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Un barbare en Asie' a été écrit par
Henri Michaux à la suite de son voyage sur le continent asiatique en 1931, voyage durant lequel il aura visité des pays tels que l'Inde, la Chine et le Japon. Ce récit unique en son genre est axé sur la comparaison entre les civilisations, à savoir la vie européenne qu'il connaît et les cultures asiatiques qu'il découvre. Ne s'attardant que très peu sur la description des paysages, ce carnet de voyages s'attache à analyser, de façon sympathique mais sans complaisance, les moeurs, la vie sociale, la spiritualité et plus généralement la culture des peuples d'Asie, pour lesquels il éprouve plus ou moins d'intérêt et de sympathie.
La première partie du livre - la plus longue - est consacrée à son voyage aux Indes. On ne peut pas dire que
Henri Michaux brosse un portrait très flatteur des Indiens ! S'il loue leur profondeur philosophique et leur sagesse, il n'en pointe pas moins la franche misogynie qui se manifeste dans la société indienne, la sclérose du système des castes, la laideur physique qu'il juge fort répandue et la bêtise qui l'est selon lui toute au moins (hic).
Son voyage en Chine l'enthousiasme bien davantage : une affinité touchante se créée entre le poète et cette culture si singulière, ingénieuse et éprise d'harmonie. Il dépeint encore avec esprit et humour les caractères sociaux, amoureux ou encore philosophiques qui lui semblent propres aux Chinois. Son voyage se termine par le Japon, qu'il juge accablé et effacé, et l'Indonésie, plus charnelle.
Deux préfaces introduisent le livre, toutes deux rédigées par
Henri Michaux lui-même. L'une sera écrite douze ans après son voyage, l'autre trente-cinq ans après. Dans ces préfaces, l'auteur exprime ses regrets a posteriori, notamment celui d'avoir mal compris ces pays et d'avoir mal vu leur avenir. Cela nous rappelle qu'il faut lire cet ouvrage en tenant compte de l'époque où
Henri Michaux l'a rédigé. Les empires coloniaux occidentaux étaient au faîte de leur domination sur le monde. L'intérêt en Occident pour les civilisations orientales relevait davantage d'un goût pour l'exotisme et un sentiment de supériorité par rapport aux cultures orientales. Il est d'
ailleurs intéressant de rappeler qu'à l'époque même où
Henri Michaux se promène en Asie,
André Malraux remettaient en question le colonialisme des nations européennes.
En définitive, un livre qui semble daté par certains aspects mais qui n'en garde pas moins une véritable liberté de ton et une très grande modernité dans sa vision du voyage et de l'interculturalité.
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