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Pierre Clinquart (Traducteur)
EAN : 9782707127747
230 pages
La Découverte (23/10/1997)
4.33/5   6 notes
Résumé :

Assailli par une pléthore d'informations, l'homme moderne a du mal à saisir le lien entre son expérience intime et les bouleversements de l'histoire ou les contradictions qui déchirent les institutions. Dans cet ouvrage classique, C. Wright Mills plaide pour une conception non positiviste et non technocratique des sciences sociales, permettant aux citoyens de tirer parti de l'information et d'exploiter leurs capacités rationnelles... >Voir plus
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(...) le produit de l'éducation libératrice, c'est l'autodidacte; en somme, c'est l'individu libre et rationnel. Une société où prédomine ce type d'homme est proprement démocratique. C'est aussi une société faite de collectivités véritables, et non pas de masses. Je veux dire ceci: qu'ils les connaissent ou non, les hommes qui traversent des épreuves dans une société de masse sont incapables d'en faire des enjeux sociaux. Ils ne comprennent pas les interférences entre ces épreuves de milieu et les problèmes de structures sociale. C'est exactement ce que l'homme averti, membre d'une collectivité authentique, est à même de faire, contrairement aux autres: ce qu'il vit sur le mode d'épreuves personnelles, il sait très bien que d'autres le vivent aussi comme problèmes, et qu'on ne peut les résoudre individuellement, mais qu'il faut modifier les structures des groupes où il vit et d'aventure la structure de la société entière. Les hommes de masse ont leurs épreuves, mais ils n'en savent pas l'origine ni la signification; les hommes de collectivité se mesurent à des enjeux et ils prennent généralement conscience de leur dimension collective.
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Devant ces effets de la grande ligne de force qu'est la rationalisation, l'individu "fait de son mieux". Il règle ses aspirations et son travail sur la situation où il se trouve et dont il ne connaît pas d'issue. Tôt ou tard, il renonce à en cherche une; il s'adapte. Le temps que lui laisse le travail, il le consacre à jouer, à consommer, à "rigoler". Mais cet univers de consommation se rationalise lui aussi. Aliéné de la production, aliéné de son travail, il finit par être également aliéné de la consommation et des vrais loisirs. Cette adaptation individuelle et les effets qu'elle entraîne sur le moi et le milieu font perdre à l'homme ses moindres chances, ses moindres facultés et ses moindres velléités de raison; mais ce n'est pas tout; il y perd également toute chance et toute faculté d'agir en homme libre. A tel point qu'il paraît ignorer les valeurs mêmes de raison et de liberté.
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Ces créatures adaptées ne sont pas nécessairement stupides, mêmes après avoir longtemps vécu, travaillé et joué dans un tel univers. Karl Mannheim a fort bien précisé les choses en parlant d' "auto-rationalisation", processus par lequel un individu, prisonnier des segments restreints de grandes organisations rationnelles, finit par ajuster étroitement ses élans et ses aspirations, son mode de vie et ses façons de penser aux "règles et aux règlements de l'organisation". L'organisation rationnelle est, de ce fait, aliénante: les principes directeurs de la conduite et de la réflexion, et, tôt ou tard, ceux de l'affectivité aussi, ne sont pas inscrits dans la conscience individuelle de l'homme de la Réforme, ou dans la raison indépendante de l'homme cartésien. Les principes directeurs sont en fait étrangers et contraires à tout ce qu'on a pris, au cour de l'histoire, pour l'individualité. On peut dire qu'à l'extrême limite, la raison dépérit à mesure que croît la rationalité, et à mesure qu'elle cesse d'appartenir et d'obéir à l'individu, pour passer du côté des organisations géantes. C'est alors qu'il y a rationalité sans raison. Cette rationalité ne coïncide plus avec la liberté, mais lui porte un coup fatal.
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Il est vrai de dire, avec les psychanalystes, que les gens "se sentent de plus en plus à la merci de forces obscures, qui les habitent et qu'ils sont incapables de définir." Mais il n'est pas vrai de dire, avec Ernest Jones, que "le plus grand ennemi de l'homme et son plus grand péril résident dans sa nature désordonnée et dans les forces obscures refoulées au plus profond de lui-même". C'est tout le contraire. Le "plus grand péril" de l'homme réside dans les forces désordonnées de la société contemporaine elle-même, l'aliénation qu'entraînent ses méthodes de production, ses techniques enveloppantes de domination politique, son anarchie internationale- en un mot comme en cent, dans les transformations tentaculaires qu'elle fait subir à la "nature" de l'homme, aux conditions et aux objectifs de sa vie.
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Un niveau élevé de technologie et de rationalisme bureaucratique ne va pas forcément de pair avec un niveau équivalent d'intelligence individuelle ou d'intelligence sociale. Le second ne s'ensuit pas logiquement du premier. Le rationalisme social, technologique ou bureaucratique ne décuple pas chez l'individu la volonté ni la faculté de raisonner. Au contraire il semble qu'il les ébranle. Les dispositifs sociaux mis en place selon la raison n'engendrent pas nécessairement une plus grande liberté, ni pour l'individu, ni pour la société. Ils apparaissent bien souvent comme un instrument de tyrannie et de manipulation, comme un moyen de saboter les chances de la raison et la faculté même d'agir en homme libre.
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