Même si je n'apprécie pas spécialement le personnage, il faut avouer que son background est pour le moins curieux. Fils d'un négociant en cognac, son père l'envoie aux Etats-Unis avec pour seul conseil: "ne lis pas de livres, parle aux gens". Fort de ce conseil, il monte les échelons pour parvenir à entrer dans le premier cercle des conseillers du président américain, puis intervient au niveau français pour s'opposer (d'une façon assez infâme d'ailleurs) au Général pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ensuite, il pose les fondations de la future Union Européenne, avec sa célèbre technique de l'engrenage ou des petits pas, assez similaire à celle du conseiller en assurances: on met le pied dans la porte pour éviter qu'elle ne se referme. Pour lui l'union des Etats européens, n'est qu'un prélude à une jonction avec les Etats-Unis dans une sorte de nation occidentale unique. Sur la forme, Jean Monnet a rédigé quelque chose de simple, d'efficace, de direct. Certains pans de sa vie restent assez obscurs, par exemple, les raisons pour lesquelles il s'est fait réformer en 14-18. Lorsqu'il va aux Etats-Unis, il égrène de ci, de là, les noms des gens qu'il rencontre ou avec lesquels il travaille, et si on s'informe plus, il s'agit bien souvent de personnages de tout premier plan de l'appareil d'Etat américain.
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Les Mémoires de Jean Monnet montrent comment son projet d’union européenne s’est enraciné dans l’expérience des deux guerres mondiales. Son audace pour créer de nouvelles institutions était mue par un profond désir de paix.
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Quand les hommes se trouvent dans une situation nouvelle, ils s’adaptent et changent. Mais aussi longtemps qu’ils espèrent que les choses pourront rester en l’état ou faire l’objet de compromis, ils n’écoutent pas volontiers les idées neuves.
En 1944, j'étais parvenu à des conclusions qui n'ont cessé depuis de guider ma conduite. Il n'y aura pas de paix en Europe si les Etats se reconstituent sur une base de souveraineté nationale, avec ce que cela entraîne de politique de prestige et de protection économique. Si les pays d'Europe se protègent à nouveau les uns contre les autres, la constitution de vastes armées sera à nouveau nécessaire. Les pays d'Europe sont trop étroits pour assurer à leurs peuples la prospérité que les conditions rendent possible et par conséquent nécessaire. Il leur faut des marchés plus larges. Cette prospérité et les développements sociaux indispensables supposent que les Etats d'Europe se forment en une fédération, ou une entité européenne.
Quand vous réunissez des hommes d'origine diverse, que vous les mettez en face du même problème et les chargez de le résoudre, ce ne sont plus les mêmes hommes. Dès lors qu'ils ne sont plus là pour défendre des intérêts, ils prennent sans effort la même vue.
« Les hommes n'acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise. »
“(…) Cette prospérité et les développements sociaux indispensables supposent que les états d’Europe se forment en une fédération (…) de la solution du problème européen dépend la vie de la France. “ déclaration au magazine Fortune en 1943