Dans les séjours successifs qu’il fit à Rome, il devait plus d’une fois les contempler et, en dépit de la difficulté et de la fatigue causées par un pareil travail, il s’appliquait à les copier fidèlement. Le Louvre possède, en effet, de lui des dessins très consciencieusement exécutés d’après six des huit Prophètes et deux des Sybilles, ainsi qu’une étude à la sanguine de la Création de l’homme. Si l’on ne connaît pas de copie faite par lui du Jugement dernier, l’impression qu’il en reçut fut aussi profonde que durable, car, près de quinze ans après, alors qu’il était dans la pleine maturité de son talent, la fresque de Michel-Ange devait lui inspirer une suite de plusieurs compositions analogues.
La vie de Rembrandt, en effet, fut entièrement vouée à son art et elle ne saurait être séparée de son oeuvre; toutes deux sont intimement liées et s'éclairent mutuellement. Presque toujours, d'ailleurs, il nous a renseignés lui-même sur les dates de ses ouvrages, et s'il n'est guère d'artiste qui autant que lui se soit montré soigneux de les préciser, il n'en est pas, non plus, qui aussi souvent se soit pris lui-même pour modèle, ni qui nous ait laissé une aussi grande quantité d'images de son père, de sa mère, de sa femme et de tous ceux qu'il a aimés. Quant à sa vie, bien qu'elle ait été l'objet de nombreuses publications, elle était jusqu'à ces derniers temps demeurée assez obscure.
D'humeur solitaire et très indépendante , Rembrandt n'a guère frayé avec les personnages en vue de son temps. Après avoir joui un moment de la vogue, au commencement de son séjour à Amsterdam, il a fini ses jours dans la pauvreté et l'abandon. Les informations que nous ont laissées sur lui ses contemporains se réduisent donc à peu de chose.
La glorieuse existence de Rubens, ses relations avec les souverains, les événements auxquels il a été mêlé, bien plus encore l’éclat de son génie et le total vraiment prodigieux de ses œuvres, tout conspire à faire de son nom l’un des plus grands que nous offre l’histoire de l’art. Mais son extrême fécondité et l’universalité même de ses aptitudes semblent avoir défié jusqu’à présent une étude qui embrasse à la fois l’ensemble de sa vie et de ses productions.