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EAN : 9782822400862
324 pages
MA Editions (01/02/2012)
3.5/5   8 notes
Résumé :
Le détective Vincent Calvino est sur la piste d’un farang, un étranger disparu, à Bangkok. Son enquête le conduira jusqu’au Cambodge, pays déchiré par la guerre. La nuit, les tirs d’armes automatiques claquent dans les rues de Phnom Penh, là même où des prostituées vietnamiennes abordent les soldats pacificateurs des Nations unies. Trafiquants russes, hôpitaux de fortune, bars louches, informatiques ainsi que les quartiers généraux de l’UNTAC seront autant d’obstacl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Zéro heure à Phnom Penh.
C'est très bien de faire une courte et glaciale introduction nommée « du génocide au café glacé » pour évoquer l'histoire du Cambodge, de l'arrivée des Khmers rouges à Phnom Penh en 1975 jusqu'à nos jours (l'invasion du Cambodge par les touristes…), mais les raccourcis, qui tendent à faire oublier la participation des Etats Unis ,de la Chine et des Vietnamiens (les français figurent eux en bonne place) aux massacres, sont inacceptables.

Ce n'est, direz-vous, qu'un polar, écrit par un Canadien au moment où l'ONU était censée assurer le déroulement des élections législatives vers un développement démocratique du pays juste après les accords de Paris au début des années 90. Il se trouve que j'étais sur place à l'époque pour la reconstruction du campus diplomatique de Phnom Penh et que j'ai pris la peine de m'informer sur les origines des conflits des prises de pouvoir, du génocide. Si j'évoque cette période qui me concerne professionnellement, c'est pour mieux pointer l'incroyable vide que représente la présence dans la ville des héros de ce livre. Car de fait aucun d'entre eux, à part le médecin français, n'ont quoi que ce soit à faire sur place à part une vague enquête sur un ou plusieurs vagues trafics.

Pour le coup, ils se comportent comme des imbéciles : Sortir la nuit dans une ville sans éclairage urbain où l'on risque bêtement la mort à chaque carrefour n'a rien d'héroïque, picoler du matin au soir, non plus, et sauter les putes vietnamiennes encore plus affligeant d'autant que l'auteur semble faire l'apologie de la prostitution comme seul moyen de subsistance pour les rescapées.

En aucun cas ce mode de vie n'était une règle et l'on pouvait aller au marché russe sans ramener chez soi un kilo de hasch ou des armes, on pouvait manger tranquillement des soupes chez Lipp ou acheter des fruits dans la rue, sur Monivong ou ailleurs sans dévorer des chiens avec les militaires. On pouvait dire non. On pouvait s'insurger contre ceux qui vous proposaient le plus sordide, on pouvait leur faire bouffer leur honte.
L'époque était sauvage, et les forces onusiennes s'ennuyaient ferme, qui ne pouvaient rien faire d'autre que d'attendre et de compter les morts entre les clans et les factions sans ordre d'intervention. Mais la prostitution reste sans excuse, surtout pas l'ennui.

Le parti pris de se vautrer dans les bordels n'est pas propre au Cambodge. On retrouve les mêmes clients à Nairobi ou à Windhoek, où il ne fait pas bon même aujourd'hui sortir en ville après minuit. On les retrouve aussi à Bangkok où Christophe G Moore a élu domicile. Ainsi revient-on au préambule qui déplore l'invasion touristique du sud-est asiatique, le fameux tourisme sexuel qui serait plus infect que l'abus sexuel d'individus sans défense en période troublée. Quelle blague de mauvais gout!

Pour ce qui est du polar lui-même, il gagnerait à se passer ailleurs. Rien de palpitant, pas de surprises. On meurt, on tue. Voilà, voilà.

Pour ce qui est des élucubrations socio philosophiques que l'auteur dispense à tout va, l'abstention et surtout l'abstinence aurait sans doute mieux valu.

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Christopher G. Moore, écrivain canadien, se penche ici sur le génocide du Cambodge soumis aux Khmers rouges de 1975 à 1979 et qui ont assassiné un tiers de la population du pays. La famine et la maladie ont achevé ce que les armes, même les plus rudimentaires, avaient entamé. Journaliste, il était à Phnom Penh en 1993, à la veille des premières élections libres. Il réalisait des reportages sur la présence onusienne. La situation lui a inspiré ce roman.

Vincent Calvino est amené à élucider un meurtre, celui d'un trafiquant – escroc- profiteur au sein d'un pays à peine sorti de l'outrage d'un génocide. Malgré son cynisme et son air désabusé, il pense que son boulot est bien insignifiant au vu de la misère la plus noire qui règne en maître. L'horreur des conditions de survie des Cambodgiens lui est insoutenable alors que les touristes et journalistes internationaux la côtoient sans la voir.
Trahison, violence, torture, meurtres et sexe… rien ne sera épargné à Calvino. Même pas l'impression désagréable que son ami de longue date, le Colonel Pratt, lui cache des choses et semble soudain le considérer comme un étranger, ce qu'il n'a jamais fait. Difficile de faire confiance à qui que ce soit dans cette affaire, quand tout le monde est prêt à trahir les siens si cela lui permet de rester en vie un peu plus longtemps. La misère ne cacherait-elle pas simplement la vraie nature humaine, veule et cupide à la fois ?

Je découvre ici l'écrivain Christopher G. Moore, ce livre étant le premier traduit en France. Ce polar noir m'a fait penser à ceux de Chandler en raison de l'ambiance glauque et des personnages retors que l'on y trouve. J'ai aimé le style, les nombreux arcanes qui émaillent l'enquête, le fait que cela se passe en Asie et qu'on découvre au fil des pages, la susceptibilité des uns et des autres, les relations ambigües entre la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam ; leur aversion pour le « farang » l'étranger… Moore habite désormais à Bangkok et on sent qu'il maîtrise bien l'histoire de l'Asie du sud-est. C'est instructif de la découvrir en partie avec lui. Cela donne en plus, beaucoup de force à son roman.
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En bon détective désabusé, un rien ironique et cynique, et quelque peu misanthrope (mais pas mysogine, la réputation des détectives privés est en jeu) Vincent Calvino se moque des conventions des usages et fonce tête baissée dans son enquête, quitte parfois à prendre des risques inconsidérés et à prier pour que son ami Pratt le sorte d'une mauvaise passe. Toutes les clefs du genre sont réunies pour faire de cette enquête un bon roman policier : des vrais personnages avec des vies cabossées, une multi-intrigue qui tient jusqu'aux dernières pages et des lieux absolument -et malheureusement pour ceux qui ont vécu ces années- idéaux pour placer une histoire forte. Mais, parce que "mais" il y a, ce roman est encore mieux que cela : il a un p'tit plus.
Ce p'tit plus, c'est le contexte géographique et historique. Géographique, parce que je ne pense pas qu'il existe une multitude de polars qui se déroule au Cambodge et en Thaïlande. Historique, parce qu'il se passe en 1993, dans l'après Pol Pot, lorsque le pays est sillonné par les forces de l'ONU censées protéger les populations et préparer la mise en place d'un régime démocratique. La société cambodgienne de l'époque est particulièrement violente et fait peu cas de quelques morts par-ci par-là. Les jeunes femmes sont prostituées pour gagner quelques malheureux dollars et prennent physiquement et psychiquement 10 ans de vie en 1 seule année civile : elles meurent jeunes, de maladie, de fatigue ou d'une balle perdue. Phnom Penh est une ville en décrépitude, en déroute dans un pays en qui ne se relève pas.
Christopher G. Moore a été journaliste et vit en Asie du sud-est depuis presque 25 ans, c'est dire s'il maîtrise son sujet. (Ce roman a été écrit en 1999 mais n'est traduit que cette année en français et l'auteur en a écrit d'autres avec le détective Vincent Calvino). Il ne nous épargne rien, ni les visites des bordels de Phnom Penh, ni les exactions des truands du coin ni les actes répréhensibles parfois violents et souvent impunis de certains soldats de l'ONU, ni ses interrogations sur le métier de journaliste et le bien-fondé des images ou reportages qu'ils peuvent rapporter. La visite de la prison T-3 est un chapitre assez éprouvant mais nécessaire pour tenter d'expliquer l'arbitraire du régime et les violences qu'il fait subir aux habitants parfois sans raison justifiable
Vous l'aurez compris, ce polar m'a convaincu. Mieux qu'un reportage simple au pays des Khmers, pour le même prix, vous avez le reportage et l'enquête de Vic Calvino. Que demander de plus ?
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Vincent Calvino un ancien avocat reconverti en détective privé est contacté par Patten un homme d'affaires véreux qui lui demande pour 5 000 dollars de retrouvé la trace d'un dénommé Mike Hatch qui se trouverait au Cambodge à qu'il il doit remettre un chèque important. Pour retrouver l'homme Patten indique à Calvino que s'il veut avoir des informations il doit contacter un canadien en affaires avec Hatch. Calvino se rend au champ de course pour rencontrer le canadien mais alors qu'ils sont en pleine conversation l'homme meurt empoisonné. L'affaire qui de prime abord se révélait fort simple prend se complique, mais ce n'est pas ce qui va inquiéter le détective privé. Il part donc pour le Cambodge accompagné de son ami, le lieutenant colonel Pratt de la police thaïlandaise qui enquête sur un vol de bijoux non résolu. Les deux hommes vont sur place collaborer avec un surintendant de la police des Nations unies.

Zéro heure à Phnom Penh entraîne le lecteur plus dans un roman noir que dans un véritable policier. En effet c'est plus l'atmosphère et le contexte politique dans lequel vont se dérouler l'enquête qui occupent la place prépondérante de ce récit. le récit se déroule en 1993 lorsque le pays est sous présence des forces de l'ONU qui doivent protéger la population et préparera la mise en place d'un nouveau régime. Une société qui se révèle particulièrement violente où règne la prostitution et les meurtres dans un pays qui avait déjà souffert des exactions commises par les Khmers de Pol Pot.

Le récit se déroule donc dans un contexte qui n'est pas sans rappeler les romans noirs des années cinquante. Un récit particulier où la géopolitique et les meurs prennent le dessus sur une enquête qui n'est que prétexte à nous dresser la toile du pays. Qui dit géopolitique et atmosphère particulière donnent un roman complexe où l'écriture s'avère lourde faites de phrases longues et d'une écriture au passé. On est dans ce roman loin du classique du genre policier et qui s'avère rapidement assez soporifique malgré un côté historique intéressant.

Un contexte qui colle fort bien à la personnalité du personnage central peu soucieux des conventions et qui fonce tête baissée entre les balles perdues. Calvino est plus style agent secret que détective privé à la Poirot, c'est un dur à cuire toujours à la limite de la légalité.

Un contexte social et géopolitique intéressant avec des relations ambiguës avec les pays voisins, et une psychologie des personnages très poussée : l'auteur maîtrise de belle manière son sujet. C'est très instructif a défaut d'une excellente dynamique de lecture
Lien : http://imaginaire-chronique...
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Le détective privé Vincent Calvino accepte le mandat de 5.000 dollars pour retrouver un individu disparu au Cambodge. Il ne se doute pas qu'il devra passer des bas-fonds de Bangkok à l'enfer de Phnom Penh où les forces de maintien de la paix de l'ONU tentent tant bien que mal de faire régner le calme.
Ce polar noir nous rappelle ceux de Chandler par son ambiance glauque et ses personnages retors. Mais bien plus qu'un roman noir, c'est une aussi une fresque du Cambodge et Phnom Penh de 1993, après la folie Khmers rouges et Pol Pot. C'est l'histoire de ses habitants, leur désespoir, leurs espoirs, leurs peurs. L'auteur raconte brillamment les conflits larvés entre les Vietnamiens, les Thaïlandais et les Cambodgiens. C'est un livre unique et profond. Et on attend avec impatience la suite des enquêtes de Vincent Calvino, detective humaniste.
Christopher G.Moore est un écrivain canadien, ancien professeur de Droit à l'université de Colombie-Britannique. Il vit à Bangkok depuis 1988. Il est l'auteur de 22 romans, traduits en de nombreuses langues. Sa série Vincent Calvino a reçu plusieurs récompenses internationales, dont le prix de la critique du meilleur roman policier en Allemagne. Zéro heure à Phnom Penh est son premier roman publié en France.
Lien : https://collectifpolar.com/
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
La centaine de prisonniers de cette salle offrait une vision éloquente de l'enfer. Leur regard indiquait qu'ils étaient répartis en trois groupes. Ceux du premier groupe avaient le regard d'un homme à qui le bourreau passe la corde au cou. Les hommes du deuxième groupe avaient le regard fièvreux de ceux qui sont atteints de dysentrie, de fièvre et de diarrhée. Le troisième groupe, lui, avait le regard des morts-vivants, de ceux qui ont déjà franchi le pont. (p.292)
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-Calvino et moi avons travaillé ensemble. On peut lui faire confiance. Ce que vous direz ne sortira pas de cette voiture, laissa tomber Pratt.
-L’amitié et la confiance. Bonnes choses à partager entre hommes. C’est rare qu’on puisse faire confiance totalement. Au Cambodge, c’est encore pire, si je peux me permettre, dit Singh. Les Khmers rouges ont tué tellement de gens que personne ne sait à qui faire confiance. Oui qui sont leurs amis. Ce qui fait que plus vous ignorez les rumeurs et mieux vous vous portez .
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Vincent Calvino cherche la solution à un crime individuel commis dans une société ayant subi l'outrage d'un crime collectif majeur. Il finit inévitablement par se dire que le problème qu'il doit régler est bien insignifiant en comparaison du million de personnes mortes sous le règne des Khmers rouges. (p.8)
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Les bandits pouvaient être où ils le voulaient, quand ils le voulaient et personne n'était assez naïf pour penser que la police était capable de contrôler les voleurs ou les meurtriers. D'autant plus que la police locale était elle-même un acteur engagé de l'univers criminel de la capitale cambodgienne sans que personne n'ait encore trouvé la bonne méthode pour forcer les flics à faire leur véritable travail. Pas plus qu'il n'y avait de moyens réels pour que les flics honnêtes se mettent à arrêter leurs confrères corrompus.
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Dix ans plus tard, j'y suis retourné pour observer les changements survenus dans le pays. «Le temps passe vite», disait une animatrice de radio khmère dans un anglais au fort accent californien. Elle aurait aussi bien pu se trouver dans un centre commercial de Los Angeles. Pourtant, elle n'avait sûrement jamais mis les pieds hors du Cambodge. Cette jeune femme faisait des émissions en anglais destinées aux jeunes Cambodgiens nés après la défaite des Khmers rouges. «Le temps passe vite, répétait-elle.
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