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3,89

sur 207 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il y a des textes dont la beauté enivrante exonère de toute intrigue construite sur une suite millimétrée d'évènements, des textes dont le style absorbe de manière voluptueuse l'histoire. La Grande Beune de P. Michon en fait assurément partie.

La Grande Beune n'est pas un roman, c'est une fable. Une fable qui déploie tous les rêves charnels d'un jeune instituteur muté pour son premier poste à Castelnau, village isolé, figé dans le temps, coincé entre les grottes de Lascaux et la Grande Beune qui crache des pêches miraculeuses. Dans cette campagne vivotant au rythme de ses habitants, le jeune instituteur se consume de désir pour Yvonne, la buraliste.
C'est ce désir que P. Michon déploie tout au long de l'oeuvre ; un désir fou, brutal, animal qui obsède le narrateur. « Au milieu des galops de pluie » et de l'épais brouillard, l'auteur nous plonge dans un désir envahissant qui pare la rivière, la forêt et même les grottes préhistoriques d'une sensualité rare : c'est ainsi que, sur « les lèvres de la falaise », le narrateur s'égare dans ses rêveries en regardant « en bas la Grande Beune couler dans son trou ».
Tout est bestial, à l'image des peintures rupestres recouvrant les parois des grottes.

C'est une oeuvre qui n'a rien de conventionnel.
Avec une écriture complexe mais mélodieuse, P. Michon fait de cette oeuvre, certes une exaltation de la sensualité, mais qui n'obéit à aucun code du romanesque. On se laisse embarquer dans les divagations du narrateur en abandonnant tout repère. Les émotions primaires du narrateur bousculent la trame du récit et rendent même toute intrigue superflue.
Avec des phrases qui s'étirent toute en longueur jusqu'à épuiser le souffle, le rythme se décline en un style tout en représentation, visuel : une écriture faite d'entrelacs qui ne cessent de se croiser et s'enchevêtrer. Une écriture qui aurait pu faire écho aux peintures rupestres recouvrant les parois des grottes préhistoriques, mais la poésie de Michon est autrement plus lumineuse.
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J' avais envie de retrouver Pierre Michon
J'ai lu puis relu par petits bouts Les Vies Minusules , une oeuvre devenue majeure dans la littérature française
Ici, le propos est moins ambitieux
Il s'agit d'un jeune instituteur qui débarque dans un petit village de Dordogne , près de la Beune , une rivière, pas loin de grottes préhistoriques
Il découvre ses petits élèves mais aussi la buraliste qui devient l'objet de toutes ses pensées
Pierre Michon a beaucoup d'admirateurs mais aussi de détracteurs qui trouvent son style trop sophistiqué voire pédant pour décrire des vies et des situations ordinaires
Une critique sur Babelio le place entre Proust ( pour le style) et Giono ( pour l'ambiance). Plutôt bien vu.
J'ai jamais réussi à lire vraiment Proust qui évolue dans un univers bien loin des Vies Minuscules et de la Grande Beune. J'avais adoré Giono pendant mon adolescence
Je comprends donc que Pierre Michon puisse être un écrivain décrié
Je n'arriverai jamais à expliquer pourquoi je reste hermétique à certains écrivains( Proust, Joyce, Faulkner, Modiano, Bolano,Knausgard, par exemple ) malgré de multiples tentatives et pourquoi je me sens happé par les univers de Zweig, Tolstoi, Dostoyevsky,Garcia Marquez ou Kenneth Cook
Pour la Grande Beune, je me suis retrouvé en terrain connu, fasciné par la richesse de la langue et l' écriture de Pierre Michon
Comme ce livre est un peu moins riche que Les Vies Minuscules, je ne mets pas la note maximale pour cette fable poétique
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La langue est fabuleuse. Les personnages de deuxième plan sont inoubliables. Les digressions sur les instituteurs d'autrefois, ceux qui croyaient en Dieu et ceux qui n'y croyaient plus, ou sur les hommes des cavernes dont Michon invente une psychologie ébouriffante, ou sur cette grotte qui ne montre que du rien, sont délectables. Mais... mais la désirable Yvonne n'a pas plus d'âme, et peut-être moins, que les carpes somptueuses pêchées par le champion du village. J'ai bien compris, c'est une histoire de désir. Mais ce n'est que cela, superbement empaqueté certes, mais que cela. J'ai trouvé tellement plus de souffle et de perspectives aux Vies minuscules...
Je le relirai quand même : pour cette langue qui donne à boire et à manger, à savourer et à rêver. Michon écrirait sur le supermarché du coin, il me donnerait envie d'y courir...
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Le style d'écriture de Pierre Michon est foisonnant, les phrases son longues, le vocabulaire est abondant, érudit, et précis. Ce style sert merveilleusement l'histoire dont il est question. Dans les années 60, un jeune instituteur fraîchement diplômé, débarque dans un petit village, bercés par les eaux du fleuve de la grande Beune ,afin d'honorer son premier poste. Il rencontre des yeux , une merveilleuse créature, en la personne de la jeune buraliste du village, qui l'obsède inlassablement. Cependant, le roman est court, et heureusement, car les phrases longues de l'auteur sont parfois difficile à ingérer... malgré leur qualité certaine. Absolument à lire mais quand on se sent en forme!!
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Lire Pierre Michon c'est entrer dans l'oeil d'un cyclone littéraire où tout est calme et serein alors que dans chaque phrase, expression et mot, on est englouti dans un maelstrom de pensées, d'interrogations, de sentiments.
En vrac La Grande Beune c'est : tout un décor avec son et images, des détails pointillistes, un délire amoureux, des silences et des gouffres, de la finesse, des allégories, de l'érotisme retenu ou non, des visions, une finesse d'expression, la vie qui s'écoule.
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La Grande Beune, de Pierre Michon, est la troisième oeuvre de cet auteur qui m'aura particulièrement marqué par le rythme long et lent de sa prose, comme s'il respectait le temps naturel des journées passées à travailler la terre. Après les alentours de Guéret de Les vies minuscules, Pierre Michon nous emmène dans une région très proche, le Périgord, nous donnant à voir un instant de vie d'un jeune instituteur récemment muté dans les environs de Lascaux, dans ce territoire chargé de mythes tracés sur les parois pierreuses d'une célèbre grotte. Il s'agit bien d'un instant de vie car beaucoup de mystères, de non-dits, persistent dans cette histoire qui ne dit rien du passé de ce narrateur, ni de son devenir.
L'univers, l'essence et la nature de cette région croisent l'histoire des personnages du cru, offrant des portraits remarquables où l'instinct ancestral du chasseur et du pêcheur hérité de l'Homme de Cro-magnon se prolonge dans le quotidien de ces hommes aux pieds bien campés dans leur sol.
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Un court - trop court - roman sensuel, érotique, qui mêle désir charnel des femmes, hommage aux artistes de la Préhistoire et aux cavernes d'art rupestre. Il n'y a pas vraiment d'intrigue, l'histoire ne progresse pas entre le début et la fin, mais ce qui importe, c'est l'atmosphère de ce roman portée et magnifiée par l'écriture et le style de Pierre Michon, la magie de ses périodes pour célébrer la beauté des femmes, le fantasme des femmes plus que leur possession, des femmes qui sont à la fois des statues préhistoriques aux formes pleines, des mères préparant le repas du soir, et des femmes-enfants jolies et tendres.
C'est aussi une très belle peinture - si les descriptions des femmes évoquent la sculpture ou les actrices de cinéma, le paysage est décrit de façon picturale - de la nature, de la Dordogne, avec des scènes saisissantes de chasse noyées sous la pluie.
Une lecture qui m'a transportée, ne laissant qu'un regret, que ce soit si court.
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J'ai voulu confirmer mon opinion avec ce 2ème opus de Pierre Michon ; et oui, je peux dire que cet auteur a une écriture bien à lui, toute en nuances, métaphores , allégories et autres figures de style qu'il maîtrise avec grâce et talent.
D'un sujet banal, il en fait un poème narratif plein de subtilités et d'inventivité
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La terre, la chair, le désir, l'érotisme et surtout une langue née pour le dire.
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En quelques pages, dans un langue superbe, Pierre Michon donne à ressentir en profondeur un pays (le Périgord) des personnages (le narrateur jeune instituteur nouvellement nommé, Hélène, son aubergiste, Yvonne, belle comme une reine, Jean le pêcheur,) des sentiments doux et violents qui se déploient sur un terre ou le souvenir des hommes de Cro-Magnon et des rennes qu'ils chassaient n'est pas encore éteint.
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