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EAN : 9782246815266
336 pages
Grasset (02/09/2020)
3.19/5   121 notes
Résumé :
« Je fus en grâce autant qu’en disgrâce. De l’un ou l’autre état les causes me furent souvent inconnues. À l’âge de quinze ans j’avais été placé au Collège royal, dans la classe de l’aîné des princes… »

Celui que le destin projette ainsi dans l’entourage du futur roi du Maroc, Hassan II, aurait tort de trop croire en son étoile et de ne mettre aucune borne à ses ambitions. Il n’est pas sans risque d’avoir systématiquement devancé un prince au tablea... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
3,19

sur 121 notes
Quand on a été choisi comme condisciple du prince héritier au collège royal, on pense occuper plus tard de grandes fonctions, comme un ministère... C'est ce que croit Abderrahmane Eljarib.
Hélas, quand le prince devient le roi Hassan II, le jeune homme est exilé sur la frontière sud qui sépare le royaume d'une région encore occupée par l'Espagne. Peut-être parce qu'au collège il avait laissé gagner le futur roi aux échecs et s'en était vanté auprès d'autres camarades ?
Après de longues années, alors qu'Abderrahmane pense qu'il finira sa carrière sur la frontière, il est rappelé au palais royal pour être nommé historiographe du royaume, une fonction que Racine occupa auprès de Louis XIV et Voltaire auprès de Louis XV. C'est dire...

S'inspirant des Mille et Une Nuits et des Mémoires de Saint-Simon, Maël Renouard nous fait vivre trente ans d'histoire du Maroc, des prémices de la décolonisation jusqu'à la mort du roi Hassan II. Il n'occulte pas la dureté du régime, ni ne cache les tentatives de renversement qu'il subit, mais sans se prononcer sur où étaient la poule et l'oeuf... N'allez pas y chercher des coupables ; on n'est ni dans l'histoire, ni devant la justice. Ce n'est qu'une narration, qui se veut très factuelle.
L'écriture de l'auteur, que je ne connaissait pas, est riche, et nécessite donc un minimum de concentration pour être appréciée.
En synthèse, un livre très bien écrit, qui éclaire d'un certain jour trente années d'histoire du Maroc, mais qui fait peut-être preuve d'un peu trop de pudeur sur le manque d'humanité du régime...
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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L'historiographe du royaume était finaliste du Goncourt 2020.

Maël Renouard par le truchement original et singulier d'un historiographe, personnage de fiction, Abderrahmane Eljarib, également narrateur, né la même année que le prince Hassan et ses nombreuses péripéties, retrace la destinée du prince Mulay Hassan puis du roi Hassan II ainsi que l'histoire politique et culturelle du Maroc des années 40 aux années 70.

Malgré ses origines modestes mais méritant, Abderrahmane est sélectionné et intègre à quinze ans le Collège Royal à Rabat, établissement destiné à l'enseignement des enfants de la famille du roi. Quand le prince devient roi, et alors qu'il aspirait à de hautes fonctions, Abderrahmane est envoyé sept ans en exil à Tarfaya - là où était aussi en poste Saint-Exupéry - on ne sait pas très bien pourquoi, le narrateur non plus - les caprices d'un roi vraisemblablement « Je fus en grâce autant qu'en disgrâce. de l'un ou l'autre état les causes me furent souvent inconnues » -, puis il est enfin nommé historiographe du roi.
« Tarfaya ! Il est peu de lieux sur la terre qui soient mieux faits pour accueillir un homme en exil, et lui faire expier son orgueil en desséchant ses dernières ambitions, que cette petite ville en lisière du désert et de l'océan, où les vents ne s'arrêtent jamais de souffler et courbent servilement les quelques arbustes épars qui parviennent à se hisser sur un sol aride - les alizés, vents de nord-ouest humides et frais, alternant au fil des saisons avec le chergui, vent de sud-est sec et chaud, gorgé de fins grains de sable qui font piquer les yeux et la gorge. »
En tant qu' historiographe du royaume, il rédige entre autres le bilan politique du roi et le récit des événements, est la plume du roi et est chargé également d'organiser les commémorations.
« Je savais depuis longtemps qu'il n'entrait pas dans les prérogatives de ma charge d'historiographe d'être informé du présent. Les événements n'étaient pas mon affaire ; et si j'avais voulu m'en mêler davantage, on aurait veillé à ce qu'il n'en fût rien. Je n'apprenais une chose qu'à partir de l'instant où l'on pouvait en disposer à son gré, dans une narration convenable. »
Maël Renouard nous raconte l'histoire du règne d'Hassan II de manière très factuelle. Il ne laisse que transparaître la dureté du régime. Mais nous donne un vrai aperçu de ce que peut être la fidélité, la loyauté face à un roi au pouvoir sans limite.
Il faut être concentré pour s'imprégner de ces pages ; j'ai mis un peu de temps à rentrer dans l'histoire. Des digressions, intéressantes au demeurant (les fêtes versaillaises et celle du shah d'Iran à Persépolis, le règne du sultan Mulay Ismaël, nombreuses références littéraires, les rêves du narrateur...) m'ont fait perdre à plusieurs reprises la trame du récit.

En quelques mots : une écriture ampoulée, un livre très documenté et d'érudition.
Un petit bémol pour moi : j'ai trouvé le style austère, ce qui n'a pas rendu ma lecture facile. Je n'ai jamais été réellement aux côtés d'Abderrahmane Eljarib, et ça me contrarie ;-)
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Le narrateur a fait ses études au Collège royal, dans la même classe que le futur Hassan II.
On sait peu de choses sur Aberrahmane avant qu'il n'entre dans l'établissement, simplement qu'il est d'origine modeste. J'ai regretté qu'il n'évoque pas davantage son enfance ou ses parents.
Entrer au Collège royal, c'est avoir un avenir tout tracé ; du moins, c'est ce que pense Abderrahmane. Encore faut-il avoir de bonnes relations avec son souverain. Mais qu'est-ce que cela veut dire exactement ? Être loyal suffit-il ? Il semble que non, Abderrahmane a été d'une fidélité sans faille ; le roi l'a pourtant exilé.
Une fable sur ce que signifie loyauté dans un contexte de pouvoir absolu.
Ce livre est tellement convaincant qu'on se demande qui l'a écrit, un proche du roi Hassan II ? Il n'en est rien. Un premier roman très réussi de Maël Renouard.



Lien : https://dequoilire.com/lhist..
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L'historiographe du royaume
Maël Renouard
roman, Grasset, 2020, 330p


C'est l'histoire d'Abderrahmane Eljarib, né et mort la même année que le roi du Maroc, Hassan II (1929-1979), amateur de golf, qu'il avait accompagné, bien qu'issu d'un milieu très modeste, dans sa scolarité au Collège Royal, sis dans l'enceinte du Palais royal à Rabat, parce qu'il était un très bon élève, et que le roi se souciait de diversité sociale. Il était alors âgé de 15 ans, avait de très bons résultats scolaires, jouait très bien aux échecs, et surpassait donc le futur roi. Il pouvait ainsi faire figure de rival. Les deux élèves avaient un professeur d'histoire, M.Delhaye, un ancien de l'Ecole Normale, de la promotion de Georges Pompidou très doué pour les études, qui ouvrait l'esprit de ses élèves. le futur roi avait beaucoup de goût pour l'histoire. le narrateur, Abderrahmane, montre qu'il faut savoir composer avec Hassan, qui joue avec son entourage au jeu très cruel de distribution arbitraire de grâce et de disgrâce.
Abderrahmane, par la grâce du roi, poursuit ses études à Paris. Il rencontre Sartre. Il écrit, notamment un recueil de poèmes, Elégies barbaresques, qu'il adresse à Senghor, qu'il aura l'occasion de rencontrer. Rencontre des plus superficielles.
Sans savoir pourquoi, Abderrahmane est relégué dans la petite ville quasiment déserte de Tarfaya, proche des Canaries, et connue pour avoir été une escale de l'Aéropostale, avec pour mission d'y installer une université, une fois que les territoires légitimes auront été restitués par les Espagnols. Ces derniers restent indifférents, et Abderrahmane se résigne à l'absurdité de sa mission qui dure 7 longs ans.
Mais voici que le roi le convoque au Palais ; il le fait attendre toute une après-midi, et ne le reçoit pas ; le lendemain, il lui octroie la charge d'historiographe du royaume. Des historiographes, il y en eut d'illustres en France, comme Racine et Boileau au XVII°, et Voltaire au XVIII° sous Louis XV, mais ce sont des historiographes du roi. C'est une charge qui tient de la complaisance, et offre une pension aux écrivains qui useraient mieux de leur temps en écrivant qu'en se traînant sur des champs de bataille pour être témoins des hauts faits du roi. Parmi les historiographes obscurs, on trouve un certain Nicolas Renouard. Cette fonction est bien typique de la France et de son intérêt pour la distinction, intérêt porté au plus haut par Saint-Simon, qui représente la quintessence du style classique au tournant du XVIII°.
Cependant l'historiographe est aussi chargé des affaires culturelles, et à ce titre, Abderrahmane doit étudier s'il y a lieu de célébrer les trois cents ans du règne de 55 ans de Moulay Ismaël, un despote sanguinaire, dont le père est le premier à fonder la dynastie alaouite. Moulay Ismaël est comme un jumeau de Louis XIV pour son charisme et son autorité. Paul Pellisson, qui pourrait être un double d'Abderrahmane, est un des historiographes de Louis XIV. Ce dernier l'a fait sortir de la Bastille où il était emprisonné pour avoir servi Fouquet, et l'a nommé historiographe, parce qu'il était un « homme très savant et très éloquent » aux dires De Voltaire qui ne lui reconnaissait pas de qualités littéraires. Abderrahmane s'établit à Meknès, dont Moulay Ismaël a fait sa capitale, pour parachever ses connaissances sur ce monarque absolu. Il y rencontre Morgiane, issue d'une très grande famille, qui milite contre la corruption des grands et la misère, de qui il s'éprend. Celle-ci lui reproche d'être loyal envers le roi et le fait qu'il avait sauvé ce dernier lors d'un attentat en prenant son identité, au lieu d'en profiter pour se débarrasser de lui, idée qui avait parcouru fugitivement l'esprit d'Abderrahmane. Il assiste ensuite aux festivités de Persépolis en l'honneur de la fondation de l'empire perse vieux de 2500 ans. Mais le roi, sur les conseils du général Oukfir, qui n'aime pas les poètes comme Eljarib, décide de ne pas donner suite à son projet de célébration du règne de Moulay Ismaël.
Abderrahmane apprend l'attentat dont a été victime le roi. Oukfir serait le traître. Un journaliste marocain dit que de toute façon tous les membres de l'entourage du roi ont un pied dedans, un pied dehors. Cependant, le roi le fait mander. Pourquoi ? Eh bien, pour qu'il prenne femme. Et il lui donne comme épouse Latifa, alias Morgiane. Quel rôle avait-elle donc joué ? Espionne pour le compte du roi ?
On retrouve trois décennies plus tard Abderrahmane à Paris, directeur-adjoint de l'Institut Arabe. Il remet à une jeune normalienne, la narratrice de l 'épilogue, son manuscrit qu'elle ne doit lire qu'après sa mort. Cette dernière l'oublie. Elle le retrouve par hasard alors qu'elle recherche les notes qu'elle avait prises sur Saint-Simon et Les Mille et une nuits dans l'édition de Galland. Abderrahmane lui avait dit que Saint-Simon était un baroque attardé. Elle apprend qu'Abderrahmane est mort en 1999, comme Hassan, et qu'il avait commis l'erreur d'une plaisanterie en se disant le jumeau hétérozygote du roi. Tiens, tiens, le « vieux maître »Delhaye -et l'emploi du mot maître et sa double acception embarrasse le professeur et son ex-disciple un moment, et arrête le lecteur qui verra d'autres significations à cet emploi- à qui Abderrahmane avait conté que vêtu d'un complet il s'était fait passer pour le roi qui se trouvait en tenue très décontractée, alors que les deux hommes ne se ressemblent guère, d'où l'expression de jumeau, parce que Delhaye pensait qu'il était né le même jour que le roi, hétérozygote, serait un mouchard du roi ? Et au fait, comment est mort Abderrahmane ? Quelle valeur alors prend son manuscrit ?
C'est un livre qui mêle des personnages historiques et de fiction. L'ouvrage est très documenté, voire érudit, et n'attirera pas donc tous les lecteurs. On y trouve des passages intéressants, le règne de Moulay Ismaël, l'histoire de Pellisson, le désert de Tarfaya, les fêtes de Persépolis, on y rencontre des personnages connus, on y voit Hassan et comment on se tient à sa cour, jusqu'à quel point on veut complaire au roi, comment on lui manifeste son obéissance et sa fidélité en l'embrassant sur le dos puis la paume de la main, et en approchant sa joue et son front de celle-ci ; la cour est un lieu d'intrigues et on ne sait jamais qui travaille pour qui ou pour quoi. Abderrahmane est un personnage trop passif pour être attachant, qui est sûr de sa supériorité intellectuelle, à l'image de l'auteur, ce qui parfois le perd quand il parle trop pour faire valoir son savoir. Cependant, il sait faire preuve d'auto-dérision, et tant mieux car l'auteur fait de l'historiographe du royaume quelqu'un dont l'entourage ami, aimé, est à la solde du roi. de plus, le choix d'un style classique, ou d'historiographe du roi, ou d'élève de l'ENS, qui serait un double du Collèg Royal, ralentit le rythme, et lui donne une tenue qui interdit les écarts. du coup, le livre plaît mais davantage à l'esprit qu'au coeur à qui les classiques ne donnent pas la première place. Peut-être celui de Saint-Simon eût-il davantage convenu.

Maël Renouard est né à Paris, en 79. Normalien, agrégé de philosophie. Il enseigne, traduit les oeuvres des philosophes allemands, s'occupe de cinéma. C'est une des anciennes plumes de Fillon.
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Non ce n'est pas la première fiction de Maël Renouard, il chemine gentiment, en dehors du star-système, mais sûrement, et le jour où il éclatera de son talent aux yeux de l'opinion, eh bien celle-ci aura indubitablement un temps de retard.
Et avec ce Historiographe du royaume, il en prend résolument le chemin. C'est un littéraire philosophant et on se régale à le lire, toujours sur un sujet inattendu, un sujet balisé par des empreintes qui ne lui sont pas inconnues qui relèvent à la fois de son expérience personnelle et de sa culture
Personnellement, j'aime !..Il a tout d'un grand, et je doute qu'il reste au niveau du Tambour


Celle dont je ne me souviens jamais de son nom qui est écrivain et critique littéraire sur France 2, je vais toujours chercher vers Canterbury, Barbery, je ne suis pas alzheimer, il s'agit de Olivia de Lamberterie, qu'elle me pardonne, me laisse deux choses qui sont distinctes dans ma mémoire : la perte touchante de son frère qu'elle a si bien racontée et son idée de page 69 ou de cet ordre là, peu importe. La perte de son frère me touche non pas directement parce que je n'ai pas de frère, mais parce que comme elle j'ai perdu l'être cher et je sais ce que cela veut dire ; elle a attendu trois pour publier, c'est le délai minimal qu'il faut dans ce cas pour éviter de trop céder à l'émotion et au pathos, même si la prise de notes est nécessaire car sinon c'est un autre ennemi qui prend la place, l'oubli (au niveau du détail narratif, bien sûr). Un jour un quidam avait reproché publiquement à Angot d'avoir écrit son Inceste 10 ans après la chose, je l'invite à comprendre tout simplement ! Et j'en arrive à cette page 69 pour Olivia de Lamberterie, c'est le nombre qui lui faut pour décider si elle décide de poursuivre la lecture d'un livre ou pas. Bon, il est possible que dans sa formulation ce soit un temps professionnel qu'elle observe pour ne pas s'attirer de critiques éventuelles à son tour, mais quand même ! Moi au bout de 2 ou 3 pages, quand un livre me tombe des mains, même si je m'efforce d'éviter cela, c'est rédhibitoire. Ici en refeuilletant L'Historiographe du royaume, je tombe par hasard à la page 69 et je lis ceci :

" Dans ma chambre, je pris une feuille de papier, un crayon, et je m'installai à l'étroite table de bois, aux jointures élargies par la sécheresse. Un cendrier était posé dessus, un cendrier Martini en forme de triangle, dont la présence ici me fit sourire, et me transporta un instant dans le souvenir de mes années à Paris, au Quartier latin. Toi aussi, tu es en exil, lui dis-je en pensée ; et je notai cette esquisse de poème :
Ô figurine !
Aie pitié du géant qui te tient entre ses doigts, et te mène où il veut.
Car entre les doigts du calife, il n'est qu'une humble pièce de bois sculpté, semblable à toi.
Ô joueur !
Aie pitié du calife qui te plie à son vouloir,
Car entre les doigts du puissant maître des mondes,
Il est docile et vulnérable comme la plus faible des pièces, celle que les sages ont appelé "roi"

Je n'en fus pas satisfait ; mais une seconde inspiration me fit, presque aussitôt, écrire de nouveaux versets :

Le joueur prend le pion entre ses doigts et le pousse, dans la case blanche et la case noire ;
(Page 70) le calife prend le joueur entre ses doigts et le pousse, dans la grâce et la disgrâce ;
Le maître des mondes prend le calife entre ses doigts et le pousse, dans le jour et dans la nuit ;

Je m'arrêtai un instant ; je songeai au dernier verset ; j'hésitai, puis j'écrivis ces mots :
Mais nul ne prend le maître des mondes entre ses doigts et ne le pousse, dans l'être et le non-être !

Je pliai le papier, et le rangeai au fond de mon parte-feuille."

Bon on a bien compris que je n'ai pas attendu la page 69 avec Maël Renouard. ici c'est comme lorsque je vais en Bretagne, je suis déjà à Alençon et qu'est-ce qui pourrait me raviser, en tout cas pas le manque de résolution, dans la langue de maître Renouard, ça s'appelle le talent.


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critiques presse (6)
Bibliobs
17 novembre 2020
Dans « l'Historiographe du royaume », l'écrivain se met dans la peau d'un mémorialiste de celui qui fut le roi du Maroc pendant plus de trente ans. Le roman est en lice pour le Goncourt.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeDevoir
09 novembre 2020
Sans états d’âme, le roman nous laisse entrevoir, comme il se doit, l’économie aussi subtile que complexe du despotisme, faite de faux pas, de rumeurs, de flatteries, de « procédures mystérieuses », de ballets chorégraphiés des courtisans et de bourse des réputations. « Je fus en grâce autant qu’en disgrâce », résumera simplement cet ancien conseiller du roi.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LaCroix
09 novembre 2020
Maël Renouard signe un beau roman dans les arcanes de la cour du roi du Maroc, livrant une réflexion puissante sur les logiques du pouvoir.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LaLibreBelgique
28 octobre 2020
Maël Renouard met en scène ses interrogations sur les grâces et les disgrâces que procure le pouvoir.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeSoir
19 octobre 2020
Abderrahmane Eljarib ne cherchait pas la lumière. Maël Renouard en fait pourtant «L'historiographe du Royaume», fonction lourde à porter.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeMonde
12 octobre 2020
Histoire d'un livre. Pour raconter la vie imaginaire d'un conseiller royal marocain, Maël Renouard s'est nourri, entre autres, des lectures de Borges, de Robert Musil et de Saint-Simon.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Il méprise ceux qui le flattent, il déteste ceux qui lui résistent [...]. Aucun rapport avec lui n'est possible. Qu'il ait affaire à un courtisan de basse espèce, et il est impatient de trouver quelqu'un avec qui exercer son intelligence d'égal à égal ; mais qu'il soit en compagnie d'un homme qui ne lui cède en rien par l'esprit, et il est impatient de l'anéantir, car personne ne doit risquer de lui faire de l'ombre.
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Le roi aimait à citer des auteurs français, et singulièrement Pascal, pour qui il avait une telle prédilection qu'il lui attribuait souvent des sentences dont il n'était pas l'auteur. Le peuple ne s'arrêtait pas à ces imprécisions, il était fier d'avoir un souverain érudit, capable d'en remontrer aux Français ; les lettrés les percevaient, mais pour rien au monde ils n'auraient osé en rire.
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[...] un peu plus haut vers Port-Royal, au numéro 115 du boulevard Saint-Michel. Là était le point de rassemblement des nationalistes du Maghreb qui étaient de passage à Paris ; il y régnait une effervescence extraordinaire. On disait « le 115 », et tout le monde savait de quoi on parlait.
Les différences profondes qui pouvaient séparer les Algériens, les Tunisiens et les Marocains - qu'elles eussent trait à l'histoire, aux manières de vivre, aux régimes politiques que ces nations aspiraient respectivement à se donner quand elles seraient libres - disparaissaient dans l'atmosphère de société secrète et de joyeuse compagnie qui était particulière à ce lieu. Cela valait aussi pour chaque pays pris à part : sous les portes cochères du Quartier latin, j'ai vu fraterniser des communistes marocains avec des gens de l'aile droite de l'Istiqlal, ceux qui voulaient pour le monarque les plus grands pouvoirs, et pour la religion la plus grande influence. Au moment où j'étais à Paris, quelques années avant les indépendances, l'exigence d'union sacrée dominait les esprits ; la moindre division, disait-on, serait exploitée comme un avantage par les Français. L'exil aussi favorisait la solidarité. C'est plus tard que des divergences profondes apparurent, et qu'elles devinrent quelques fois des conflits armés.
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Au début, Sartre se méfiait ou se moquait de moi, car j'entrais mal dans les catégories de sa vision du monde. Je compris assez vite qu'à ses yeux un élève du Collège royal, camarade de classe d'un prince, appartenait à un univers traditionaliste qui lui était fort étranger, et dans lequel il devait juger que les professions de foi émancipatrices étaient soit suspectes, soit formidablement héroïques. Pour lui, logiquement, comme s'il existait une sorte d'internationale de l'iniquité, les vieilles élites, oppressives dans leur propre société, étaient en définitive du côté du système colonial, lequel avait d'ailleurs soin de les maintenir artificiellement à l'écart de la plèbe en leur préservant un semblant de pouvoir ; si elles soutenaient la cause de l'indépendance, il était fatal tôt ou tard, lucidement ou aveuglément, elles se sacrifiassent en tant que classe dominante. Mon cas personnel était, de surcroît, rendu particulièrement complexe par le fait que je n'avais ni fortune ni privilège de naissance ; mes souvenirs du Collège royal l'intriguaient beaucoup : « Ainsi donc, me dit-il un jour, on sélectionne les meilleurs écoliers un peu partout dans le pays, et on les met dans la même classe ? Comme les khâgneux qui vont à Henri-IV ? Hé hé, c'est singulier, ça. »
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Je sus, plus tard, que je n'avais pas été seul à vivre cela, cette torture de l'attente infinie et déçue, brusquement suivie d'une faveur inespérée. D'autres avaient attendu le roi en son palais jusqu'au soir sans le voir jamais paraître, et il les avait couverts de présents le lendemain, comme pour s'en faire pardonner, mais aussi bien pour établir sur eux son pouvoir absolu de prodiguer, selon son plaisir ou ses desseins impénétrables, un jour la peine et le lendemain la joie - un jour la case noire et le lendemain la case blanche, sur l'échiquier de la vie.
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L'Historiographe du royaume de Maël Renouard aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/1103783-romans-l-historiographe-du-royaume.html • • • Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=newsletter • Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel • • • #lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #conseillecture #editionslivredepoche
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