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EAN : 9782021142105
252 pages
Seuil (13/03/2014)
3.68/5   33 notes
Résumé :
« J’étais très émue le jour de la rentrée en me trouvant en présence de cette quarantaine d’enfants de tous âges, dont les plus grands étaient presque des adolescents.

"Je remarquai leur attitude fière, parfois grave et je compris qu’ils ne s’en laisseraient pas conter ! (…) Ces enfants avaient souffert, étaient mûris avant l’âge. Jamais ils ne me dirent qu’ils étaient juifs : ils voulaient et savaient garder leur secret. »

Gabrielle Pe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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La volonté de Gabrielle Perrier, institutrice d’une classe d’enfants juifs réfugiés à Izieu en 1944 et déportés sur ordre de Klaus Barbie, était qu’on ne parle pas d’elle. Après le refus de cette dernière, l’historienne Dominique Missaka a souhaité malgré tout rendre hommage à cette femme qui, même si elle était en vacances lors de l’arrestation des enfants, a su s’occuper d’eux avec beaucoup de professionnalisme et gentillesse.

Si Gabrielle Perrier, qui sortira de l’anonymat à l’occasion du procès de Barbie en 1987, ne veut pas être le sujet du livre de Dominique Missaka, c’est qu’elle pense n’avoir joué aucun rôle et surtout qu’elle se culpabilise de n’avoir pas eu conscience du danger qui pesait sur les enfants, alors qu'elle savait qu'ils étaient juifs, même si à aucun moment ceux-ci ne lui ont dit.

Au Musée-mémorial des enfants d’Izieu créé à l’initiative de Sabine Zlatin, fondatrice avec son mari en 1943 de la colonie des Enfants d'Izieu, Simone Veil, le 6 juin 2010, a rendu un vibrant hommage à Gabrielle Périer disparue six mois plus tôt. Elle a mis aussi en garde les générations à venir : « Il ne suffit pas de ne pas oublier ».
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"A Izieu, en 1944, tout est quiet. C'est un village à l'écart des routes..."

Izieu, petite commune de l'Ain, lieu de mémoire tristement célèbre pour avoir vu partir vers les chambres à gaz, 44 enfants juifs et leurs moniteurs. Cette colonie d'enfants, ce havre de paix organisé pour leur survie aurait pu le rester, si le mauvais sort mené par Klaus Barbie, n'en avait pas décidé autrement.

En entamant ce livre, je me suis dit (de façon très incorrecte, je le conçois) que c'était un témoignage de plus sur l'effrayante période de l'occupation nazie. Sans chercher à établir l'échelle des horreurs subies, le recul nous a fait connaitre, comprendre et compatir. L'oubli est inacceptable.

Il me fallait donc des photos en complément des mots et de l'enquête minutieuse que Dominique Missika propose. Une recherche internet s'est imposée.

Photos des lieux, des témoins, comme cette institutrice si discrète, si sérieuse, pleine de foi en sa mission, aux valeurs de vie simples et inébranlables.
Le livre a donc pris plus de densité, dans sa dramaturgie allant crescendo, dans le portrait d'une femme, française "ordinaire" qui n'a jamais remis en question ce poste si "spécial" imposé par sa hiérarchie auprès d'enfants juifs. Toute jeune diplomée, elle restera six mois auprès d'eux, et sera l'adulte oublié de la rafle à double titre.
Elle en portera le poids de douleur toute sa vie et la culpabilité de ne pas avoir compris le contexte du drame à venir.
Ce n'est que lors du procès de Klaus Barbie en 1987, qu'elle deviendra un "témoin officiel", sortant de l'anonymat en acceptant d'évoquer cette période de sa vie et aidant à la reconstitution des faits.

Un livre-enquête fouillé et précis, en forme de docu-fiction car l'auteur n'a jamais pu rencontrer Gabrielle Perrier (décédée en 2010). Son talent journalistique et narratif permet une reconstitution minutieuse des faits, de l'enquête et du procès. On peut s'interroger sur la nécessité d'écriture concernant une personne ayant été si peu impliquée mais le portrait de cette femme invisible et honorable reste émouvant.

La maison des enfants d'Izieu est musée-mémorial depuis 1994. La liste des raflés de ce 6 avril 1944 est en fin d'ouvrage.
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Elle s'appelait Gabrielle Perrier, elle était institutrice. En octobre 1943 alors qu'elle a 21 ans elle est nommée à Izieu (Ain) pour faire la classe à 44 ans enfants âgés de 5 à 17 ans. C'est son premier poste. Ces enfants ont été accueillis dans la colonie d'Izieu, ils sont réfugiés mais personne ne dévoilera à l'institutrice qu'ils sont juifs. Au fond d'elle-même elle s'en doute, mais ne posera jamais de questions pour éviter de les trahir. Pendant six mois, Gabrielle Perrier va se dévouer pour instruire au mieux les jeunes écoliers, qui, dira-t-elle, étaient des enfants comme les autres, débordant de vie, mais attentifs, intelligents et doués.

Mais l'horreur va surgir, le jeudi 6 avril 1944. Sur ordre de Klaus Barbie, tous les enfants ainsi que leurs 7 moniteurs sont raflés par des soldats allemands, emmenés dans des camions. Direction Montluc, Lyon, Drancy, Auschwitz. Ils ne reviendront jamais.
C'était le début des vacances de Pâques. La veille de ce jour funeste, l'institutrice était rentrée chez ses parents, dans son village de Colomieu à une vingtaine de kilomètres d'Izieu. Sa vie va basculer et tout le reste de son existence elle portera le poids de la culpabilité de ne pas avoir été présente sur les lieux au moment du drame. Mais qu'aurait-elle pu faire contre cette barbarie ?

Gabrielle Perrier va se heurter à l'incompréhension de l'administration et va se refugier dans le silence et l'anonymat. Discrète, modeste, elle ne souhaitait pas se raconter ni devenir célèbre même après avoir témoigné au procès de Barbie à Lyon en 1987. Elle confiera à ses proches : "J'aspirais à une retraite paisible et bien anonyme... Mais la vie est ainsi faite. J'avais un peu l'impression d'être une célébrité." Et d'ajouter : "C'est vraiment là qu'il m'a fallu du courage pour affronter les journalistes".

En 2005 lors de la commémoration annuelle au mémorial d'Izieu, l'autrice, Dominique Missika, a tenté en vain d'approcher Gabrielle Perrier afin de recueillir ses témoignages, mais celle-ci a refusé tout net de lui parler ; elle préférait se taire et rester dans l'ombre, comme elle l'avait toujours fait. Elle est décédée en 2010 "emportant avec elle une part du drame."

Et pourtant, malgré tout, Dominique Missika par cette biographie, a tenu a rendre un hommage vibrant à l'institutrice d'Izieu. Pourquoi aller contre ses volontés ? Par devoir de mémoire, sans doute, afin qu'on n'oublie jamais les atrocités perpétrées par les nazis.

"L'institutrice est restée discrète, silencieuse, anonyme alors qu'elle incarne la noblesse d'âme, la dignité, la modestie. Sa vie, en apparence minuscule, brisée par L Histoire (...) symbolise les souffrances muettes de la guerre." Tels sont les mots de Dominique Missika.
Ne l'oublions jamais.

#Challenge illimité des Départements français en lectures (01 - Ain)

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Dans ce récit, l'historienne Dominique Missika rend justice à Gabrielle Perrier, institutrice des enfants juifs placés en résidence à Izieu en octobre 1943 par l'Oeuvre de Secours aux Enfants, l'OSE. Les enfants et leurs moniteurs sont raflés le 6 avril 1944 par des soldats allemands. L'institutrice, en congé au moment des faits, apprend le jour même l'enlèvement des enfants. Devant l'incompréhensible et l'impossibilité d'obtenir des informations, cette femme discrète et dévouée, gardera le silence et portera toute sa vie dans son coeur et sa mémoire le souvenir des enfants martyrs. Il faudra attendre le procès de Klaus Barbie en 1987 pour que son nom soit enfin connu et son témoignage entendu sur les enfants qu'elle a accompagnés pendant cette courte période. Ce récit nous fait prendre conscience que peu de Français avaient connaissance des exactions commises contre les Juifs à l'époque des faits. le procès de Klaus Barbie qui a bénéficié d'une grande couverture médiatique, a également permis de donner la parole aux survivants et de révéler au grand public la souffrance endurée par les victimes et leurs familles. Même si de nos jours le nombre de témoignages écrits ou de documentaires permettent de comprendre pleinement l'ampleur du drame, il n'en reste pas moins que la rafle des enfants d'Izieu nous replonge dans la réalité de cette période tragique.
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Je comprends la sorte de fascination qui a poussé l'auteur à enquêter sur cette institutrice, placée au coeur du drame de l'histoire par le plus grand des hasards et dont la discrétion et la modestie semblent si incongrus de nos jours, quand les projecteurs se braquent pour un rien sur le moindre anonyme en quête de lumière. Gabrielle Perrier n'a jamais recherché la lumière - pourquoi l'aurait-elle fait, elle n'avait rien d'une héroïne - tout en restant irrémédiablement marquée par le drame d'Izieu dont elle a longtemps enfoui les effets sous un silence digne.

Gabrielle Perrier était, à l'automne1943, une jeune institutrice de 22 ans, débutante et vacataire, surtout préoccupée de son prochain poste, espérant une titularisation ou au moins une mission de quelques mois au lieu des quelques semaines habituelles. Alors quand on lui propose un poste nouvellement créé mais un peu "inhabituel" qui pourrait l'occuper "jusqu'à la fin de la guerre", l'optimisme l'emporte sur les questions. Elle a entendu parler de cette colonie d'Izieu où sont hébergés des enfants de 5 à 17 ans séparés de leurs parents à cause de la guerre. On dit qu'ils sont juifs, mais quelle importance ? Pour Gabrielle, ce sont des enfants comme les autres et elle déploie des efforts importants pour tenter de pallier le manque de moyens attachés à son poste (pas de chauffage dans la salle de classe, pas de cartes de géographie ni de manuels, des fournitures prêtées par les écoles des communes voisines...). Seule avec ses questions, le soutien bienveillant du sous-préfet, de la directrice et de son mari, elle crée pendant quelques mois les conditions d'une vie scolaire normale pour ces enfants déjà marqués par le malheur et la cruauté. Jusqu'au 6 avril 1944.

Ce jour-là, les vacances de printemps viennent de débuter et Gabrielle est rentrée passer quelques jours chez ses parents ; elle n'assistera donc pas à la rafle qu'elle apprendra par une amie alors qu'elle se trouve sur le marché. Une chance, lui diront ses proches, car elle aurait été emmenée elle aussi. Mais pour Gabrielle, c'est le désarroi complet. On n'a jamais vu ça, une classe entière, 44 élèves qui disparaissent d'un coup... du fait de son absence, on l'ignorera, autant que sa douleur. Elle-même se tait car à quel titre se plaindrait-elle, elle n'est ni veuve de guerre ni mère éplorée... Aucun mot n'est prévu pour expliquer son état. Elle se taira donc et vivra, sans jamais trop s'éloigner d'Izieu, sans rater aucune cérémonie de commémoration, discrète, perdue dans l'assemblée. Jusqu'au procès de Klaus Barbie, plus de quarante ans après où son statut de témoin l'autorisera enfin à révéler son rôle, si tenu soit-il, dans l'histoire.

C'est un très bel et émouvant hommage que rend Dominique Missika à cette femme de l'ombre, morte en 2010, et qui aura mis des dizaines d'années à rassembler des éléments de compréhension du terrible drame qu'elle a vécu sans que personne n'y attache beaucoup d'importance. Elle méritait effectivement un petit peu de lumière.
Lien : http://motspourmots.over-blo..
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critiques presse (2)
Lexpress
30 juin 2014
L'institutrice Gabrielle Perrier-Tardy fit la classe aux enfants juifs réfugiés à Izieu pendant la Seconde guerre mondiale. L'historienne Dominique Missika lui rend aujourd'hui un émouvant hommage.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
27 mars 2014
Lumière sur une figure exemplaire, qui offrit à des enfants juifs, avant leur déportation, son écoute et sa passion de l'enseignement.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
- Mais tu ne sais donc pas? Les Allemands sont venus ce matin à Izieu et ils ont emmené toute la colonie! Des soldats sont encore là-bas, ils gardent la maison.
Gabrielle en a le souffle coupé. Elle pâlit sous le coup, considérant son amie avec stupeur on aurait dit qu'elle venait de lui donner un coup de poing.
- Je ne te crois pas.
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Résumé: Le 6 avril 1944, à Izieu, 44 enfants âgés de 4 à 17 ans et leurs 7 moniteurs sont raflés par des soldats allemands, sur ordre de Klaus Barbie. Gabrielle Perrier, leur institutrice de 21 ans, est absente pour les vacances. Ce jour-là, son monde s’effondre Elle se réfugiera dans le silence jusqu’au procès de Klaus Barbie, en 1987. Enfin, elle pourra porter le deuil de ses élèves morts à Auschwitz.Dominique Missika est écrivain et membre du comité scientifique du mémorial d’Izieu, présidé par Serge Klarsfeld. Elle fait ici...
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Il ne suffit pas de ne pas oublier.
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Videos de Dominique Missika (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dominique Missika
Dominique Missika présente son livre "Simone Veil. La cause des femmes et des enfants" publié chez Seuil.
Le 26 novembre 1974, Simone Veil monte à la tribune de l'Assemblée nationale pour défendre la loi légalisant l'interruption volontaire de grossesse. Elle entre dans la lumière. Elle n'en sortira plus. Par son courage et sa détermination, elle devient une icône que les Françaises ne cesseront de remercier. Toutefois, son engagement pour la cause des femmes ne commence ni ne finit avec cette bataille. le transfert en métropole des militantes du FLN détenues en Algérie, la réforme du droit de l'adoption, la promotion du travail des femmes sont autant de sujets qui la mobilisent en tant que haut fonctionnaire au ministère de la Justice. Puis, devenue ministre, elle améliore la protection des enfants, crée le statut d'assistante maternelle, aide les femmes à concilier travail et maternité, se bat pour les infirmières et les sages-femmes, etc. La parité sera l'un de ses chevaux de bataille. Son combat pour l'égalité réelle entre les hommes et les femmes se poursuivra, dans une étonnante continuité de conception et d'action. Profondément marquée par l'expérience concentrationnaire, Simone Veil, tout au long de sa vie, s'est appliquée à faire évoluer la société avec les armes de la loi, au nom de la justice. Grâce à de nombreux documents (brouillons de discours, notes, courriers officiels, rapports, articles de presse…), dont certains inédits, ce sont les propres mots de Simone Veil qui constituent le fil conducteur de ce livre. Il nous invite à mieux comprendre son action en faveur des femmes et des enfants, en France et dans le monde.
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