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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Découverte imprévue et réussie lors de mes pérégrinations dans ma médiathèque de cet écrivain guinéen, Tierno Monénemno…

Au centre du récit, une jeune femme,Zoubida, avec un père taiseux mais aimant… se renfermant et faisant mettre le voile à sa fille adorée, dès qu'elle aborde l'adolescence…

« Je l'ai toujours vu ainsi, en chasseur de dragons. Il était le guerrier effarouché qui prenait les autres, tous les autres, pour les ennemis à abattre. Mais je ne voulais pas un guerrier. J'avais besoin d'un père. Quelqu'un qui parle, quelqu'un qui rit, quelqu'un qui aime. Il nous aimait, nous n'en doutions pas, mais à sa manière, c'est-à-dire de loin, dans le réduit du silence. Ses mots étaient aussi rares et ses gestes aussi sobres que ceux d'un étranger de passage. » (p. 139)

Zoubida , dans un pays où les femmes n'ont aucun droit de cité, soumises aux diktats masculins, va subir de plein fouet toutes ces maltraitances…La catastrophe survient , puisqu'elle a osé avoir un bébé hors mariage, avec en plus un européen, un breton, fils d'un colonel, Loïc, qui , même si il éprouve des sentiments à son égard, ne veut surtout pas d'attaches, et encore moins d'une « paternité »… ayant été traumatisé par un père despote et violent !

Zoubida veut garder son enfant… elle devra donc supporter de lourdes épreuves dont la prostitution, et les viols quasi légaux de Mounir, son proxénète « et « protecteur »…
Zoubida, fort courageuse , décide de fuir pour échapper aux violences des hommes, décidés à la punir et à la soumettre..!

« -Explique-moi !
-Que veux-tu savoir ?
-Où suis-je ? Une prison, un lupanar, un harem ?
-Tout cela à la fois !
-Et pourquoi ?
-Pour nous apprendre à vivre !
- On ne peut rien apprendre enfermé dans une cage.
-Ne me parle pas de liberté ! Les chaînes seront toujours là. Longues ou courtes, visibles ou invisibles.
-Je m'évaderai
-Ils te rattraperont. Impossible d'éviter celles que l'oeil ne peut pas voir.
-Je les briserai toutes, même celles que mon oeil ne peut pas voir.
-Avec tes songes ? »(p. 43)

Elle ne baisse pas les bras, se refuse à se soumettre à son destin de « femme souillée », rejetée… elle tuera son « tortionnaire », se retrouvera en prison, ne réalisant pas qu'elle a été condamnée à la perpétuité… Mais enfin, sur son chemin, une lumière magnifique se présentera à travers Arsane, un visiteur de prison et ses Livres ! Je ne dirai pas un mot de plus !!!

La prison sera curieusement… grâce aux livres un début de « libération » et d'ouverture des horizons pour Zoubida…

« Lis-les comme ils arrivent. N'obéis qu'à ton appétit ! Ne t'occupe point de ranger. Surtout pas de rayonnages dans ta jolie petite tête ! Laisse ça aux ébénistes et aux érudits ! Dis-toi que la littérature est un extraordinaire festin, un délicieux fourre-tout. Goûte à tous les plats, pêle-mêle selon tes goûts, selon tes envies ! Lis tout... Voltaire, Flaubert, Camus, Le Clézio, mais il n'y a pas que les Français... Pouchkine, Gogol, Soljenytsine, mais il n'y a pas que les Russes... Faulkner, Caldwell, Salinger, Roth, mais il n'y a pas que les Américains... Sassine, Achebe, Hampâte Bâ, Kourouma, Lanou Tansi mais il n'y a pas que les Africains, Maalouf, Darwich, Abû Nuwâs, mais il n'y a pas que les Arabes... Plus tu varieras les lectures, plus cette pièce s'élargira, plus ton esprit s'illuminera. Alors, tu n'habiteras plus une prison mais un ciel plein d'étoiles... »

Un style très fluide, léger, poétique que celui de cet écrivain guinéen pour raconter le sort peu enviable réservé aux femmes… les violences, humiliations courantes, qui leur sont faites … Toutefois, Zoubidane est un personnage solaire, qui adore la vie…se bat envers et contre tout… se refuse à être enfermée dans une sorte de fatalité !

Après cette première lecture appréciée, je vais poursuivre la connaissance de cet auteur, avec la lecture du « Terroriste noir » !
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Elle court avec un bébé dans les bras. Elle court parce qu'elle a fauté...mais elle ne va pas courir longtemps, car Mounir, le proxénète va lui trouver une occupation après l'avoir enfermée dans une chambre sordide. Elle, c'est Zoubida Mesbahi
Elle est là, avec d'autres filles dans une prison, un lupanar, un harem...tout ça à la fois, pour leur apprendre à vivre... les coups et le viols pour la mater! Et puis il y a ce bébé. La seule issue qui s'offre à elle c'est le crime...un crime qui l'entraîne dans une autre prison...dans laquelle tous les hommes ne sont pas des salauds. Pour une perpétuité dont on s'évade par l'esprit grâce aux livres apportés par Arsane, le visiteur de prison. Un visiteur qui prendra de plus en plus d'importance dans la vie de Zoubida.
Et puis, il y a ces souvenirs d'enfance...et ces autres personnages tous plus ou moins hors des clous, ces barbus de sinistre mémoire, Salma, la fille venant de Bourgoin-Jallieu, Alfred, Papa Hassan, Loïc qui a eu le pucelage de Zoubida il y a longtemps, Touria, pute depuis l'âge de 14 ans !
Ces narrations et personnages s'entrecroisent et alternent, donnant parfois une impression de décousu, mais permettant aussi de mieux connaître le passé familial de Zoubida, la vie dans ce bled peuplé d'ennui ...et d'habitants sans aucun intérêt.
Le roman alterne drame, violence, humour, personnages sordides ou lumineux...
Bref, un bon moment de lecture !
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Un auteur guinéen fait parler une jeune femme algérienne, née dans un bled de l'ex-colonie française, plombé par le silence, les injonctions, les traditions, le jugement des autres, dans un pays des années 1980 perdu entre les rêves communistes, une indépendance fratricide pleine de non-dits, et l'islamisme venu d'ailleurs. Zoubida raconte sa fuite avec son bébé et les hommes croisés : son père méconnu, celui avec lequel elle faute, ceux qui la traitent de salope et lui sautent dessus pour en profiter, l'ami camerounais à qui elle écrit, l'homme rencontré enfin.
Le roman a des airs de conte, dans une écriture "directe" qui se lit vite, ça donne un peu l'impression d'un survol mais c'est en même temps la voix d'une libération qui n'a rien d'anodin.
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Un très beau portrait de femme.
Une langue très moderne.
Zoubida est rejetée par son village car elle a eu enfant hors mariage et avec un européen.
La jeune femme est obligée de fuir afin d'évidentes laminée.
Cette fuite la plongera dans la prostitution. Elle sera emprisonnée,son enfant lui sera enlevé mais l'amour d'un homme la sauvera de son naufrage.
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Algérie, années 1980. La jolie Zoubida fuit, son enfant sous le bras. Elle a commis l'irréparable : fauter avec un bon gaulois et donner naissance à un bâtard. Répudiée par les habitants de Aïn Guesma, « une ville désemparée, une ville amère », elle suit un parcours semé d'embûches. Une vingtaine d'années après l'indépendance du pays, les « barbus » pointent le bout de leur nez et commencent à régenter la vie du pays et les premières victimes sont les femmes comme toujours.
Tout au long de sa courte existence Zubida fera des rencontres décisives qui la feront entrer dans l'âge adulte  : Salma, la libérée de Bourgoin-Jallieu, Alfred, le meilleur ami camerounais de Papa Hassan, et même Loïc, Le Breton athée qui l'a déflorée. Sans oublier un personnage essentiel qui n'apparaît qu'à la fin.
Conte moderne et initiatique plein d'humour où dialogues crus et langage poétique se mélangent avec bonheur, « Bled » est le récit d'une jeune femme qui, dans un pays où les traditions sont pesantes, s'émancipe grâce aux épreuves qu'elle traverse et qui la font avancer. « Bled » est encore une fois de plus la preuve que de la France (« Le terroriste noir ») à Cuba (Les coqs cubains chantent à minuit »), la puissance romanesque du Guinéen Tierno Monénembo est intacte.

EXTRAITS

- Chez les cathos, la messe du dimanche, les repas du soir, sous l'oeil du Christ grisâtre accroché au mur... les colères du colonel, le teint cadavérique de Catherine. Chez les muslims, la barbe, la circoncision, la conversation obligatoire, la théorie des interdits... le couscous tristement avalé en groupe après la prière du vendredi.
- Il est temps, dit-il de réconcilier les différents organes de notre corps : notre sang arabe, nos veines berbères, notre langue française, nos lèvres de nègre, notre front de Turc, notre pif de Juif...
Lien : http://papivore.net/litterat..
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BLED de TIERNO MONÉNEMBO
L' Algérie des années 80, Zoubida s'enfuit avec son bébé, elle n'est pas mariée, c'est une pécheresse, une pute. D'un endroit à l'autre elle va arriver dans un bled où règne une sorte de despote, Mounir, on ne sait d'où il sort mais tout le monde le craint. Il va faire de Zoubida sa chose et elle va préparer sa vengeance. En chapitres alternés on va suivre l'évolution de le vie de Zoubida et son passé. Son père Hassan, un taiseux dont les seules paroles sont des interdits, sa mère guère plus loquace mais dont les soupirs sous entendent bien des secrets qui remontent au temps de la colonisation et au début de l'indépendance. Et puis il y a Alfred le camerounais, presque communiste, égaré dans le coin, Loïc le Breton, il parle bien alors elle va se laisser séduire, elle croyait qu'il n'y avait pas de risque…mais elle ne connaissait rien à la vie, quand elle a eu ses premières règles elle pensait que c'était le cancer, alors le bébé, Loïc lui avait bien dit qu'il n'assurerait pas…alors la fuite vers le bled et Mounir.
Un livre très fort sur cette Algérie des années 80, des femmes maltraitées, des souvenirs de l'OAS et du FLN où les choses ne sont pas si simples que l'histoire racontée, une aventure très sombre mais teintée d'espoir malgré tout pour Zoubida car il n'y a pas que des Mounir, on peut croiser un Arsanne…
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Voilà un très bon roman sur l'Algérie des années 1980 : le courage et la détermination d'une jeune fille, mère célibataire, qui se bat pour sa liberté contre les idées rétrogrades de l'époque et qui perdurent sûrement encore dans certaines régions.....A lire sans modération
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