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sur 893 notes
Quoique très ancré dans son époque, dont il dresse un portrait à l'acide sulfurique, ce classique est remarquablement moderne, tant par le fond que par la forme. A contrepied des conventions sociales, Mirbeau explore les mécanismes pervers de l'injustice, les vilenies des âmes, la déchéance des corps, sans craindre d'appeler les choses par leurs noms, y compris le plus trivial. A contrepied des conventions littéraires, il mêle les genres, en casse les codes, sans craindre l'invraisemblance narrative. le roman se déguise en journal, qui lui-même se fait parfois discours, quand il ne tourne pas à la chronique. La satire emprunte à la ménippée, à la comédie classique, au picaresque, et puise même un supplément d'âme du côté du romantisme. le langage lui-même oscille du registre le plus soutenu à l'argot populaire - à l'image de cette femme qui oscille entre deux mondes, celui dont elle vient et celui qu'elle sert, qui l'attire autant qu'il l'écrase, qu'elle finirait bien par rejoindre à son tour. L'amertume désenchantée se dissout dans la farce cynique, sans que la drôlerie de l'une n'estompe entièrement la tristesse de l'autre - à l'image d'une condition humaine dont on ne sait trop s'il faut rire ou pleurer.

Dérangeant, réjouissant, agaçant, touchant, contradictoire, marginal, résolument libertaire, ce Journal est un texte assez unique et d'une belle puissance, qui donne très envie de mieux connaitre son auteur. A découvrir ! On y trouve même une désopilante envolée préraphaélite, dans la bouche d'un avatar pompeux d'Oscar Wilde. J'ai failli bondir, mais... non. Mirbeau sait même me faire rire en assassinant mes idoles - c'est tout dire !
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Une critique sociale de la societé bourgeoise fin XIXe à travers les yeux de Célestine, la femme de chambre.
Elle raconte à la fois ses souvenirs et sa vie actuelle dans la maison des Lanlaire, et sa fascination pour Joseph, le mystérieux homme à tout faire.
C'est décapant, sans aucune complaisance. Mirbeau nous dévoile les dessous de la société et en même temps la misère humaine de cette époque, mais cela a-t-il beaucoup changé ?
Sans doute, l'un des mes livres préférés.
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Je découvre par ce roman, Octave Mirbeau et je suis séduite.

On y suit Celestine, une jeune femme de chambre parisienne qui vient d'arriver dans une nouvelle place à la campagne. Elle va nous conter, avec un regard cynique et parfois cruel, ses ses anciennes places, ses rencontres et ses expériences avec ses anciens maîtres mais aussi avec les autres domestiques.
D'une enfance sous le joug de l'alcool et des violences, elle devient femme de chambre. Utilisée, méprisée ou ignorée, objet des fantasmes et des désirs des hommes, elle évolue dans ce monde avec fierté et impertinence.

L'écriture de Mirbeau est moderne et tranchante. Publié initialement en 1900 sous forme de feuilleton en 10 épisodes. Une description ultra réaliste de la société de cette époque sur fond d'antisémitisme et d'affaire Dreyfus.

Le journal se dévore ! A découvrir absolument !
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Journal d'une femme de chambre... Ou le bouquin ou y a pas d'étoile parce que je l'ai pas terminé... et oui hélas, pardon à tous les afficionados de ce livre.. pas taper, pas taper... désolée...

- Toi pas terminer un livre ?! Tu te fous de moi ?
- Non pas pu... pas eu ni le courage ni l'envie...
- Mais pourquoi ?
- J'étais au bord de la gerbe.
- Ah carrément !... hum et ça parle de quoi ?
- Tout est dans le titre..
- Mais encore ?...

Une nana ( et ça me coûte de l'écrire, tellement elle est détestable) Célestine femme de chambre, raconte à travers son journal ses différentes places, ses maîtres, et sa vie, envie, joie et rêve...
- Et bin... ça peut être drôle, non ?
- Non c'est pas drôle... c'est juste vil... tous vils... tous dégueulasses.. tous cons... raciste, antisémite, facho... tous... personne pour sauver personne... et surtout pas elle...
- Bon...

On atteint des sommets avec l'amoureux cocher, lui en plus du reste est pédophile et assassin.. mais c'est pas grave.. il est bien brave et puis il a des idées, il lit le journal.. j'ai cru que j'allais vomir... perso ce gars je lui écrase la tronche à coup de rocher ( même si c'est mal pour le karma d'avoir des pensées comme ça... quoi que je me demande si ça compte pour un personnage de roman ?).. le cafard que tu écrases d'un coup de journal... mais non.. ça donne une idée du niveau de la nana et ça me coûte de l'écrire « nana ».. putain ! Ça me coûte beaucoup ! C'est pas une nana c'est juste de la crasse, du fiel et de la bêtise.. et qui s'y croit diantre.. se sent tellement mieux que les autres... bleurg !
Le côté paille dans l'oeil de ton voisin et poutre dans le tien... Ou dans ce cas-là, poutre pour tout le monde...

Ça se veut satirique... un côté le coup de pied dans la fourmilière, mais je ne sais pas...

Et comme je ne savais pas, que j'étais un peu perdue, j'ai été regarder qui était ce gars Mirbeau parce que bon je ne le connaissais pas, j'ai été surprise, car en lisant ce roman, je n'arrive à l'imaginer, à le percevoir.. percevoir ses idées, un auteur Dreyfusard, qui a milité au côté de Zola au journal l'Aurore, un anar, un amateur d'art, de peinture, antimilitariste et humaniste... et je ne retrouve rien de tout ça, dans ce livre profondément amoral... et je comprends encore moins...
L'écriture en elle même est plutôt chouette, et assez actuelle même, c'était vraiment pas un problème d'écriture, de style du tout... c'était un problème de contenu...

Alors oui, d'un côté ça peut être drôle les bouquins complètement amoraux...

Mais là, non... et je ne comprends pas vraiment le but de ce bouquin... A-t-il voulu montrer que tous pouvaient être amoraux et s'en sortir ? Que cela ne devait pas être dévolu à une certaine caste ? Qu'il n'y avait pas de raison, pour que ce soit toujours les mêmes qui paient, alors que les autres tranquilou bilou ? le côté aussi mimétisme, on fait comme, on devient comme ceux que l'on côtoie ? Même pas sûre... Ou bien n'est ce qu'un règlement de compte, le côté je tire à vue ?
Je ne sais pas...
Mais ça été vraiment too much pour moi...
L'apparition de l'être immonde mais qui trouve grâce aux yeux de Célestine, cette complaisance douceâtre, et nauséabonde j'ai pas pu l'avaler... de l'impossibilité physique.

Et j'ai refermé le livre, avec quand même une petite pointe de culpabilité... J'aime pas, pas terminer les livres... je ne trouve pas ça juste pour eux...
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J'ai passé un bon moment avec ce livre. C'est une satire sur les bourgeois et les domestiques en 1900. Par contre, pour ceux qui connaissent Down town Abbey la série c'est l'anti thèse. Soit les patrons sont avares et vicieux ou soit ils sont gentils et alors ce sont les domestiques qui sont ingrats et profiteurs. le ton est très sarcastique.
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Je n'avais ni vu les films ou téléfilms, ni lu quoique ce soit sur le roman. C'est donc sans à priori que j'ai abordé le célèbre ouvrage ancillaire d'Octave Mirbeau. Et, il est sacrément décapant, même pour notre époque pseudo libérale ou je crois, il ferait toujours scandale. Il suffirait pour cela de déplacer son personnage principal dans les milieux aisés ou bobos de nos sociétés.

Roman purement misanthropique, le journal d'une femme de chambre n'épargne rien ni personne. Et l'on aurait tort de croire qu'il prend le parti des servants plutôt que celui de leurs maîtres. Pas plus que les bourgeois qui les commandent, les domestiques n'ont de sens moral. Critiques, malhonnêtes, portés au vice parfois à la violence, ils se rejoignent tous dans l'abjection.

Mirbeau ne semble d'ailleurs même par s'exclure de cette bassesse généralisée. Il dépeint en la personne d'un écrivain parisien qui s'est donné pour croisade de fustiger la folie et le désordre du monde, un homme qui pourrait bien être lui . Mais constate avec réalisme son défaut d'orgueil.

L'exercice du journal en littérature est complexe. Ecrire en se faisant passer pour une autre implique de plonger totalement dans son esprit, sa culture. Ici Mirbeau dérape souvent en reprenant les rennes de son discours. Lorsqu'il narre des dîners en société et qu'il fait longuement parler ses invités, on sent qu'il est impossible que cela soit le récit d'une femme de chambre aussi intelligente fut-elle. Parfois aussi son vocabulaire est soit trop fin et recherché (apologie, ostentation) ou trop répétitifs (cet agaçant « épatant », très 1900 et mis ici à toutes les sauces).
Mais qu'importe, on se prend au jeu et on suit avec facilité les péripéties de cette femme perdue. Cependant, il reste très difficile sous cet artifice de vouloir juger du style de l'auteur.

Mirbeau se place ici, beaucoup plus dans la mouvance d'un Maupassant dont il retrouve le cynisme et la cruauté que dans celle des naturalistes dont il n'a pas la lourdeur. le journal d'une femme de chambre reste cependant d'une lecture fluide et divertissante.
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Les intérieurs bourgeois vus au travers des yeux malicieux d'une femme de chambre, qui raconte ses souvenirs les plus marquants.
On ne sent pas le poids des ans lors de cette savoureuse lecture.
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Je n'ai pas l'impression d'avoir quelque chose à ajouter à la somme de tout ce qui a été dit concernant cette oeuvre de génie mais je tiens tout de même justement à le souligner.

Premièrement, l'idée de rapporter ce qui se déroule derrière les portes closes des maisons de ceux qui se réclament de la bonne société Française du XIXe siècle par l'entremise d'une femme de chambre qui écrit son journal permet à Mirbeau d'accuser l'exploitation, de critiquer l'hypocrisie des moeurs de ses contemporains d'une façon inusitée. En effet, à côté des écrivains naturalistes et réalistes de la même époque, le Journal d'une femme de chambre se distingue par le point de vue du narrateur, qui est celui d'un membre de la classe des domestiques, la classe inférieure.

En théorie, cela rajoute une difficulté à l'auteur qui non seulement doit dépeindre le plus fidèlement possible les personnages qui composent sa société mais en plus doit relever le défi supplémentaire de le faire par l'entremise de sentiments et d'un point de vue loin de son éducation. Justement, cette Célestine, il l'incarne drôlement bien. Elle est intelligente, lucide, élégante, perspicace, quoi qu'effrontée, amoureuse, impétueuse et indomptée. Sans jamais l'idéaliser, la faire plus sainte et vertueuse que les bourgeois qu'elle dépeint comme des monstres et qui n'arrêtent pas de l'humilier. Car son journal est aussi, n'est-ce pas, une sorte de confession. Depuis le petit Georges, le malade qu'elle était en charge de soigner mais qui mourût par ses étreintes jusqu'à son attirance trouble et obsessive envers Joseph, un psychopathe sadique qu'elle soupçonne de viol et de meurtre sur une enfant, au fond, dans les faits, rien ne rehausse son jugement.

Mais, ma foi, il n'y a pas de quoi être fier de la noblesse non plus, dans ce livre ! Cette satyre n'épargne aucune catégorie de Maîtres, qu'ils soient comtes, barons ou simple commerçant douteux de province ! Ça ne m'empêche pas d'apprécier les bonnes satyres et celle-ci est vraiment excellente ! Je demeures tout de même très sceptique et méfiant vis-à-vis des gens du vulgaire et fort heureusement, Mirbeau ne se compromet aucunement en se glissant dans la peau d'une petite perverse qui ne devient rien d'autre, à la fin, que la maîtresse d'un homme plutôt répugnant ! Ainsi, la révolution que Mirbeau opère ne s'effectue que sur le plan littéraire. le subterfuge par lequel il fait croire à son lecteur que les pages de son livre ont été véritablement écrites par une femme de chambre lui a permit de libérer en quelque sorte son expression – qui est par ailleurs réjouissante, riche, imagée, truculente - des conventions, sans toutefois placer un espoir ridicule dans les classes populaires.

Ensuite, dans la virtuosité de Mirbeau, dont la prose nous fournit une série d'allitérations puissantes, procédé qui va de pair avec un propos incendiaire, un seul bémol à mon avis, très mineur. C'est l'abus des exclamations de Célestine dans son journal, les « Ah ! » employés à répétition comme marqueur de relation. À mon avis, ces « Ah ! » réitérés affaiblissent un peu l'effet, ils trahissent les véritables sentiments du narrateur. En effet, il me semble qu'une femme de chambre ne traduirait pas son indignation de cette façon, on la sentirait plus directement en retrouvant une forme de désordre dans le récit des évènements. Bref, c'est le seul détail qui m'a fait un peu regretter ce rythme légèrement effréné que l'écrivain a du s'imposer pour condenser ses multiples trames – Célestine raconte à la fois son présent, son service chez les Lanlaire au Prieuré et des anecdotes du passé - afin d'en faire ce roman qu'il pourrait qualifier lui-même de monstrueux, puisqu'il est en quelque sorte construit à l'image des domestiques, ces êtres qu'il considère « déclassés », des « monstrueux hybrides humains ». Enfin, le tout demeure brillant, emballant du début à la fin, malgré le procès très dur, le portrait sombre, voire glauque qu'il dresse de la nature humaine.
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« Ah ! je puis me vanter que j'en ai vu des intérieurs et des visages, et de sales âmes… Et ça n'est pas fini. », Célestine donne le ton!
.
. Dans la bourgeoisie du XIXe siècle, la petite bonne était convoitée, mais redoutée. Voici donc Célestine, jeune femme de chambre qui entame son journal le 14 septembre. Elle arrive en Normandie dans la propriété des Lanlaire, le Prieuré, appelée « le château », La demeure sent le rance et l'absence de bonheur. Madame Lanlaire est avare « méfiante, méthodique, dure, rapace, sans un élan, sans une fantaisie, sans une spontanéité, sans un rayon de joie sur sa face de marbre ». Deux serviteurs sont au service du couple Lanlaire: Marianne,une pauvre fille et Joseph, le jardinier-cocher, brute épaisse, un taiseux antisémite.
.
. le Journal d'une femme de chambre est la plus célèbre des oeuvres littéraires d'Octave Mirbeau, Mirabeau qui grâce à Célestine et à ses flashbacks n'épargne personne, bourgeois, parlementaires de droite ou de gauche. Il prend position en pleine affaire Dreyfus. le prétexte pour Mirbeau de brosser une violente satire des moeurs provinciales et parisiennes de la Belle Époque. Adapté au cinéma d'abord par Jean Renoir en 1946, le roman l'est encore vingt ans plus tard, par Luis Buñuel, avec Jeanne Moreau, la version la plus célèbre qui prend des libertés avec le texte de Mirbeau. Dernière version en date : celle de Benoit Jacquot. A lire!
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Roman social fascinant!
Célestine nous raconte ses expériences de femme de chambre à Paris et en Province.
Nous découvrons par sa bouche les moeurs de l'époque, les relations maîtres/domestiques, celles entre domestiques, les difficultés de placement, la place des femmes, le "droit de cuissage".
Célestine est surprenante, sèche mais aussi passionnée, drôle, parfois cruelle mais toujours rebelle et en quête de liberté.
Une immersion pas toute rose dans le monde petit bourgeois du XIXème siècle.
Un petit bijou!!!
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