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Deux frangins - un cadet encore candide, protestant convaincu, un aîné plus aguerri, catholique par la force des choses mais plus agnostique que croyant - qui s'aiment malgré tout et se retrouvent embarqués dans le chaos fratricide des guerres de religion : le prétexte était des plus séduisants, surtout pour moi que cette époque fascine et qui ai un faible marqué pour les histoires de frangins.
Tout commence, de fait, à merveille : des personnages accrocheurs (le cadet un peu falot mais attachant, l'aîné vraiment intéressant), un récit énergique, qui sait aller à l'essentiel pour faire vivre son sujet, avec juste ce qu'il faut de détails pittoresques et des dialogues bien tournés. Plus encore : une certaine distance de l'auteur vis à vis de son sujet, qu'il met en perspective avec autant d'esprit que d'originalité, comme dans ce chapitre intitulé "Dialogue entre le lecteur et l'auteur", pied de nez superbe du second aux attentes stéréotypées du premier.

Malheureusement, le récit a les défauts de ses qualités et finit par y perdre un peu en puissance et en équilibre formel.
Tout d'abord, Mérimée fait clairement du roman historique à la manière romantique, avec son lot d'aventures et d'anecdotes, l'inévitable histoire d'amour, les billets mystérieux, les rendez-vous secrets, l'amant jaloux, le duel incontournable. C'est un brin cliché (même si ces clichés-là, à l'époque, n'étaient peut-être pas encore aussi fermement établis qu'ils le sont devenus par la suite) et cela l'emporte un peu trop sur le plus intéressant : la relation des deux frères, les tensions religieuses qui couvent et vont bientôt éclater. C'est un peu cliché, mais de manière sans doute très assumée : Mérimée, il le fait bien sentir, ne prend pas lui-même très au sérieux cette partie-là de son récit, même s'il la conte assez bien pour la rendre accrocheuse. Il joue avec son lecteur, fait mine de lui offrir ce qu'il désire, écarte le masque sur un sourire, le remet pour quelques chapitres encore... et avec la Saint-Barthélémy, le jette pour de bon. L'histoire d'amour est expédiée, c'est la guerre qui l'emporte.
Malheureusement, à ce moment où les choses deviennent les plus intéressantes, la narration se fait beaucoup plus rapide, Trop rapide. Les trois quarts du roman sont déjà derrière nous, et le dernier quart se dénoue en une série de chapitres très courts, tous efficaces et bien tournés, mais trop distants dans la chronologie des faits et trop expéditifs. C'est efficace, c'est implacable, mais on n'est plus emportés comme au début et au final, pas grand chose n'est analysé, ni des rapports humains, ni des ressorts politiques de cette guerre civile qui broie sans pitié les individus qu'elle a pris dans ses rets.
L'histoire des deux frères de Mergy illustre habilement son temps, ses cruautés, ses ambiguïtés, mais si l'illustration n'est pas sans puissance et sans finesse, l'impression finale reste celle d'un récit un peu anecdotique, qui manque soit de souffle pour conquérir totalement son lecteur, soit de profondeur pour totalement l'interpeller.
Un récit qui joue un peu trop avec les conventions de son temps, quand au yeux du lecteur moderne, il ferait mieux de plus franchement s'en affranchir.

Ces défauts n'enlèvent rien au charme de l'écriture de Mérimée, vive, efficace, spirituelle, remarquablement moderne, et à une fin très réussie où s'affirme, sur cette trame tragique et sanglante des fanatismes exacerbés, la paisible grandeur de l'agnostique.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Si Prosper Mérimée est célèbre pour ses nouvelles, il n'a écrit qu'un seul roman, mais quel roman ! Assez méconnu, « Chronique du règne de Charles IX » fait partie des grands romans historiques du XIXème siècle.
A cette époque, (fin des années 1820) le roman historique est à la mode : Walter Scott a déferlé sur la France : traduction des « Puritains d'Ecosse » (1817), de « Rob Roy » (1818), « Ivanhoé » (1820), « Quentin Durward » (1823) ou « le Talisman » (1825). le roman historique moderne est né en France avec Alfred de VignyCinq-Mars » – 1826). Quand Mérimée décide de se lancer sur ce créneau, il a donc deux auteurs en ligne de mire : Scott et Vigny (et je ne parle pas De Balzac, qui, à la même époque, met en branle « Les Chouans »). Deux conceptions différentes de l'Histoire : tous deux romantiques, ils n'ont pas la même vision de la réalité historique : Walter Scott raconte des destinées individuelles, les grandes figures historiques ne prennent pas beaucoup de place. Chez Vigny, ce sont des personnages réels (Cinq-Mars, de Thou, Richelieu, Louis XIII), qui tiennent la vedette. Pour l'un comme l'autre, la reconstitution historique est importante, puisqu'elle donne le ton et la couleur de l'ouvrage, mais pas essentielle. Mérimée, dans une autre optique, va s'inspirer de ces deux modèles, mais y ajouter une rigueur scientifique, une précision réelle, qui va donner au roman une véritable apparence d'authenticité. Son talent d'écrivain fait le reste.
La « Chronique du règne de Charles IX », comme l'indique le titre, se passe pendant les guerres de religion. Les deux frères de Mergy combattent dans deux camps opposés : Bernard est protestant (huguenot) et Georges catholique (papiste). Comme il est plus facile de compliquer les choses que de les simplifier, Bernard s'amourache d'une catholique. Tout ça sur fond de Saint-Barthélémy. On croise des personnages connus, comme Ambroise Paré, on vibre avec nos héros, on tremble dans les nombreuses scènes d'action : c'est un excellent roman, qui par bien des côtés préfigure Dumas (mieux que le Cinq-Mars de Vigny).
L'originalité de Mérimée, c'est ce regard ironique qu'il porte sur l'Histoire : avec une espèce de dérision, ce voltairien convaincu renvoie dos à dos les deux religions, prône la tolérance et la paix confessionnelle. C'était assez osé, dans cette société de la Restauration réactionnaire et bigote. Il faut sans doute y voir, là-aussi, une manifestation du romantisme, à la fois rebelle et humaniste.
L'analyse de l'auteur qui se lit en parallèle de l'intrigue, est donc une condamnation du fanatisme. Et cette seule réflexion donne au roman historique une autre dimension : le roman peut être autre chose qu'une distraction, un divertissement. C'était en filigrane chez Vigny, c'est un peu plus évident ici. Dumas, lui, reviendra à une notion plus « tous publics », mais les auteurs de romans historiques du XXème siècle (je pense entre autres à Robert Merle) donneront à leurs oeuvres ce même cachet de réflexion, qui invitera le lecteur ou la lectrice à dépasser le seul stade de la lecture, et à se poser des questions, non seulement sur l'Histoire racontée dans le roman, mais sur ses résonnances actuelles.
Le roman historique, de ce point de vue, est idéal : il nous fait voyager dans le temps et dans l'espace, et nous amène, consciemment ou pas, à en tirer des conclusions personnelles tout à fait contemporaines.
Si vous lisez Mérimée, ne vous en tenez pas aux nouvelles (bien que ce soit déjà beaucoup), ce roman-ci vaut largement le détour !
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Il y a longtemps que cette oeuvre était sur ma liste de lecture, ce qui n'est pas très logique de ma part, vu que la Saint Barthélemy, je trouve qu'on nous la sert un peu à toutes les sauces dans les romans historiques et que des épisodes moins rabâchés de l'histoire de France, tout aussi éclairant sans doute, auraient bien droit à leur tour.
Mais les envies de lecture... Bref, sujet ultra classique mis à part, que vaut la Chronique du règne de Charles IX? Cela dépend ce qu'on y cherche en fait. La description de la cour, de l'époque, est brillante. On sent cette tension qui monte graduellement, mais aussi l'état d'esprit d'une frange de la population qui s'entretuait en duels joyeusement sous le premier prétexte: la vie , malgré les protestations de foi de tous les protagonistes, ne valait pas tripette, ni la vôtre ni celle de votre prochain!!
Non, ce que je n'ai pas apprécié dans ce roman, c'est l'un des deux protagonistes principaux. Bernard et George de Mergy sont frères, l'un huguenot, l'autre catholique et se trouvent chacun dans un camp, et autant j'ai apprécié George, porté par son humanité , son amour fraternel, plus agnostique que catholique à vrai dire, et surtout d'opinion que chacun devrait faire selon son choix, autant j'ai trouvé Bernard franchement pâlot. Il passe tout le début du roman à expliquer qu'il est mieux que son frère, que lui jamais ne trahira sa religion, ni les principes de celle-ci, et notre dévoué huguenot porte des reliques, comme les catholiques, sous prétexte que ça vient d'une dame, tue en duel sans avoir de remords plus d'un chapitre, prend maîtresse...
Les ressorts de la Saint Barthélemy sont aussi évoqués un peu rapidement: le lecteur a l'impression que l'auteur l'estime cultivé, et déjà en main de toutes les clefs sur les protagonistes de l'époque.
Cela reste un roman historique des plus agréables à lire, il lui manque juste un petit je ne sais quoi d'épique pour le rendre vraiment prenant, mais les amateurs auraient tord de bouder leur plaisir!
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Ce livre n'est pas à la hauteur de ce que j'attendais de la part de Mérimée! C'est un roman historique, qui se situe dans les semaines qui ont précédé le massacre de la St Barthélémy, mais dont l'inscription dans ce décor est faible. On a compris le drame que connaissait la France, avec l'opposition mortelle entre les deux pratiques religieuses, la religion catholique institutionnelle, et le calvinisme en progrès. Et aussi l'impasse qui en résultait. Mais, de la part de Mérimée, homme de grande culture, on pouvait s'attendre à quelque chose de plus magistral. Or l'enchaînement des faits manque de clarté, les enjeux du mariage entre Henri de Navarre et la soeur du roi sont mal expliqués, la personnalité de Coligny est confuse, le rôle de celui-ci, celui du jeune roi, celui de sa mère sont peu clairs. Quant à l'histoire d'amour, elle est artificielle. Restent deux frères, qui eux, savent surmonter leur désaccord pour ce qui concerne la religion, mais que l'enchaînement des circonstances conduira au drame. La démonstration est là, et, heureusement elle a ici une certaine efficacité.
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Chronique du règne de Charles IX (1829) est un roman historique de Prosper Mérimée. En 1572, à la veille de la terrible nuit de la Saint-Barthélémy, une paix relative règne entre les protestants et les catholiques. Bernard de Mergy, jeune noble protestant, se rend à Paris pour se mettre aux ordres de Coligny. Il y retrouve son frère, George, converti au catholicisme. Il s'agit de l'unique roman de Mérimée plus connu pour ses nouvelles. Un beau roman de cape et d'épée, véritable réquisitoire contre l'intolérance religieuse.
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La première fois qu'on évoqua l'existence de ce roman, qui m'était tout à fait inconnu je dois bien l'admettre, c'est un ami, qui militait alors dans une organisation que je n'ai jamais vraiment apprécié, qui le fit, dans son salon, alors qu'on se faisait une de ses soirées café/cigarette que nous affectionnons régulièrement pour y discuter de tout et de rien. Mais nous aimons y discuter des seules choses qui comptent, alors il y est souvent question de Littérature et d'Histoire. le reste a-t-il réellement de l'importance?

Nous étions en train de discuter, débattre, vivement, mais pour tout dire sincèrement, tomber d'accord, pleinement, sur le rôle joué par les "huit conflits" qui ravagèrent la France et permirent l'accélération de la construction d'un État centralisé et impitoyable, bien avant la Révolution française. Il m'a alors suggéré la lecture de ce roman, avec enthousiasme et sérieux, et l'enthousiasme était -et l'est toujours- bien rare chez lui, ce monarchiste, cet élitiste littéraire. Ce roman devait accréditer la thèse que mon ami défendait, et défend toujours, celle du massacre improvisé, dans la panique. D'une monarchie et d'un Roi dépassé par une situation extraordinaire, au sens premier du terme.

Dans un premier temps je ne fis pas vraiment attention à cette énième référence, à cet énième conseil de lecture. Nous en avons tant échangé qu'il faudrait que je cessa dans l'instant la moindre activité autre que la lecture si je voulais arriver à aller au bout de tous les conseils prodigués, et que je puisse vivre un siècle entier en plus de cela. La seule chose qui me marqua, et même me troubla, était que ce roman soit l'oeuvre de Mérimée. Car en réalité ce fut la surprise qui fut ma première réaction en apprenant que cet auteur avait rédigé autre chose que poésie, nouvelles, pièces et récits de voyage.

Puis, durant plusieurs années, sans raison particulière, j'oublia jusqu'à l'acquisition même de ce roman, comme si de rien était, sans en être aucunement perturbé d'une quelconque façon. J'eu l'occasion, par un total hasard, de le retrouver, que très récemment, peu de temps avant le dernier Noël, dans la course boulimique sans fin entamé au printemps dernier, à l'occasion du "grand confinement" de 2020. Je l'avais acheté il y a deux, peut-être trois ans, par excès de provision, comme souvent lorsqu'il s'agit de livres, mais surtout par peur de manquer, et ce n'est pas vraiment la même chose loin de là. Au milieu d'une de ses razzia qui me saisit régulièrement, et à laquelle je sais comment y échapper. Sans que je n'essaie vraiment pour être sincère.

En m'activant sur ma bibliothèque, pleine raz la gueule d'ouvrages en tout genre, pour enfin obtenir un rangement plus efficace, gagner de la place et accueillir mes quelques dernières folies, je tombais sur cet achat ancien de plusieurs années. Il se trouvait entre un vieil Hemingway annoté et un des chef-d'oeuvres du médecin de Bezons.

Ainsi donc je redécouvris ce roman, cet étrange livre que je n'avais pas encore lu. Intrigué par cette oeuvre unique, et me souvenant assez clairement de la discussion qui m'avait convaincu de l'acquérir, je me décida, en une fraction de secondes, sans grande hésitation, à en entamer la lecture à la première occasion, sans perturber mon petit programme, ma petite liste de livres en attente de lecture.

Tout cela prit quelques mois tout même car j'ai toujours en tête une longue liste de choses à entamer, continuer, finir mais enfin, début mai, j'y étais, j'avais le temps, l'énergie de me lancer dans ce roman si mystérieux.

Pour être sincère, et même s'il me faudra quelques mois, peut-être même quelques années, je ne me suis jamais vraiment remis pour être tout à fait sûr de l'effet de ce roman sur mon esprit, mon coeur, ma sensibilité, je crois pouvoir dire que c'est sans doute l'un des plus grands romans que j'ai pu lire de ma vie. Je ne sais pas encore comment en parler, comme si toutes ses émotions étaient encore bien trop embrouillées, constituant presque une mélasse inintelligible à ma propre intelligence , pour que je sache en parler de manière compréhensible aux oreilles des autres. Ainsi je ne suis toujours pas apte à parler avec recul et lucidité de "Cent ans de solitude". J'espère pouvoir, rapidement parler, transmettre mon ressenti à propos de "Chronique du règne de Charles IX".

Je ne puis toutefois finir cette critique personnelle sans une citation, belle, profonde, cruelle, cynique, écrite avec le talent que seul les écrivains d'autrefois avaient, lorsque ce pays regorgeait de talents jusqu'à la nausée, quand la France était le coeur littéraire indiscutable d'un monde fin et distingué, et le français la langue de la beauté la plus pure qu'il soit donné d'exister.

"- Ton livre, ma Diane, n'est qu'un tissu de mensonges et d'impertinences. C'est le plus sot qui soit jusqu'à ce jour sorti de dessous une presse papiste. Gageons que tu ne l'as pas lu, toi qui m'en parles avec tant d'assurance !
- Non, je ne l'ai pas encore lu, répondit-elle en rougissant un peu ; mais je suis sûre qu'il est plein de raison et de vérité. Je n'en veux pas d'autre preuve que l'acharnement des huguenots à le dépriser.
- Veux-tu, par passe-temps, que, l'Écriture à la main, je te montre… ?
- Oh ! garde-t-en bien, Bernard ! Merci de moi ! je ne lis pas les Écritures, comme font les hérétiques. Je ne veux pas que tu affaiblisses ma croyance. D'ailleurs tu perdrais ton temps. Vous autres huguenots, vous êtes toujours armés d'une science qui désespère. Vous nous la jetez au nez dans la dispute, et les pauvres catholiques, qui n'ont pas lu comme vous Aristote et la Bible, ne savent comment vous répondre.
- Ah ! c'est que vous autres catholiques vous voulez croire à tout prix, sans vous mettre en peine d'examiner si cela est raisonnable ou non. Nous, du moins, nous étudions notre religion avant de la défendre, et surtout avant de vouloir la propager."
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Je suis tombée sur ce livre à Gibert Joseph, alors que je cherchais une lecture historique. Au début peu enthousiaste en considérant le titre (une "chronique" me renvoyant à l'image d'un récit long et ennuyeux), j'ai eu la surprise de constater qu'il s'agissait en réalité d'un roman, somme toute assez agréable.

Assez vite, le lecteur fait la connaissance de Mergy, jeune homme protestant qui souhaite monter sur Paris pour servir l'Amiral de Coligny. Arrivé à la capitale, il retombe par hasard sur son frère aîné, renié par sa famille en raison de sa conversion au catholicisme. Quoi que heureux de se retrouver, les deux jeunes gens sont séparés par la religion, ce qui n'aura de cesse d'être rappelé tout au long du livre, et en constituera même le coeur. En effet, nous sommes alors en 1572, à la veille de la St Barthélémy. Les deux héros se retrouvent pris dans des tensions politiques qui deviennent de plus en plus dangereuses, et les contraignent malgré eux.

A mes yeux, ce roman fut très enrichissant. Ecrit dans un style limpide qui le rend accessible à tout lecteur, les pages défilent sans qu'on ne s'en rende compte. En effet, l'histoire est à la fois simple et prenante. On souhaite savoir comment Mergy va survivre, ou non, à la St Barthélémy. de plus, ce roman a un véritable intérêt historique en ce qu'il dépeint nettement la situation et les évènements de l'année 1572. Il permet à quelqu'un qui s'intéresse à l'Histoire d'en apprendre plus à ce sujet. On pourrait donc dire que ce roman est à la fois agréable, permettant de passer un bon moment de lecture, et instructif historiquement.
Je le recommande donc vivement à quiconque tomberait sur ce livre, qu'il soit connaisseur ou non en Histoire.
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Voila un livre qui se lit diablement vite, je dirais presque que je l'ai englouti plutôt que dévoré ! Mais si la vitesse de lecture et la sensation plaisante à son écriture a dominé tout au long de ma lecture, je suis en revanche moins dithyrambique au sortir du livre. Prosper Mérimée s'y entend pour nous faire un récit prenant et agréable, qui exploite L Histoire pour nous en faire une version romancée, avec quelques petits anachronismes et digression historique sans fondement, mais qui s'attache avant tout à nous représenter la vie de cette époque et le choc que fut le massacre de la Saint-Barthélémy. Cinq cent ans plus tard, ce massacre nous saute encore au visage, intact. Une barbarie sans nom s'emparant d'habitants qui massacrèrent au nom du même dieu. Belle ironie !

Cela dit, Prosper Mérimée tente de montrer avant tout l'affrontement fratricide de ces guerres de religion en nous mettant face à deux frères qui sont dans les camps opposés, bien qu'attachés l'un à l'autre. En les mettant dans des conditions plutôt évidentes de l'époque (duel d'honneur, marivaudage, lutte politique et religieuse ...), Mérimée entend dresser un tableau de cette absurdité, dans lequel il ne se prive pas d'humour et de pointe acide envers un comportement qu'il n'aime pas. Il ira jusqu'à introduire un dialogue entre l'auteur et un avatar du lecteur, expliquant qu'il ne s'entend pas à décrire les personnalités historiques, mais à raconter une histoire. Ce dont je lui suis totalement gré d'ailleurs, la forme romanesque étant bien plus adaptée à la plume de Mérimée.

Mais voila, l'ouvrage est vite lu, et j'en sors moins marqué que j'aurais cru. Moins pris par ces guerres de religion que l'auteur l'aurait voulu, sans doute. J'ai déjà entendu et lu sur ces guerres, et ce livre parait plus anecdotique à ce propos. C'est dommage, l'auteur à réellement une plume agréable et un style encore très lisible aujourd'hui, près de deux cent ans plus tard. Cela reste une lecture distrayante et agréable, le genre qu'il faut sortir lorsqu'on en sent l'envie et gouter comme une douceur au palais.
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Au collège, j'avais beaucoup aimé découvrir et étudier Carmen et La Vénus d'Ile. Je me souviens aussi avoir lu dans la même période et sans déplaisir Mattéo Falcone et Colomba. J'étais donc plutôt contente de trouver Mérimée dans la sélection du Challenge solidaire 2020 et d'avoir ainsi l'occasion de relire cet auteur. Chronique du règne de Charles IX présentait en plus, pour moi, l'intérêt d'évoquer un événement historique qui m'intéresse particulièrement : le massacre de la Saint-Barthélémy.

Le plaisir de lecture que je me promettais n'a pas été à la hauteur de cette espérance. Non seulement j'ai trouvé cette lecture assez peu palpitante mais, au final, elle me laisse aussi un sentiment de déception. La bonne surprise de cette lecture, quand même, c'était que ce soit un roman et non un récit historique comme le titre pouvait le laisser à penser. Ce roman nous narre les aventures de Bernard de Mergy, gentilhomme huguenot qui se rend à Paris au moment où Henri de Navarre s'apprête à épouser Marguerite de Valois, soeur du roi, assurant ainsi la paix entre protestants et catholiques. À Paris, Bernard retrouve son frère Georges qui, après sa conversion au catholicisme, est devenu capitaine des chevaux-légers du roi. Bernard ne tarde pas à tomber amoureux de la belle comtesse Diane de Turgis et à s'attirer un duel avec l'amant de celle-ci, le redoutable Comminges.

Je n'en raconterai pas davantage pour ne pas vous priver d'un suspense déjà bien faiblard. Car, oui, à mon goût, c'est le gros point faible de ce roman : son scénario prévisible et sans originalité. Pour une lectrice de Dumas et de Zévaco, les péripéties de Chronique du règne de Charles IX ont un goût de "déjà-lu en mieux". Par ailleurs, ses héros n'ont pas la présence de ceux des auteurs sus-nommés : ils sont très oubliables. Je veux bien accorder à Mérimée d'avoir voulu écrire un roman plus réaliste qu'épique mais le lecteur y perd en plaisir de lecture, d'autant que, par ailleurs, le réalisme prétendu est battu en brèche par des péripéties et des coïncidences un peu "too much", dans la grande tradition des romans historiques. La fin, elle-même, est aussi du "déjà-lu ailleurs en mieux".

Une chose qui m'a surprise, dans ce roman, c'est la place que Mérimée accordait aux débats théologico-religieux entre ses personnages. Si son roman est une charge contre les luttes fratricides sous prétexte religieux, il est aussi un plaidoyer pour la liberté de conscience et une critique courageuse de l'extrémisme et du manque de cohérence entre les professions de foi et la vie morale de certains "croyants".

En résumé : Pas le meilleur texte de Mérimée. Personnages et péripéties sans surprise et sans originalité. le propos sur la religion est intéressant mais c'est trop peu pour recommander cette lecture.

Challenge solidaire "Des classiques contre l'illettrisme" 2020
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Un roman historique qui reprend tous les codes / toutes les visions que porte le romantisme du XIXème siècle sur la période des guerres de religion. Donc forcément, Catherine de Médicis est une sorcière noire conseillée par Nostradamus, Charles IX est un roi incapable et manipulé, il y a du sang, de la violence et des passions. Mérimée n'a pas le talent ni le souffle de Dumas dans la Reine Margot, mais il apporte une touche personnelle à une période importante de l'histoire.
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