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3,57

sur 664 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Sept nouvelles composent ce livre au thème commun d'un homme vivant sans femmes ; l'un après le décès de sa femme, actrice qui le trompait parfois avec ses partenaires, décide de vivre sans femmes mais, ayant une déchéance temporaire de son permis de conduire, engage une conductrice ; un autre a plusieurs maîtresses, dont une qui l'a particulièrement marquée, abusé et n'ayant plus le goût de vivre il se laisse mourir ... Mes préférées sont Drive my car, le bar de Kino et Samsa amoureux, c'est dans ces trois-là que j'ai le plus apprécié l'écriture magique de Haruki Murakami.

Extrait de la 4ème de couverture :
Neuf ans après Saules aveugles, femme endormie, le retour d'Haruki Murakami à la forme courte. Dans ce recueil comme un clin d'oeil à Hemingway, des hommes cherchent des femmes qui les abandonnent ou qui sont sur le point de le faire. Musique, solitude, rêve et mélancolie, le maître au sommet de son art.

C'est avec impatience que j'attends son prochain roman dont la parution, en français, par les éditions Belfond, est prévue en 2018.
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Ce recueil de nouvelles faisait partie de ma première commande de fin de confinement. J'avoue avoir découvert cet auteur récemment après lecture d'articles sur les blogs. Je n'ai pas été déçu, bien au contraire. On a là de bien belles et étonnantes histoires. La narration en apparence simple, mais rythmée et fluide, s'enrichit quand on ne s'y attend pas de sens cachés qui démultiplient le récit, comme dans des miroirs parallèles.
C'est le premier livre que je lis de Haruki Murakami. J'ai cette impression très satisfaisante d'avoir nourri mon imaginaire avec une oeuvre qui prolonge l'oeuvre du grand Yasunari Kawabata (1899-1972). Je pense à cet auteur, entre autres à « La danseuse d'Izu » et « Les servantes d'auberge », pour la forme courte adoptée ici, pour le style et les thèmes, aussi aux grands auteurs nippons célèbres en occident : Junichirô Tanizaki (1886-1965) avec son magnifique « Eloge de l'ombre », Yukio Mishima (1925-1970) du « Pavillon d'or ». Par contre, l'époque n'est plus du tout la même. La femme n'est plus soumise au bon vouloir de l'homme qui la fantasme et la soumet à sa volonté. Elle a acquis, sur ces feuillets tout au moins, une forme de liberté. Sa place, dans chaque nouvelle est centrale – surtout dans le jeu de son absence – et c'est elle qui en définitive gère le tempo. Avec Haruki Murakami, un équilibre entre homme et femme semble se trouver.
Tout ceci est « peut-être » une interprétation de ma part mais j'ai pensé en refermant le livre au célèbre vers d'Aragon « la femme est l'avenir de l'homme ». Ce terme : « peut-être » est souvent utilisé ici, dans la nouvelle qui donne son titre au recueil, il est dit : « Peut-être que j'utilise le mot « peut-être » trop souvent. Peut-être. »
Il n'est pas question de violence physique, pourtant une caractéristique de beaucoup d'oeuvres japonaises – littérature ou cinéma –, et cela me plaît aussi. En lisant ce livre on s'aperçoit vite que c'est un auteur qui a pris sa place et pas des moindres dans la littérature mondiale. Quand on fait une recherche à son sujet, son succès saute aux yeux, s'en est étonnant !
Drive My Car : dans la première nouvelle Kafuku, un acteur en vue, suite à un accident dû à un excès d'alcool et un problème de vue, doit se faire conduire chaque soir au théâtre par Misaki une femme plutôt taciturne, une rencontre improbable... Les caractéristiques physiques sont très présentes et parfaitement dissociées des personnalités réelles, ce que j'ai apprécié : « Il avait absolument besoin d'un chauffeur au plus vite et Ooba était un homme de confiance. Ils se connaissaient depuis quinze ans déjà. Ooba avait les cheveux épais, de vrais fils de fer, et il avait un peu l'allure d'un lutin, mais son avis en ce qui concernait les voitures était toujours pertinent. »
Le recueil commence d'emblée, dans une simplicité apparente, par un grand texte. C'est une merveille ! Un jeu d'ombre et de lumière où, alternativement, la parole et le silence expriment une multitude de sentiments. La musique particulière de l'écriture est frappante, accentuée par une traduction où je n'ai décelé aucune dissonance.

Yesterday : un célibataire vibre au rythme des Beatles qu'il interprète à sa manière et de surcroît en Kansai, un dialecte plutôt méprisé au Japon.
« En tout cas, les paroles qu'il avait inventées étaient de bout en bout complètement absurdes, de véritables non-sens, sans aucun rapport avec l'original. »
Kitaru est un jeune homme de vingt ans qui cherche à donner un sens à sa vie et à l'amour. Ici les cultures anglo-saxonnes et japonaises s'entrecroisent rendant compte de la réalité actuelle du Japon.
Un organe indépendant : Tokai, un chirurgien comblé par son métier collectionne les aventures sans connaître le grand amour. Une nouvelle surprenante et réussie. Je ne dois pas en dire plus malgré l'envie que j'aie, seulement que Murakami sait comme personne faire parler l'intériorité des personnages :
« Il hésitait. Il n'avait apparemment pas de bon exemple pour illustrer sa démonstration. Ou peut-être éprouvait-il quelque scrupule à en dévoiler un. Je repris la parole... »

Schéhérazade : cette histoire est présentée comme vraie car un bon conteur « doit être crédible s'il possède son art ». Avec Murakami, la promesse du vrai entraîne vers bien des zones troubles. Une Schéhérazade magnifique raconte des histoires sans fin et sans craindre pour elle-même :
« Elle lui racontait ses histoires parce qu'elle en avait envie et aussi, sans doute, pour le réconforter, lui qui devait demeurer cloîtré toute la journée. Mais ce n'était pas les seules raisons. Habara supposait qu'elle aimait rester au lit avec un homme et parler avec lui durant ces moments tendres et alanguis qui suivent l'amour. »
Enigmatique en diable, cette nouvelle aussi m'a durablement impressionné.

Le bar de Kino : Ah, le bar de Kino ! Quelle histoire ! J'ai adoré et je ne suis pas près de l'oublier. Tout est parfait, la grande littérature nippone a créé ce type de miracle bien souvent et récidive, même dans ce petit texte si bien construit. Des clients belliqueux vont briser le calme du café de Kino au fond d'une impasse, lui qui a été trompé et a dû partir du domicile conjugal. Un client le provoque verbalement : « Puis il se lécha consciencieusement les lèvres avec sa longue langue. On aurait cru voir un serpent devant sa proie. » Chez Murikami ce n'est pas seulement une comparaison formelle, la nature, les kamis – divinité ou esprit vénéré dans la religion shintoïste – sont présents réellement.

Samsa amoureux : le Samsa de Kafka est épris d'une inconnue mystérieuse. Un drôle de monstre inoffensif et maladroit, suite à un évènement, a subi une transformation dont on sait peu de chose. Il découvre en quelques heures ce qu'un homme apprend pendant toute une enfance, se lamentant des difficultés de l'initiation et s'étonnant, malgré tout, du merveilleux de la vie humaine.
« C'est vraiment moi ça ? Un corps aussi grotesque, si simple à détruire (sans carapace protectrice et sans arme d'attaque) était-il en mesure de survivre dans ce monde ? »
C'est totalement décalé et éclairant dans les outrances !

Des hommes sans femmes : est un récit très bref comme une conclusion en ombre et lumière. C'est un rappel du thème qui parcourt toutes ces nouvelles, la solitude suite à la séparation, la solitude suite à un décès, à un suicide, les destins qui suivent leur cours sans savoir ce que devient l'autre que l'on a connu, aimé. Tout cela relaté dans la lumière de cette écriture limpide et dans l'ombre du mystère de la vie :
« Il est facile de devenir des hommes sans femmes. On a juste besoin d'aimer profondément une femme et que celle-ci disparaisse ensuite. En général (comme vous le savez), elles auront astucieusement été emmenées par de robustes marins. »

Haruki Murakami a étudié le théâtre et le cinéma avant d'ouvrir un club de jazz à Tokyo – musique est très présente, rythmant plusieurs récits, notamment « le bar de Kino » et « Des hommes sans femmes ». C'est un écrivain reconnu, plusieurs fois pressenti pour le prix Nobel de littérature, traduit en plus de 50 langues, auteur d'une oeuvre considérable. En quelques trente ans, il est dit qu'il a modifié le paysage littéraire japonais et intégré le cercle de ces auteurs mondialisés « incontournables » tel que Stephen King, J. K. Rowling – ceux-ci que je n'ai pas lus... – et quelques autres. Un succès qui me semble, si j'en juge à ce livre, bien mérité si cela n'écrase pas tous ces auteurs talentueux peinant à se faire une place.
Cela restera une de mes lectures majeures de ces dernières années et je compte bien découvrir d'autres écrits de cet auteur. Merci de me donner vos avis quant à cet auteur et cette chronique.
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Retrouver cette critique avec photo d'illustration personnelle, ainsi que deux musiques de jazz présentes dans la superbe nouvelle "Le café de Kino", sur le blob Clesbibliofeel. A bientôt et merci pour votre lecture !

Lien : https://clesbibliofeel.blog
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Au plus proche des émotions, des sentiments et du ressenti, des hommes sans femmes, dépeint au travers de 7 nouvelles, la difficulté d'être complet et entier par soi-même, de l'importance de l'autre dans la construction de la personnalité.

Il raconte aussi la mélancolie, la tristesse, la douleur ou la folie de la séparation et de la solitude.
Lien : http://noid.ch/des-hommes-sa..
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Solitude, musique, fascination et incompréhension des femmes omniprésentes mais toujours en partance voire disparues laissant l'homme abandonné, livré à son rêve et à sa mélancolie, voici les thèmes évoqués par Haruki Murakami qui livre avec ce recueil de sept nouvelles un ouvrage écrit dans un style limpide et efficace, qui touche au coeur par sa sincérité.
Ses personnages confinés dans un isolement, choisi ou imposé, revivent un passé dont ils ne sont pas sortis indemnes.
Il y a beaucoup d'authenticité dans ces récits dont les héros, modestes, souvent désemparés mais courageux, révèlent le très grand talent d'un auteur qui sans conteste est un fin scrutateur de l'âme humaine
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Moi qui avais découvert Haruki Murakami à travers un recueil de nouvelles (Après le tremblement de terre) et qui me suis attachée depuis à l'écriture de cet auteur, c'est sous cette même forme que je l'ai donc retrouvé.
Recueil qui débute et se termine par deux histoires dont la mort d'une femme aimée est le sujet. Dans les autres nouvelles, il est aussi question d'hommes, pas forcément seuls d'ailleurs, mais qui ont tous perdu une femme dont la rencontre avait marqué leur vie. Dans toutes ces nouvelles pleines d'un charme mélancolique et sensible, on retrouve tous les thèmes classiques de Murakami, le souvenir nostalgique des amitiés et des amours adolescentes comme dans "Yesterday" et "Shéhérazade" (thème dans lequel, je trouve, il se montre le plus attachant et le plus talentueux), la musique, bien sûr, comme dans beaucoup de ses oeuvres, est très présente. On y retrouve aussi un chat et... des licornes que l'on avait déjà croisées dans "La fin des temps".
Tout le recueil présente également, ce côté un peu "flottant" entre le récit réaliste et le fantastique. Fantastique qui apparaît ici en touches plus légères que dans 1Q84 (long récit où il était beaucoup plus marqué et ne m'avait pas vraiment séduite). Ici, cet aspect plus subtilement fantastique donne du charme à l'ensemble du recueil comme à la plus grande partie de l'oeuvre de cet auteur. de même que ces aspects incertains et ces interrogations sans réponses qui laissent le lecteur en suspens (d'où sort le personnage de Samsa amoureux" ?qu'est -il arrivé à Kino, est-ce qu'il retrouvera son bar ?
Bref, cette fois j'ai totalement apprécié cet ensemble de récits. Il ne reste plus aux fans de Murakami qu'à s'armer de beaucoup de patience et attendre la traduction en français et la parution de sa dernière oeuvre qui vient tout juste de créer l'événement au Japon !!
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Ce recueil nous propose sept nouvelles dont les titres ont des références variées (dans le désordre : Les contes de mille et une nuits, des chansons des Beatles et le titre même du recueil fait référence à Hommes sans femmes d'Hemingway). Cependant, les références s'arrêtent ici puisque Murakami, comme à son habitude, nous plonge dans son propre univers ou pour être plus précise dans les univers de ses personnages.

Nous avons sept histoires courtes dans lesquelles l'auteur dresse le portrait d'hommes de tous âges et tous horizons qui sont abandonnés ou sur le point de l'être par une femme (bien souvent leur femme). Des hommes abandonnés par l'amour, qui ont perdu leur amour. Voilà ce que sont les hommes sans femmes.

J'ai beaucoup aimé le principe du recueil de nouvelles. Haruki Murakami nous a plus souvent habitués à lire ses romans-fleuves, assez longs d'ailleurs. Ma seule crainte était de ne pas retrouver l'atmosphère qui me plaît tant dans ses romans, dans de si courtes nouvelles (enfin courtes… un peu plus de 50 pages pour la plus longue et une trentaine pour la plus courte, la dernière par ailleurs).

Finalement, la magie a opéré. Même lors de la description d'événements banals, on sent une atmosphère, un style particulier. Ces nouvelles ne sont restées que nouvelles à juste titre. Les développer davantage les auraient rendues insipides, ennuyeuses. Ici, nous avons sept apartés dans la vie d'hommes qui par des situations et des vies différentes vont se retrouver seuls, sans femmes.

Comme à son habitude, le maître Murakami nous présente un univers fort banal flottant à la limite du fantastique avec les codes que l'on retrouve bien souvent dans ses romans.

Pour faire bref, dans le recueil Des hommes sans femmes, nous retrouvons avec plaisir tout ce qui a fait le succès des oeuvres de Murakami : la solitude, l'errance, le jazz, les chats et surtout (pour moi) une atmosphère singulière, qui flirte avec le fantastique, digne des meilleurs romans de l'auteur.

Des hommes sans femmes est un excellent recueil que tous les admirateurs d'Haruki Murakami sauront apprécier (en attendant la traduction de son nouveau roman tout juste sorti au Japon).
Lien : https://desplumesetdeslivres..
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Sept nouvelles où les hommes ont le beau rôle. Enfin, si l'on peut dire ! Car, en fait, ils sont tous sous l'influence d'une femme qui va les entraîner dans des embranchements de vie tout à fait inattendus. Que ce soit par jeu, par innocence, désintérêt ou à cause de la maladie, ces muses gouvernent un temps la conscience de ces mâles dont on pourrait imaginer qu'ils croyaient, au moins pour certains, que le postulat de la supériorité de leur sexe suffisait à les mettre à l'abri des déconvenues du coeur. L'écriture de Murakami est toujours aussi captivante.
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Un recueil de 7 histoires courtes, toutes plus originales les unes que les autres, empreintes de poésie et de métaphores inattendues. J'ai vraiment adoré, plus encore que ses autres recueils de nouvelles, car chaque récit créé une attente chez le lecteur, un mystère que l'on a envie de découvrir. Ainsi, pour le découvrir, on dévore littéralement chaque nouvelle dans le but de percer ce mystère, mais à chaque fois, les réponses à nos questions ne seront jamais là. Ce procédé crée une sorte de frustration, mais laisse également place à l'imagination, car c'est finalement à nous d'imaginer comment le récit pourrait continuer, ce qui est vraiment très intéressant.
Le titre du livre ne m'emballait pas trop, et me laissait penser que j'allais lire des textes ennuyeux sur des hommes seuls, et qui s'ennuient eux-mêmes. Il n'en est rien. Une fois de plus, Haruki Murakami a su me surprendre.
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magnifique ensemble de nouvelles tournant autour des "hommes sans femmes", soit des hommes ayant connu et aimé des femmes et vivant en creux sans elles.
c'est un chant d'amour d'un homme pour des femmes, avec la description de ce que leur absence occasionne.
très belle ambiance, les nouvelles (qui va de la plus classique a la plus bizarre) sont merveilleusement écrites. les ambiances sont parfaites, et pour ma part il m'a fallu une pause après chaque nouvelle pour la digérer et ne pas la mélanger a une autre tellement elle m'avait émus/ interpellée/ interrogée..
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Il est rare que j'achète des grands formats dès leur sortie mais que dire, je suis tombée sous le charme d'Haruki Murakami, il y a déjà quelques années et son écriture charmeuse ne m'a toujours pas lassé. J'ai donc dépensé mes derniers deniers pour acquérir son dernier ouvrage.
D'habitude, je ne suis pas très friande des recueils de nouvelles et c'est plutôt le titre de ce dernier qui m'a attirée.
Murakami nous embarque avec sa plume poétique et mélancolique dans le coeur d'hommes ayant connu, perdu des femmes. Certaines nouvelles m'ont fait rire, d'autres m'ont émue, certaines m'ont même perturbée.
Pour sa beauté et sa tristesse, "Un organe indépendant" est sans doute celle qui m'a le plus touchée. Peut-être car c'est celle qui résonne le plus en moi, tel un écho entêtant.
Pour son originalité et son clin d'oeil à Kafka, "Samsa amoureux", me reste en mémoire, de par son innocence tordante dans un monde déjà bien obscur.
Pour cette belle vision de l'amour, "Drive my car", m'a marquée, le critère d'une "belle" relation ou d'une relation amoureuse "épanouie" ne rentre pas que dans une seule case et varie.
Pour sa tendresse et son beau message, "Le bar de Kino" m'a profondément émue.
C'est un recueil qui se lit en douceur tout en nous faisant passer par des myriades d'émotions. La plume de Murakami est toujours aussi magique et m'oblige toujours à faire une introspection.
Je ne regrette donc pas mon achat et continuerai à suivre Haruki Murakami de près.
Lien : https://labullederealita.wor..
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