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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Premier roman de la célèbre tétralogie de Yukio Mishisma, « Neige de printemps » est l'histoire de Kiyoaki le fils unique du marquis et de la marquise Matsugae nouveaux nobles et propriétaires d'un magnifique domaine de quarante hectares situé non loin de Tokyo.
Le marquis a placé son fils dès sa tendre enfance dans une famille aristocratique, les Ayakura, où il a été élevé dans une ambiance de noblesse de cour près de la fantasque et très belle Satoko Ayakura de deux ans son aînée.

Pas encore majeur et maintenant chez ses parents, Kiyoaki a 18 ans en 1912 lorsque s'achève l'ère Meiji, période marquée par la fin de la politique d'isolement volontaire du Japon, et que commence l'ère Taisho perméable à la culture occidentale.

Sans être efféminé, Kiyoaki est d'une exceptionnelle beauté mais ni les études ni les activités sportives ne l'intéressent vraiment, il serait plutôt adepte des songeries languissantes et tient dans un journal intime le détail de ses rêves nocturnes.
Son précepteur depuis six ans, le viril Iinuma, se désole de son peu d'entrain et de ses médiocres résultats scolaires ; même son meilleur ami issu d'un milieu moins fortuné, le studieux Honda, est souvent perplexe face à de tels états d'âme.

Bien que follement épris l'un de l'autre, Kiyoaki et Satoko ont tous les deux une fâcheuse tendance à compliquer les choses. Planifié avec l'aide de l'entremetteuse Tadeshina, la suivante de Satoko, le moindre flirt est si peu spontané qu'il en devient risible.
La puérilité des deux jeunes gens est manifeste et un malentendu prend un jour des proportions démesurées, amplifiées dans le temps par l'orgueil de Kiyoaki.

Mishima, avec son habileté coutumière, transforme en quelques brefs chapitres une relation idyllique à fort potentiel, qui seyait si bien au lecteur, en drame passionnel attisé au fil des semaines par le poids des convenances propres à ce milieu aristocratique.

Les ami(e)s, laissez Yukio Mishima vous prendre par la main pour découvrir la magnificence du domaine Matsugae !
Vous y contemplerez à l'automne les érables majestueux de couleur garance.
Peut-être préférez-vous attendre le printemps et faire un petit tour en barque sur le lac jusqu'à l'îlot situé au centre de la propriété, alors que « les premiers bourgeons poussent à la verticale si bien que le jardin tout entier semble se dresser sur la pointe des pieds » ?
Vous aurez ce jour-là le bonheur d'admirer « la floraison des cerisiers qui s'intercalent entre les pins dans les longues rangées d'arbres de chaque côté de l'avenue qui conduit au portail sur près d'un kilomètre ».

Chacun des cinquante-cinq chapitres est un diamant poétique finement ciselé par un écrivain au sommet de son art. Rassemblés, ils forment une oeuvre romanesque dont la beauté à nulle autre pareille a bouleversé et comblé le vieux lecteur que je suis.

Si ma bibliothèque disposait d'un petit endroit en forme de tabernacle j'y rangerais assurément « Neige de printemps », non sans l'avoir au préalable décoré des huit étoiles du baudrier d'Orion, cette célèbre constellation dont l'astérisme central s'affadit sous une lune radieuse.
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La tétralogie La mer de la fertilité est une oeuvre profonde et marquante, plus qu'il n'y paraît à première vue. Son premier tome, Neige de printemps, est une belle histoire d'amour entre deux jeunes gens de l'aristocratie japonaise, Kiyoaki Matsugae et Satoko Ayakura. Mais le jeune homme est une âme sensible, ignorant des choses de la vie, maladroit, ne sachant comment approcher correctement la jolie demoiselle. Un écart se creuse et c'est trop tard quand chacun comprend son erreur : Satoko est fiancée à un prince de la famille impériale. Les deux jeunes se revoient et ne peuvent résister à la passion qui les anime… avec les conséquences qu'on peut supposer. le roman prend des airs de Roméo et Juliette, en particulier avec la nourrice qui sert d'entremetteuse pendant un moment.

Mais, Neige de printemps n'est pas qu'une belle histoire d'amour. L'auteur Yukio Mishima plonge ses lecteurs dans le Japon de 1910, l'aristocratie avec ses banquets et ses soirées mondaines, les études vie au collège, la religion shinto avec ses temples, ses fêtes et ses cérémonies, puis les geishas jamais très loin. C'est tout un monde qui a été recréé dans les moindres petits détails, je m'y sentais transporté. Mais une rendition réaliste de cet univers n'a pas été faite aux dépens de la poésie. Kiyoaki contemple la beauté qui l'entoure, la nature dans les jardins, le ciel étoilé, etc.

C'est un roman qui trouve pleinement son sens quand on lit le reste de la tétralogie. Kiyoaki Matsugae, à travers son amitié avec Shigekuni Honda mais surtout avec deux princes thaïlandais, se laisse parfois aller à des échanges philosophiques sur le sens de la vie, la religion, l'amour. Il est certain qu'une âme sensible comme la sienne, devant un amour impossible et tragique, cherche à se rattacher, à se tourner vers quelque chose de plus grand. À travers ses échanges et des lectures, il est introduit aux idées issues du bouddhisme, entre autres à la réincarnation. Ce concept est important puisqu'il lit ce tome aux suivants. En effet, à la fin, c'est un Kiyaoki faiblissant, mourrant, qui confie à son meilleur ami : « Je viens d'avoir un rêve. Je te reverrai. Je le sais. Sous la cascade. » (p. 450)

Qui n'aimerait pas une nouvelle chance à l'amour, la possibilité de l'immortalité grâce à la réincarnation ? Cette portée philosophique, spirituelle de Neige de printemps n'est que le début d'une grande fresque.
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J'en suis averti, la tétralogie dans laquelle je m'engage en lisant Neige de printemps de Mishima est une oeuvre testament. le testament d'un homme qui n'est pourtant ni condamné par la maladie ni en âge suffisamment avancé pour envisager l'échéance ultime prochaine. Mais pourtant, ainsi que l'écrit Marguerite Yourcenar dans l'essai qu'elle a consacré à cet auteur fascinant – Mishima ou la vision du vide – c'est le testament d'un homme qui prépare son "chef-oeuvre" : son suicide rituel.

Cette connaissance de l'acte irréparable est à la fois nuisible et profitable à pareille lecture. En refermant Neige de printemps, le premier tome de la mer de la fertilité, je sais déjà que j'irai au terme de cette splendide oeuvre romanesque en me procurant les trois autres opus d'une tétralogie qui prend des allures de monument. Un monument érigé par celui-là même qu'il rappelle à notre souvenir.

Nuisible la connaissance de ce parcours testamentaire, parce que je sais déjà que mon esprit va inconsciemment chercher au fil des pages les indices du cheminement intellectuel vers une fin décidée. Cette quête inconsciente peut me faire reprocher un voyeurisme morbide. Mais profitable plus encore, je veux m'en défendre, sera cette lecture. D'abord parce que les deux autres ouvrages que j'ai lus de cet auteur – le Pavillon d'or, Confession d'un masque – me donnent la certitude de me confronter au talent pur, ensuite parce que ce chemin sur lequel je m'engage est celui qu'il veut faire parcourir à son lecteur dans une démarche initiatique consciente du but fixé.

Kiyoaki est jeune et beau. Satoko est jeune et belle. Ils sont les héros de Neige de printemps. Ils se savent attirés l'un vers l'autre. Mais ne savent pas encore à quel point l'un est devenu indispensable à l'autre. Ils pensent encore pouvoir jouer de leur libre arbitre et mettre leur amour à l'épreuve des codes moraux de la société aristocratique dans laquelle ils sont nés. Ils ne se rendront pas compte qu'un jour ils auront dépassé le point de non retour.

Il est des fictions tellement bien apprêtées qu'on ne doute plus qu'elles aient été vécues par leur créateur. Des fictions qui mettent tous les sens du lecteur à contribution au point de lui faire vivre les événements, les personnages, au point de le gagner aux émotions de ces derniers. Neige de printemps est d'une esthétique rare. Beauté de la nature, beauté des sentiments, tout est porté par un style épuré, une écriture solennelle, débarrassée des impuretés accumulées par l'usage. Une performance d'auteur qui nous livre un distillat, un absolu de pensée.

D'aucuns pourraient éprouver certaines longueurs dans des épanchements descriptifs. Mais il n'est que de se souvenir que l'auteur est engagé sur un chemin funeste, que chaque regard est un regard d'adieu et qu'il vaut la peine de s'appesantir sur quelques merveilles de la nature quand elle est écrin d'un coeur qui souffre.

J'ai décidé de continuer le chemin avec Mishima, ce marcheur obstiné. Je vais donc me procurer les trois tomes qui pavent la fin de son parcours. Mais j'attendrai que covid veuille bien nous rendre notre liberté pour aller me procurer ces ouvrages dans ma librairie préférée. Je ne veux pas qu'elle baisse le rideau parce que j'aurais été pressé d'accompagner un auteur vers le bout de son chemin. Je ne veux pas qu'un clic de souris éteigne à jamais la vitrine d'un libraire. La vitrine de mon libraire c'est la vie dans la rue, c'est mon ouverture au monde.

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Autant le dire tout simplement, la tétralogie de "La Mer de fertilité" est un chef d'oeuvre. Même si certains trouveront ce premier livre trop emprunt de sentimentalisme, sa poésie, sa sensibilité et son symbolisme relèvent véritablement du sublime. J'ai avec cette oeuvre (que je relis) une relation de nostalgie bien particulière. Je me rappelle avoir acheté les quatre livres de la tétralogie lorsque j'étais encore étudiant et donc très avare de mes deniers... L'appel des couvertures en noir et blanc représentant des masques japonais a été plus fort que moi. Depuis, La mer de fertilité ne cesse de me nourrir. Cela fait maintenant plus de 30 ans.
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Neige de Printemps est le premier opus de la tétrologie romanesque « la mer de la fertilité » de Yukio Mishima. Et j'ai plongé ! Bonheur de redécouvrir Mishima, auteur à double tranchant.
La beauté, la haine, l'amour, la passion. Tout est ombre et lumière à la fois. Sensualité, soucis de la précision de la ligne, circonspection, introspection, colère, soumission, révolte, flamme et cendre, glacial , brûlant.
le 20 e siècle sera le siècle d'un nouveau combat : la passion. Ce sera là son drame, son duel, son suicide, sa folie, sa grandeur, son horreur.
Passion contre raison. Voilà la tragédie dans laquelle l'homme du 20e siècle devra livrer peut être son dernier combat. Et c'est peut être davantage contre lui même que contre un système qu'il devra lutter.
Bonheur de retrouver les lumières, et les ombres de cet univers, que j'avais pu recevoir à la lecture du palais d'or.
Découverte de ce Japon en ce début du 20e siècle, période qui verra ce pays sortir de l'ère Meji, période d'isolement volontaire et qui s'ouvre au système capitalisme occidental.
Bouleversement donc, bouleversement qui ébranlera une société reposant jusqu'à lors entièrement sur un système féodal. Su le monde est plein de bruit et de fureur il est également un écho.
Les hommes aussi bien que les choses perdurent. Question de racines, aussi bien de culture.
Ni l'amour, ni la beauté, ne meurent. Il en est peut être ainsi de tout ce que nous nommons « valeurs ». Tout réside, tout demeure. Nos haines, nos peurs, nos passions sont elles éternelles ?
La tétralogie, considérée comme le testament littéraire de Mishima, puisqu' achevé le matin même de « son suicide », développe la théorie de la réincarnation.
Seul indice à la lecture de ce premier tome : « Je viens d'avoir un rêve. Je te reverrai. Je le sais. Sous la cascade. ». Tel est la vision du héros principal, le jeune Kiyoaki, vision confiée à son ami Honda.
Hâte de découvrir les « chevaux échappés », deuxième tome de cette belle oeuvre.
Je viens d'avoir cette certitude. Je le lirai. Je le sais. Sous la lumière.
Astrid Shriqui Garain
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Neige de printemps, par Yukio Mishima. Premier des quatre volets du cycle nommé « La mer de la fertilité », au terme duquel Mishima mit fin à à ses jours par la manière traditionnelle, le seppuku, Neige de Printemps est une histoire d'amour contrariée sur fond de changement d'époque insensible, les résistances s'exprimant toujours vivement.
Enfants d'une aristocratie ancienne pour Satoko, et parvenue, riche et influente pour Kiyoaki, cette dernière établie dans les suites de la guerre russo-japonaise, les deux héros de cette histoire ont été élevés côte à côte, voire ensemble, peu avant la fin de l'ère Meiji (en 1912) dans les environs de Tokyio. Ils arrivent au terme de leur adolescence, Satoko chez elle, Kiyoaki au collège que fréquente aussi son ami Honda. Kiyoaki pense que Satoko est amoureuse de lui, ce qui le rend distant, par réaction. Lui que ses études n'intéressent pas - il n'a pas les ambitions que son père nourrit pour lui - il se contente d'être un (très) beau garçon, rêveur, passif, à la recherche d'un sens à sa vie, et s'amuse à jouer les indifférents vis-à-vis de son amie. Satoko est très belle aussi. Un peu plus âgée, légère, lumineuse, elle est plus libre. Bien sûr, son destin est de se marier.
Insidieuse et quelque peu provocatrice, elle demande à Kiyoaki ce qu'il ferait si elle quittait Tokyo. Flairant un piège, rageur, son coeur limpide tout troublé, Kiyoaki fomente une réponse écrite qu'il regrette aussitôt que son courrier est parti. Satoko qui n'est pas sensée la lire - à la demande de son ami -, la lit et n'en dit rien. Elle l'attire à lui et, sous la neige de printemps, dans un pousse-pousse, ils ont leur premier baiser, d'une grande sensualité. Quand il apprend qu'elle a lu la lettre, il se lance dans un grande et longue bouderie.
La vie continue pour elle : elle est sollicitée par un prince qui veut l'épouser. Kiyoaki et Satoko se retrouvent alors, ils s'aiment follement, mais c'est trop tard. Un drame se noue, prélude à une fin tragique.
Les prises de distance, les manipulations et les stratagèmes, les intrigues où interviennent la suivante de Satoko, Tadeshina, le précepteur de Kiyoaki, Iinuma, ou l'ami Honda, tout cela alimente, infiltre, conditionne la passion charnelle et spirituelle des deux amants. Sur fond d'un Japon bien peu permissif, encore moyenâgeux, notamment dans l'aristocratie où tout est affaire d'honneur - d'argent aussi - une telle idylle ne peut s'épanouir. Pourtant, en ce début d'ère Taisho, une évolution, formelle surtout, se dessine, timidement, soulignée sur plusieurs plans par l'auteur : habitât, habillement, musique, moeurs superficiels, maîtrise de l'anglais… Même si Mishima insiste beaucoup sur les aspects psychologiques des protagonistes du roman, le Japon est toujours là, il balance, encore très traditionnel, avec les légendes et les bases théoriques qui ont fondé le bouddhisme, les fêtes qui célèbrent la nature - jardins, floraison des cerisiers -, l'organisation hiérarchique des rapports humains, etc.
Thème classique (ou romantique), écrit dans un style classique, ”retraduit” en français (à partir d'une traduction américaine), Neige de printemps est une oeuvre magnifique. Bientôt le deuxième volet du cycle…
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Ce roman restera probablement l'une de mes plus belles lectures en rejoignant immédiatement les hauteurs quasi inaccessibles de Proust, Balzac ou quelques autres merveilleux stylistes de l'âme humaine.

L'univers de Mishima serait donc aride, désincarné, cérébral? Lisez Neige de Printemps et vous trouverez une histoire romantique, fiévreuse, mélancolique, bouleversante. Les descriptions de la nature, des lieux, des personnages et de leurs caractères sont d'une intelligence, d'une sensibilité et d'une profondeur comme je n'en avais pas lues depuis Proust. Il y a d'ailleurs bien des éléments de comparaison dans cette interaction entre les êtres et leur environnement, le portrait d'une société de castes qui n'est pas exempt d'humour, le caractère cyclique des obsessions amoureuses et esthétiques, les digressions métaphysiques, la quête d'un temps retrouvé... auxquels il ajoute forcément une tonalité typiquement japonaise, une sensualité digne des plus belles estampes érotiques, des réflexions sur le bouddhisme, la philosophie du droit, la métempsychose...

C'est l'histoire d'un amour condamné autant par les contraintes sociales que par les personnalités respectives des deux jeunes protagonistes, amis depuis l'enfance. On les accompagne dans leurs hésitations et leurs élans passionnels, leur résignation et leur souffrance. Et autour de ce duo d'amants maudits on trouve des témoins attentifs et plus ou moins bienveillants. Honda le fidèle ami de Kioyaki, loyal et rationnel, qui sera le personnage récurrent de la mer de la fertilité, Iinuma le précepteur attaché aux valeurs traditionnelles de la famille, Tadeshina le vieille suivante de Satoko qui intrigue pour le meilleur et pour le pire, les deux jeunes princes siamois venus étudier le japonais, les parents respectifs qui se plient aux exigences impériales ou tentent de préserver l'intérêt familial (formidable grand-mère!).

On sort de ce roman la tête pleine d'images somptueuses, de paysages enneigés, de jardins fleuris ou d'étendues marines (toute la séquence dans la résidence d'été au bord de l'océan est sublime). J'ai aimé l'hypersensibilité de Kiyoaki dont la beauté idéale entre en résonance avec la perfection de Satoko mais exclut toute véritable volonté adulte propre, la piété des princes siamois qui tombent à genou devant la sculpture du Bouddha et portent le deuil avec sagesse, l'amitié de Honda, l'intransigeance de l'abbesse du monastère de Gesshu, le sacrifice de Satoko...
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Splendide. Mais puisque Babelio impose 250 caractères minimum pour une critique, je vais ajouter : Fabuleux. Poétique. Fin. Métaphorique. Implacable. Occident vs traditions orientales. Accents Karamazoviens dans certains dialogues. Souffrance lente-croissante comme dans Under the Volcano de Lowry.
Beauté.s.
Et puis cette saleté d'Amour qui vous balaie s'il démarre sur un genre de jeu.
J'ignore encore si les tomes suivants de cette Mer de la fertilité sont aussi bons, mais après ça, on peut mourir, comme disait l'autre. Et Mishima s'est tué après avoir achevé sa tétralogie.
Mourir en beauté.
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Kiyoaki, jeune homme de la haute société, s'éprend de la jeune Satoko, qui est elle-même de haut lignage. Leurs amours sont contrariées...
Sur ce thème souvent abordé, Mishima offre un roman d'une beauté hautaine et singulière. Il n'est qu'à voir comment la relation de deux héros évolue au fil des saisons....Magnifique et cristallin.
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Mishima, le dernier samouraï ? le plus grand écrivain japonais (1925-1970), l'homme obsédé par la beauté, la rêverie, l'honneur et la mort qui se suicida à 45 ans selon le rituel seppuku, a écrit, au terme d'une oeuvre abondante, un cycle de quatre romans "La mer de la fertilité" dont "Neige de printemps" est le premier tome. D'après l'auteur, sa tétralogie contenait tout ce qu'il savait de la vie...

L'histoire est celle d'un jeune homme, Kiyoaki, sans doute assez proche de ce que fut le jeune Mishima ; fils du marquis Matsugae, c'est un personnage torturé, très compliqué, qui ne peut se contenter de ce qui pourrait simplement le rendre heureux ; il faudra qu'il perde tout ce qui fait sa vie pour qu'il se rende compte à quel point il y tenait.
Son père, aristocrate de date récente, voulant qu'il soit élevé de façon soignée et élégante, Kiyoaki a été confié petit à la famille Ayakura, une famille d'ancienne noblesse de cour ; Satoko, la fille unique des Ayakura, fut élevée avec lui, une soeur donc avant d'être son grand amour.

Dans un monde fastueux et riche, proche des princes impériaux et pétri de bonnes manières, le jeune homme et ses quelques amis partagent leur temps entre ennui, études et sports ; nonchalant, capricieux et orgueilleux, Kiyoaki souvent insatisfait, rêve d'absolu ; et ce sont justement des blessures d'orgueil, particulièrement douloureuses au moment de son passage à l'âge adulte, qui vont être la cause du drame terrible que vivront Kiyoaki et Satoko.

Écrivain extrêmement doué, Mishima décrit aussi admirablement les sentiments humains que les paysages, la mer en particulier et sa lumière ; il pointe à l'aide des mots les plus justes, les détails des comportements, des doutes, des pensées et en fait un tableau qui nous donne l'impression de connaître intimement les personnages ; nul, après cette lecture, ne pourra oublier le jeune héros Kiyoaki ni son amante la très belle Satoko.
Même les seconds "rôles" ont une présence tout à fait étonnante !

Des thèmes comme la réincarnation, le droit et la justice, les relations avec d'autres pays, visiblement chers à l'auteur sont abordés de façon sérieuse et approfondie qui donnent aux lecteurs des connaissances précises sur la vie au japon dans les années 1912, une période entre traditions et européanisation : "Kiyoaki avait observé ces rites maintes et maintes fois depuis sa petite enfance. Pas de crises incendiaires, pas de passions déchaînées. Sa mère savait exactement ce qui allait suivre. le marquis savait que sa femme savait. Sans rien laisser paraître, l'air innocent de toute connaissance préalable, ils se laissaient porter par le courant comme vont des brindilles entrelacées au fil de l'onde claireoù se reflètent l'azur du ciel et les nuages, jusqu'au plongeon inévitable à la crête des cascades." (p 52)

Histoire d'amitié - avec Honda plus raisonnable et très dévoué, et magnifique roman d'amour, "Neige de Printemps" est un livre extraordinaire, qui se révèle de plus en plus beau au fil de sa lecture ; une littérature superbe à découvrir ou à redécouvrir absolument.
Lien : https://www.les2bouquineuses..
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