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4,1

sur 1245 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans la vie d'un lecteur, il y a des rencontres.
De belles rencontres.
On les souhaite d'ailleurs, cet auteur, ce livre, qui nous transporte.
Le fils de Philippe Meyer est de ceux-là. Un Grand Roman.
Une épopée qui s'étend sur 3 siècles, du milieu du XIXè, à nos jours.
Tout commence avec l'arrière-grand-père, Eli, enlevé à l'adolescence par des Comanches qui massacrent sa famille (Je ne spoile pas, tout est en 4ème de couv.), sa vie d'Indien, son retour parmi les « blancs ».
Son fils Peter, à travers ses carnets intimes, son petit-fils Charles et son arrière petite-fille Jeannie, héritière de l'empire, se livrent tour à tour.
Chacun nous fait vivre l'histoire de cette famille, l'histoire du Sud des Etats-Unis. La lutte entre Indiens, mexicains et blancs pour la conquête du territoire.
Les Grands espaces, les troupeaux, bisons, chevaux ou vaches, les cow-boys, les Indiens dont l'auteur s'attache à nous faire découvrir les us et coutumes, l'immigration, le racisme, jusqu'à la découverte de l'or noir, les vies dures, construites dans la violence, le mensonge et le déni, font de ce roman une grande et belle saga familiale.
Philipp Meyer a su trouver une écriture qui, par l'alternance de chapitres consacrés à chacun de ses protagonistes, laisse son lecteur curieux et pressé de poursuivre. Je n'ai pas vu passer ces 670 pages…
Un vrai plaisir de lecture.
Mais d'autres ont su en parler beaucoup mieux que moi….
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Epopée familiale, fresque historique, roman extraordinaire qui peint le Texas et au-delà l'Amérique du milieu du XIXe siècle à nos jours.
L'histoire est portée par trois personnages d'une même famille, trois générations de Texans, les McCullough qui nous présentent chacun à la première personne ce qu'est le rêve américain vu par les vainqueurs, avec toute sa part d'ombre et son coté obscur.
D'abord, le fondateur, le patriarche, celui que l'on surnomme le colonel, enlevé à onze ans par des Comanches avec qui il passera trois années de sa vie. Après son retour, il participera à la guerre de sécession, à la conquête de l'Ouest et deviendra propriétaire d'un ranch.
Ensuite, le Fils, Peter, écrasé par l'aura de son père, révolté par son cynisme et son autoritarisme, bourré d'autant de doute que son père l'est de certitudes violentes et qui va devoir faire un choix pour devenir l'artisan de son propre destin.
Enfin, l'arrière petite-fille du colonel, petite fille de Peter, Jeanne-Anne, qui, à partir de son héritage familial, va bâtir un empire pétrolier et se trouver à la tête d'une des plus grosses fortunes du pays. Mais qui a du sacrifier son bonheur sur l'autel de la fortune.
Le roman alterne les chapitres entre ces trois personnages. La lecture n'est donc pas totalement chronologique. Et au début du roman,on se retrouve même avec trois versions du colonel, celui de 1850, celui de 1910 et celui de 1940. On suit les trois destins à un rythme différent. le colonel phagocyte la première moitié du livre avec les passages absolument passionnants sur les Comanches, et la conquête de l'Ouest. La vision de ce Texas encore sauvage, peuplé par des Indiens m'a coupé le souffle. L'envers du décor de l'arrivée de la « civilisation » est décrite à vue d'homme et avec la vision de l'époque.
Les passages qui concernent le fils sont moins épiques, mais plus dramatiques, voire mélo par moment. Mais, on confronte vraiment, à l'aube du XXe siècle, la vision des fondateurs de l'Ouest aux descendants qui se mettent à douter de l'héroïsme de ces massacres d'Indiens et de Mexicains. Passionné d'histoire, je connaissais, évidemment le massacre des Indiens par les colons venues de l'Est , mais celui des Mexicains, propriétaires de terres texanes par les anglo-saxons qui convoitaient leurs terres est une découverte. On y voit que l'Amérique s'est bâtie en partie sur le racisme (Indiens, Noirs, Mexicains) et qu'encore une fois l'histoire est écrite par les vainqueurs et que les perdants sont oubliés.
Le personnage de Jeanne-Anne représente le retour aux certitudes, celles de l'après Seconde Guerre mondiale. On la voit devenir une redoutable femme d'affaire qui réutilise les méthodes de son aïeul pour bâtir la fortune familiale.
On a droit à trois récits, trois styles différents. L'épopée, le mélodrame, la succès story dramatique. le style fluide et addictif de l'auteur nous permet d'assister à la construction d'une nation.
C'est bien écrit, c'est rythmé, c'est épique, c'est romanesque.
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Un roman puissant, une saga familiale et historique comme je les aime. Une grande maîtrise dans l'écriture, un conteur doué, une histoire passionnante. C'est bien simple je n'ai pas pu décrocher, je n'ai pas vu passer les 688 pages.

J'ai aimé découvrir l'Amérique sous divers aspects social, culturel, économique, on sent que l'auteur est passionné et a fait de nombreuses recherches. L'auteur sait captiver le lecteur et l'amener là où il veut. Les personnages sont hauts en couleurs et on suit leur vie avec passion, les passages sur les indiens Comanche sont époustouflants et tellement réalistes que j'en ai imaginé des scènes.

C'est à la naissance des Etats-Unis et plus particulièrement du Texas que nous sommes conviés. Une grande réussite ! Un portrait sans concession de ce pays qui se croit à part et au-dessus de tout.

VERDICT

Il serait dommage de passer à coté de ce roman phare de la rentrée. Avis aux amateurs de saga familiale, de saga historique, aux passionnés des Etats-Unis et d'aventure ce livre ne peut que vous plaire.
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Voici assurément un futur grand succès de cette rentrée littéraire 2014. Et ce sera à juste titre car ce livre est magnifique ! Ses 700 pages se dévorent en un rien de temps et on aimerait qu'il soit plus long.

On est immédiatement propulsé dans l'histoire par un style captivant. le livre raconte l'histoire d'une famille Texane de 1836 à nos jours en entremêlant la voix de trois personnages :

Eli McCullough (1836-1936) qui s'installe dans un Texas encore non pacifié, occupé par des indiens et des hors la loi. Sa famille est assassinée et il est réduit en esclavage puis adopté par une tribu de Comanche. Mais la guerre et les maladies vont décimer les Indiens et Eli va devoir retourner vivre parmi les blancs. Décidé à faire quelque chose de sa vie il va acquérir de la terre et devenir un des éleveurs les plus importants du Texas.

Peter McCullough (1870- ?) est le fils d'Eli. Il n'a pas hérité des certitudes de son père à être dans son bon droit et à prendre aux autres ce dont il a besoin. Il est timoré et romantique, autant de tares rédhibitoires dans une époque violente où il faut défendre ses terres au fusil contre les voleurs de bétail, les indiens et les mexicains.

Jeanne Anne McCullough (1926-aujourd'hui) est la petite-fille de Peter. Elle essaie de maintenir le ranch à flot même si cette activité est maintenant secondaire. Leur fortune vient désormais du pétrole. Elle doit apprendre à s'imposer dans un monde d'homme et faire fructifier son empire sur plusieurs continents.

Pour nous expliquer la mentalité américaine, l'auteur est réparti aux sources. Avec cette fresque pleine d'aventures et de personnages hauts en couleur, on appréhende mieux la brutalité de la société américaine qui prend directement sa source dans celle des pionniers. Les passages sur les indiens sont saisissants de réalisme mais le tour de force de l'auteur est d'arriver à nous passionner avec les trois histoires. L'équilibre et la construction du roman sont parfaits, les personnages sont attachants et on a du mal à s'en séparer. Une très grande réussite !
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Au travers de l'histoire de plusieurs générations d'une puissante famille, les McCullough, c'est l'histoire d'un pays (les Etats-Unis), et plus particulièrement d'un Etat (le Texas), que nous relate avec brio Philipp Meyer.

L'histoire, qui se déroule du milieu du XIXème siècle à la fin du XXème siècle, s'articule autour de trois membres de la famille McCullough : il y a tout d'abord Eli, surnommé le Colonel, enlevé par les Comanches à l'âge de onze ans, et qui vivra avec eux plusieurs années, avant de retourner parmi les blancs. Il sera ranger, s'engagera dans l'armée sudiste pendant la guerre de sécession, puis entamera la construction de ce qui deviendra ensuite l'empire McCullough. C'est un personnage brut, très marqué par sa vie chez les Comanches, que la violence ne rebute donc pas. Il est la figure tutélaire de la famille, le membre fondateur, le patriarche en quelque sorte. Il y a ensuite Peter, l'un des fils du Colonel, tellement éloigné de son père en termes de caractère. C'est un peu le paria de la famille, celui qu'on suppose faible et lâche. Un être finalement peut-être plus humain, plus tolérant, quelqu'un capable de ressentir de la culpabilité par rapport aux actes odieux commis par les McCullough, ce qui va le conduire à être relégué à la marge de sa famille. Peter va ainsi faire un choix le coupant à jamais des McCullough…quoique l'histoire finit toujours par vous rattraper à un moment ou un autre. Il y enfin Jeanne Anne, la petite fille de Peter, une femme froide et ambitieuse, qui va hériter et développer l'empire McCullough, perpétuant en quelque sorte la tradition familiale initiée par son arrière-grand-père.

« le fils » est un roman superbe, passionnant, à l'écriture puissante, aux personnages particulièrement marquants. Les chapitres alternent les personnages et les époques, mais c'est très fluide, il n'y a aucune difficulté à se situer dans le temps ou dans l'histoire familiale (au pire, un arbre généalogique en début de roman peut aider à s'y retrouver). La violence est assez présente, qu'elle soit physique dans les premiers temps (quelques scènes difficiles avec les Comanches) ou plus psychologique ensuite. La construction du Texas est d'ailleurs empreinte de violence : que l'on soit indien, blanc, ou mexicain, on devenait propriétaire de quelque chose en le prenant par la force aux voisins. Et puis il y a ce désir de richesse, cette volonté d'accumuler les possessions, grâce à l'argent tiré du bétail ou du pétrole… Ce roman était celui que j'attendais prioritairement parmi les parutions de la rentrée littéraire de cet automne 2014 : je n'ai vraiment pas été déçu.
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Le monde des lecteurs et la presse semblaient unanimes quant à la qualité du roman « le fils ». Faute de temps, j'avais loupé sa sortie. Je n'ai pas réitérer l'erreur et je me suis jeté sur le format poche.

800 pages…ça peut faire peur, c'est même intimidant ! 800 pages retraçant le destin d'une famille texane sur un siècle et demie…je redoutais quand même de longs passages ennuyeux de descriptions de grands espaces comme savent si bien le faire les auteurs de ce type de fresque. Mais passé les premiers chapitres confus, qui m'ont un peu perturbé, je me suis vite rendu compte que j'avais affaire à toute autre chose. La mayonnaise a tout de suite pris et j'ai été emballé par ce récit, qui alterne entre trois membres de la famille répartis sur cinq générations.

Chaque personnage fait face aux problématiques et aux coutumes de son époque avec son caractère propre. Malgré leur lien de parenté, ils ne sont pas tous faits du même bois et n'ont pas tous les mêmes idéologies. Cependant la destinée de toute la famille va être dictée par leurs différents choix, les décisions de l'un entraînant le destin de la génération suivante. Philipp Meyer nous démontre alors que l'histoire se répète sans cesse et que les forts d'aujourd'hui créent les faibles de demain et réciproquement.
Parallèlement le récit permet d'assister à l'évolution d'un pays et des mentalités à travers les siècles. On découvre alors les dérives raciales d'un peuple américain pourtant multiculturel. Ces dérives qui font aussi son Histoire ! Sans abuser de descriptions, l'auteur a su recréer l'atmosphère de l'époque, me transporter dans ces contrées sauvages, afin d'y revivre ces moments historiques.

Mais ce qui fait de ce livre un grand roman, c'est la grande humanité qu'il dégage avec ses personnages travaillés et approfondis. On est en empathie avec eux tous, dans les moments tendres et romantiques comme dans les moments difficiles et violents. Avec des ambitions pourtant antinomiques, ils ont su chacun m'émouvoir de leur sort. L'écriture de Philipp Meyer est agréable et les aventures sont racontées avec une force romanesque impressionnante. Il a dû déployer un travail titanesque pour donner naissance à ce petit bijou, historiquement et humainement magnifique !
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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Attention chef d'oeuvre!!!
Difficile de passer après les très nombreuses précédentes critiques sans dire ou redire encore et encore la même chose.
Comment être original?

Déjà première surprise pour moi: je n'ai pas vu le temps passer en lisant les presque 700 pages de ce monstrueux roman.
Monstrueux par la longueur mais surtout par l'histoire.
Quelle épopée, quelle histoire familiale délicieusement contée par Philipp Meyer.

Quelques petits moments difficiles au début du livre pour ne pas me perdre mais par la suite, les pages se tournent sans que l'on s'en aperçoive.
On jongle entre l'histoire du colonel Eli, le patriarche, celui par qui tt a commencé, son fils Peter au travers de son journal et enfin la petite dernière Jeannie.

Une seule et même famille mais 3 caractères bien différents. Si Eli est fort dans tous les sens du terme, Pete est plus tourmenté et Jeannie est un peu un mélange des deux précédents personnages.

Comment ne pas être admiratif devant l'écriture de Philipp Meyer. Elle est envoutante! le style est aussi accessible qu'imager. On se croirait dans un film lorsqu'on lit Eli.
Et pourtant l'auteur parle de tout: de sexe, de violence, parfois extrème avec les scalps... sans jamais choquer ou faire dans le cliché.

De même, la "cohabitation" pour ne pas dire guerre entre les différents peuples (blancs, indiens, comanches, mexicains, ...) est parfaitement décrite. de l'esclavage aux servantes, de la guerre à la paix... la dynastie des Mc Cullough ne peut laisser indifférent.

Et la petite histoire entre les deux familles Mc Cullough et Garcia sert de trame à tout le livre. L'amour n'est pas oublié.

Je suis peut être dithyrambique en refermant la dernière page de ce roman, mais croyez moi cela le vaut bien.
A lire, à relire et à ne surtout pas rater.

En espérant que le film qui sera certainement tiré du roman sera à la hauteur...

5/5
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C'est l'histoire de la famille McCullough de 1850 à nos jours, à travers 3 voix. Eli, en 1850, est enlevé par des Comanches et va vire avec eux et surtout, apprendre à vivre comme eux. Ensuite, il y a son fils, Peter, qui se débat dans une guerre avec les Mexicains au début du XXème siècle. Et enfin, Jeanne-Anne, son arrière-petite-fille, 82 ans en 2012, et qui raconte sa vie à la tête d'un empire du pétrole.
Les 3 vois s'alternent. A chaque chapitre, on change d'époque et de contexte. Il y a bien un petit temps d'adaptation, mais ça se surmonte vite. Ceci-dit, j'ai eu un peu plus de difficultés à prendre mes repères dans le récit de Peter. Ce contexte historique m'est très peu connu.
J'ai adoré le style d'écriture et de narration. Les chapitres sont assez longs au début, et de plus en plus courts au fur et à mesure vers la fin. Les personnages sont loin d'être des tendres et en ont vu de toutes les couleurs. Ils se battent pour vivre et survivre dans ce monde sauvage, quelle que soit l'époque.
Une grande saga familiale américaine qui vaut le détour.
Lien : https://www.facebook.com/Les..
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Albin Michel vient de publier un de mes gros coups de coeur de cette rentrée littéraire étrangère mais plus encore un coup de coeur d'une vie, un livre qui m'a marqué, que je n'oublierai jamais. Si je dois vous donner envie de lire une dizaine de livres cette année, celui-ci fait assurément parti du lot. Cette fresque, cette épopée est à un niveau tel que je ne sais même pas comment redescendre sur terre.

Philipp Meyer signe ici un roman d'une prouesse romanesque remarquable tant dans le style que dans l'histoire. Tout d'abord, les protagonistes. J'ai trouvé l'idée de mélanger la vie de trois personnes d'une même famille mais de générations différentes juste parfaite : l'auteur a réussi à éviter les coupures brutales tout est lié de façon sublime et je suis encore estomaquée par ce don à rendre complémentaire chacun de ces récits pourtant très différents. Aucune histoire est en-deçà d'une autre : j'ai adoré suivre Eli afin de découvrir les Comanches (vraiment merveilleux ce voyage!), j'ai été happée par l'histoire de Peter - le fils d'Eli - qui va aller à l'encontre de son père et de ses attentes pour l'amour de sa vie et enfin Jeannie -la petite fille de Peter- qui amène la touche féminine et le point final à toute cette famille... ou pas ?

Au-delà de ces personnages touchants, fascinants qui sauront devenir vos amis le temps de cette lecture - un gros pavé mais c'est si court ! - et qui vous marqueront encore longtemps, c'est l'histoire qui est magistrale. Les derniers romans américains à succès de ces dernières années étaient plus "intimistes", ici vous retrouverez enfin la puissance littéraire des grands classiques comme Les Raisins de la colère de Steinbeck. Vous allez vivre plusieurs siècles au Texas et découvrir ainsi un pan de l'Histoire des Etats-Unis : passionnant !

L'écriture... Que dire sinon qu'elle est en adéquation, en osmose avec le récit : à la fois si fluide et poétique. Je me permets de saluer l'excellente traduction de Sarah Gurcel qui a su retranscrire à la perfection le texte original. Ce style nous envoûte et nous lisons ce livre si vite que l'on croirait à la fin qu'il ne contenait qu'une cinquantaine de pages.

En définitive, Philipp Meyer sera très attendue pour son prochain roman, celui-ci aurait déjà dû mériter tous les prix littéraires 2014 (finaliste du prix Pulitzer tout de même !) The Washington Post a dit de ce livre qu'il était un grand roman américain, j'irai plus loin c'est LE grand roman américain de cette année et peut-être même du XXIème dans le respect de ses ancêtres et dans l'ambition, l'innovation de son époque.
Merci à Albin Michel de nous permettre de lire ce livre... Un seul conseil : lisez-le de toute urgence !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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A l'exception de celui de l'Allemand travailleur et compétent, c'est une quantité de mythes qui sont dépoussiérés, « dysonnés » pour ne pas dire dynamités par ce roman formidable.
Commençons par celui des gentils Indiens, poursuivons avec celui des valeureux Texas Rangers ou bien celui des convois de bétail partis d'Abilene pour traverser le continent sous la garde de ces si romantiques cow-boys sifflant dans leur harmonica de belles mélodies le soir au bivouac. Oublions aussi le mythe glorieux de la « Frontière », des révolutions mexicaines de Villa et Zapata, de la solidarité entre voisins, renonçons à ceux de l'amour maternel, du respect filial, des gentilles vieilles dames, des fils aimants leur père et des pères fiers de leurs fils. Jusqu'à Dolores, la fidèle gouvernante mexicaine de la famille, qui n'a que peu à voir avec l'affectueuse Mamma Ruth d'Autant en Emporte le Vent. Tous ces archétypes ne peuvent résister à la peur, à la dureté des sentiments, à la violence des événements, à l'implacable cruauté de ce récit.
Autour d'Eli, un personnage de légende, enlevé et élevé par une bande de Comanches à douze ans, après avoir vu sa soeur et sa mère violées, mutilées puis assassinées comme son jeune frère, ce sont plus de cent-cinquante ans d'histoire texane qui défilent, de l'Indépendance texane aux deux Guerres mondiales en passant par la Guerre de Sécession. le Colonel, comme il se fait appeler, qui vivra centenaire est devenu un redoutable chef de clan aussi impitoyable que ses débuts dans la vie. Admiré et respecté de ses amis comme de ses ennemis, il emprunte un peu des héros de l'Ouest que furent Davy Crockett ou Kit Carson. Chevaux sauvages, bétail, coton, pétrole, rapines et vols, pendaisons expéditives, moeurs indiennes, guerres tribales, expansion américaine, recul mexicain, génocide indien, tout est magistralement décrit et dépeint dans de magnifiques panoramas dont la majesté est sporadiquement éclaboussée de brutales explosions de violence qui aident à comprendre que cet état soit, aujourd'hui encore, un peu à part.
« Pour revenir à l'assassinat de JFK, ça ne l'avait pas surprise. Il y avait alors des Texans encore vivants qui avaient vu leurs parents se faire scalper par les Indiens. »
Au bout de la chaîne familiale, il y a Jeanne Anne, l'arrière-petite-fille du fondateur de la tribu, un personnage attachant, qui connaît l'amour, fonde une famille, perd presque tout et finit par se révéler la forte femme à laquelle échoit au final la responsabilité du domaine et le redoutable rendez-vous avec l'histoire tragique de sa famille. Face au patriarche, comme l'indique le titre du roman, il y a son fils. le Fils, seul personnage capable, en s'opposant au Colonel, de tenter de substituer à la violence la raison, à la cruauté l'empathie, à la haine l'amour. de quoi se sentir bien seul.
Au-delà de la passionnante opposition de caractères et de l'histoire qui défile dans la fureur, il est impossible de ne pas penser à la leçon contenue en filigrane. La violence reste constitutive de l'espèce humaine, ceux qui refusent de se battre périssent, tout comme ceux qui ne se battent pas assez bien ; les dominants d'aujourd'hui seront les dominés de demain, les civilisations aussi brillantes soient-elles auraient tort de se penser immortelles car il y a toujours de nouveaux barbares pour les détruire, comme l'auteur le précise dans la préface en citant Edward Gibbon.
« Les vicissitudes de la Fortune, qui n'épargnent ni l'homme ni son plus bel ouvrage (…), ensevelissent villes et empires dans une même tombe. »
Il paraît qu'on fait rarement un bon roman avec des personnages lisses et des histoires édifiantes. Celui-ci est assurément un excellent roman !
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