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EAN : 9782842712396
191 pages
La Musardine (01/01/2005)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Immoral, licencieux, provocant, sans dieu ni maître depuis ses jeunes années, tel était Honoré Riqueti, comte de Mirabeau. Tels lui ressemblent ses principaux ouvrages érotiques composés à Vincennes, où son père l'avait fait enfermer pendant quarante-deux mois, de 1777 à 1781, pour sa vie déréglée. Avant que nous vous présentions l'Erotika Biblion, voici Ma conversion ou le Libertin de qualité. " C'était la première fois sans doute que l'on faisait un personnage rom... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ma conversion
Honoré Gabriel Riqueti de Mirabeau (1749-1791)
Dans cette oeuvre d'une imagination délirante, le Comte de Mirabeau, ne prend jamais au sérieux son personnage principal. Il nous conte avec humour sous forme de dialogue avec un inconnu, les aventures libertines et les péripéties amoureuses d'un jeune noble, dont les seules ressources consistent à se vendre aux dames les plus offrantes.
Au rancart les moralistes ! Parlant de l'une de ses conquêtes, notre héros des nobles couches déclare avec assurance :
« Elle a trente - six ans et j'en ai vingt-quatre, elle est encore bien, mais je suis mieux ! Elle met de son côté le tempérament et bien sûr l'argent, et moi la vigueur et le secret. »
Alors qu'un jour il attend les faveurs d'une princesse, il est tout émoustillé par la jeune fille qui s'offre à ses yeux, portant un négligé modeste, affectant une simplicité naïve et des charmes qui n'attendent pour éclore que les hommages de l'amour et des détails délicieux.
Notre homme en fait son affaire et avec la belle Julie, nièce de la princesse, il envisage un second acte pour honorer les hémisphères enchanteurs que dissimulent avec parcimonie les dérangements d'un peignoir, bijoux de chair sur les quels ils n'osent encore voyager que des yeux avant que ne commence le voyage pour Cythère. Il connaît bien la musique et sa comparse sait bien battre la mesure et tenir la cadence après avoir dévoilé un sein de lis et de rose, après quelques prémisses un peu fous, et montré une souplesse de rein qui ne demande que de l'usage. Ce dont il usa de toutes les façons…
Notre homme aime les caresses préliminaires, les préludes à la jouissance et les paroles magiques, qui, faisant annonce de l'extase, aident à s'y plonger au plus profond jusqu'à l'empyrée. Sinon l'ennui baille vite sur le sein de ses belles, l‘amour fuit, l'essaim des plaisirs s'envolent et l'on s'endort…
Duchesses lascives, princesses libertines, comtesses luxurieuses, abbesses voluptueuses et même les délicieuses novices, au demeurant sacrées diablesses, se disputent notre satyriasis, vénal, cupide et calculateur. Jusqu'à cette abbesse jouisseuse impénitente mais sans art et sans raffinement, cependant réceptive aux conseils avisés de notre homme qui sait l'enflammer de ses leçons d'amour. Et puis les novices ! ah les novices ! qui ont été faites épouses d'un être immatériel et pour la contemplation, ce qui toutefois ne détruit en rien leur corporalité. Il en résulte dans la jeunesse une révolte des esprits charnels.
Et puis c'est une baronne qui veut qu'on la ramone comme dit notre homme ! le baron, qui lui ne le peut, dit qu'il le veut et c'est pour cette bonne oeuvre que notre héros arrive céans. Une brune piquante et de jolis yeux, une taille ramassée en jument poulinière, tétonnière à souhait et la croupe normande. La suite au fond de l'alcôve enchante la baronne et le séducteur.
C'est une jeune et naïve paysanne de seize ans aux reins vigoureux, sensible et jolie pour le plaisir, et qui sait laisser parler ses désirs, qui prend la suite.
Plus tard, de retour à Paris pour retrouver les bonnes habitudes avec les connaissances adoubées, une orgie commence, des flots de champagne coulent, l'ivresse s'en mêle, les tribades deviennent de vraies bacchantes. On imagine la suite avec toutes ces bougresses avides d'épectase !
Notre homme aime les couples quand il déclare qu'il est le féal commensal de certains ménages, en suppléant aux défaillances du mari, faisant montre d'un priapisme dévoué.
le Père Ambroise, révérend se disant le plus honnête des capuchonnaires, que notre ami surprend en train de gamahucher Alexandrine, livre à notre ami des confessions dans la même tonalité pour avouer comment il rend régulièrement service aux ménages. Une adolescence de bardache au nom de la sainte obéissance, après être entré au cloître à 19 ans, il devient plus tard un libertin audacieux et un cénobite amateur d'oaristys.
Jeux de mots et catachrèses, métaphores et métonymies se succèdent en un langage châtié et un style très XVIIIe, pour notre plus grand plaisir dans ce roman coquin, sans doute autobiographique quand on connaît la vie réputée de débauche du Comte de Mirabeau. Et quel style :
« Tu seras ma sultane. le plus bel incarnat anime son teint de blonde ; ses grands yeux bleus ne demandent qu'à mourir pour ressusciter…Tous les raffinements de la volupté nous enivraient tour à tour. Je la trouve dans son cabinet de bains ; elle en sortait comme Vénus Anadyomène, parée de sa seule beauté…Ses beaux cheveux flottaient sur ses épaules ; sa main caressait une gorge d'albâtre ; elle contemplait tous ses charmes avec un doux sourire…Le feu coulait dans mes veines…Elle cherche à se faire un voile de sa longue chevelure... »
Quant à la femme du colonel, la solide Euphrosie, « que le voile du mystère couvre à jamais nos plaisirs ! » s'exclame notre aimant (ou amant !) qui ajoute :
« Mais que de combats j'eus à soutenir contre sa vertu !... Je persuadai, je triomphai !... Six mois se passèrent au milieu des délices. Nos feux sans cesse renaissant avaient toujours le charme de la nouveauté… »
La suite est plus triste…
Devenu l'époux d'Euterpe au visage taillé à la serpe, il bénéficie d'une rente plus que confortable mais va aller de surprise en surprise lors de la nuit de noces.
de son vrai nom Honoré Gabriel Riqueti comte de Mirabeau (1749-1791), l'auteur écrivain fut aussi diplomate, homme politique et journaliste. Surnommé l'Orateur du peuple, député du Tiers-État quoique noble, il fut une des figures de la Révolution. Il fut inhumé au Panthéon dont il fut le premier occupant, temporaire hélas, car il fut exhumé sur ordre de sa soeur pour être transféré dans la fosse commune de Clamart et son corps n'a jamais été retrouvé.
240 pages de divertissement, une perle, un récit plein de malice et de finesse, sans aucune vulgarité comme savait le faire les écrivains de cette époque tel Diderot, Restif de la Bretonne, Nerciat ou encore Gervaise de Latouche.
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"Puisse cette lecture faire branler tout l'univers !"

Honoré-Gabriel Riquetti, comte de Mirabeau avant d'être l'orateur que l'on sait, fut un jeune homme que ses frasques menèrent à Vincennes pour près de 4 années de détention. Outre qu'il s'y fit un ennemi mortel de Sade, embastillé dans le même château, il en profita pour rédiger un bijou de roman libertin, un chef d'oeuvre d'impudence et de cynisme.

Ce débauché, "Ami des hommes" (mais surtout des femmes), nous trace le portrait d'un libertin qui ne vit que pour et par le sexe faible : le gigolo ne dédaigne ni la villageoise, ni la dame de Cour, ni la rombière faisandée, ni le bouton de rose. Une seule condition cependant : que cela rapporte! ("Je ne veux plus foutre que pour de l'argent")

Écrit au grand galop, sans laisser le lecteur reprendre son souffle, ce roman à deux voix (un comparse relance le récit de temps à autre) est d'une drôlerie constante. Avec sa galerie de portraits à l'aquatinte et ses tordantes orgies d'une part, son style à la fois haletant et caillouteux d'autre part, Mirabeau se positionne comme l'aïeul en littérature de San-Antonio et de Céline (on pense à "Mort à crédit" et à Ferdinand violé par la grosse Gorloge).

Comment ne pas s'esclaffer quand on lit : "Sacredieu, qu'elle avait d'appas ! Son lit à la turque, de damas jonquille, semblait assorti à son teint (car celui du jour était répandu sur dix mouchoirs qui invoquaient la blanchisseuse), un sourire qu'elle grimace me fait apercevoir qu'elle ne mord point." ou "(...) une bouche énorme et meublée de clous de girofle (...)"... et le reste à l'avenant.

On reste confondu par la violence de certains dialogues et en particulier la diatribe du père Ambroise, type "Protocole des sages de Sion" à la sauce catholique.

Le roman commence par une adresse à "Votre Altesse diabolique" et son final est impressionnant : "(...) jusqu'à ce que rendant dans les bras paternels de M. Satan mon âme célibataire, j'aille foutre chez les morts."

C'est donc toute gorge déployée que l'on referme cet épatant roman, d'une modernité constante et d'un radicalisme gouleyant.

A consommer sans aucune modération...
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
extrait :


“Monsieur Satan, vous avez instruit mon adolescence ; c’est à vous que je dois quantité de tours de passe−passe qui m’ont servi dans mes premières années. Vous savez si j’ai suivi vos leçons, si je n’ai pas sué nuit et jour pour agrandir votre empire, vous fournir des sujets nouveaux.
Mais, Monsieur Satan, tout est bien changé dans ce pays ; vous devenez vieux ; vous restez chez vous ; les moines même ne peuvent vous en arracher. Vos diablereaux, pauvres hères ! N’en savent pas autant que des récits infidèles, parce que nos femmes les attrapent et les bernent. Je trouve donc une occasion de m’acquitter envers vous ; je vous offre mon livre. Vous y lirez la gazette de la cour, les nouvelles à la main des filles, des financiers et des dévotes. Vous serez instruit de quelques tours de bissac où, tout fin diable que vous êtes, vous auriez eu un pied de nez. Mais que votre chaste épouse n’y fourre pas le sien ; car aussitôt cornes de licornes s’appliqueraient sur votre front séraphique.
Défiez−vous surtout de ces grandes manches à gros (...), et ne laissez pas aller votre femme en confrérie sans une ceinture. Cependant, que la jalousie ne trouble pas votre repos ; car voyez−vous, Monsieur Satan, si elle le veut, cocu serez, et quand vous la mettriez en poche, s’y foutrait−elle par la boutonnière.
Puissent les tableaux que j’ai l’honneur de mettre sous vos yeux ranimer un peu votre antique paillardise. Puisse cette lecture faire (...) tout l’univers ! Daignez recevoir ces voeux comme un témoignage du profond respect avec lequel je suis, Monsieur Satan, de votre altesse diabolique le très humble, très obéissant et très dévoué serviteur, Con−Désiros.(...)”


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MIRABEAU le Conte De (1749-1791), homme politique français.
Issu de la noblesse, il connut une jeunesse dissolue et fut emprisonné plusieurs fois et dut entrer dans l’armée sur l’injonction de son père. Après une liaison et une fuite aux Pays-Bas, il fut condamné à mort par contumace puis emprisonné au château de Vincennes pendant trois ans. Membre d’une loge maçonnique, il défendit les droits de liberté de la presse, participa à la rédaction de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen et soutint la réquisition des biens du clergé. Il essaya de concilier ses théories avec les principes révolutionnaires en défendant le droit de véto absolu en faveur du pouvoir royal.



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