[…] la destruction réelle et complète de tous les modes d'exploitation de l'homme par l'homme suppose l'avènement de la démocratie économique dont le point de départ reste l'appropriation collective des grands moyens de production, d'investissement et d'échange. Aussi varié et changeant que soit le contenu des classes sociales que brasent continûment l'évolution des techniques et l'extension du savoir, le conflit entre la classe dirigeante et la masse des travailleurs reste plus que jamais d'actualité. On appartient à un camp ou à l'autre. Il n'y a pas de no man's land. Les principes inscrits en lettres d'or au fronton des bâtiments publics suffisent à la bonne conscience de beaucoup que trompe la fiction juridique de l'homme libre, esclave pourtant, sa vie durant, du milieu socio-culturel et des rapports de production auxquels sa classe le prédestine. Mais une poignée de privilégiés possède le pouvoir économique et par lui tous les autres, la démocratie politique recouvre une déplorable duperie et sous le masque d'institutions complaisantes s'exerce en France une dictature de classe non moins réelle que son homologue des pays de l'Est, même si ses manières sont plus raffinées et ses faux-semblants plus subtils.
Des réponses qu'apporteront les nations industrielles aux peuples du Tiers-Monde dépendent la misère et le progrès, la paix et la guerre ; de la capacité des hommes du monde entier à contrôler les phénomènes de la croissance, à planifier la production et la consommation des ressources démultipliées par la science dépendent la vie et la mort de l'espèce. Le choix est là. Il serait temps de s'en occuper.
Vidéo de François Mitterrand