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EAN : 9782742774173
110 pages
Actes Sud (09/04/2008)
3.86/5   7 notes
Résumé :

Après des années d'exil, le jeune Akhbar rentre chez lui. Une automobile traversant de vastes étendues cernées de monts dénudés le ramène lentement aux portes de sa ville natale. Après de multiples contrôles, le temps de revoir les siens n'est plus très loin. Mais l'imprévisible advient : Akhbar est perdu, il ne retrouve personne, ni sa mère, ni sa sœur ni même la maison de son enfance,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Le mythe du retour d'Ulysse dans le cadre d'une ville kurde (probablement) du nord de l'Irak. le début du récit, centré sur les sentiments du jeune Akhbar face à son véritable double exil qui est, après l'absence, son incapacité à reconnaître les lieux, est plutôt intéressant. J'aimerais en retirer la citation suivante:
"Il savait enfin ce qu'est le sentiment d'exil. Quand on est dans un pays étranger, ce sentiment est toujours associé à une subtile satisfaction, le fait d'être exilé flatte votre orgueil et vous érige en héros de votre propre solitude, ce type d'isolement vous confère, malgré tout, une force étrange qui vous aide à tenir bon et à vous dépasser... Mais il ne retrouvait pas l'endroit qu'il avait quitté. Sa connaissance des lieux ne compensait pas le dépaysement causé par le temps. Il se sentit soudain, comme jamais auparavant, étranger à ce monde." (p. 32)
Cependant le déroulement du récit, en s'éloignant du personnage au profit de sa description subjective des lieux, ouvre une multitude de pistes de lecture, brouille ces pistes, sans aucun aboutissement: il est donc question successivement des effets de la guerre sur les habitants (seulement esquissé); d'une intéressante rencontre avec un vieux libraire, qui confronte le héros à sa peur des mots et de l'écrit (piste reprise vers la fin, ce qui rend encore plus regrettable de l'avoir lancée sans développement); d'une révolution islamiste (qui m'a même fait supposer un certain temps que le lieu fût l'Iran et non l'Irak); d'un effacement de la population féminine sous le tchador, puis sous la burqa (ce qui pourrait encore faire changer de cap géographique! mais qui n'est absolument pas développé à sa juste valeur: il s'agit quand même du titre!); d'une esquisse de nostalgie amoureuse; d'une critique contre le pouvoir policier invisible et arbitraire (qui ne touche cependant pas le héros); d'une trop peu (développée pour être) vraisemblable pulsion du héros vers l'idée de revêtir lui-même la burqa (pour sa recherche des femmes auxquelles il tient? pour voir le monde comme elles le voient? pour disparaître de la vue des gens? pour tra-vestir son identité sexuelle? rien n'est moins clair...). Enfin le final est multiple et complètement surabondant: en voulant faire trop "intello" il finit par sembler bâclé...
Mon impression est que l'auteur a eu du mal à maîtriser un ensemble trop vaste de sujets très divers qu'il avait à coeur de traiter sans les démêler (guerre en Irak, montée de l'islamisme, effacement des femmes dans ces contextes, sentiment d'exil et d'aliénation lors du rapatriement).
Pour les lecteurs qui ne connaissent pas cet auteur contemporain de la littérature turque plutôt à la mode dans son pays, au-delà des deux phrases de la 4ème de couverture, il s'agit d'un Kurde de gauche très engagé politiquement notamment pour les droits de cette minorité, contre la montée de l'islamisme, et surtout contre l'homophobie.
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Le tchador n'est pas uniquement ce voile qui prive progressivement la société de la présence progressive des femmes dans l'espace public. Il ne cache pas seulement leurs corps, leur féminité, leur âme et leur existence. Il est aussi ce voile noir, étanche, qui se dépose sur une ville meurtrie par des années de guerre; une ville ravagée, triste, profondément marqué par un régime islamiste qui mène la vie dure à ses habitants pris de terreur.

C'est un voile très opaque qui empêche notre personnage principal, Akhbar, de retrouver la vue, la vie, sa famille. de retour de l'exil, il la cherche désespérément mais elle n'est plus. Il ne sait pas où elle est, ce qu'elle est devenue. Il erre dans les rues à la recherche de ses amours perdus, de son passé, de ses souvenirs mais il ne voir rien, ni personne car plus rien n'existe dans cette ville. Elle n'est plus celle qu'il a quitté. Elle est une autre, un fantôme ; sans vie, sans chaleur.

En se déposant sur le corps des femmes, le tchador a ainsi couvert la ville d'une ombre sombre qui assombrie les visages et brise les coeurs. Une vie sans femmes est une vie marquée par l'absence, le manque. Voiler leurs corps, les supprimer, les noyer sous un tas de tissus froissés, c'est effacer les couleurs, ternir le paysage, noircir la vie. C'est dessiner l'enfer.

Il est beau ce court roman. Il raconte le désespoir d'un exilé qui, de retour dans son pays (on pense à l'Iran mais peu importe le lieu), recherche sa famille disparue. C'est pleines de nostalgies, de mélancolie, de tristesse. C'est joliment raconté. C'est gracieux. Murathan Mungan, que j'ai découvert grâce @kontreditions, signe ici un texte que j'ai beaucoup apprécié.
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Un roman étrange mais très bien écrit. Un homme revient au pays après un long exil mais entretemps la guerre a eu lieu et les soldats de l'Islam ont pris le pouvoir. Il recherche sa famille, sa mère, ses soeurs, sa fiancée, mais ne les trouve pas.

L'auteur rend bien l'atmosphère inquiétante qui règne dans la ville de son enfance et dans les maisons dont les portes s'entrouvrent à peine. Les femmes, en Bourka, font tout pour se rendre invisibles. Les policiers circulent, prêts à sanctionner le moindre écart de conduite, des opposants sont roués de coups en public, le tabac est mélangé à l'opium. le pays du roman n'est pas précisé mais fait penser à l'Afghanistan.

L'homme est en proie à un grand désarroi intérieur, il perd pied, commence à s'inventer des retrouvailles imaginaires qu'il croit réelles. de déception en déception, il finira par en perdre la raison.

Le roman exprime très bien l'anéantissement des femmes dans les pays qui leur impose la Bourka. Il met en garde en signalant que le simple Tchador est déjà l'annonce de l'arrivée prochaine de la Bourka. Il pleure sur le sort des peuples qui se privent du sourire des femmes et de la vue de visages aimés.
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Un homme rentre au pays après des années d'exil. Un pays sous loi islamique. Souhaitant retrouver les siens, il erre à travers la ville ses recherches demeurant vaines. Marchant sans relâche dans des lieux qui semblent dépourvus de gaieté, il remarque bientôt l'absence des femmes. Des silhouettes les remplacent. Dissimulées sous des bourkas, elles se pressent et ne s'attardent jamais. Avec leur disparition, c'est toute une partie du monde qui l'entoure qui disparaît : les voix, les parfums, l'apport du féminin dans le quotidien… Son esprit, privé d'une partie de ses repères peine à faire resurgir ses souvenirs, ses rêves, à faire fonctionner son imagination. Et progressivement c'est lui-même qui semble s'étioler, perdre goût à la vie. Et peut être perdre définitivement pied.
En dehors de toute considérations religieuses, une façon de montrer ce que signifie concrètement de demander à des êtres humains de se retirer du monde.
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Un homme Akhbar passe une frontière et rentre chez lui, après une guerre. Aucun nom de pays, mais la présence des soldats de l'Islam.

Dans cette ville, qu'il ne reconnaît que peu, Akhbar cherche sa mère, sa famille, sa bien-aimée. Il est confronté aux disparitions, celle des siens et celle plus générale des femmes derrière la bourka. « Aucun mouvement de leur corps ne franchissait cette montagne de tissu qui les dissimulait comme une grotte et rien ne révélait leur féminité. Tout ce qu'on voyait bouger ou marcher, c'étaient ces catafalques. Seul le froufrou du tissu révélait le cheminement d'êtres humains… »

Parcours et recherche de soi, du passé, errance dans les ruelles d'une ville, retour sur la guerre et angoisse de l'effacement. « Mais il ne trouvait aucun signe. »

L'espérance furtive derrière un tchador, un moment de rêverie puis un « visage fermé. »

Une insidieuse réalité contée par touches. Peut-être, cependant, une issue par l'inversion du signe et l'appropriation de l'assignation vestimentaire.
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critiques presse (1)
Lecturejeune
01 septembre 2008
Lecture jeune, n°127 - De retour dans son pays natal après des années d’exil, le jeune Akhbar part à la recherche de sa famille dans un Afghanistan qui n’est jamais nommé. Mais c’est un pays dévasté par la guerre qu’il retrouve, où la population semble dominée par la peur. Sa quête fait de lui un étranger dont chacun se méfie, errant dans une solitude absolue. Les soldats de l’Islam font régner la séparation des sexes et l’obligation du port de la burqa pour les femmes. Akhbar sombre dans le désespoir, n’ayant retrouvé ni sa mère, ni sa soeur ni même sa maison d’enfance. Il perd le souvenir d’un monde dans lequel hommes et femmes vivaient ensemble.
Ce court récit offre une approche sensible d’une société dont les femmes sont exclues. Mais en se privant d’une moitié de sa population, le pays semble se condamner à mort. En adoptant le point de vue du narrateur, qui progresse dans une quête de plus en plus oppressante, l’auteur entremêle les évocations réalistes violentes et les images mentales tendres et nostalgiques. Ce parti pris, à l’opposé du discours documentaire informatif et explicatif, fait de ce livre un plaidoyer contre l’extrémisme dans une langue poétique, parfois proche du réalisme fantastique.
Colette Broutin
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Aucun mouvement de leur corps ne franchissait cette montagne de tissu qui les dissimulait comme une grotte et rien ne révélait leur féminité. Tout ce qu’on voyait bouger ou marcher, c’étaient ces catafalques. Seul le froufrou du tissu révélait le cheminement d’êtres humains…
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