Ce soir je vous parle du recueil de nouvelles intitulé «
Sous la couverture » de
Raphaël Morgano.
En voici une jolie invitation à la lecture…
Une invitation tout en douceur d'un recueil de nouvelles à chute comme l'indique la quatrième de couverture.
Une chute de quoi ? Sur le cul ? de reins ? de tension ? de pierre ? D'enthousiasme ?
Pleine de curiosité, donc, j'ouvris ce recueil et me retrouvai face à la table des matières, laquelle, loin de répondre à mes questions, titilla encore plus ma curiosité lorsque je découvris les titres de ces nouvelles tous plus lapidaires les uns que les autres.
Des -tion, des -sion, des « -zion », en veux-tu, en voilà, sauf pour le titre de la dernière nouvelle que j'évoquerai plus tard.
On ressent dans ce choix de titres les prémices de la tension, des sensations, de l'émotion vécus par l'auteur lors de la rédaction de son recueil.
Une « Fellation » donc, pour commencer, et je me marre franchement en imaginant l'air abasourdi des lecteurs de mon retour en ce moment même !
Raphaël, je devine sans peine que le bel effet que tu provoques avec cette première nouvelle doit, pour toi, être jouissif à chaque fois… oui, autant commencer en utilisant ce savoureux champ lexical !
Pourtant, ce ne serait pas rendre justice à ton recueil que de focaliser sur cet effet, car voyez-vous, Raphaël m'a bel et bien agacée puisqu'il m'est arrivé à plusieurs reprises de relire ses nouvelles une seconde fois, non pas pour en comprendre le sens mais pour comprendre la technique de ce petit malin !
Comment avait-t-il pu réussir à m'entraîner l'air de rien au fil de ses mots, de ses intrigues, vers des dénouements, tenant parfois sur quelques lignes, qui étaient tout sauf ceux auxquels je m'étais préparée ?
Je dois dire que c'est finement joué… La lecture de ce recueil m'a fait sourire et m'a surprise, ce qui devient de plus en plus rare.
Je retiens particulièrement « Adaptation », « Eclosion » et « Concision » bien sûr, lequel amène à ce final absolument inattendu, intitulé « Monochrome » qui rappelle forcément une technique utilisée par nul autre que
Barjavel en personne.
Je ne peux forcément rien dévoiler du contenu de ces nouvelles, ce serait comme dévoiler la fin de la saison 8 à venir de GOT, mais ce paragraphe-ci , tiré de la nouvelle « Eclosion » mérite, à mon sens, d'être souligné pour la simple raison qu'il touche à une de mes préoccupations majeures en tant qu'auteure:
« 4 avril 2012. Kasinski est dur, mais peut-être a-t-il raison. « Votre problème, insiste-t-il, c'est que vous n'osez pas écrire une ligne de peur qu'elle ne soit pas d'emblée parfaite. Vous n'acceptez pas le fait qu'il faut transitoirement écrire de la merde pour parvenir, après de multiples itérations, à quelque-chose de décent. » Et il ajoute, dans un style résolument pop : « Il n'y aurait jamais eu Hey Jude s'il n'y avait pas d'abord eu Love Me Do. » »
L'écriture de
Raphaël Morgano est fluide, douce, précise, avec une vraie espièglerie par moment.
En achevant son recueil, j'ai fermé les yeux puis l'ai imaginé tel un artiste peignant par petite touches de couleur un des nombreux détails hypnotiques d'un tableau que seul lui-même visualise dans son ensemble.
A la façon de Monet peignant ses nymphéas. Douceur, délicatesse et espièglerie…
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