Nous avions bien aimé ce passage d'enfance très particulier restitué par l'auteure
Chiara Mezzalama, sous les images de
Régis Lejonc et qui se passait en Iran, nous racontant le souvenir d'une enfant, le vécu à la fois marquant et la parenthèse insouciante d'un jeux d'enfants, abrités entre les murs d'une maison à Téhéran mais dont on entendait les échauffourés menaçant venant des mitraillettes de l'extérieur.
La petite mémoire logée dans une histoire dramatique du pays.
C'était un peu finalement comme la métaphore de l'Enfance, préservée, avec la réalité du monde adulte tout autour.
Et avec cet événement fort, l'oeil d'un enfant dans la serrure en d'autres termes ou l'intervention brutale du monde adulte lors de la récréation des enfants.
Même chose ici mais nous ne saurons pas encore où nous serons invités.
Une petite fille passera un séjour dans l'énorme maison rouge de sa Nonna, sa grand-mère.
Nonna, c'est grand-mère en italien.
Nous reconnaitrons peut-être un peu de ce charme des villas italiennes dans la maison de Nonna, pour le regard adulte.
Nous ne connaitrons pas le prénom de la petite, comme si ce qui était important c'était l'illusion d'un souvenir personnel (d'ailleurs des photos au final nous éclairerons).
Comme si aussi ce souvenir qui allait aussi être partagé avec le lecteur était plus courant qu'on ne le croit, tristent universel, transposable avec d'autres récits du même genre, une enfance ordinaire sur fond de guerre.
Nous ne pourrons évidemment pas nous empêcher( et les enfants peut-être aussi) de penser à l'actualité Ukrainienne.
Le mode mise en abime, une histoire dans une histoire, sous une narration en BD choisie par
Régis Lejonc est une bonne idée, rendant le récit plus léger, divertissant, rendant la confidence précieuse sans en être blessée.
Régis Lejonc nous donnera l'impression d'avoir joué avec des photos transposées en dessin et aux contours soulignés de traits noirs épais.
C'est un souvenir de famille racontée la petite fille et confiée par la Nonna, que peut-être les parents de la petite fille connaitront et dont elle jugera que sa petite fille est assez grande pour l'entendre. le souvenir est résumé, plein de tact, il ira à l'essentiel.
La confidence partira de
la robe de soie.
L'enfant sera d'un esprit curieux, sans doute en grandissant, parce qu'il n'y a pas d'autres enfants et aussi suite aux anecdotes familiales de sa grand-mère pour expliquer les portraits de famille. La petite va se lancer à traquer l'histoire familiale dans les tiroirs et les armoires.
S'imaginant presque invitée à fouiller librement.
Que nenni.
La trouvaille d'une robe de soie rouge fera plus de mal que de bien devant la Nonna. Mais se ravisant après un accès de colère ( car il faut dire les choses, on le comprendra), elle décidera de raconter cette colère à sa petite-fille.
Cette belle robe nous la voyons en première de couverture.
Une tunique d'une belle inspiration asiatique, d'une soie que l'on imagine d'un charme précieux. N'importe quelle petite fille serait ravie de l'essayer pour voir et se sentirait grandie ou princesse le temps d'un jeu.
Le récit est racontée à hauteur d'enfant, avec l'impression d'une surdimension de la maison rouge et l'impression permanente que les fantômes des ancêtres logent avec elles en permanence.
Au début, l'enfant craignait ses fantômes et puis en les présentant, en racontant l'histoire de la maison rouge, Nonna a abaissé ses craintes, la serrant toujours contre elle et vice versa.
Une grande maison, de quoi se faire beaucoup d'imagination.
Les portes toujours fermées seront impressionnantes, laissant planer des secrets d'adultes.
Il n'y aura là pas de secrets qui ne puissent être racontés à bon escient et au bon moment. Nous le comprendrons, nous parlerons aussi de mémoire en faisant vivte nos ancêtres et en partageant leur histoire.
Un très bel album, le duo fonctionne bien sur ce registre.
Entre BD et Roman illustré, pour ouvrir doucement cette tranche d'âge avec l'histoire familiale qui n'est pas que réjouissante et avec les événements de ka grande Histoire.