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EAN : 9782818020760
704 pages
P.O.L. (21/08/2014)
3.55/5   202 notes
Résumé :
En 1833, à la suite d’un duel, le capitaine hongrois Alexander Korvanyi quitte brutalement l’armée impériale pour épouser une jeune autrichienne, Cara von Amprecht. Avec elle il rejoint, aux confins de l’Empire, les terres de ses ancêtres.
La Transylvanie de 1833 est une mosaïque complexe, peuplée de Magyars, de Saxons et de Valaques. D’un village à l’autre, on parle hongrois, allemand ou roumain ; on pratique différentes religions, on est soumis à des juridi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
3,55

sur 202 notes
Mon coup de coeur de l'année 2017, lu in extremis dans les derniers jours de décembre. Emballé, j'ai dévoré Karpathia d'une traite, en deux jours seulement ! C'est pour vous dire à quel point j'ai adoré ! Pourtant, autant Karpathia que son auteur Mathias Menegoz ne m'étaient connus (à part qu'ils aient fait sensation en 2014). de la quatrième de couverture, je n'avais retenu que ce qui m'intéressait : 1833 (donc 19e siècle), des aristocrates, la Transylvanie, un terroir de légendes, un poudrière (donc des conflits ?). Pour l'ambiance, difficile de faire mieux. Mais, malgré ce marketing intéressant, que s'y passe-t-il ? Un autre livre à ajouter à ma longue liste de livres à lire. Mais le bouquin m'attirait étrangement, m'appelait régulièrement mais mes visites à la librairie débouchaient sur autre chose. Puis, je me suis décidé. Et quelle excellente décision !

L'action est un peu lente à décoller mais ce n'est pas grave. Chaque détail sert à situer les lieux, les personnages, en particulier le comte Alexander Korvanyi et l'élue de son coeur Charlotte-Amélie von Amprecht (Cara, pour les intimes). Je dois admettre avoir été impressionné par le talent de Mathias Menegoz, pourtant à son premier roman. Il semble attacher un grand souci à décrire avec précision et fluidité la vie à cette époque, allant du fonctionnement d'une garnison de province au menu dans un café viennois en passant par la décoration dans un château autrichien (tableaux, porcelaine Biedermier, etc.). L'idée du duel entre Alexander Korvanyi et un autre officier est une autre idée intéressante. Elle sert à démontrer le caractère résolu du comte. D'abord, je la trouvais un peu longue (mais quand arrivera-t-on en Transylvanie ?) mais je me suis retrouvé à en apprécier chaque moment.

Puis, après environ 75 pages, tout décolle : mariage et préparatifs pour le départ. Les nouveaux partent prendre possession du domaine ancestral, la Korvanya, quelque part au fin fond de la Transylvanie (alors partie intégrante de la Hongrie). À partir de ce moment, le talent de Mathias Menegoz se fait sentir véritablement. Chaque élément de description, ne serait-ce qu'une vague rumeur, le déchainement de la nature (les rivières qui débordent et inondent puis le brouillard) ou l'historique mouvementé de la région, permet d'établir cette atmosphère inquiétante. Et à la maintenir ainsi tout au long du roman.

Le climat d'incertitude et de tension qui règne sur la Korvanyi ne quitte pas le lecteur un moment. L'intendant Lajos Lanffy semble cacher quelque chose, le vieux château noir avec sa crypte maudite effraie les domestiques, on se rappelle les révoltes de 1784 qui avaient fait fuir les maitres d'alors. Sans oublier les dissensions entre les serfs hongrois, saxons et valaques (roumains). Même des Tziganes font leur apparition. Sans oublier ces Russes tout proches qui laissent passer les contrebandiers, de vrais bandits. Tous les éléments sont parfaits pour évoquer le mystère et des peurs fantasmagoriques. Sauf pour le comte, qui a grandi en Autriche, loin des superstitions auxquelles il ne prête pas foi… jusqu'à ce qu'un loup fasse des ravages, puis que deux enfants soient enlevés et même qu'une jeune fille soit violentée. Elle parle d'une ombre qui s'est prise à elle avant de se volatiliser. Il n'en faut pas plus pour que les villageois se mettent à évoquer de vieilles légendes, des histoires de vampires…

Par moments, je trouvais Alexander et Cara arrogants et belliqueux, voire antipathiques (surtout pour notre sensibilité moderne) mais, en considérant le contexte historique, ils constituent sans doute un portrait honnête de l'aristocratie de l'époque, défendant corps et âme leurs droits. Peut-être une narration à la première personne les aurait mieux servis ? Dans tous les cas, ils ont bien ‘'joué leur rôle''. Pareillement pour la galerie de personnages qui les entoure. Plus haut, j'ai mentionné l'intendant Lanffy, mais il ne faut pas oublier son fils illégitime aussi prénommé Lajos, les domestiques Heinke, Paulus et Reinhold, le pope valaque, le docteur Ferenc Hodor, les seigneurs voisins Szenthély et Szatvar, le commandant Gestenyi, les contrebandiers et plusieurs autres, je ne peux tous les nommer. Chacun apporte sa contribution spéciale.

Rendu à ce point, j'étais littérallement scotché au roman. La deuxième partie s'éloigne un peu de l'aventure et du fantastique pour se tourner un peu plus vers l'action. C'est très viscéral. Et c'est correct, d'autant que Mathias Menegoz y excelle autant. le suspense et les retournements de situations sont nombreux, mais jamais au profit de cette ambiance sinistre et inquiétante. La tension règne jusqu'à la grande finale, l'apothéose, la Jagdfest, cette fameuse chasse pour déloger le mal. Jusqu'à maintenant, j'ai beaucoup vanté le réalisme du roman (les descriptions généreuses ne gênent pas quand on adore le sujet !), mais avec chaque page un certain romantisme s'en dégage. du grand art ! Malgré ses 526 pages (dans le format de poche), je recommande vivement Karpathia aux amateurs du genre.

Sur une toute autre note, ce roman me fait penser un peu au film le pacte des loups, sorti en 2001, que j'avais beaucoup apprécié. Moins d'un siècle plus tôt, alors que la bête du Gévaudan fait des ravages dans le sud de la France, des grandes battues organisées alors que d'autres prient pour que le Seigneur les délivre de cette créature surnaturelle. Finalement, la menace se révéla toute autre que celle imaginée…
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Priorité absolue à la littérature pour Mathias Menegoz qui signe avec Karpathia un roman qui convoque tous les codes de la littérature classique. Entre fresque historique et épopée romanesque, l'auteur y décrit la Korvanya, une contrée isolée au fin fond d'une vallée de la Transylvanie, région sauvage tenue par une féodalité pesante et archaïque.
Ce n'est pas le comte de Korvanyi qui va bouleverser ces hiérarchies puissamment ressenties qui lient les gens à une terre et qui divisent les serfs Valaques des Tziganes, les bourgeois Saxons des seigneurs Magyars. Accompagné de sa jeune épouse autrichienne, l'ancien soldat de l'Empire est revenu pour prendre possession de ses terres sans s'imaginer que son idéal seigneurial et son sens exalté de l'honneur vont se heurter à une population hostile et à un ennemi invisible...

karpathia fait partie de ces romans qui laissent le goût de la grande fresque et du rebondissement en embuscade. Avec une région parsemée de remparts invisibles, des pauvres bougres terriblement écrasés par le destin comme des personnages traversant la vie comme un défi, il y a derrière le texte une impulsion puissante propice à des formes variables de tragédie. L'adversité, la violence, l'orgueil des hommes, tout concourt à transformer le récit en épopée dramatique. J'ai véritablement été séduite par cette histoire qui se lit comme une aventure enthousiasmante riche de l'empreinte de ce pays qui n'est pas encore la Roumanie.
Certains regretteront sûrement que les usages et droits féodaux l'emportent sur la spontanéité des émotions ou encore que le phrasé au scalpel accorde peu d'empathie envers les personnages. Malgré cette rigidité aristocratique, j'ai adoré découvrir l'acharnement inflexible du comte dans sa bonne conscience, son sens du devoir, sa mission qu'il se complaît à honorer avec un zèle fanatique. Emportant tout dans une spirale vertigineuse.
Mathias Menegoz m'a vraiment impressionnée pour ce premier roman. Non seulement parce qu'il ressuscite un monde qui n'existe plus avec une langue qui ne cède pas une once de terrain aux modes littéraires. Mais aussi parce qu'à travers son écriture scrupuleuse, attentive aux infimes aspérités de la matière comme aux destins individuels, on décèle très vite une certaine qualité du regard. Il y a une forme d'acuité psychologique chez l'auteur qui donne beaucoup de finesse à la narration.
Même si l'auteur n'a pu éviter certains écueils du premier roman (répétitions, un peu trop bavard à quelques occasions), je suis tombée sous le charme de Karpathia. Belle découverte, impatiente de découvrir le prochain bouquin de l'auteur.
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Oubliez Dracula!
Si les Carpates de Transylvanie vous évoquent le sinistre Vlad l'empaleur, prince de Valachie au 15ème siècle qui inspira le personnage du vampire, c'est un dépaysement tout autre que nous offre Mathias Menegoz.

Dans l'immense empire austro hongrois du 19ème, il existe des contrées reculées que les très sélects citadins viennois ne visitent jamais. Tournant le dos à une vie militaire, c'est aux confins orientaux de l'Europe que le comte Korvanyi entraine sa jeune et récente épouse, pour découvrir avec elle un héritage improbable : un double château décati, témoin sinistre d'insurrections passées, des domaines immenses et mal gérés, peuplés de communautés disparates (magyars, saxons, valaches) qui cohabitent en servage difficilement.

L'autorité cassante du nouveau seigneur, son ignorance des coutumes et des suspicions intercommunautaires, son esprit féodal de gouvernance vont exacerber les tensions d'une région à la complexité identitaire ingérable, où superstitions et trafics frontaliers de contrebande sont monnaie courante.
Des disparitions d'enfants, un viol de jeune fille et la rumeur populaire croit avoir trouvé son nouveau vampire dans ce comte autoritaire. Tout est réuni pour échauffer les esprits et enflammer en guerre civile la Transylvanie!

Inattendu dans ses multiples formes, ce livre est à la fois une histoire d'amour, une étude psychologique, une chronique villageoise de faits divers, un roman de combats épiques, un brulot contre l'injustice de sociétés archaïques...

Aux premières pages, on pourrait se croire dans un roman d'Henri Troyat. le récit en possède le dépaysement, le souffle romanesque et la précision historique et sociale, aidés par la minutie du détail dans une nature sauvage et immense.
Mais très vite, le contexte de tensions régionales, l'arrogance belliqueuse des seigneurs et la misère quotidienne des serfs en font une chronique minutieuse, plus proche du docufiction. Presque trop, car l'écriture est foisonnante, hyper réaliste, et tombe parfois dans le piège des longueurs narratives et de l'excès descriptif.

700 pages qui valent néanmoins le voyage, couronnées par le prix Interallié.
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Vienne, 1833, le capitaine hongrois Alexander Korvanyi lors d'une soirée bien arrosée au café Steidl provoque le Rittmeister von Wieldnitz en duel, celui-ci ayant avancé que la baronne von Amprecht serait meilleure maîtresse qu'épouse. le comte Korvanyi a dernièrement fait la connaissance de Cara von Amprecht et décide de la demander en mariage avant le duel, ensuite il donnera sa démission à l'armée. Vainqueur, après le mariage il emmène sa jeune épouse sur les terres familiales en Transylvanie. Leur vie serait belle s'il n'y avait des rumeurs, on dit même que le comte serait un vampire ! le régime féodal est toujours en vigueur, les serfs haïssent leur seigneur, le comte Korvanyi et de plus il y a les forestiers, bandits cachés qui ne sortent que la nuit, passent la frontière en secret pour y faire de la contrebande. Un sacré challenge pour nos jeunes époux !
Karpathia est un roman dense, l'écriture est fluide, je ne lui ai trouvé aucune longueur malgré ses 697 pages, j'ai vécu l'aventure avec Cara et son époux, le comte Korvanyi. Un roman que je conseille.
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ISBN : 978-2818020760

Si l'on excepte une brève période un peu essoufflée, lors du voyage du couple Karvanyi vers ses domaines ancestraux en Transylvanie, le roman de Menegoz est plutôt agréable à lire. D'abord - et tout le monde comprendra ce que je veux dire - il raconte une histoire qui n'a pas pour centre le nombril de son auteur même si, étant, je crois, d'origine souabe par sa mère, Menegoz a certainement puisé aux origines familiales pour produire ce pavé d'un peu moins sept cents pages.

"Karpathia" se lit à la fois comme un roman d'aventures et comme un roman historique. Ceux qui s'intéressent à L Histoire, tout particulièrement à celle du XIXème siècle en Europe de l'Est - l'action se situe en Hongrie, alors sous dépendance de l'Autriche des Habsbourgs - seront ravis. On trouve des descriptions superbes d'une région singulièrement sauvage mais tout aussi envoûtante et plus d'un Grand Lecteur songera sans doute, devant quelques noms qui reviennent, au légendaire séjour vers la Transylvanie imaginé jadis par Bram Stoker pour Jonathan Harker. On y parle même de la passe de Borgo ! Tout draculâtre sait ce que cela veut dire ... ;o)

Mais nous sommes ici en plein réalisme et en l'an de grâce 1833. Amoureux de la baronne Cara von Amprecht, le comte Korvany, qui a pourtant entamé une belle carrière dans l'armée autrichienne, abandonne celle-ci pour se marier et s'en aller gérer ses domaines ancestraux. Il faut dire que Cara le lui a bien dit : "Je n'épouserai jamais un soldat. La vie de garnison ? Merci mais ce n'est pas pour moi !" Un caractère entier, cette jeune fille, et un personnage qu'on admire souvent tout en ne pouvant s'empêcher de la juger parfois trop hautaine et peu aimable. Mais c'est à son époux que revient, indiscutablement, la palme de la bizarrerie caractérielle.

S'il est généreux et ignore la peur physique, s'il a aussi un sens certain du devoir, le comte Korvanyi est avant tout un être rigide, peut-être plus sensible qu'il ne veut bien le laisser paraître, mais prêt à tout - absolument à tout - pour que sa volonté s'accomplisse. Ainsi devient-il l'amant de Cara bien avant de la demander en mariage. Et peut-être n'aurait-il pas songé à le faire si, dans un café viennois, deux officiers d'un autre régiment que le sien n'avaient traité la jeune fille de femme facile - ou à peu près. du coup, Korvanyi jette le gant et n'aura de cesse de tuer son adversaire - ce qui lui permet au passage d'avoir un prétexte honorable pour quitter l'armée. Mais ce qui choque, c'est qu'il fait croire à ses témoins, à son adversaire et aux témoins de celui-ci, qu'il est déjà à l'époque le fiancé de la jeune baronne. Ce qui est totalement faux. le lecteur ne prend pas tout de suite conscience de l'importance revêtue par cette affaire dans le reste du récit mais, au fur et à mesure qu'il tourne les pages, il comprend que Korvanyi est prêt à tout pour obtenir ce qu'il veut.

Quand il arrive dans un domaine qui n'a pas vu ses maîtres depuis un demi-siècle - les derniers habitants du château ont été assassinés lors de la grande révolte des serfs valaques (= roumains) en 1784, Korvanyi se trouve confronté à une situation ethnique et sociale très complexe. Ainsi, les serfs saxons et les serfs magyars jouissent d'un meilleur traitement que les serfs valaques, ce qui, bien entendu, ne fait qu'entretenir la haine et l'instinct de révolte. de plus, le moins que l'on puisse dire, c'est que ces peuples ne sont pas très éduqués. Très vite, la haine inspirée par le comte en tant que descendant légitime des Korvanyi et possesseur des fiefs, va faire courir sur lui les histoires les plus absurdes. On finit même par l'accuser carrément d'être le vampire responsable de l'agression (en fait un viol) contre une jeune Magyare, Auranka.

Mais Korvanyi a de la ressource, c'est le moins qu'on puisse dire. Comprenant très vite que les Valaques lui resteront à jamais hostiles, n'entendant, en plein XIXème siècle, rien changer au statut de ses serfs, et surtout pas des serfs valaques, auxquels il porte une haine aussi vive que celle qu'ils lui vouent de leur côté, il se résout à redresser la situation. Et il choisit pour cela la manière forte, cela va sans dire.

Menegoz démontre très clairement la complexité, pour ne pas dire l'inextricable pagaille régnant sur un pays où l'injustice sociale est la règle et que, en dépit de la Révolution française, puis des guerres de l'Empire, n'a pas touché la gloire des Lumières. Pour le lecteur, il est très, très difficile de prendre parti. le couple Korvanyi, par exemple, en dépit de la puissance de caractère de ses protagonistes, est trop imbu de sa supériorité sociale et ethnique pour qu'on puisse sympathiser à cent pour cent avec lui quand, par exemple, la comtesse se retrouve enlevée par leurs ennemis. de l'autre côté, les Valaques, bien qu'ils aient leurs raisons pour le faire, manifestent une hostilité trop déclarée. Entre les Korvanyi et leurs serfs valaques, on dirait qu'aucun pardon, aucun compromis n'est - et ne sera jamais - possible. Les serfs saxons et magyars sont un peu à l'écart mais là aussi, on juge vite que le compte pourrait assouplir un peu ses règles. Quant au troisième parti, celui des "forestiers" - si vous lisez "Karpathia", vous comprendrez - il se partage entre un gourou et des illuminés persuadés qu'il faut faire revivre "l'esprit roumain" et de francs contrebandiers, tueurs et hommes de sac et de corde. le violeur d'Auranka est d'ailleurs l'un des membres de ce groupe.

Le malaise vient surtout de ce que, entre les grands seigneurs imbus de leur magyarité et les révoltés qui se veulent avant tout roumains parce que le Roumain est au-dessus de tout, les serfs valaques, coincés dans la nasse, sont exploités et manipulés aussi bien par les uns que par les autres. Si Korvanyi a, à la limite, l"'excuse" du massacre de sa famille par ces mêmes serfs ou leurs parents en 1784 pour vouloir pratiquement éradiquer les Valaques de ses terres, les forestiers, eux, qui se font passer auprès de ces mêmes Valaques pour leur seule chance de s'en sortir avec les honneurs, ne les considèrent pas avec plus d'estime et d'humanité que ne le fait Korvanyi : ainsi, lorsque, après l'incendie du château blanc et le massacre intégral des domestiques des Korvanyi, tous deux menés exclusivement par Vlad et sa bande de brigands, les serfs valaques, qui en sont absolument innocents, sont abandonnés par les contrebandiers à la colère du comte.

En pareil cas, qui se conduit de la manière la plus scandaleuse ? Et quel parti prendre pour le lecteur, vite horrifié par toute cette sauvagerie qui se veut pourtant européenne ?

"Karpathia" est un roman qui fait réfléchir. Un roman encore un peu maladroit aux entournures mais un roman qui mêle habilement la part historique et l'aventure pure. Malgré de belles envolées poétiques, le style apparaîtra un tantinet trop lourd mais enfin on ne saurait remercier suffisamment Mathias Menegoz pour sa décision d'entreprendre la rédaction d'une histoire qui lui tenait à coeur et qu'il a parfaitement réussie à mener à son terme en incitant sans trop de peine le lecteur à le suivre. C'est devenu si rare dans la littérature française de nos jours qu'il faut le signaler. ;o)
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critiques presse (9)
Lexpress
29 décembre 2014
Pour son premier roman, Mathias Menegoz -ancien biochimiste de 46 ans, admirateur d'Ernst Jünger et de Karl Popper- ignore toutes les modes littéraires pour offrir une saisissante fresque biographique. Fruit d'une quinzaine d'années d'un travail justement salué par le prix Interallié, Karpathia réussit à retranscrire toute la complexité identitaire du monde germano-balkanique.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Liberation
24 novembre 2014
Sur fond de lugubre forteresse, de forêts embrumées et de seigneurs féodaux, l’arrivée d’un jeune comte hongrois venu reprendre les rênes du fief de ses aïeux agit comme un détonateur et ravive les haines ancestrales. Tout dégénère. Et c’est, racontée avec fougue, une explosion de violence qui laisse derrière elle un champ de ruines.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeSoir
21 novembre 2014
Le jury Interallié couronne [...] un premier roman : celui de Mathias Menegoz, Karpathia, qui a tout de la belle surprise, sous la forme d’un feuilleton échevelé qui convoque, dans la Transylvanie des années 1830, l’esprit d’Alexandre Dumas et de Michel Zévaco.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeMonde
21 novembre 2014
Sur fond de lugubre forteresse, de forêts embrumées et de seigneurs féodaux, l'arrivée d'un jeune comte hongrois venu reprendre les rênes du fief de ses aïeux agit comme un détonateur et ravive les haines ancestrales. Tout dégénère. Et c'est, racontée avec fougue, une explosion de violence qui laisse derrière elle un champ de ruines.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
21 novembre 2014
Étrange ouvrage que ce Karpathia, pavé qui plonge le lecteur dans la Transylvanie du XIXe siècle, alors aux confins de l'Empire austro-hongrois. S'y révèle une mosaïque de peuples, à travers le regard d'un jeune couple d'aristocrates venu sortir de sa torpeur le domaine ancestral.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeFigaro
21 novembre 2014
Tout à la fois roman d'aventure et fresque historique mais aussi clin d'œil aux ancêtres de l'auteur qui, du côté maternel, compte des souabes du Danube, Karpathia s'est, d'emblée, distingué des autres premiers romans de la rentrée par son classicisme.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LesEchos
17 septembre 2014
Si les jurés de la place Gaillon ont eu tort d'exclure Carrère, ils ont eu en revanche raison de pointer ce roman populaire, bien écrit et renseigné, intelligent, original et excitant. On dévore ses six-cent quatre-vingt-quinze pages (soixante-cinq de plus que Carrère) à pleines dents.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeFigaro
05 septembre 2014
Étonnant roman que ce pavé écrit par un biochimiste passionné par son sujet. Il fouille ce territoire avec l'œil d'un entomologiste séduit par chacun des spécimens qu'il décrit, renvoie aux frontières Bram Stoker et son folklore pour dresser le portrait ultradocumenté d'un monde archaïque planté comme une épine dans une Europe progressiste.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaLibreBelgique
29 août 2014
Très jouissif premier roman de Mathias Menegoz. Il y a du Tolstoï et du Dumas dans son « Karpathia ».
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... En retrouvant Cara, Alexander n'avait pas totalement épuisé sa volonté de vengeance contre tous ceux qui avaient porté atteinte à son autorité. Il reprocha au lieutenant Borz de n'avoir pas au moins ramené quelques cadavres de bandits qu'il aurait pu pendre aux quatre coins de la Korvanya en guise d'avertissement. Il hésitait à propos des Valaques emprisonnés. Gestenyi n'avait pas d'illusions sur les extrémités dont le comte était capable. Il craignit un massacre criminel, et menaça ouvertement Alexander de le faire arrêter et juger pour meurtre s'il tuait un seul des prisonniers que les Grenzers avaient capturés pour lui. Alexander répondit, assez sincèrement : "Vous m'avez mal compris, commandant. Il est pourtant indubitable que je ne pourrai plus jamais faire confiance à mes serfs valaques. Et j'en tirerai encore moins de travail qu'autrefois." Les témoins de la scène restèrent persuadés que le comte Korvanyi avait été sauvé malgré lui de commettre un grand crime.

En fait, le comte Korvanyi n'avait plus besoin de faire des exemples ou de donner des avertissements : il inspirait déjà une terreur totale - et une haine profonde - chez ses serfs et bien au-delà des limites de ses propres domaines, là où la rumeur amplifiait encore sa réputation. Les serfs valaques furent libérés, emmenés aux portes du château et sommés de rentrer chez eux et de se tenir tranquilles. Seul le cas du pope restait en suspens : les services décisifs qu'il avait rendus constituaient certes une circonstance atténuante, mais le comte ne lui avait rien promis. Alexander refusait absolument un retour au statu quo ante. D'ailleurs, le pope lui-même suppliait qui voulait l'entendre qu'on lui accorde la grâce d'être emmené avec sa famille loin de la Korvanya. Le comte confia finalement le pope prisonnier à Gestenyi. ... [...]
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[...] ... La responsabilité d'Alexander [Korvanyi] envers les seigneurs assemblés n'avait jamais été aussi grande. Même au moment de les entraîner dans sa guerre privée, il leur avait donné le choix ... Mais, pour lui, leur engagement était acquis. Ils étaient de plus en plus sourds aux conseils "politiques" d'un Szenthély. En fait, il ne sentit pas vraiment le poids de tous ces regards, de toutes ces attentes, de tous ces reproches muets. Il se retourna vers la fenêtre étroite mais sans regarder en bas dans la cour. Son regard se perdit dans le motif irrégulier de la maçonnerie de l'autre côté, qui disparaissait insensiblement dans l'obscurité. Son temps intérieur s'étirait plus que jamais, à l'insu des autres. Depuis qu'il était arrivé sur le site de l'embuscade, le refus d'y croire, la rage et l'accablement se succédaient pour assiéger son esprit. L'apparente imperturbabilité d'Alexander venait peut-être du fait qu'aucune de ses émotions ne se fixait en lui assez longtemps pour laisser une empreinte visible de l'extérieur. En recevant la confirmation de la disparition de Cara, il passa à quelque chose de très différent.

Il se rendait compte que toutes ses valeurs et la manière dont ses théories et ses principes étaient ancrés en lui faisaient qu'il était prêt, depuis le début, à sacrifier sa propre vie pour défendre son honneur, son droit et son pouvoir sur ses domaines. Cela allait bien au-delà du maintien de son rang et de sa fortune. Non seulement il était prêt à tuer et à mourir, mais il avait entraîné d'autres gentilshommes à risquer leur vie. Beaucoup trop étaient morts, et aussi de nombreux domestiques et serfs loyaux ... Et Lanffy ! Le poids de tout cela était tel qu'il ne pouvait renoncer ou même envisager de se trouver dans la position de négocier avec d'éventuels maîtres chanteurs. Ainsi, au lieu de se soumettre comme à une catastrophe naturelle insurmontable, à un coup tragique du destin, il était privé d'une part de son humanité. ... [...]
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Car la noblesse était un attribut de nom, de renom et de la lignée, ce n'était pas une caractéristique individuelle garantie. C'était plus que d'hériter d'un nez droit ou d'une fortune matérielle, la noblesse était dans l'âme avant d'être dans le sang et dans la terre. Son père répétait souvent : « La lignée est un lien ! C'est pour cela que nous sommes tenus de faire plus que mener notre petite vie comme les autres ... La faiblesse et la complaisance des individus ont coupé plus de ces liens, détruit plus de lignées, que toutes les guillotines des Français ! » Il fallait défendre le renom qui était comme l'âme vivante d'une lignée : « Comme un prêtre catholique recrée la Cène à chaque messe, nous devons, à chaque génération, porter notre nom un peu plus loin, le sauver de la médiocrité. Pour la noblesse, la défense de l'honneur du nom est – ou devrait être en tout cas – ce que le témoignage de la foi est – ou devrait être – pour le clergé. »
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Le goût de la liberté rapprochait un peu les seigneurs et les nomades malgré les écarts de naissance, d'éducation et de fortune. Cette relation était différente des liens contraignants qui prévalaient entre seigneurs et serfs et qui les attachaient, chacun à leur manière, à la même terre.
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Ses rêves de buveur, de duelliste et d'amoureux furent agités mais, pour lui, un rêve était comme le bruit des domestiques dans une maison, comme la rumeur des rues ou d'une caserne : une nuisance sans signification, dont on s'accommodait d'autant mieux qu'on y prêtait peu attention.
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