De nombreuses personnes ont de leur enfance des souvenirs un peu flous, mais parfois certains évènements, de prime abord sans grande importance, se sont imprimés en nous et reviennent nous hanter tout au long de notre vie d'adulte... C'est ce qui arrive à Harvey, qui ne cesse depuis des années de ressasser avec une aigreur grandissante la perte de son Superman numéro 1.
Mais comment le garçonnet qu'il était alors aurait-il pu se douter que cette BD qu'il venait d'acquérir et à laquelle il ne tenait pas vraiment valait une fortune ? le souvenir de la scène le tourmente jours et nuits, et plus encore quand il se souvient qu'il a échangé la BD contre un vulgaire bout de plastique qu'il a dû ensuite jeter et que l'échange avait eu lieu avec Bleeder, le pauvre nul de la classe et souffre-douleur de l'école, à qui en temps normal il n'adressait jamais la parole…
Aujourd'hui propriétaire d'un magasin de bandes dessinées, il connait parfaitement la valeur de cette première édition devenue culte et en fait une idée fixe, à tel point qu'il met sur cet échange d'il y a 20 ans tous les ratages de sa vie présente, qu'ils soient professionnels (il végète dans une petite boutique de quartier), familiaux (les relations avec ses parents, quand elles ne sont pas inexistantes, sont vraiment tendues et désagréables) ou féminines (échec total de ce coté-là également). Qu'on se le dise, Harvey est lâche, et totalement immature (on dirait un ado attardé). Et tout est, bien sûr, « la faute à la BD » ! Bref, notre héros est, disons-le tout haut, un bien sale type, hargneux, méchant, plein de rancoeurs, et en plus de ça paresseux et prétentieux. Je l'ai imaginé moche, gros et gras, le cheveu rare et sale et mal sapé… le gars qu'on n'a pas vraiment envie de rencontrer et avec qui on ne passerait pas volontiers son temps libre.
Et pourtant… vous allez rester quelques heures délicieuses avec ce gougnafier, parce que ce roman est d'une drôlerie irrésistible.
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