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3,88

sur 2495 notes
Qui peut croire que l'auteur du Médecin malgré lui, de l'étourdi ou de la jalousie du Barbouillé ait pu écrire ce chef d'oeuvre qu'est le Misanthrope ?
Et pourtant !
Si j'aime tant cette pièce, à la relire plusieurs fois, si souvent, c'est, je crois, parce que je m'assimile assez à cet esprit « contrariant » dont parle Célimène à propos d'Alceste.
« Et que Parfois il me prend des mouvements soudains
de fuir dans le désert l'approche des humains. »
J'ai d'ailleurs toujours entendu en Alceste, l'ascète dont c'est la parfaite anagramme à cela près que le retrait du monde qu'il désire s'imposer n'a rien de pieux. Célimène, c'est l'hymen, qu'Alceste désire tout autant, attirance des opposés. Rouerie contre sincérité.
Le personnage est un total paradoxe dans une société royale où tout n'est que duplicité et art de plaire, où règnent les courtisans les plus vils. En cela, il ramènerait presque à une sorte d'attitude janséniste et il est bien possible que Molière ait encore voulu moquer cette raideur hypocrite comme il le fit dans son Tartuffe.
Pourtant, même si l'on comprend qu'il y a en lui une sorte de folie à vouloir se croire seul honnête face au monde, Alceste reste aussi attachant que peuvent l'être ses frères Don Quichotte ou Cyrano.
C'est donc une pièce qui nous offre bien des axes de réflexions avec une très grande intelligence psychologique qu'ont admiré nos modernes psychanalystes. Mais c'est aussi, une oeuvre magnifiquement écrite et versifiée.
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Quant Alceste, homme droit, loyal, intègre tombe amoureux de Célimène, jeune femme totalement hypocrite et superficielle, leurs relations ne s'annoncent pas de tout repos !
A force de courtiser et d'accueillir favorablement tous ses courtisans, la belle se retrouve seule !
Une très jolie pièce sur les faux semblants et les habitudes (si actuelles) de nos sociétés à ne jamais dire ce qu'on pense, à toujours être lisse et charmant.
Et comme lors de la lecture des pièces de Shakespeare, je ressens le besoin de lire le texte à haute voix, la magie des mots semble encore mieux opérer !
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Comme toujours avec Molière, lire cette pièce n'est qu'un pis-aller : il faut la voir et l'entendre, elle est faite pour cela, et c'est la seule condition pour que l'on sente son actualité. Actualité ? Certes, pour nous qui vivons à une époque où le slogan "venez comme vous êtes" est sur toutes les bouches, où la grande affaire est de s'exprimer et non de se faire comprendre, où rien n'est plus prisé que le naturel, l'absence d'artifice, à savoir le mépris total pour ce que les autres éprouvent à notre vue et en notre présence. Notre époque à twitters et à télé-réalité développe magnifiquement toute l'agressivité et tout le ridicule de "l'authentique" Alceste, qui veut que l'on soit soi-même à toute heure du jour. Mais notre époque ne nous donne aucune occasion de rire de cette transparence obligatoire. Seul le théâtre le peut : il ouvre dans la grande comédie sociale de l'authenticité, de la sincérité, un espace neutre où les acteurs, faisant semblant d'être ce qu'ils ne sont pas, donnent à l'esprit de droit de prendre un peu de distance.
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Epris de la mondaine Célimène, Alceste se pose en parangon vertueux, rêvant de pourfendre l'hypocrisie et les compromissions. Mais il est aride et ardu le chemin de la pure bonne foi, qu'on vive au siècle du Roi Soleil ou dans notre XXIème siècle. En cela, le message de Molière reste universel et intemporel.

Alceste, toujours entre deux procès, qu'il perd, me semble un bon mélange de Don Quichotte et de Cyrano de Bergerac. Son ami a beau lui prêcher l'art des compromis sans la compromission, que nenni!
Avec le recul (pièce lue en première voici déjà un certain nombre d'années), j'éprouve beaucoup de pitié pour ce pauvre bougre tiraillé entre sa moral et ses principes implacables et son amour pour la belle Célimène, amour mettant à mal lesdits principes.
Pourtant, devant la bêtise et l'hypocrisie, il me prend aussi "parfois des mouvements soudains,/D'aller fuir dans un désir l'approche des humains". Au moins le temps de recharger les batteries!
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Molière - 1666

Encore une fois, ici, je ne fais part que de mon plaisir de la lecture et non de la qualité de l'oeuvre.

Pour cette pièce, j'ai plus trouvé de l'ennui que de la plénitude. le thème abordé de l'hypocrisie des hommes, notamment ceux de la Cour, ne m'a pas plus émue que cela.

Il est vrai aussi que le texte est difficile à lire car c'est tout de même une écriture d'un ancien temps. J'avais une édition des années 60 donc la pagination et les commentaires pour mieux comprendre l'oeuvre n'ont pas non plus joué en sa faveur.

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Je ne comprends pas toujours l'idolâtrie pour Molière, qui fait se pâmer sans nuance certains comme lorsque, motivés par je-ne-sais quelle enflure de la langue, ils se mettent à bramer « Chtendhaaal ! Oh, Chtendhaaal ! », au risque de brutalement réveiller, par leurs exultations forcées, ce pauvre Henri Beyle de son éternel sommeil bien mérité.
Pourtant, j'aime beaucoup L'Avare, savoureuse farce qui pointe si finement nos travers atemporels. Mais de là à brailler d'extase, il y a loin. Les goûts et les couleurs, me direz-vous ! (Phrase, soit dit en passant, aussi « intelligente» que : « Il n'y a pas de mots. » Dans ce cas, allons gratter la terre pour trouver des glands : ça au moins on pourra le faire sans goût, ni mots !)
Cependant, il est des pièces de maître Poquelin que je considère – dans mon ignorance inachevée ! – comme de purs joyaux de la langue française, dont ce Misanthrope, délectation littéraire aux vertus indéniablement apaisantes dans un monde où Twitter, ce sanctuaire de l'illettrisme conquérant, est devenu le mètre étalon de l'écriture.
Certes, la fausseté du monde en prend pour son grade, mais ce n'est pas la critique à peine déguisée de la cour asservie par un roi égotique qui retient mon attention. C'est avant tout la musique du texte. Ni trop, ni pas assez : la justesse impeccable.
Ce ne sont pas non plus les contradictions d'Alceste, « l'Atrabilaire amoureux », se défiant de la mauvaise comédie humaine tout en s'amourachant de la frivole Célimène ; ni non plus le bellâtre Oronte à la versification laborieuse ; ou encore le conciliateur Philinte, qui me font considérer cette pièce comme une colonne majeure de notre cathédrale littéraire – voilà que je fais du style ! C'est bien l'excellence textuelle, où s'exprime déjà un romantisme exacerbé que ne renierait pas Musset :
« Plus on aime quelqu'un, moins il faut qu'on le flatte;
À ne rien pardonner, le pur amour éclate. »
Et pour ce Misanthrope au moins, je me rallie humblement à l'avis de Sainte-Beuve qui écrivait :
« Aimer et chérir Molière, c'est être antipathique à toute matière dans le langage et dans l'expression ; c'est ne pas s'amuser et s'attarder aux grâces mignardes, aux finesses cherchées, aux coups de pinceau léchés, au marivaudage en aucun genre, au style miroitant et artificiel. »
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Je n'aime pas toujours lire Molière : les ficelle de ses comédies, efficaces au théâtre, sont parfois un peu trop grosses à la lecture. Qu'allait donc m'apporter une deuxième lecture, 23 ans après une première lecture au lycée dont je me souvenais assez bien et qui m'avait plu sans pour autant me passionner ?

Ce fut un éblouissement. Molière déploie une langue magnifique, ciselée, en même temps qu'il dénonce les dangers d'un tel raffinement. La scène des portraits n'est pas seulement l'illustration de la médisance dans la bonne société : c'est la démonstration de la façon dont y conduit le goût du trait spirituel et du beau langage.
J'ai aimé aussi la complexité des personnages, qui pour la plupart ne se laissent pas résumer à de simples types. Même Arsinoé, qui cache mal son dépit amoureux, est assez touchante. Quant aux personnages principaux, derrière l'inflexible partisan de l'entière sincérité qu'est Alceste se cache un amant tyrannique, à l'amour-propre démesuré (« Je veux qu'on me distingue ») ; Célimène est plus qu'une coquette, sa liberté est assez admirable, et elle ne manque pas de dignité dans l'isolement cruel qui est le sien. L'on sent d'ailleurs que sa punition n'a rien à voir avec la justice – parallèlement, Alceste perd d'ailleurs son procès – mais c'est plutôt la façon dont la société se donne une bonne conscience en faisant d'elle un bouc-émissaire car sa conduite a révélé l'hypocrisie du jeu social.

Au final, un Misanthrope sans illusion sur la comédie humaine mais plein d'humanité.

[J'ai lu la pièce dans l'édition de Jacques Chupeau dans la collection Folio théâtre. J'ai beaucoup aimé sa préface, éclairante et bien écrite.]
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Je garderai toujours une place particulière dans ma mémoire comme dans mes sentiments pour "le Misanthrope" de Molière, peut-être parce que j'aime les oeuvres de Rousseau qui adorait cette pièce plus que toute autre parmi les pièces de Molière.
"Le Misanthrope" n'est pas la comédie la plus drôle que Molière ait écrite, encore que le passage où Alceste dit sincèrement à un auteur que son sonnet est bon pour le cabinet reste encore d'actualité. Mais c'est une pièce qui vaut pour la peinture de son caractère principal, cet atrabilaire doué de sentiments, Romantique exilé parmi les classiques et amoureux d'une coquette. Chaque metteur en scène interprétera différemment la partition molieresque. Mais il sera difficile de condamner totalement Alceste, et pourtant...
Actuellement, au début du 21e siècle, où Célimène et Philinte triomphent, Alceste est une figure qui semble passéiste. "Le spleen n'est plus à la mode." C'est en cela que "le Misanthrope" reste définitivement une oeuvre de génie, car le chef-d'oeuvre est justement ce qui nous fait réfléchir par delà les modes et par delà les siècles. Qu'est-ce que le Misanthrope sinon celui qui fustige la célébration futile mais pleine de grâce de l'éphémère ?
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Avec le Misanthrope en vers de douze pieds
Molière nous dit avec verve et pieds de nez

Tout le mal qu'il pense de nos défauts et piques
De nos beaux discours amoureux et politiques

Ami ne" lache aucun mot qui ne parte du coeur"
reste de ton temps et n'apporte aucun malheur !
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Dans cette comédie de caractères et de moeurs, Molière (directeur d'une troupe, auteur dramatique et comédien du XVII° siècle) dresse un portrait caricatural (tout comme dans Tartuffe, le malade imaginaire...) celui d'Alceste, un misanthrope (celui qui hait les autres).
Egoïste, colérique, médisant,contradictoire,conflictuel asocial, il s'insurge contre l'hypocrisie et la corruption mais sa vision des choses trop absolue la poussera à vivre dans "un endroit écarté de tous".
Molière l'étudie au centre d'une farce qui met en scène la "coquette" et infidèle Célimène dont il est amoureux, son ami et conseiller Philinte plus réaliste que lui ainsi que différents rivaux et rivales.
Cette pièce de théâtre classique, bien qu'un brin démodée de par sa versification, parle d'amour,d'amitié, de recherche du bonheur, de couple et de communication.
L'un des points essentiels pour qu'une union persiste n'est-il pas de regarder ensemble dans la même direction? Celle d'Alceste contre les apparences et de Célimène qui ne vit que pour les apparences est donc vouée à l'échec.
Le misanthrope:une comédie humaine toujours d'actualité!
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