains de beuverie écorchés de la vie qui verront leur destin prendre des chemins différents.

Eureka Street, c'est un hymne à Belfast, ville d'Irlande du Nord où règne la menace terroriste. le chapitre racontant un attentat dans une sandwicherie est vraiment horrible. Malgré ce fond de guerre et de vilence, l'auteur dédramatise le tout avec un humour savoureux qui rend la lecture de ce livre très fluide et agréable. Pas de misérabilisme ici, que la réalité parfois dure oui, mais surtout teintée d'une note d'espoir qui permet à ces personnages d'avancer.

Un roman captivant du premier au dernier mot!
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Un roman original, qui nous fait découvrir l'Irlande du Nord de façon plutôt inattendue.
L'auteur nous invite à suivre l'amitié "catholico-protestante" de deux habitants de Belfast ordinaires, au milieu d'un conflit auquel ils se sentent finalement assez étrangers, avec un humour très croustillant. Autour de ces deux héros gravitent d'autres personnages, qui se révèleront pour certains sous un jour inattendu à la fin du roman...

J'ai beaucoup apprécié ce roman, et l'écriture de son auteur, humoristique mais également très belle et poétique par moment.
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Ah ce livre !
Je ne sais plus, ni comment, ni où je l'ai acheté. Mais j'étais drôlement bien inspirée ce jour là !

Le décor : Belfast. Mais pas le Belfast printanier, le Belfast dont j'entendais parler quand j'étais gamine, avec les bombes et le terrorisme que je ne comprenais pas vu que chez nous on est complétement athés.
Là une bande de potes, protestant et un catho, des filles, une américaine et une au prénom imprononçable de Aoirghe.
Et un méli-mélo entre actualités, coup de génie et coup de pas-de-bol.
En réalité, un quotidien ouvrier entre labeur et espoir (Chucky), entre Pubs et bastons, peut-être un peu stéréotypé mais très touchant.
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Direction Belfast, l'auteur nous présente sa ville au travers d'une bande de copains un peu losers qui se retrouvent régulièrement autour de pintes à regarder les filles.
Dit comme ça, cela ne donne pas envie de les suivre, et pourtant l'auteur réussit à nous embarquer dans son écriture où il mélange, avec succès, humour et sujet grave.
Entre paragraphes écrits à la première personne, dans lesquels Jake nous raconte sa vie, sa visions de ses amis, ses luttes, ses échecs et surtout ses sentiments. Et des paragraphes à la troisième personne, où l'auteur, à l'aide des autres personnages, nous raconte Belfast, la vie dans ses quartiers, les religions, les attentats.
Des personnages étonnants (surtout Chuckie) et hétéroclites qui nous montrent que la religion peut être secondaire même dans une ville où il faut choisir un camp.
L'auteur lui dénonce la violence, les intégrismes.
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Au travers d'une bande de copains catholiques et protestant ( seul Chuckie est protestant), nous découvrons Belfast dans les années 90 à la fin du conflit nord-irlandais.
« La ville chérit ses murs comme on tient un journal. Selon cette scénographie saccadée, les murs racontent histoires et haines, ratatinées et décolorées par le temps. »
Jake, bagarreur après une enfance pauvre, est au début du récit récupérateur d'objets impayés. Un sale boulot qu'il supporte de moins en moins. Larguée par sa copine anglaise, « couillon sentimental« , il cherche l'âme soeur sans grand succès malgré sa mine boudeuse de grand séducteur.
Chuckie, un « gros plein de soupe » aux nombreuses rencontres sexuelles, cherche comment gagner de l'argent sans trop se dépenser jusqu'à sa rencontre avec Max, une américaine dont il tombe follement amoureux.
Souvent regroupés dans les bars, la bande de copains discutent de tout et de rien, un peu de politique au fil des événements mais sans chercher querelles même si le sujet peut parfois être explosif, surtout avec Aoirghe, l'amie de Max.Certes, les actes de terrorisme existent toujours, » on entendait toujours la violence, proche ou lointaine« et l'auteur décrit l'attentat de Fountain Street en prenant soin de donner de l'importance à la vie des victimes afin qu'ils ne soient pas juste un nom ou un chiffre sur un bilan. Les murs tagués et les fleurs sur le pavé sont les traces des violences. » Nous sommes terrifiés. Nous devons être terrifiés. Voilà pourquoi ça s'appelle le terrorisme. »
« Belfast est une ville qui a perdu son coeur« . Mais est-elle plus violente que Broadway, New-York ou San Diego où Chuckie découvre le banditisme.
Le chapitre consacré à la description de Belfast est assez remarquable.
» Mais la nuit, de maintes manières, simples ou complexes, la ville est la preuve d'un Dieu. Belfast donne souvent l'impression d'être le ventre de l'univers. C'est un décor souvent filmé, rarement vu. Dans chaque rue, Hope, Chapel, Chichester et Chief, grouillent les signes émouvants de milliers de morts qui les ont arpentées. Ils laissent leur odeur vivace sur le trottoir, sur les briques et les seuils et dans les jardins. Les natifs de cette ville vivent dans un monde brisé- brisé mais beau. »
Cette amitié entre Chuckie et Jake, ce pardon de Chuckie envers sa mère, les actes de bienveillance et de solidarité de Jake envers ceux que son premier métier a dépossédés ou envers Roche, ce gamin des rues battu par son père montrent toute l'humanité des irlandais qu'ils soient catholiques et protestants.
» Vous constatez qu'il existe bien une division entre les gens qui vivent ici. Certains appellent ça la religion, d'autres la politique. Mais la division la plus fiable, la plus flagrante, est celle de l'argent. »

Un roman d'une belle humanité dans un pays qui sort d'une crise violente, d'une guerre entre deux factions qui disaient qu'elles ne voulaient pas se battre.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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