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EAN : 9781160154024
44 pages
Kessinger Publishing (30/11/-1)
3.5/5   27 notes
Résumé :
Deux jeunes gens, Éraste et Valère, courtisent la fille d'Albert, Lucile, dont le cœur penche vers Éraste. Ce dernier apprend de Mascarille, le valet de son rival, que, depuis trois jours, Lucile et Valère se sont mariés. Dans sa fureur, Éraste charge Marinette, la servante de Lucile, d'annoncer à sa maîtresse que leur relation est finie. Gros-René, le valet d'Éraste, se brouille également avec Marinette. S'ensuit un véritable dépit amoureux. Mais c’est seulement à ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Le succès de l'Etourdi, sa première pièce en cinq actes, encourage Molière à devenir un comédien-auteur. Sa deuxième grande pièce, le dépit amoureux est ainsi créée à Béziers sans doute vers la fin de l'année 1656. Molière s'inspire encore du théâtre italien, et plus précisément de L'interesse de Nicolo Secchi, une oeuvre dans la veine de la comédie à l'imbroglio sentimental.

Un jeune homme, Eraste est amoureux de Lucile, la fille d'Albert. La jeune fille ne lui cache pas qu'elle l'aime aussi et le pousse à la demander en mariage à son père. Mais Lucile a un autre soupirant, Valère. Elle ne l'aime pas, mais il est aimé par Ascagne, censé être le frère de Lucile. Mais c'est en réalité une jeune fille déguisée en jeune homme, à cause d'un héritage, qui ne pouvait échoir qu'à un garçon. Ascagne, en se faisant passer pour Lucile, épouse Valère, qui laisse entendre son succès auprès d'Eraste, ce qui provoque une brouille de ce dernier avec Lucile. le valet de Valère révèle le mariage à Albert pour faire avancer l'affaire, mais Lucile réfute énergiquement. L'imbroglio finira par être éclairci, et les deux couples pourront convoler.

C'est un théâtre qui reste dans les conventions de la comédie de l'époque : des déguisements, des enfants cachés, des mariages secrets, des amoureux qui se brouillent et se réconcilient. C'est par moments étincelant, comme la scène de la dispute et de la réconciliation, d'abord entre Eraste et Lucile, puis entre le valet et la soubrette, mais cela reste encore peu original, un peu impersonnel, il y a quelques longueurs dans les explications des divers déguisements, leurs raisons. Les premières gammes d'un futur grand auteur, qui apprend à maîtriser les codes de l'époque, avant de passer à autre chose.

La pièce a eu du succès, et avec l'Etourdi, elle a permis à la troupe de Molière de trouver sa place sur la scène parisienne. En effet, dès 1658, Madeleine Béjart signe un contrat de location de la salle du théâtre du Marais qui se trouve vacante pour plusieurs mois. Certaines troupes de campagnes venaient ainsi passer quelques temps à Paris, sans s'installer durablement.

Mais la chance se manifeste : la troupe se voit proposer de devenir la troupe officielle de Philippe, le frère de Louis XIV. Nombre de princes entretenaient une troupe de comédiens, le frère unique du roi se devait aussi d'en avoir une. La proposition montre à quel point Molière avait su s'imposer sur la scène théâtrale française. La protection princière devait se traduire par une pension, qui semble n'avoir jamais été versée, mais surtout par la mise à disposition gratuite d'une salle, celle du Petit-Bourbon, qui possédait des machineries et des réserves de décor remarquables. Cette salle était déjà utilisée par la troupe des comédiens italiens, qui jouaient les « jours ordinaires de comédie » c'est à dire les mardi, vendredi et dimanche. La troupe de Molière a donc du se contenter des « jours extraordinaires », qui en principe attiraient moins de public.

La troupe débute avec des tragédies, genre le plus noble, avec peu de succès, ce qui va imposer l'idée que les comédiens de Molière n'excellent pas dans le tragique. Mais les comédies de Molière, L'Etourdi et le dépit amoureux remplissent la salle, et lancent la compagnie. L'immense triomphe des Précieuses ridicules quelques mois plus tard va en faire une troupe à la mode.
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Eraste aime Lucile. le valet d'Eraste, Gros-René, aime la suivante de Lucile, Marinette. Cette dernière parle à Eraste un message de sa maîtresse, qui l'assure de tout son amour, et le pousse à la demander en mariage au plus vite. Dans la foulée, Gros-René demande à Marinette si elle veut devenir sa femme. Tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes si quelques minutes plus tard Eraste n'apprenait que Valère, son rival, avait épousé Lucile il y a trois jours déjà. Furieux d'avoir été ainsi abusés, les deux hommes se jurent de ne plus jamais faire confiance aux femmes, et envoient leur aimée au diable.

Cependant, Valère n'a pas épousé Lucile, comme il le croit, mais sa soeur. Celle-ci doit se déguiser en homme pour conserver un important héritage dans la famille. Elle est tombée amoureuse de Valère, et en a fait son époux à la faveur de l'obscurité.

Si je n'étais pas très emballé par les premières scènes, j'ai rapidement changé d'avis ensuite. L'intrigue est complexe, mais la pièce est très vivante et dynamique, les répliques fusent, et les situations sont cocasses : le savant qui proclame pendant cinq minutes qu'il se tait en coupant systématiquement la parole de celui qu'il est sensé écouté, les deux amants qui se menacent à n'en plus finir de se quitter sur-le-champ sans bouger d'un pouce, ... Un bon moment de plaisir !
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Une des premières pièces de théâtre de Molière en tant qu'écrivain, qui s'inscrit dans la dramaturgie de ce milieu du XVII ème siècle, tout en annonçant par moment un futur maître.
On retrouve donc des pères qui veulent marier leurs enfants, des jeunes couples qui se disputent et se réconcilient, des valets impertinents mais peureux... Evoquant la comedia dell arte, les personnages de la Rapière, un matamore classique, fanfaron en parole mais peu actif dans le combat, et un Pédant qui ne fait que discourir, apportent des touches comiques mais sans subtilité, sans approfondissement, puisqu'ils ne sont là chacun que pour une scène. La fin peut apparaître comme un deus ex machina, d'autant que le dénouement se fait hors-scène. le retournement des sentiments de Valère semble bien rapide.
Dommage, avec un regard contemporain, sensibilisée au questions du genre, j'aurais aimé en savoir plus sur Ascagne, déguisée en homme pour une histoire d'héritage, mais dont les feux amoureux trahissent le sexe. le travestissement n'est là que pour un effet comique, mais il ne sert pas à caractériser le personnage qui est assez effacé.
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Comédie en cinq actes et en vers, le dépit amoureux nous conte une rivalité sentimentale entre Éraste et Valère qui se déchirent le coeur de la belle Lucile, tandis que leurs valets respectifs Gros-René et Mascarille lorgnent, eux, sur les appâts de l'accorte Marinette. Tout finira évidemment par s'arranger pour chacun des jeunes amants.

Le noeud (?) de la pièce repose sur une énormité : pour une obscure affaire d'héritage, un changement de sexe a transformé la charmante Dorothée en un sémillant jeune garçon. le bel Ascagne cache donc, depuis son enfance, de doux attributs féminins sous l'équipage viril d'un jeune gandin !

Si les tournures classiques ne rendent pas toujours aisée la lecture de cette pièce proche de la commedia dell'arte, les quiproquos et autres équivoques qui la ponctuent réjouissent le lecteur. Molière joue de double-sens salaces et d'ambiguïtés gentiment libidineuses ce qui conserve à sa farce une fraîcheur contemporaine.

“Il est si doux de vivre ! On ne meurt qu'une fois et c'est pour si longtemps !…” alors (re)lisons le dépit amoureux.

Rappel : le théâtre ne s'estime qu'à l'épreuve de la scène. Jugement personnel qui m'interdit souvent de jouir de la lecture d'une pièce. M'y manquent la couleur d'un timbre de voix, la chaleur d'une présence, la vision d'un prophète, le metteur en scène.
Lien : https://lavieerrante.over-bl..
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Encore une fois, que dire de ces pièces toutes aussi drôles les unes que les autres ?

Le dépit amoureux est peut-être un peu moins drôle que d'autres pièces mais il faut bien en avoir des préférés.

J'ai tout de même vraiment beaucoup aimé la lecture de cette pièce qui, comme les autres, est parfaite du début à la fin.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Métaphraste
Ha ! sans doute
Vous serez satisfait, s'il ne tient qu'à cela :
Je me tais.

Albert
Vous ferez sagement.

Métaphraste
Me voilà
Tout prêt de vous ouïr.

Albert
Tant mieux.

Métaphraste
Que je trépasse,
Si je dis plus mot.

Albert
Dieu vous en fasse la grâce.

Métaphraste
Vous n'accuserez point mon caquet désormais.

Albert
Ainsi soit−il.

Métaphraste
Parlez quand vous voudrez.

Albert
J'y vais.

Métaphraste
Et n'appréhendez plus l'interruption nôtre.

Albert
C'est assez dit.

Métaphraste
Je suis exact plus qu'aucun autre.

Albert
Je le crois.

Métaphraste
J'ai promis que je ne dirois rien.

Albert
Suffit.

Métaphraste
Dès à présent je suis muet.

Albert
Fort bien.

Métaphraste
Parlez, courage ! au moins, je vous donne audience ;
Vous ne vous plaindrez pas de mon peu de silence :
Je ne desserre pas la bouche seulement.

Albert
Le traître !

Métaphraste
Mais, de grâce, achevez vitement :
Depuis longtemps j'écoute ; il est bien raisonnable
Que je parle à mon tour.
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D'où vient fort à propos cette sentence expresse
D'un philosophe : " parle, afin qu'on te connaisse. "
Donc, si de parler le pouvoir m'est ôté,
Pour moi, j'aime autant perdre aussi l'humanité,
Et changer mon essence en celle d'une bête.
Me voilà pour huit jours avec un mal de tête.
Oh ! Que les grands parleurs sont par moi détestés !
Mais quoi ? Si les savants ne sont point écoutés,
Si l'on veut que toujours ils aient la bouche close,
Il faut donc renverser l'ordre de chaque chose ;
Que les poules dans peu dévorent les renards,
Que les jeunes enfants remontrent aux vieillards,
Qu'à poursuivre les loups les agnelets s'ébattent,
Qu'un fou fasse les lois, que les femmes combattent,
Que par les criminels les juges soient jugés
Et par les écoliers les maîtres fustigés,
Que le malade au sain présente le remède,
Que le lièvre craintif... Miséricorde ! à l'aide !
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Albert
Et nonobstant cela, qu'on me coupe une oreille,
Si tu portes fort loin une audace pareille !

Mascarille
Voulez−vous deux témoins qui me justifieront ?

Albert
Veux−tu deux de mes gens qui te bâtonneront ?

Mascarille
Leur rapport doit au mien donner toute créance.

Albert
Leurs bras peuvent du mien réparer l'impuissance.

Mascarille
Je vous dis que Lucile agit par honte ainsi.

Albert
Je te dis que j'aurai raison de tout ceci.

Mascarille
Connoissez−vous Ormin, ce gros notaire habile ?

Albert
Connois−tu bien Grimpant, le bourreau de la ville ?

Mascarille
Et Simon le tailleur, jadis si recherché ?

Albert
Et la potence mise au milieu du marché ?

Mascarille
Vous verrez confirmer par eux cet hyménée.

Albert
Tu verras achever par eux ta destinée.

Mascarille
Ce sont eux qu'ils ont pris pour témoins de leur foi.

Albert
Ce sont eux qui dans peu me vengeront de toi.

Mascarille
Et ces yeux les ont vus s'entre−donner parole.

Albert
Et ces yeux te verront faire la cabriole.
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A table comptez-moi, si vous voulez, pour quatre;
Mais comptez moi pour rien s'il s'agit de se battre.
Enfin, si l'autre monde a des charmes pour vous,
Pour moi, je trouve l'air de celui-ci fort doux;
Je n'ai pas grande faim de mort ni de blessure.
Et vous ferez le sot tout seul, je vous assure.
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GROS RENÉ
Un hymen qu'on souhaite,
Entre gens comme nous, est chose bientôt faite.
Je te veux ; me veux-tu de même ?

MARINETTE
Avec plaisir.

GROS RENÉ
Touche, il suffit.

MARINETTE
Adieu, Gros-René, mon désir.

GROS RENÉ
Adieu, mon astre.

MARINETTE
Adieu, beau tison de ma flamme.

GROS RENÉ
Adieu, chère comète, arc-en-ciel de mon âme.
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Vidéo de  Molière
MOLIÈRE – Variations sur les fêtes royales, par Michel Butor (Genève, 1991) Six cours, parfois coupés et de qualité sonore assez passable, donnés par Michel Butor à l’Université de Genève en 1991.
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