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En 1907, Octave Mirbeau publie un récit intitulé La 628-E8, titre bien mystérieux correspondant, en fait, à la plaque d'immatriculation de sa voiture. Ce qui aurait pu être un récit de voyage bien anodin est un document inclassable dans la mesure où Mirbeau se fait fi de la réalité, de la véracité des choses et mêle allègrement le vécu et le fantasme. Au beau milieu de ce texte, se trouvaient les pages concernant la mort De Balzac. Là encore, la réalité ne l'intéressait pas. Il ne voulait pas, disait-il, en faire un document, un témoignage.

Oui mais voilà... ces pages (formant trois chapitres) firent l'effet d'une bombe. Mirbeau réglait ses comptes. Non pas avec Balzac pour qui il éprouvait une profonde admiration, ce qu'il indique d'ailleurs dans le premier chapitre : "J'adore Balzac. Non seulement j'adore l'épique créateur de la Comédie humaine, mais j'adore l'homme extraordinaire qu'il fut, le prodige d'humanité qu'il a été." Mais dès le deuxième, intitulé La femme De Balzac, cela se corse. Mirbeau était frustré et aigri par ses échecs amoureux. Il rejeta alors tout ce qui avait trait à Cupidon. Sa misogynie le poussa alors à transférer sa haine sur la pauvre Mme Hanska : "Et me voici au drame le plus et aussi le moins connu de la vie De Balzac : son mariage. (...). Ils revenaient mariés et ennemis. de tout ce grand amour, qu'avaient surexalté quinze ans d'absence, il avait suffi de quelques mois de vie commune pour qu'il ne restât plus rien… plus rien que de la déception, de la rancune et de la haine. On peut dire que leur véritable séparation date seulement de cet instant où ils entrèrent, rivés l'un à l'autre, dans la maison." Enfin, dans le dernier chapitre, il fait raconter la mort De Balzac par... l'amant de Mme Hanska, le peintre Jean Gigoux. Pendant qu'il rendait son dernier souffle, les deux tourtereaux étaient dans les bras l'un de l'autre...

Ces pages, on le comprend, firent scandale. La fille de Mme Hanska demanda le retrait de ces trois chapitres, ce qui fut fait. La Mort de Balzac se fit récit autonome en 1918. En revanche, le texte La 628-E8 ne sera réédité dans son ensemble qu'en 1937.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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"J'adore Balzac Non seulement j'adore l'épique créateur de la Comédie humaine mais j'adore l'homme extraordinaire qu'il fut, le prodige d'humanité qu'il a été.
C'est par ces mots que commence ce court texte écrit par Octave Mirbeau en 1907,texte initialement inclus dans La 628-E8 récit d'un voyage en automobile ..
Ces sous chapitres consacrés à Balzac firent scandale surtout celui où nous est rapporté la mort De Balzac , d'après le témoignage du peintre Jean Gigoux qui était à cette époque l'amant de Mme de Balzac .plus connue sous le nom de Mme Hanska .Ils furent interdits de publication à la demande de la fille de Mme Hanska et ils ne réintégreront leur place initiale dans l'oeuvre de Mirbeau qu'en 1999.
Mirbeau avec son écriture incisive ,mordante et un poil ironique nous narre donc les dernières années de cet homme de génie qui mourut seul , isolé de tous avec comme unique et dernier visiteur de génie Victor Hugo.
Lecture rapide ,agréable et instructive.
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Deux choses sont très claires pour moi en refermant le court texte, trois chapitres, consacré par Octave Mirbeau à la mort De Balzac. D'abord, il avait un fort joli style, et ensuite, il était terriblement, presque pathologiquement misogyne!
Il en reste un texte acéré dont la meilleure partie est la première, qui se lit vite et qui rappelle comme nous sommes peu de choses, génies y compris, à la dernière heure.
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Un court texte dont le début m'a fait penser à la nouvelle de Delphine de Girardin, La Canne de M. De Balzac. En effet, les deux auteurs s'interrogent sur le talent d'observation et d'analyse de la société De Balzac, sur sa capacité à fonder les âmes et les coeurs. Girardin propose une solution relevant du fantastique, puis son récit s'écarte De Balzac qui n'apparaît finalement que dans quelques lignes.
Au contraire, Mirbeau fait plus un travail de biographe, en s'intéressant aux deniers instants de la vie De Balzac, et surtout à sa mort, et donc à l'après. Là, j'ai pensé à Victor Hugo vient de mourir de Judith Perrignon. Mais là où les derniers moments du grand homme sont politiques et universelles, il appartient à tous, et plus à sa famille, Balzac agonise seul tandis que sa femme couche avec son amant, repoussée par les odeurs de pourriture qui s'exhalent du gros et vieux corps repoussant - certes, le talent est indépendant de la flétrissure de la chair, mais l'image est dégradée... Oui, c'est un portrait à charge de Mme Hanska, séduite de loin par le génie créateur, et qui ne semblait plus vouloir de ce mariage une fois qu'il devient possible.
Dernière référence, en complément, j'ai pensé à la passionnante biographie De Balzac par S. Zweig, alors que, justement, Mirbeau regrette qu'elle n'existe pas encore à son époque.
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Un texte en trois parties qui fut jugé si scandaleux que, menacé d'un procès par la fille de Madame Hanska, Mirbeau le retira des premières éditions du roman où il figurait (« la 628-E8 ») après les avoir fait paraître comme « bonnes feuilles » dans des journaux.
Son admiration lucide mais frémissante de colère pour Balzac. La grande force de la dernière partie, celle qui porte plus précisément sur la mort De Balzac, retranscription (avec la plume Mirbeau) d'un entretien-confession avec Jean Ginoux, l'amant de Madame Hanska.
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je me suis régalée ! Une ambiance de commérage terriblement bien écrite, avec tout ce qu'il faut pour ce genre : du pas net, du franchement gerbant, de la flatterie, de l'hypocrisie, du dévouement, de l'irrévérence, de la pseudo-décharge de responsabilité, le tout dans un style parfait : élégant, vivant. Dans certaines scènes, comme les vraiment tous derniers instants, ou la scène du retour de Russie après leur mariage, on s'y croirait, on a tout : les images, le son, l'ambiance, presque les parfums ! Vraiment une jolie découverte pour moi, je n'avais jamais rien lu de Mirbeau, et je me suis énormément amusée à la lecture de ce petit récit à la fois plein de truculence, de délicatesse, et totalement trash. Aucunement étonnée qu'il ait fait scandale à sa parution ! lol ! En revanche, aucune idée du degré de crédibilité des événements décrits, et honnêtement, ça m'est égal.
Lien : http://ploufsurterre.canalbl..
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C'est dans le roman 'La 628-E8' de 1907 que se trouvaient initialement les trois sous-chapitres qui portent sur Balzac, 'Avec Balzac', 'La femme de Balzac' et 'La mort de Balzac'.

Roman volontairement avant-gardiste ayant une plaque d'immatriculation comme titre (Beigbeder avec son emoticone n'a rien inventé), son automobile et son chien bien-aimé comme caractères principaux, allant du tac au tac, on s'étonne d'y trouver Balzac.

Mais oui, Mirbeau lui aussi était fasciné par Balzac.
Énervé que jusque là personne n'a osé écrire une véritable biographie du grand auteur, dans laquelle apparaîtrait les travers et les secrets de sa vie, Mirbeau voulait peut-être avec ces trois chapitres donner le coup d'envoi.
C'est que Mirbeau a eu des révélations de l'amant de Mme Hanska, le peintre Jean Gigoux, qui a vécu jusqu'en 1894 et qui, à un âge avancé, désillusionné et n'ayant plus rien à perdre, s'était confié à Mirbeau sur ce jour fatal du 18 août 1850 quand Balzac crevait seul comme un chien. Ce sont les mots de Gigoux, qui ne mâchait plus ses mots. Aussitôt après ce témoignage poignant que Gigoux avait partagé dans son atelier de peintre, Mirbeau courait chez lui pour tout noter dans un carnet.

Évidemment qu'à l'ère de la bourgeoisie bien-pensante de 1900 ce récit allait provoquer un grand scandale, d'autant plus que la fille de Mme Hanska, Anna Mniszech, était toujours en vie et que du fond du couvent où elle s'était retirée, avait menacé Mirbeau avec des poursuites judiciaires pour diffamation s'il ne retirait pas immédiatement le récit jugé scandaleux de son roman.

Affligeant ou non, il restera toujours un témoignage précieux des derniers instants De Balzac.
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