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sur 677 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Après plus de dix ans, je suis enfin retourné au Japon et j'ai pu y rester un peu plus longtemps que lors de ma première visite. J'y étais à nouveau pour une conférence qui se tenait dans une université située dans le quartier de Roppongi, juste en face du superbe Centre national des Arts de Tokyo.
Après la conférence, j'ai pris le métro vers un autre campus. C'est à l'Université Waseda que s'est ouverte récemment la Bibliothèque Haruki Murakami (ou Waseda International House of Literature) qui rassemble, au sein d'une belle création architecturale, des livres (premières éditions, multiples traductions) et objets personnels (notamment de nombreux LPs vinyls des musiques, surtout du jazz, citées dans son oeuvre), donnés par l'écrivain japonais le plus fêté dans son pays comme à l'étranger. J'y ai trouvé, dans la traduction française, le recueil de nouvelles « Des hommes sans femmes » et j'ai choisi de lire sur place « Drive My Car ». Je me suis installé dans un fauteuil en forme d'oeuf profond et en un peu moins d'une heure, je me suis plongé dans l'univers de Murakami et de cette histoire dont j'avais déjà vu l'excellente adaptation au cinéma par Ryūsuke Hamaguchi.
Yūsuke est un acteur de théâtre qui aime rouler dans sa Saab 900. Pour des raisons d'assurance, il ne peut plus prendre le volant. Il accepte, d'abord à contre-coeur, de se faire conduire par une jeune fille, Misaki. La conduite de celle-ci est très sûre et il aime les longs trajets durant lesquels il peut répéter les lignes d'Oncle Vania, la pièce de Tchékov qu'il joue le soir au théatre, en insérant une cassette sur laquelle sa femme a enregistré les répliques et laissé des blancs pour son texte. Sa femme est morte, il n'y a pas longtemps. Ils formaient un couple très uni, même si Yūsuke, n'ignorait pas qu'elle lui était parfois infidèle.
Yūsuke et sa conductrice, se mettent peu à peu à se parler de leurs vies respectives. Il cherche aussi à se rapprocher de Takatsuki, un acteur qui fut l'amant de sa femme. Sans révéler ce qu'il sait, il l'invite plusieurs soirs à parler d'elle.

Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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Bienheureux d'avoir pu découvrir ce livre grâce à une amie qui me l'a conseillé. Je précise par ailleurs que ce fût mon premier livre de Murakami, m'ayant fait lire davantage de sa plume.

Je ne saurais dire précisément pour quels raisons mais ce livre m'a procuré un sentiment de nostalgie, de tranquillité (en dépit d'histoires parfois dures) et m'a amené par la même à entrer pleinement dans l'histoire des différents personnages que l'on suit à travers les nouvelles. le concept en lui-même m'a d'ailleurs plu et interpellé : comment raconter diverses histoires sur une logique simple et similaire, des hommes sans femmes.

Nous avons donc l'occasion de suivre des personnages aux parcours très différents avec lesquels je suis parvenu personnellement à compatir, entrant dans leur monde que l'auteur nous offrait à voir dans un laps de pages restreint. le format nouvelle par ailleurs rend la lecture agréable et relativement simple, ce qui peut être agréable quand on est habitué à des livres plus touffu.
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Sept nouvelles où les hommes ont le beau rôle. Enfin, si l'on peut dire ! Car, en fait, ils sont tous sous l'influence d'une femme qui va les entraîner dans des embranchements de vie tout à fait inattendus. Que ce soit par jeu, par innocence, désintérêt ou à cause de la maladie, ces muses gouvernent un temps la conscience de ces mâles dont on pourrait imaginer qu'ils croyaient, au moins pour certains, que le postulat de la supériorité de leur sexe suffisait à les mettre à l'abri des déconvenues du coeur. L'écriture de Murakami est toujours aussi captivante.
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La nouvelle suée bien à cet auteur que je trouve un peu en mal d'inspiration ces derniers temps comme si Kafka sur le rivage l'avait asséché. Agréables nouvelles dans lesquelles on retrouve l'univers de murakami
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Ce recueil de nouvelles faisait partie de ma première commande de fin de confinement. J'avoue avoir découvert cet auteur récemment après lecture d'articles sur les blogs. Je n'ai pas été déçu, bien au contraire. On a là de bien belles et étonnantes histoires. La narration en apparence simple, mais rythmée et fluide, s'enrichit quand on ne s'y attend pas de sens cachés qui démultiplient le récit, comme dans des miroirs parallèles.
C'est le premier livre que je lis de Haruki Murakami. J'ai cette impression très satisfaisante d'avoir nourri mon imaginaire avec une oeuvre qui prolonge l'oeuvre du grand Yasunari Kawabata (1899-1972). Je pense à cet auteur, entre autres à « La danseuse d'Izu » et « Les servantes d'auberge », pour la forme courte adoptée ici, pour le style et les thèmes, aussi aux grands auteurs nippons célèbres en occident : Junichirô Tanizaki (1886-1965) avec son magnifique « Eloge de l'ombre », Yukio Mishima (1925-1970) du « Pavillon d'or ». Par contre, l'époque n'est plus du tout la même. La femme n'est plus soumise au bon vouloir de l'homme qui la fantasme et la soumet à sa volonté. Elle a acquis, sur ces feuillets tout au moins, une forme de liberté. Sa place, dans chaque nouvelle est centrale – surtout dans le jeu de son absence – et c'est elle qui en définitive gère le tempo. Avec Haruki Murakami, un équilibre entre homme et femme semble se trouver.
Tout ceci est « peut-être » une interprétation de ma part mais j'ai pensé en refermant le livre au célèbre vers d'Aragon « la femme est l'avenir de l'homme ». Ce terme : « peut-être » est souvent utilisé ici, dans la nouvelle qui donne son titre au recueil, il est dit : « Peut-être que j'utilise le mot « peut-être » trop souvent. Peut-être. »
Il n'est pas question de violence physique, pourtant une caractéristique de beaucoup d'oeuvres japonaises – littérature ou cinéma –, et cela me plaît aussi. En lisant ce livre on s'aperçoit vite que c'est un auteur qui a pris sa place et pas des moindres dans la littérature mondiale. Quand on fait une recherche à son sujet, son succès saute aux yeux, s'en est étonnant !
Drive My Car : dans la première nouvelle Kafuku, un acteur en vue, suite à un accident dû à un excès d'alcool et un problème de vue, doit se faire conduire chaque soir au théâtre par Misaki une femme plutôt taciturne, une rencontre improbable... Les caractéristiques physiques sont très présentes et parfaitement dissociées des personnalités réelles, ce que j'ai apprécié : « Il avait absolument besoin d'un chauffeur au plus vite et Ooba était un homme de confiance. Ils se connaissaient depuis quinze ans déjà. Ooba avait les cheveux épais, de vrais fils de fer, et il avait un peu l'allure d'un lutin, mais son avis en ce qui concernait les voitures était toujours pertinent. »
Le recueil commence d'emblée, dans une simplicité apparente, par un grand texte. C'est une merveille ! Un jeu d'ombre et de lumière où, alternativement, la parole et le silence expriment une multitude de sentiments. La musique particulière de l'écriture est frappante, accentuée par une traduction où je n'ai décelé aucune dissonance.

Yesterday : un célibataire vibre au rythme des Beatles qu'il interprète à sa manière et de surcroît en Kansai, un dialecte plutôt méprisé au Japon.
« En tout cas, les paroles qu'il avait inventées étaient de bout en bout complètement absurdes, de véritables non-sens, sans aucun rapport avec l'original. »
Kitaru est un jeune homme de vingt ans qui cherche à donner un sens à sa vie et à l'amour. Ici les cultures anglo-saxonnes et japonaises s'entrecroisent rendant compte de la réalité actuelle du Japon.
Un organe indépendant : Tokai, un chirurgien comblé par son métier collectionne les aventures sans connaître le grand amour. Une nouvelle surprenante et réussie. Je ne dois pas en dire plus malgré l'envie que j'aie, seulement que Murakami sait comme personne faire parler l'intériorité des personnages :
« Il hésitait. Il n'avait apparemment pas de bon exemple pour illustrer sa démonstration. Ou peut-être éprouvait-il quelque scrupule à en dévoiler un. Je repris la parole... »

Schéhérazade : cette histoire est présentée comme vraie car un bon conteur « doit être crédible s'il possède son art ». Avec Murakami, la promesse du vrai entraîne vers bien des zones troubles. Une Schéhérazade magnifique raconte des histoires sans fin et sans craindre pour elle-même :
« Elle lui racontait ses histoires parce qu'elle en avait envie et aussi, sans doute, pour le réconforter, lui qui devait demeurer cloîtré toute la journée. Mais ce n'était pas les seules raisons. Habara supposait qu'elle aimait rester au lit avec un homme et parler avec lui durant ces moments tendres et alanguis qui suivent l'amour. »
Enigmatique en diable, cette nouvelle aussi m'a durablement impressionné.

Le bar de Kino : Ah, le bar de Kino ! Quelle histoire ! J'ai adoré et je ne suis pas près de l'oublier. Tout est parfait, la grande littérature nippone a créé ce type de miracle bien souvent et récidive, même dans ce petit texte si bien construit. Des clients belliqueux vont briser le calme du café de Kino au fond d'une impasse, lui qui a été trompé et a dû partir du domicile conjugal. Un client le provoque verbalement : « Puis il se lécha consciencieusement les lèvres avec sa longue langue. On aurait cru voir un serpent devant sa proie. » Chez Murikami ce n'est pas seulement une comparaison formelle, la nature, les kamis – divinité ou esprit vénéré dans la religion shintoïste – sont présents réellement.

Samsa amoureux : le Samsa de Kafka est épris d'une inconnue mystérieuse. Un drôle de monstre inoffensif et maladroit, suite à un évènement, a subi une transformation dont on sait peu de chose. Il découvre en quelques heures ce qu'un homme apprend pendant toute une enfance, se lamentant des difficultés de l'initiation et s'étonnant, malgré tout, du merveilleux de la vie humaine.
« C'est vraiment moi ça ? Un corps aussi grotesque, si simple à détruire (sans carapace protectrice et sans arme d'attaque) était-il en mesure de survivre dans ce monde ? »
C'est totalement décalé et éclairant dans les outrances !

Des hommes sans femmes : est un récit très bref comme une conclusion en ombre et lumière. C'est un rappel du thème qui parcourt toutes ces nouvelles, la solitude suite à la séparation, la solitude suite à un décès, à un suicide, les destins qui suivent leur cours sans savoir ce que devient l'autre que l'on a connu, aimé. Tout cela relaté dans la lumière de cette écriture limpide et dans l'ombre du mystère de la vie :
« Il est facile de devenir des hommes sans femmes. On a juste besoin d'aimer profondément une femme et que celle-ci disparaisse ensuite. En général (comme vous le savez), elles auront astucieusement été emmenées par de robustes marins. »

Haruki Murakami a étudié le théâtre et le cinéma avant d'ouvrir un club de jazz à Tokyo – musique est très présente, rythmant plusieurs récits, notamment « le bar de Kino » et « Des hommes sans femmes ». C'est un écrivain reconnu, plusieurs fois pressenti pour le prix Nobel de littérature, traduit en plus de 50 langues, auteur d'une oeuvre considérable. En quelques trente ans, il est dit qu'il a modifié le paysage littéraire japonais et intégré le cercle de ces auteurs mondialisés « incontournables » tel que Stephen King, J. K. Rowling – ceux-ci que je n'ai pas lus... – et quelques autres. Un succès qui me semble, si j'en juge à ce livre, bien mérité si cela n'écrase pas tous ces auteurs talentueux peinant à se faire une place.
Cela restera une de mes lectures majeures de ces dernières années et je compte bien découvrir d'autres écrits de cet auteur. Merci de me donner vos avis quant à cet auteur et cette chronique.
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Retrouver cette critique avec photo d'illustration personnelle, ainsi que deux musiques de jazz présentes dans la superbe nouvelle "Le café de Kino", sur le blob Clesbibliofeel. A bientôt et merci pour votre lecture !

Lien : https://clesbibliofeel.blog
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Un recueil de 7 histoires courtes, toutes plus originales les unes que les autres, empreintes de poésie et de métaphores inattendues. J'ai vraiment adoré, plus encore que ses autres recueils de nouvelles, car chaque récit créé une attente chez le lecteur, un mystère que l'on a envie de découvrir. Ainsi, pour le découvrir, on dévore littéralement chaque nouvelle dans le but de percer ce mystère, mais à chaque fois, les réponses à nos questions ne seront jamais là. Ce procédé crée une sorte de frustration, mais laisse également place à l'imagination, car c'est finalement à nous d'imaginer comment le récit pourrait continuer, ce qui est vraiment très intéressant.
Le titre du livre ne m'emballait pas trop, et me laissait penser que j'allais lire des textes ennuyeux sur des hommes seuls, et qui s'ennuient eux-mêmes. Il n'en est rien. Une fois de plus, Haruki Murakami a su me surprendre.
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est ce mon manque d'objectivité sur cet auteur ou le fait que je n'avais pas lu de livre de lui depuis quelques temps ( 2 ans je crois) mais oui, j'ai aimé ce recueil de nouvelles...peut être moins la derniere mais l'écriture, l'originalité, et finalement ce coté si vivant, simple , anti héros , me plait et je m'y retrouve...
il y a biensur dans la nouvelle Kino un coté auto biographique mais est ce un probleme? j'y vois un clin d'oeil au contraire....
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Solitude, musique, fascination et incompréhension des femmes omniprésentes mais toujours en partance voire disparues laissant l'homme abandonné, livré à son rêve et à sa mélancolie, voici les thèmes évoqués par Haruki Murakami qui livre avec ce recueil de sept nouvelles un ouvrage écrit dans un style limpide et efficace, qui touche au coeur par sa sincérité.
Ses personnages confinés dans un isolement, choisi ou imposé, revivent un passé dont ils ne sont pas sortis indemnes.
Il y a beaucoup d'authenticité dans ces récits dont les héros, modestes, souvent désemparés mais courageux, révèlent le très grand talent d'un auteur qui sans conteste est un fin scrutateur de l'âme humaine
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Alors je vais sûrement détonner dans ce parterre de louanges, mais je viens de le terminer et je suis mitigée. Pour être tout à fait honnête, je n'ai pas trop aimé, peut être sont-ce les nouvelles en elles mêmes, il est vrai que ce n'est pas mon genre préféré. Je suis plutôt attirée pas les ouvrages "complets", et non divisés par petites nouvelles. Trop petites, c'est bien cela, je viens de m'en rendre compte en écrivant cette critique. Oui c'est ça.
Mais pas que.
Le style est certes fluide, ça se lit tout seul, mais les sujets des nouvelles ne m'ont pas du tout intéressés, et j'en suis bien désolée car je n'aime pas rater un rendez vous avec un auteur. Surtout un premier rendez vous...
Les nouvelles sont inégales ; par exemple rien à voir entre "Un organe indépendant" (que j'ai beaucoup apprécié) et "Le bar de Kino", qui m'a rendue mal à l'aise, tant l'histoire que les personnages. Pas compris la fin d'ailleurs, mais y a t il une fin ??
Il se dégage de tout cela comme une impression de malsain, qui m'a fait un peu penser parfois à Mo Hayder...
Pour tout dire, je me suis forcée à le finir, globalement ce livre ne m'a pas intéressé, tout simplement.
Comme je dis souvent, vite lu, vite oublié....
Mais je me pose tout de même la question : n'y aurait il pas un peu de snobisme à suivre et encenser cet auteur ?
Non, c'est vraiment une histoire de goût, et d'ambiances crépusculaires malsaines insupportables.
PS : je viens de m'apercevoir en relisant cette critique que mon commentaire est "mitigé" à son début, mais carrément orienté à la fin. Je trouve cela assez comique.
Comme quoi ce livre ne m'aura pas tant alourdi que cela ! :)
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Il est rare que j'achète des grands formats dès leur sortie mais que dire, je suis tombée sous le charme d'Haruki Murakami, il y a déjà quelques années et son écriture charmeuse ne m'a toujours pas lassé. J'ai donc dépensé mes derniers deniers pour acquérir son dernier ouvrage.
D'habitude, je ne suis pas très friande des recueils de nouvelles et c'est plutôt le titre de ce dernier qui m'a attirée.
Murakami nous embarque avec sa plume poétique et mélancolique dans le coeur d'hommes ayant connu, perdu des femmes. Certaines nouvelles m'ont fait rire, d'autres m'ont émue, certaines m'ont même perturbée.
Pour sa beauté et sa tristesse, "Un organe indépendant" est sans doute celle qui m'a le plus touchée. Peut-être car c'est celle qui résonne le plus en moi, tel un écho entêtant.
Pour son originalité et son clin d'oeil à Kafka, "Samsa amoureux", me reste en mémoire, de par son innocence tordante dans un monde déjà bien obscur.
Pour cette belle vision de l'amour, "Drive my car", m'a marquée, le critère d'une "belle" relation ou d'une relation amoureuse "épanouie" ne rentre pas que dans une seule case et varie.
Pour sa tendresse et son beau message, "Le bar de Kino" m'a profondément émue.
C'est un recueil qui se lit en douceur tout en nous faisant passer par des myriades d'émotions. La plume de Murakami est toujours aussi magique et m'oblige toujours à faire une introspection.
Je ne regrette donc pas mon achat et continuerai à suivre Haruki Murakami de près.
Lien : https://labullederealita.wor..
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