Ce livre est une merveille car il associe une édition très soignée à des textes poétiques d'une grande délicatesse. L'auteure se défend d'avoir fait un recueil de poésie et préfère parler de récits en miroir, Assomption étant l'un des volets d'une oeuvre plus large intitulée Sur Champ de sable. D'emblée, elle signale à la fois l'ambition de retranscrire des moments de son enfance bretonne et rostrenoise, d'évoquer une part intime, et de les délivrer dans « une forme de neutralité accessible à tous ». Cette précaution me semble superflue, l'écriture est ce qu'elle est. On ne s'efforce pas à être accessible, on fait son texte comme on le couche sur le papier. Peu importe, le résultat est réussi. Toute la sensibilité de
Françoise Morvan frémit dans une corde toujours juste, au plus près de ses souvenirs, tantôt retranscrits d'un trait net – Sans famille – , tantôt habillés des éclaboussures de l'étonnement enfantin et de la mélancolie. Pourtant, l'émotion est serrée, à la manière des gens du pays, elle ne se découvre que dans le silence « brodé rebrodé fin travail d'aiguille ».
Un dernier mot sur les Éditions Mesures, elles ont été créées par
André Markowicz, le compagnon de
Françoise Morvan et elle-même. le couple est connu pour son travail de traduction des poètes et dramaturges russes, mais aussi irlandais, américains… J'ajouterai que
Françoise Morvan a fait un travail remarquable d'édition sur les poèmes d'
Armand Robin.