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sur 3163 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je viens de lire le Tartuffe de Molière qui est au programme des cours auxquels j'assiste à la fac. Je n'avais pas relu Molière depuis mes années lycée, il y a cinquante ans. Quel plaisir… Je vous accorde que c'est fait pour être vu et pas seulement lu mais j'ai imaginé assez facilement les jeux de scènes possibles tout au long la pièce. Et quel sens de la scène justement! A la manière dont Dorine interrompt sans cesse Orgon lorsqu'il veut obliger sa fille à épouser Tartuffe répondent les interruptions du même Orgon qui ne veut rien entendre de ce que dit son fils. La passion est aveugle et Orgon s'est véritablement pris de passion pour Tartuffe, "le pauvre homme".

Cette comédie est un peu étrange car elle manque de peu de tourner au drame au Ve acte. Jusque-là Orgon avait régenté sa famille avec la toute-puissance d'un pater familias de l'époque. La chute est à la mesure de son aveuglement et il s'en faut de peu (un deus ex machina/le roi) qu'ils ne se retrouvent tous à la rue. J'avais le souvenir d'un déséquilibre qui, de la farce du cocu ou du vieux barbon qui empêche le mariage des jeunes, nous faisait soudainement passer au drame, avec un Tartuffe qui devenait le "grand méchant absolu". En fait, les circonstances s'enchaînent et ce n'est que lorsque Tartuffe a tous les atouts en mains (donation d'Orgon) qu'il se révèle dans toute sa noirceur. Psychologiquement, ça se tient.

On comprend que tous les dévots de France et de Navarre, vrais et faux, se soient ralliés pour faire interdire la pièce. La charge est énorme - à la mesure de la puissance du parti dévot sans doute. Il faut plusieurs années et interventions royales pour qu'elle puisse être jouée librement. Finalement, il a existé en France un équivalent catholique des Puritains protestants, qui condamnaient tout plaisir - et le théâtre en particulier.

Sur ce, je vais de ce pas chercher une représentation du Tartuffe qui me mette le sourire aux lèvres.
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Cette pièce, 2 fois interdite sous la pression des dévots qui craignent qu'on doute de leur foi et qui de toute façon n'aiment pas le milieu du théâtre, est d'un modernisme époustouflant. Molière dénonce le zèle aveugle proche du fanatisme de la religion et surtout de tous les faux dévots, manipulateurs de tous poils, hommes sans scrupules, qui se jouent des naïfs comme Orgon et sa mère.
Heureusement, les autres membres de la famille gardent leur lucidité.
Malheureusement, le père détient l'autorité suprême et peut décider n'importe quoi sans rendre de compte, le mariage de Tartuffe avec sa fille Marianne par exemple. Il sera dur de lui faire entendre raison. Sa femme Elmire le convaincra de se cacher afin de découvrir la duplicité de son "ami".
Molière avait l'appui du roi. C'est donc grâce au roi que la pièce aura un dénouement heureux.
Je me suis régalée en lisant à voix haute des extraits de la pièce. Charmée par la musicalité des vers et l'emploi de mots vieillots et/ou ayant changé de sens, je crois que je vais relire du Molière dans très peu de temps
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J'aurai adoré faire partie de la jeune cour du roi-soleil en 1664: pour la robe que j'aurais portée, pour les Plaisirs de l'île enchantée, pour le buffet... et parce que j'aurais pu assister à la toute première représentation de" le Tartuffe" (et serrer la main de Molière!)
Pas dans la version que nous connaissons aujourd'hui, mais dans sa toute première mouture, celle qui sera censurée et interdite après une seule et unique représentation le 12 mai 1664. Celle que nous ne connaîtrons jamais et dont le texte a été partiellement perdue. C'est que Louis XIV, roi de la très pieuse fille aînée de l'Eglise ne pouvait décemment pas laisser se jouer une pièce qui se moquait de l'Eglise et risquait de saper furieusement l'autorité de cette dernière, déjà affaiblie par des dissensions. Entre jansénisme et jésuitisme, le torchon brûle!
Molière aura beau se défendre et défendre sa pièce dans un placet devenu célèbre, il n'aura d'autre choix que de la remanier pour espérer pouvoir la faire représenter à nouveau.
"Tartuffe ou l'hypocrite" devient "Tartuffe ou l'imposteur": version reconstruite, réécrite, réaménagée et sans doute adoucie et attiédie pour être acceptable par le pouvoir et l'Eglise.
Il faudra attendre 1669 pour que "Le Tartuffe" puisse être joué à nouveau devant un public qui ne boude pas son plaisir et lui fasse un triomphe, à faire pâlir les plus noires soutanes. Et il y a de quoi applaudir à cette comédie aussi réjouissante qu'intelligente. Aujourd'hui, on dirait engagée, et aujourd'hui encore "Le Tartuffe" reste d'une éclatante, d'une réjouissante modernité.
Orgon est un homme de cour tout gonflé de sa propre importance mais un rien candide. Lui et sa mère -Madame Pernelle- tombent sous la coupe de l'onctueux Tartuffe, un faux dévot qui s'insinue tant et si bien dans leurs bonnes grâces à grandes rasades de dévotion qu'ils en font leur directeur de conscience. Peu-à-peu, Tartuffe se coule dans le foyer d'Orgon et entreprend de le régenter. Au passage, il se fait offrir en mariage la fille de son hôte (Mais Mariane est déjà promise au beau Valère!) et tente de séduire sa jeune et jolie épouse. C'est sans compter sur la finesse de cette dernière qui a flairé l'hypocrisie et qui n'entend pas rester sans rien faire pendant que le faux dévot tente de plumer son mari. Heureusement qu'elle est là Elmire: seul personnage intelligent dans cette famille d'imbéciles dont le chef se met si obstinément à la botte d'un dévot-gourou de pacotille!
Les personnages sont savoureux, les répliques fusent, l'intrigue file à toute vitesse et on rit, on frémit, on rit encore!
"Le Tartuffe" réunit toutes (où une bonne part) des qualités de Molière: on y trouve les classiques quiproquos parfois poussifs, le comique de gestes et de situations employés presque à outrance -comme en souvenir des grandes heures du Médecin malgré lui- qui demeurent efficaces et qui me font toujours rire même si ce n'est pas à gorge déployée (quoique!).
On y dégote aussi -ce que j'adore- l'intelligence, la clairvoyance des traits décochés avec une précision folle, le sarcasme, les pointes, le second degré qui touchent exactement là où ça fait mal.
Avec "Le Tartuffe", Molière se fait le pourfendeur de l'hypocrisie, mal encore bien plus que répandu, et nous prouve qu'il est encore bien d'actualité. Des Molière, il en faudrait un par siècle!
Et cette hypocrisie qu'il pourfend, il le fait avec brio, avec humour, avec grandeur et panache. Avec engagement. Et tant pis pour les rageux.
Et, c'est cadeau, il le fait dans le velours de la langue classique et dans la bonne humeur.
Merci donc, Monsieur Molière pour ce chef d'oeuvre.

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Cette fois-ci c'est au tour de Zinédine (seconde) à devoir travailler sur une pièce de Molière "Tartuffe".

Nous étudierons ensemble l'intrigue et nous analyserons cette comédie…
Un faux dévot Tartuffe a réussi à s'incruster chez le pieux Orgon qui l'a choisi comme directeur de conscience. Orgon est frappé de cécité : il a une confiance absolue en Tartuffe ce dévot « admirable », il s'en remet à lui pour gérer les moindres détails de sa vie quotidienne et , bien sûr, ne décèle pas les manoeuvres fallacieuses de cet imposteur, ce fourbe qui, petit à petit, tend ses rets pour s'accaparer de la fortune d'Orgon, obtenir la main de sa fille Mariane (elle, en aime un autre, bien entendu, Valère) poursuivre de ses assiduités sa seconde épouse, la charmante Elmire qu'il a bien l'intention de mettre dans son lit !
Tartuffe fait régner une tyrannie impitoyable dans le foyer. C'est ainsi qu' il interdit toute visite prétextant que les dépenses engagées par la belle Elmire portent gravement préjudice au salut des âmes de la maisonnée.
Orgon déshérite son fils Damis venu lui annoncer cette attitude trompeuse . Il en profite pour lèguer à Tartuffe toute sa richesse.
C'est une fois de plus une servante ( comme dans de nombreuses comédies de Molière) Dorine, qui va sauver la situation en mettant en place un stratagème .
Tartuffe est enfin démasqué, il est renvoyé mais cet homme machiavélique , c'est le diable incarné, va se servir d'une cassette compromettante, appartenant à Argas qui était détenue par Orgon, qu'il a dérobée pour le faire accuser en tant que comploteur.
Mais la justice terrestre existe et Tartuffe va enfin payer pour toutes ses tromperies et malveillances.

Mais au-delà de ce travail je m'attacherai à approfondir ses connaissances en histoire en lui parlant de la Fronde, (la cassette dérobée par Tartuffe contient des documents appartenant à un homme ayant comploté pendant cet épisode historique) . Cette période de troubles graves , intervenue pendant la minorité de Louis XIV a eu, de toutes évidences, des conséquences sur la façon de régner de Louis XIV, en monarque absolu.
Et je l'inviterai, aussi, à trouver, dans l'actualité des situations où non pas la religion mais « les hommes de dieu » imposent, tels des Tartuffe des règles iniques, tyranniques qu'ils ne suivent pas, eux-mêmes ( je pense au film Timbuctu) et de réfléchir à cela.
Et moi, je pense aussi à ce "dévot" ministre qui en pleine Assemblée nationale jura et parjura ...


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Lire Molière, surtout pour ses grandes pièces, serait comme déboucher un grand cru autour d'une bonne table. Des plaisirs que l'on ne s'autorise que de manière exceptionnelle, pour redoubler les inimitables sensations éprouvées au moment choisi. J'ai donc dégusté "Le Tartuffe" en connaisseur, comme pour tous les classiques, étant prévenu des ficelles et des codes du genre, retrouvant les canevas inspirés des comédies italiennes et la douce mélodie de l'alexandrin. Mais comme tout chef-d'oeuvre, j'y ai aussi entendu de nouveaux échos, que je ne pouvais jusqu'alors percevoir, et je suis certain que dans une dizaine d'années je vivrai cette même expérience, avec de nouvelles résonances.
Ces échos font référence à la question des apparences et des illusions du réel. C'est la grande question de l'époque (voir "Les Caractères" de la Bruyère, "Le Roman bourgeois" de Furetière ou les "Maximes" De La Rochefoucauld). Tout n'est que tromperie, que ce soit à la cour du roi Louis XIV ou chez les bourgeois. L'homme ne peut s'abstenir de mentir et de feindre, c'est une pratique presque naturelle. Et cette pièce révèle que l'imposture se pratique à des degrés divers, et que le danger ne vient pas forcément d'elle, mais de la croyance passionnée et partisane des sectaires et des fanatiques.
La faute n'est pas de croire, mais de croire trop fortement et sans mesure.
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Sacrée pièce ! Il était gonflé tout de même le petit père Molière !Quel terrible portrait de la bigoterie ! Tartuffe le gourou qui s'impose dans une famille d'abrutis ( Mme Pernelle , Orgon, Damis et Marianne sont tous des variantes de la stupidité) et la dépouille , c'est le type même de ce dont vivent les chefs de sectes (aujourd'hui il serait adepte d'un quelconque délire extrême oriental…) . J'aime le magnifique personnage d'Elmire , îlot d'intelligence dans cet océan de bêtise. Et beaucoup de scènes sont hilarantes malgré l'arrière-plan très sombre qui oblige Molière à faire intervenir le deus ex machina pour éviter le triomphe du mal.
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Cette pièce, une des plus célèbres de Molière, a connu différentes formes : au commencement elle ne contenait que trois actes au lieu de cinq dans la version remaniée et définitive que l'on connait aujourd'hui. le problème étant, qu'en ce temps là, on ne pouvait mettre en scène de façon trop explicite un faux dévot profitant éhontément de son statut pour acquérir des biens matériels ou autre. La pièce fut d'abord interdite, il remettra alors son travail à l'ouvrage puis la représentera cinq ans plus tard. Une pièce qui plut énormément au roi Louis XIV paraît-il, excédé qu'il était par les dévots qui lui reprochaient ses nombreuses conquêtes féminines.

Il s'agit donc d'un père de famille, Orgon qui a recueillit sous son toit cette pauvre âme de Tartuffe. Ce dernier en profite grassement, il parvient même à avoir une emprise et une influence sur son bienfaiteur, qui lui, est bien trop naïf pour se rendre compte de quoi que ce soit. Tandis que le maître de maison a l'intention de lui offrir la main de sa fille, celui-ci tente de courtiser sa femme, Elmire.
C'est mis sur le fait des agissements de son invité et blessé dans son amour-propre d'avoir été manipulé comme une marionnette, qu'Orgon décide enfin d'agir pour virer de chez lui cet imposteur. Il s'apercevra bien malgré lui que ce dernier a plus d'un tour dans son sac.


A l'avancée du récit, la perception qu'on avait de Tartuffe évolue : il passe de simple profiteur, pique-assiette et hypocrite à fin calculateur plutôt très malin. Cela est certainement dû au remaniement de l'oeuvre comme je l'ai déjà dit plus haut. Ce que l'on attendait et ce qu'on attend toujours encore de nos jours d'une pièce de Molière, à l'instar de la Fontaine, est de montrer au grand jour les travers de ses contemporains, d'être subversif tout en se servant de l'humour inspiré de la commedia dell'arte. Et c'est sûrement pour cette raison une parmi tant d'autres, que Molière est resté un nom qui compte dans l'Histoire de la littérature française.
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Tartuffe est un escroc - même pas raffiné, même pas subtil: un escroc grossier, avec un masque dégoulinant de fards, un habit tenu par de grosses ficelles, avec des coutures marquées à grands points surfilés...

Cela crève les yeux.

Il a" la bouche rouge et le teint vermeil", l'oeil salace qui traîne dans le décolleté de Dorine, la main baladeuse sur la robe d'Elmire: "L'étoffe en est moëlleuse.." Un saint homme, lui ? A d'autres! "Laurent, serrez ma haire avec ma discipline.." il en fait des caisses, mais ne trompe personne...

D'où vient alors que la pièce manque de tourner à la tragédie, que toute la famille où vit ce simiesque pique-assiette se trouve à deux doigts de finir embastillée?

C'est que ce n'est pas Tartuffe , ici, le danger: Dorine, Elmire, Marianne, Damis, Cléante, valère, tous voient clair en lui. Tous sauf madame Pernelle et Orgon, les deux "entarfuffiés"

Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, et il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Ils sont fanatisés parce qu'ils sont, en germe, des fanatiques. des êtres de certitude et de système, de règles et de lois, d' inamovible absolutisme

"Tartuffe" est une pièce qui fait peur parce qu'elle nous montre non une manipulation, mais une révélation, une confirmation, une raison , une foi à imposer sans modération autour de soi à coup d'ukases, de prescriptions, de versets ou de sourates.

Pernelle et Orgon sont des talibans, et Tartuffe, ainsi en ont-ils décidé, est leur prophète.

Qu'importe si chacun voit que la barbe dudit prophète est mal collée, qu'il mange gras et boit du vin, qu'il convoite la femme et l'argent de son protecteur. C'est lui, et cela suffit à la monomanie de Pernelle et d'Orgon pour éclater au grand jour, se donner libre cours, et tout ravager...

Heureusement, il s'agit d'une comédie: tout est bien qui finit bien- mais dans la réalité, "Tartuffe" est une sombre tragédie, qui se termine par la charia, la lapidation et la terreur...


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Tout simplement à mes yeux la meilleure pièce de Molière, le plus grand dramaturge qui soit !
Il restera toujours quelques idiots qui jugent Molière trop vieux sans même l'avoir lu mais au contraire, cette pièce n'a jamais été autant d'actualité que maintenant, dans un monde d'hypocrisie et de mensonges...
"Tartuffe" me plait énormément car cette pièce a fait polémique, a été interdite, dénigrée mais elle a malgré tout fait rire le roi, alors que même ça mère était contre ! Une preuve de plus du génie de Molière qui mêle rire et réflexion dans des pièces toujours plus audacieuses sans se préoccuper des rumeurs et autres critiques malsaines...
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Relecture.

On ne résume plus la pièce : Orgon, un bourgeois, a recueilli chez lui un homme dans le dénuement qui lui inspire attendrissement et admiration, Tartuffe. Ce dernier lui a paru un homme de la plus grande dévotion, charité, humilité et il l'institue chez lui à la fois directeur de conscience et autorité morale.

La maisonnée commence à se rebeller : les enfants supportent mal le joug du nouveau venu, qu'Orgon voudrait voir épouser Mariane, sa fille, alors que celle-ci préfère Valère ; Elmire doit essuyer la cour clandestine de cet homme à la morale soi-disant irréprochable ; Dorine s'indigne de tout ce qu'elle voit...

La pièce est en vers mais ils apportent un rythme d'aphorisme à une mise en scène ingénieuse, parfois originale, même si certains passages souffrent des coupes voulues par le remaniement.

On n'oublie pas que la pièce a subi la Cabale des dévots et que Molière a dû la réécriture pour pouvoir la faire rejouer de son vivant (où elle remportera un grand succès). le deux ex machina final ne convainc pas... mais autant avouer qu'il me soulage tant que je "pardonne" bien volontiers à Molière ce subterfuge facile.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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