« -Tout est de plus en plus étrange. En même temps, j'ai l'impression de me rapprocher de la vérité.
-Tu veux dire te rapprocher réellement d'une vérité métaphorique ou te rapprocher métaphoriquement d'une vérité réelle ? Ou peut-être que les deux sont complémentaires ? »
Cette phrase, qu'on trouve à la page 400/638 de l'édition 10/18 poche, me semble parfaitement résumer le roman
Kafka sur le rivage.
Kafka est un adolescent fugueur de quinze ans. Nakata est un vieil homme aux facultés intellectuelles limitées depuis un accident dans son enfance. Ils ne se rencontrent pas, mais leur destin est lié.
Haruki Marakami aborde une multitude de thèmes comme l'abandon d'une mère, le manque d'amour d'un père, les maux de l'enfance et de l'adolescence, le handicap, l'entraide, la guerre, la désertion, la responsabilité, le genre, la mémoire, le souvenir, le décès, le deuil, dans un merveilleux voyage à travers le Japon contemporain.
Ce roman est d'une richesse extrême, entre réalité et rêve, pour faire réfléchir sur la société, avec des références à de nombreux artistes, notamment écrivains, philosophes ou musiciens, qui donnent une profondeur à cette quête sur le sens de la vie et les croyances sur la mort.
Ces aspects justifient à mon sens le succès de cet auteur, notamment auprès d'un lectorat exigeant.
Cependant, attention, les envolées oniriques - telles les pluies de poissons ou de sangsues, l'apparition en forêt de personnes disparues depuis plusieurs décennies – ou encore l'absence de réponses claires aux questions posées par le récit peuvent déstabiliser.
J'ai partagé cette lecture avec plusieurs babeliotes-amis que je remercie ! Cette lecture commune m'a permis de me pencher sur de nombreuses interprétations des métaphores et des symboles. Je me suis aussi interrogée sur les différents types de lecteurs : ceux qui aiment que la fiction emporte tout, vers une autre réalité, et ceux qui sont moins dans le lâcher-prise, pour qui la fiction doit toujours tutoyer la réalité.
Kafka sur le rivage est un roman foisonnant d'un auteur à lire, car c'est la seule manière de se forger sa propre opinion. Je suis heureuse d'avoir cheminer dans ces pages. En revanche, je constate en fermant cette parenthèse que je suis plus une lectrice de l'émotion que du rêve. Et vous quel type de lecteur êtes-vous ?