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EAN : 9782021088953
192 pages
Seuil (08/01/2015)
3.52/5   31 notes
Résumé :
Ignacio Rodríguez Aponte, un Noir de La Havane, gagne sa vie en allant cueillir à l’aéroport les gringos pleins aux as et les Européens romantiques. Un jour, Ignacio récupère à sa descente d’avion un certain El Palenque, venu rôder sur les traces de sa propre histoire qu’il ignore. Natif de Guinée, ses racines maternelles sont ici. Tout a commencé un matin lointain des années cinquante, quand les « barbus » de Fidel Castro pourchassés par les troupes de Batista trou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Ignacio vit à LaHavane. Il gagne sa vie en cueillant à l'aéroport des touristes à arnaquer mais, cette fois-ci, ce n'est pas un richard de Blanc qu'il rencontre mais El Palenque, un Noir de Guinée. Mais, contre mauvaise fortune bon coeur, il lui sert de guide et une amitié se développe entre les deux. C'est que le nouvel arrivant a, malgré ses origines, des racines cubaines. Et, à travers leurs pérégrinations dans la capitale, on découvre ce magnifique pays.

Aussi succinctement résumé, Les coqs cubains chantent à minuit semble plutôt ordinaire. Et pourtant ! J'ai bien aimé, beaucoup même. Peut-être parce que je n'avais pas d'attentes particulières. Surtout parce que son rythme, semblable à celui d'une danse ou d'un air entrainait, ne pouvait que m'inciter à poursuivre ma lecture. Et ce Cuba coloré, à l'image de ses habitants souriants et festifs malgré les circonstances, on ne peut que l'aimer !

Peut-être la narration y est-elle pour quelque chose ? Tout au long du roman, le lecteur doit écouter le long monologue d'Ignacio. En fait, il s'adresse à El Palenque, pendant qu'il lui fait traverser la ville, rencontrer des gens et qu'il lui raconte son pays. Mais, tout le temps, j'avais l'impression que c'est à moi qu'il s'adressait.

Quand je dis qu'Ignacio raconte son pays, c'est un peu réducteur car son récit est d'une portée universelle. le sien et celui de son ami, le poète qui ne jure que par Omar Khayyam. Et puis il y a toutes ces références à tant de grands noms de la littérature (Hedayat, Nabokov, Proust, etc.) et même des artistes de tous genres comme Méliès.

Les coqs cubains chantent à minuit, c'est également une ôde à ces cultures qui ont formé ce peuple. Espagnols, Amérindiens et Noirs. Les métis qui en sont le résultat mais aussi des vagues d'immigrations plus tardives de Blancs et d'Asiatiques. Ces mélanges constituent une richesse. Je pense tout de suite à la vie sous le soleil, les clubs, les belles femmes, la musique, les saxophonistes, la danse, l'exotisme, etc. C'est peut-être pour cela que les Cubains, résiliants, gardent le sourire malgré les malheurs et même si la vie n'y est pas toujours facile.

Ce roman permet de tisser des liens entre Cuba, les Russes, des pays d'Afrique comme la Guinée mais aussi l'Angola, le Congo, l'Algérie et, de là, à la France. Ces apports, on n'y pense pas toujours à nos lattitudes. Heureusement que Tierno Monénembo, lui, y a pensé. Cette quête d'El Palenque, c'est une recherche des racines (sa mère et, indirectement, aussi son identité) mais surtout une célébration de la vie. Tout simplement la vie !

En terminant, j'ai eu l'opportunité de visiter La Havane il y a deux ans. Au fil des pages, uen multitude d'images me revenaient en tête. Je pouvais visualiser les lieux évoqués, ceux où je me suis retrouvé ou que j'ai pu voir de loin. L'Hotel Nacional, le Paséo, le Malecon, etc. J'ai vécu à nouveau mon voyage et c'était précieux.
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Les coqs cubains chantent à minuit est un véritable pied de nez à tout éloge de la lenteur. Avec une narration tonique, une plume exaltée et vaine, l'auteur nous projette dans un récit emballé qui n'a rien d'une ballade.
D'abord parce qu'on a affaire à Ignacio, pauvre bougre qui interpelle le lecteur comme il intercepte les touristes à leur descente d'avion à l'aéroport de la Havane. Conteur inlassable à la parole insatiable, il nous prend par le bras sans que l'on sache exactement où on va. Les quelques indices disséminés dans le flot de paroles laissent deviner une mystérieuse quête des origines pour un parisien natif de Guinée presque invisible pendant tout le récit.
Il faut du temps pour voir le rythme du récit se détendre et se dérouler une histoire douloureuse qui fait le pont entre Cuba et l'Afrique.
Ensuite parce que Tierno Monénembo délivre un récit qui épouse les contours de l'île cubaine. Autour d'une ronde de mots, de chansons et de vies, jaillissent des couleurs bigarrées, des rythmes chauds et sensuels, des saveurs lointaines...un tableau chatoyant qui ne parvient toutefois pas à masquer des vies faites d'improvisation et de débrouillardise «en prévision des mauvais jours qui, ici, occupent toutes les pages du calendrier».
Roman court laissant le sentiment d'avoir été écrit avec une impulsion puissante, il faut du souffle pour parvenir à bout de ce récit baigné d'un feu particulier. Quelque peu étourdie par le début du roman ,il m'a fallu du temps pour apprivoiser cette histoire qui, avec la quête d'un africain venu remuer le passé, ravive l'africanité oubliée de Cuba. Et refléter ainsi un monde décloisonné, loin des frontières géographiques et mentales.
Mais l'exubérance verbale n'aidant pas à rendre l'encre indélébile, ce roman risque d'être vite oublié.
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Après un long exil français,Tierno Monénembo est revenu vivre dans son pays natal, à Conakry. En attendant d'écrire à nouveau sur la Guinée, son dernier livre, Les coqs cubains chantent à minuit, explore l'africanité de Cuba à travers une histoire passablement embrouillée dans ses débuts avant de révéler sa vraie nature au fil des pages. L'occasion pour le romancier de tracer un portrait chaleureux et moqueur d'une île dont les racines noires sont souvent peu évoquées (si ce n'est dans le récent Negra de Wendy Guerra). Récit haut en couleurs qui, mine de rien, capte la singulière atmosphère de Cuba : sensualité de la salsa et des corps, amour immodéré pour le rhum, liberté surveillée dans un climat paranoïaque, pénurie de vivres et optimisme mélancolique d'habitants qui ont fait de la survie un réflexe quotidien. On y croise un poète qui ne jure que par Omar Khayyam, un détrousseur de touristes qui espionne pour le compte du régime et même, le temps d'un flashback ironique, Castro au milieu de ses barbudos en route vers le pouvoir. Il ne faut pas se laisser tromper par l'apparente confusion qui règne dans les premières pages de Les coqs cubains chantent à minuit, le talent de conteur de Tierno Monénembo ne se dément pas, une fois de plus.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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El Palenque, guinéen né à Cuba, débarque un beau jour à l'aéroport de la Havane dans le but de retrouver les traces de ses origines. Ignatio, dont l'occupation principale consiste à intercepter, à leur descente d'avion, les riches touristes américains ou européens, lie connaissance avec lui. A partir de là, l'auteur nous emmène dans la Cuba des années 70 à nos jours, nous faisant découvrir les beautés et la complexité de la vie de l'Ile.
Très belle aventure qui mêle, malgré bien des malheurs, les rythmes de la salsa, la joie des danseurs et le rhum qui coule à flots à chaque occasion.
Mais, c'est surtout un très bel hommage aux origines africaines de Cuba.
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C'est un livre très déconcertant au départ, j'ai d'ailleurs cru que je ne le finirai pas. Trop confus, trop brouillon, le début n'avait pas véritablement de fil conducteur. Puis l'auteur prend un virage vers la moité du récit et c'est un tout autre style qui apparaît. L'action se fait plus rapide, les réponses à toutes les questions que la première moitié du livre avait laissé en suspens apparaissent . Je ne suis pas sur d'être vraiment fan de cette technique d'écriture. Par contre j'ai découvert Cuba, son ambiance et son histoire de façon assez détaillée. Bref un livre tout en paradoxes.
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critiques presse (2)
LaPresse
02 mars 2015
Ode aux liens culturels unissant Cuba et l'Afrique, Les coqs cubains chantent à minuit transporte le lecteur dans La Havane actuelle et celle des années 70.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LePoint
23 février 2015
Voyage au coeur de La Havane et de Cuba à travers l'histoire émouvante de Tierno Alfredo Diallovogui, un Guinéen en quête de ses origines.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Nous [les Cubains] ne sommes pas du monde, El Palenque : nous sommes le monde, et nous n'en sommes pas peu fiers. Nous sommes le produit de tous les frottements qu'a connus cette putain de terre ces cinq derniers siècles. Nous ne sommes pas les bâtards des Noirs et des Blancs, nous sommes les bâtards de tous les Blancs, de tous les Noirs, des Juifs, des Arabes, des Chinois aussi. De sorte que tous les jours que le bon Dieu fait, tu verras apparaître à la maternité El Infantile une nouvelle couleur de peau, une nouvelle race humaine. Nous sommes Catalans et Basques, Castillans et Galiciens, Russes et Français, Yoruba, Congolais, Akans, Peuls, Mandingues, Ouolofs, Sérères... Et cela se voit dans notre bouffe, dans nos chants, dans nos danses, dans nos corps insatiables, dans nos âmes joviales et tourmentées.
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- Dans ce cas, voici une colle pour vous deux, les mecs : c'est la beauté qui est tragique ou la tragédie qui est belle?
- Ha, ha, ha! Mais c'est la vieille histoire de l'oeuf et de la poule...
- De toute façon, ma chérie, sans les choeurs, les costumes et les rimes, il n'y a pas de tragédie. Et je ne parle pas que pour les théâtres et les opéras. C'est comme ça partout (bistrots, bordels, taudis, cours royales ou champs de bataille) où les gens s'efforcent de cogner et de survivre. Le deuil est une musique chez tous les humanoïdes.
- Alors, qu'est-ce qui vient en premier lieu?
- La beauté, Sam.
- D'abord la beauté et tout de suite après la tragédie. En quelque sorte, la tragédie, c'est la mise en scène de la beauté.
- Oui, mais est-ce que la beauté est tragique?
- Tout tend vers le beau. La beauté est partout, même au coeur de la tragédie. La beauté est appelée à sauver le monde...
- Vous avez trop lu Dostoïevski, Sam.
- «Le beau est un éclat du vrai»! Non, Mambi, c'est Dostoïevski qui a trop lu Hegel.
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Personne n'a les moyens de donner un sens à sa vie, qu'on arrête avec ces conneries. Inutile d'ajouter une chose absurde à une autre ! Nous sommes condamnés à naître sans l'avoir demandé, à suer et à pourrir sans l'avoir voulu, que l'on soit homme, plante, saïmiri ou cochon d'Inde.
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«C'est toi qui as écrit ça, n'est-ce pas?»
Il y avait deux phrases de couleurs et de graphies différentes. L'une disait : «Rien de plus beau que la révolution!» Et quelqu'un avait corrigé plus bas : «Mais si, idiot : l'amour!»
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Ce que j'aime dans la poésie, c'est qu'elle ne cherche pas à prouver quoi que ce soit. Et c'est bien cela qui a tué la pensée : l'obsession de la preuve. La philosophie, elle s'arrête avec les Grecs. Ils savaient penser, eux. Et tu sais pourquoi ils savaient penser ? Parce qu'ils recherchaient les questions et non pas les réponses. Dans notre monde à nous, il n'y a plus que les réponses, toutes les questions sont mortes.
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Et si... vous me disiez toute la vérité | Entretien avec l'écrivain guinéen Tierno Monénembo
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