AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782020798341
160 pages
Seuil (11/03/2005)
3.78/5   45 notes
Résumé :

L'Aîné des orphelins. Moi, Faustin Nsenghimana, je n'en ai plus pour longtemps. Ils viendront me tuer demain ou bien après-demain. Je m'en irai comme je suis venu au monde, sans un linge sur le corps et sans tapage inutile.

Nous autres Nsenghimana n'avons pas pour habitude d'emmerder les autres. Très tôt, mon père Théoneste m'a appris à voir clair, c'est-à-dire à m'accommoder de tout. A Nyamata,

tout le monde connaissait T... >Voir plus
Que lire après L'aîné des orphelinsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Le hasard crée souvent de belles rencontres... C'est au détour d'un rayonnage, lors d'une fameuse opération de désherbage de fin d'année, que j'ai fait la connaissance de Faustin, "L'aîné des orphelins", de Tierno Monémembo.

Du fond de sa cellule de la prison centrale de Kigali, Faustin Nsenghimana, 15 ans, attend son procès au cours duquel il risque la peine de mort. Il raconte son cheminement depuis les fameux "avènements" survenus au Rwanda en 1994.
Au moment du génocide, Faustin, petit campagnard, venait d'avoir 10 ans, "10 ans pour rien". Perdu sur les chemins, entre son village natal de Nyamata et Kigali, il cherche ses parents qui ont fui. Est-il hutu, est-il tutsi ? On ne le sait pas.
Capturé par le FPR, le front patriotique rwandais, il s'échappe pour devenir un enfant des rues dans un Kigali où chacun tente de retrouver un semblant de vie normale. Au QG, Faustin retrouve une bande d'orphelins qui survit grâce à des escroqueries et des petites combines.

Si ce livre se déroule juste après le génocide rwandais et en évoque certains épisodes, nous sommes loin des récits autobiographiques et témoignages divers qui fleurissent autour de ces événements. Comme le rappelle l'auteur au début, "si le génocide rwandais est irréfutable, les situations et les personnages de ce roman sont, eux, fictifs pour la plupart". Pourtant , c'est bien l'imagination de l'auteur qui fait revivre au plus près de la réalité le quotidien de ces orphelins de l'après génocide.

Dans une justesse de ton impeccable, deux récits s'alternent, celui au présent de Faustin en prison et celui du passé qui nous dévoile progressivement qui est le jeune garçon et comment il en est arrivé là.
A travers son périple se déroule un monde bigarré, une ville où se côtoient anciens génocidaires, parents de victimes, enfants perdus, des mères de famille qui vendent leur corps pour nourrir leurs enfants, Européens profiteurs et voyeuristes d'un côté et de l'autre, Blancs humanitaires ne comprenant rien au pays ou ils débarquent avec beaucoup de condescendance.

Tierno Monémembo, dans un style clair et simple, donne la parole à son jeune personnage pour nous décrire les lendemains d'une barbarie sans nom où les gens semblent comme hébétés. Il nous montre un jeune garçon qui a vécu l'horreur et qui l'a occultée pour mieux y survivre, rappelant que même lorsque l'on a vécu le pire, la vie continue : on aime, on désire, on tue. Surtout lorsque l'on est un enfant.

"L'aîné des orphelins" est une fiction qui se fond dans la réalité. le personnage de Faustin porte en lui la mémoire de tous ces enfants qui en quelques jours ont vu leur vie éclater en morceaux.
Les dernières pages nous prennent aux tripes. C'est la fin et le début de Faustin. Un petit Faustin que je n'oublierai pas avec son cerf-volant...
" Y a toujours de la vie qui reste, même quand le diable est passé".
Coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          394
Alors que je m'attendais à lire un roman sur le génocide rwandais en lui même, j'ai été surprise (agréablement) de découvrir que Tierno Monénembo ne faisait que l'évoquer à partir des souvenirs Faustin, le narrateur.
En effet, Faustin, 15 ans, nous raconte surtout sa vie après le massacre au sein d'une bande d'autres enfants qui comme lui y ont perdu leurs parents et cherchent à survivre dans un monde où trouver sa place est difficile et la survie une question de chaque instant.

Avec une écriture dure et sans fioritures qui nous oppresse et nous passionne à la fois et malgré la brièveté de ce roman, l'auteur traite beaucoup de sujets graves et bien réels comme : les enfants-soldats, la prostitution, la mendicité, la prison mais aussi la place des journalistes et des ONG "occidentaux" dans un pays meurtri.

Un roman important de la littérature africaine contemporaine !
Commenter  J’apprécie          150
Court roman sur le Rwanda. Pas directement sur le génocide mais sur l'atmosphère générale, sur la manière dont il marque encore de son empreinte la vie quotidienne.

Faustin est orphelin. Aîné d'une large fratrie, il déambule, vit de petits boulots, de rapines, en bande... Et au fil des chapitres, on découvre, comme on épluche un oignon, son passé. le génocide, les horreurs. Les scènes sont crues, mais sans cruauté. Et un élément qui semble anodin en début de livre, comme le cerf-volant, va peu à peu prendre de l'ampleur à mesure que le lecteur visualise l'action où ce cerf-volant intervient. Et quand on prend la pleine mesure du parcours de Faustin, en fin de livre, on retrace tous les épisodes et on éprouve de l'empathie, de la compassion pour lui.

Car Faustin n'est pas un ange. Il a le sang chaud et le sexe aussi... Il n'a pas sa langue en poche. Son tempérament, sa grande gueule, son optimisme (à moins que ce ne soit son fatalisme) le perdront. Il a survécu au génocide, il ne survivra pas au climat de purge qui s'ensuit.

Que dire, que penser? Ce roman ne laisse pas de marbre. L'humour manié par l'auteur fait souvent mouche. A petites touches il brosse le portrait d'une société gangrénée par la corruption et la haine, mais où l'espoir a toujours droit de cité. J'ai cependant du mal à admettre que le récit soit à la première personne, le vocabulaire, le style, la langue ne sont pas ce que l'on peut attendre d'un ado de 13-15 ans. D'autant qu'il manque un peu d'éducation. Et cela m'a gêné. Exemple parmi d'autres, "comminatoire" dans la bouche d'un ado, c'est rare (pour ne pas dire moins). J'ai souvent pensé à Sozaboy, de Ken Saro-Wiwa, et ce petit roman ne soutient pas la comparaison, même s'il mérite clairement d'être lu.
Commenter  J’apprécie          80
Ce que j'aime avec les challenges, c'est que souvent, nous tombons sur des livres dont nous n'avions pas entendu parler, et qui nous chamboulent... C'est le cas pour ce court roman du guinéen Monemembo. Une histoire dure, qui nous raconte le quotidien et l'atmosphère au Rwanda alors que le génocide de 1994 se dessine... Des brides de vie nous est raconté par Faustin, 15 ans, alors qu'il attend son exécution à mort dans le fond de sa prison... C'est tellement bouleversant comme récit.. une lecture qui nous met la boule au ventre, parce qu'on sait la finalité...de son histoire à lui, mais également de son peuple... Les mots sonnent justes, vrais... Attention coeurs sensibles, parce la scène finale nous fout un coup au coeur... le genre de livre qui marque et qui donne juste envie de dire qu'il est nécessaire de le lire...
Commenter  J’apprécie          120
Magnifique roman. Une histoire que l'on lit d'une traite, qui n'a pas de temps mort, qui nous tient en haleine.
Ce gamin qui survit à une tuerie collective, tout son village qui disparait, et qui tente de survivre au traumatisme. Mais le traumatisme le pousse vers sa perte.

C'est une lecture poignante, une très belle écriture. On est avec les enfants de rue, on courre avec eux, on mange avec eux.

J'ai adoré.
Commenter  J’apprécie          100

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Selon le sorcier Funga, en quittant la terre, l'âme du président Habyarimana aurait maudit le Rwanda. Le sorcier Funga est un menteur. Il y a bien longtemps que le Rwanda est maudit.
Commenter  J’apprécie          180
Le juge m'a dit qu'il y a trois catégories de coupables : les complices (de zéro à cinq ans), les exécutants (de cinq à vingt ans) et les organisateurs (la perpétuité ou la potence). Mais toi tu es un cas à part. Tu as toujours été un cas à part, Faustin Nsenghimana!
Commenter  J’apprécie          100
Le Père Manolo avait raison : "Ne croyez pas, bande d'idiots, que le bon Dieu, il vous fait vivre pour votre plaisir à vous ! Il peut autant vous rappeler à lui dans les moments où vous baignez dans le bonheur et la santé que vous forcer à exister au milieu des charbons ardents. Cela dépend de son bon vouloir à lui !" (p.37)
Commenter  J’apprécie          80
On entendit hurler des ordres. Les vitraux volèrent en éclats, les icînes tombèrent en poussière, des dizaines de cervelles déchiquetées éclaboussèrent le plafond et les murs. Ils jetaient des grenades. Mes souvenirs du génocide s'arrêtent là. (p.156)
Commenter  J’apprécie          40
Nos gars à nous n'ont rien de pédrophiles. Ils ne savent même pas ce que c'est, pour y porter un jugement. Rien de plus naturel dans nos collines que de marier une pubère ou de la sauter à la première occasion quand on vit en ville. (p.85)
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Tierno Monénembo (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tierno Monénembo
Et si... vous me disiez toute la vérité | Entretien avec l'écrivain guinéen Tierno Monénembo
autres livres classés : guinéeVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (152) Voir plus




{* *} .._..