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LES ONZE de PIERRE MICHON
Tout commence avec le Tiepolo, dans les années 1750, tout en haut, peignant la fresque de la résidence de Wurtzbourg, pour nous amener aux Onze, incroyable peinture du génial François- Elie Corentin ou Corentin de la Marche, c'était la mode du temps de la révolution, de se donner de la particule. Car on est en 1794, et le Corentin se voit appeler un soir par un représentant du comité de salut public, il n'en mène pas large, il sait qu'on coupe les têtes sans autre forme de procès. Alors il est agréablement surpris quand il découvre qu'on veut qu'il peigne les Onze, les terribles Onze du comité, dont les célèbres Robespierre, Danton et Saint Just. Il ose à peine parler du prix, alors on renverse une bourse pleine d'or, uniquement à titre d'acompte! A livrer pour quand ce tableau? Demain!! Corentin est rapide et compte tenu de la somme promise il s'engage.
C'est l'histoire merveilleuse de ce tableau discrètement accroché au Louvre dans une petite salle tranquille, il y a une chaise couleur citron, asseyez-vous et contemplez ces hommes aux mains ensanglantées réunis comme pour la Cène.
C'est une de mes plus belles lectures de ces dernières semaines, l'écriture de Michon, toute en économie de mots mais des mots qui se répondent les uns aux autres, m'a transporté de plaisir. Un peu plus d'une centaine de pages seulement, mais quelles pages.
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Un roman dont la brièveté n'a d'égal que la virtuosité de la langue déployée par Pierre Michon. L'auteur imagine un peintre, né au XVIII ème siècle, sa vie et son oeuvre. Il construit son personnage par touches successives en dépeignant une succession de scènes dont chacune donne lieu à des digressions philosophiques et historiques.
Ce texte est en premier lieu un geste littéraire qui pousse la composition de la phrase dans ses plus profonds retranchements. Pierre Michon travaille la phrase et ses thèmes en leur insufflant une puissance, une profondeur sans cesse renouvelés. Chaque page demande d'être lue et relue afin d'en percevoir tout le sel, toutes les nuances. On est dans l'imaginaire, on est dans l'histoire, on est dans l'affolement des mots. Une réussite sans ombre.
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Le roman présente un peintre fictionnel qui a réalisé un tableau fictionnel du Comité de Salut Public. C'est magnifiquement écrit. Il y a des beautés et des idées dans ce style. Les phrases sont longues mais la lecture reste fluide. Les répétitions rajoutent du sens au lieu de délayer.

J'ai trouvé, je l'avoue, le début un peu creux. Dans cette biographie imaginaire, les parties fortes en symboles sont mêlées avec des détails précis qui servent plus à renforcer l'illusion qu'à créer quoi que ce soit, cela peut donner une impression de broder sur du vide. Et contrairement à certains lecteurs, je n'ai jamais eu l'impression de voir le tableau décrit, il reste en négatif dès qu'on essaie de l'imaginer. C'est sans doute volontaire, mais c'est frustrant.

J'ai beaucoup plus aimé la seconde partie, avec la présentation de la politique de l'époque, là aussi lourde en symboles frappants et originaux, sans compter un petit complot pour faire marcher le tout. Je regrette juste, vu les dates, l'absence de toute mention d'Hérault de Séchelles, que je considère comme une simplification abusive : si le tableau a été commandé en nivôse, les membres du Comité n'étaient onze que depuis quelques jours, et cela aurait dû mériter au moins une remarque des personnages ou de l'auteur.

Sinon, puisque j'en suis dans les détails, je voudrais ajouter que l'écriture par Michon de Collot d'Herbois est la meilleure que j'aie vue, humaine sans tenter d'excuser quoi que ce soit, avec l'imagerie obsédante de l'ancien acteur devenu un méchant shakespearien.
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On cherchera en vain dans les galeries du Louvre, jusqu'au pavillon de Flore, Les Onze, le grand tableau de François-Elie Corentin. Pourtant, il ne devrait pas passer inaperçu, avec sa taille monumentale (« quatre mètre onze sur trois »), chef d'oeuvre de Ventôse, protégé sous sa vitre blindée. Michelet, d'ailleurs, y consacre un douzaine de pages dans le chapitre III du seizième livre de l'Histoire de la Révolution Française. Et on peut voir, au musée de Montargis, l'esquisse à l'huile de Géricault : "Corentin en ventôse reçoit l'ordre de peindre les Onze". Sur ce qui peut être considéré comme le plus beau tableau du monde, on les distingue bien, chacun des onze du Comité de Salut Public, de gauche à droite, avec leurs plumets, à la manière de Véronèse, leur manteau de drap bleu national, leur cravate blanche, leur houppelande couleur de fumée d'enfer : Billaud, Carnot, Prieur de la Côte d'Or, Prieur de la Marne, Couthon, sur son fauteuil jaune, Robespierre, Collot, Barère, Lindet, Saint-Just, Saint-André. Mais le lecteur des Onze, de Pierre Michon, a-t-il besoin de voir ce tableau, puisque qu'il l'a désormais gravé dans sa mémoire pour toujours, sitôt tournée la dernière page de ce roman proprement fabuleux.
Lien : http://diacritiques.blogspot..
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Dans le dernier opus de Michon, il est question, cette fois, de la Terreur et d'un tableau imaginaire commandé à un peintre imaginaire (Limousin dont les ancètres viennent de la Marche) par le comité de salut public pour immortaliser le pouvoir jacobin.
On y découvre, entre autres que tous ces tyrans étaient des écrivains plus ou moins ratés... Tiens tiens......Et pourquoi donc je vous le demande ? L'un des intérêts du livre est de tenter une explication : C'est parce qu'ils sont des ratés, précisément qu'ils deviennent des bourreaux.....Le message qu'il donne sur ce premier prurit des dictatures sanglantes du vingtième siècle à venir On comprend mieux, en le lisant, en quoi la révolution française est totalitaire au sens Arendtien et non ans son acception galvaudée, comme le font aujourd'hui ceux qui confondent despostisme, tyrannie, dictature ettotalitarisme, c'est à dire pour Arendt, essentiellement le nazisme et le stalinisme.
Il y a dans ce livre, outre les pages lucides sur la terreur et sa dimension totalitaire avant la lettre, des pages magnifiques sur les paysans esclaves "limousins" qui ont cons,truit les canaux sous l'ancien régime.
Je l'ai lu d'une traite, sans pouvoir m'arrêter, tant l'écriture de Michon est somptueuse, comme d'habitude, même si elle en énerve certains.
il n'y a rien que j'apprécie le plus que le mélange des genres entre une langue châtiée et populaire, voire vulgaire, que ce choc, cette complémentarité, que j'estime salutaire et créatrice entre plusieurs registres de langues, dont les plus grands classiques ont su jouer pour rénover la langue.
Le "style de Michon n'est pas fait que de préciosité, mais précisément de ce mélange où les deux regsitres sont parfois intimement mélés et s'enrichissent l'un l'autre.
Michon n'écrase pas de sa plume les limousins ou les humbles, il ne les piétine pas comme des taupes, il les élève au contraire, tout en s'élevant lui-même, par l'acte d'écrire, dans le style qu'il a choisit et convient au message qu'il veut transmettre : celui d'un d'un moins que rien, petits fils de ces esclaves creusois qui furent ces ancêtres, qui parvient à sublimer la malédiction de classe en s'appropriant (et en la sublimant de sa rage de taupe limousine) la langue de l'exploiteur. Pour s'en convaincre, il suffit, je pense, de lire le passage que je donne en citation


Lien : http://jcfvc.over-blog.com
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Après le chef-d'oeuvre qu'est Vies minuscules, le passage à la lecture des Onze m'a un peu déçu, dois-je dire. J'ai comme l'impression que Pierre Michon est ici resté en surface : le sujet aurait pu être approfondi, les circonvolutions qui font le charme de sa plume s'arrêtent souvent trop net.
Cependant, certains passages, exaltant l'éternel Limousin et les troubles révolutionnaires sont lumineux.
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Pierre Michon sait écrite et maîtrise parfaitement la langue française.
Cela suffit-il ? Beaucoup de redondances, des digressions à n'en plus finir sur les bords de Loire, des phrases alanguies (n'est pas Proust qui veut !)...
A quoi cela mène le lecteur ? A une affabulation ? à une réflexion sur le statut de la vérité ?
Comme l'écrit ici un critique, le sujet du livre c'est bien Pierre Michon : regardez comme je maîtrise non seulement la langue et que j'en joue, mais aussi le réel historique !
"Les vies minuscules" m'avaient également agacées de la même façon ; comme on est loin de l'humilité de Marie-Hélène Lafon (dans "Joseph" par exemple).
Je crois que c'est le dernier Michon que j'ouvirai...
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A quoi sert cet exercice de style salué par des critiques dythirambiques ?
Après l'avoir lu, je l'ai relu pour être sûr de n'avoir rien raté (voyez comme je suis professionnel). Et s'il y a quelque chose, c'est vraiment bien caché.
Lien : http://quoideneufsurmapile.b..
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Relecture récente. Frappé par le style souvent incantatoire, construit en leitmotiv de Michon. Il cherche une expression, un mot (anacréon par ex) qui vient ponctuer régulièrement le texte et lui restituer une paradoxale sensation orale (ici, en plus, le narrateur s'adresse à quelqu'un dans une sorte de visite guidée au Louvre vers le grand tableau de Corentin). Ce tourbillon entre grande histoire, paroles en spirales et puissances narratives contenues est très riche évidemment
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Quelle écriture ! Superbe ! Dense cependant; seulement 130 pages mais très dense. Des phrases qui font 10 lignes, que l'on est obligé de relire, si on n'est pas concentré, mais c'est tellement superbement écrit que ça n'est pas grave
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