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sur 5761 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Kafka développe avec angoisse et ironie un univers labyrinthique et absurde » (extrait de Babelio)

Que vient faire ce grand écrivain tchèque dans ce roman japonais ???

Eh bien, il y a tout à fait sa place !
En effet, le héros a choisi le prénom de Kafka en fuguant de la maison paternelle, et il l'a bien choisi ! Ce jeune Japonais de 15 ans porte en lui une blessure qui le brûle : sa mère l'a abandonné à 4 ans, et son père lui a prédit qu'il le tuerait et qu'il coucherait avec sa mère !
Nous voilà entrainés à la suite de Kafka dans sa fuite, et surtout dans sa recherche de lui-même. Et c'est un véritable labyrinthe ! Et c'est une véritable tragédie grecque !
Rien ne nous est épargné :
Il y a …des meurtres….commis réellement ou pas ? En effet, si l'on rêve qu'on tue, est-ce qu'on tue réellement ? La responsabilité commence-t-elle dans les rêves, dans l'imagination ? La culpabilité est-elle inévitable ?
Il y a …la torture de chats…insoutenable ! Ces chats si sages, pourtant, qui savent comment marche le monde.
Il y a…l'expérience de la solitude, dans la forêt profonde
Il y a … la communion profonde avec la Nature
Il y a …une incursion à l'entrée du Royaume de la Mort
Il y a…un amour fou avec …la mère ?

Il y a …des tas d'autres choses encore, qui me bouleversent, qui me traversent, qui me secouent de fond en comble !
Tout est métaphore dans ce roman. Tout est absurde, tout est ironie et pourtant tout est si vrai !

Je n'oublie pas l'autre personnage important : Nakata, un vieil homme qualifié d'anormal parce que suite à un fait mystérieux passé pendant son enfance, il a perdu totalement la mémoire, ne sait plus lire ni écrire.
Et pourtant ! Qu'il est sage ! Que j'aurais aimé faire quelques pas avec lui ! Un jeune chauffeur de camions, ex-voyou, lui, l'a fait ! Il a compris cette douceur, cette acceptation de la fatalité et en même temps cette lutte contre le mal qui habite le vieil homme. Ce sont des passages tendres et comiques à la fois : la confrontation du bon sens du jeune homme et la sage folie du vieil homme…
J'ai beaucoup acquiescé, j'ai beaucoup souri, aussi, dans ces moments-là !

Et les personnages « secondaires » ! Quelle force ! Quelle puissance dans leur aide !
Et les autres thèmes : la lecture, la musique, la peinture…qui nous rapprochent de la Beauté !

C'est difficile de conclure un roman pareil ! Il me hante, c'est certain ! J'aurais voulu encore dire plein de choses, citer plein d'extraits si percutants (petit clin d'oeil à mon amie Guylaine et ses scotchs colorés ;)
J'aurais voulu….Non, je dois m'arrêter. M'arrêter et savourer, encore, « Kafka sur le rivage », que je porterai en moi longtemps !
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Le jour de ses quinze ans, Kafka (c'est le nom qu'il s'est choisi) décide fuguer. Il n'en peut plus de vivre auprès d'un père, sculpteur renommé, qui ne s'intéresse pas à lui et l'a accablé d'une terrible prédiction : un jour Kafka tuera son père, violera sa mère et sa soeur. de quoi plomber un avenir…
Il organise son départ de Tokyo, choisissant la destination avec soin : un endroit où il fait beau pour ne pas avoir trop de vêtements à emporter. Il prépare très bien son voyage, réserve ses billets, prévoit hôtels, nourriture bref tout ce dont il peut avoir besoin.
Pendant le voyage, il fait la connaissance d'une jeune femme, Sakura, qui se dirige aussi vers Takamatsu et il finit par arriver dans une bibliothèque privée appartenant à une riche famille, la bibliothèque Komura. Il se lie avec Oshima, femme qui préfère être un homme et Melle Saeki la directrice.
Pendant ce temps, Nakata, un vieux monsieur, qui a été victime d'un coma quand il était enfant et a perdu définitivement sa mémoire alors qu'il était doué à l'école et a gagné sa vie en faisant des meubles, lui-aussi quitte Tokyo pour se rendre vers Takamatsu en faisant du stop ce qui lui permet de rencontrer yoshimli avec qui il va partager une belle expérience.
Leurs destins vont-ils se croiser ?

Ce que j'en pense :

Ce livre est extraordinaire. Il s'agit du parcours initiatique d'un adolescent en fugue et son voyage dans différents mondes, le notre certes mais aussi la mort, l'imaginaire. On aborde les considérations psychologiques avec l'Oedipe, l'inceste. On voyage dans ses différents mondes avec un plaisir sans fin, car on est embarqué dans l'histoire comme dans une croisière sur le Titanic : on ne sait jamais si on est dans le réel ou dans l'imaginaire, mais on est tellement happé par le récit qu'on ne se pose pas de questions, on tourne les pages entraîné par la plume magique de Murakami, accompagnant Kafka et Nakata dans leur voyage initiatique.
C'est le premier roman de Murakami que je lis et j'ai adoré le style, l'imagination fertile de l'auteur et son amour pour les arts (littérature, musique, mais aussi peinture, car un tableau va jouer un rôle important). L'écriture est magique, car dès que l'on a commencé à lire le roman, il est impossible de s'en détacher malgré tout ce qui peut arriver, malgré les situations ubuesques et improbables, on avance dans la lecture, comme hypnotisé, victime d'un charme. La trame du roman est très structurée, l'auteur ne se disperse pas.

Je pourrais parler de ce livre pendant des heures tellement il m'a bouleversée, fait perdre mes repères, poser des tas de questions. Où commence l'imaginaire ? Une découverte magnifique, un vrai coup de coeur et un désir impatient d'entamer un autre roman de l'auteur. Je connais assez peu la littérature japonaise. J'ai bien aimé KAWABATA, j'aime les contes Zen, et les mangas de Fuyumi SORYO et j'ai rajouté à ma PAL une jeune auteure Yoko OGAWA avec deux de ses livres: "la mer" et "les abeilles".
Tout conseil concernant la littérature japonaise sera le bienvenu et donc, qui sait peut-être un challenge Japon ?
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Lors d'une soirée riche en échanges, un ami m'a parlé avec enthousiasme de « Kafka sur le rivage ». Je n'avais pas bien saisi le lien entre Kafka et le thème du livre, mais je me le suis procuré. Il est resté quelques mois sur une étagère (630 pages, c'est un pavé qui mérite que l'on dispose d'une période pendant laquelle on aura un peu de temps à lui consacrer).
C'est fait : je l'ai lu ! Et presque d'une traite.
Il est vrai que l'on met un peu de temps à entrer pleinement dans cet univers, que l'on se demande où on nous emmène ; mais une fois que l'on est dedans, on a du mal à en sortir.

Kafka Tamura (C'est le prénom qu'il s'est choisi), un jeune fugueur de quinze ans va s'éloigner de chez son père, dans un but qu'il ne connaît pas lui-même (sauf qu'il a été abandonné par sa mère à l'age de quatre ans). A cette occasion, il fera de nombreuses rencontres qui vont le faire « grandir », évoluer. Il y a :
- Sakura, une rencontre amicale, féminine, généreuse et accueillante.
- Oshima ; bibliothécaire qui va grandement faciliter la vie de Kafka pendant saa fugue
- Mlle Saeki, directrice de la bibliothèque, belle et mystérieuse,
Et le récit de son périple comme l'histoire sont illustrés par de nombreux personnages secondaires qui ont tous quelque chose à dire, soit en termes de philosophie / sagesse, soit pour épaissir encore certains mystères que frôle ce récit. Ces personnages sont, pour les principaux :
- Nakata, un vieillard rescapé d'on ne sait quelle catastrophe et qui a perdu la mémoire. – Il ne sait plus lire ni écrire –et se considère comme peu intelligent. En réalité, dans la simplicité de ses raisonnements, c'est un sage.
- Hoshimo, un chauffeur routier qui rencontrera Nakata, participera à sa quète et dont la vie va changer à ce contact.

Le style est agréable et la structure du livre, consacrant un chapitre alternativement à chaque personnage entretient encore le suspens et l'envie de découvrir la suite.
Chacun des personnages se voit plus ou moins manipulé soit par ses rencontres, soit par l'ombre d'un destin qui guide leur aventure, qu'ils le veuillent ou non. Chacun d'eux est conduit, par différents moyens, vers un lieu à un moment donné pour y rencontrer sa propre vérité.

Ce livre est empli de métaphores, de poésie et de fantastique, emprunt de culture Japonaise (Politesse, humilité, lenteur, précautions oratoires, etc.)
Et pourtant le style est simple, la lecture est aisée et prenante.

Bref, vous l'aurez compris : J'ai adoré ce livre et je ne l'ai pas rangé trop loin, tant il est évident que l'on ne pourra que le relire un jour !
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Onirique et métaphorique. Voilà les maitres mots de ce livre, un de mes livres préférés, relu à dix-huit ans d'intervalle. Je l'ai encore plus apprécié. Comme si les métaphores me parlaient davantage, comme si les années, l'âge, m'apportaient un angle de lecture différent. Je le relirai dans vingt ans, je suis certaine que la magie de Murakami opèrera encore, toujours, et surtout différemment. N'est-ce pas le propre d'un chef d'oeuvre que de nourrir son lecteur toute sa vie durant, de lui apporter des clés chaque fois différentes ? de le faire grandir ?

Nous suivons la quête de deux personnages au destin entremêlé. Un jeune adolescent de quinze ans et un vieux monsieur un peu simple, du moins qualifié d'anormal parce que suite à un fait mystérieux passé pendant son enfance, il a perdu totalement la mémoire, et ne sait plus lire ni écrire. le premier cherche à fuir une prédiction, le second à retrouver la moitié de son ombre (celle-ci est en effet deux moins sombre qu'une ombre normale). Ce faisant il va permettre de fermer la pierre de l'entrée, celle qui a été ouverte il y a des décennies et qui a provoqué un certain nombre d'événements. Dis comme ça, ça parait étrange...Il faut en effet se laisser aller, lâcher prise et accepter d'être embarqué dans une quête délicieusement onirique, presque magique, en tout cas captivante.

Mais ce livre, où les chats parlent, où des pluies de sardines et de sangsues peuvent se produire, n'est pas qu'un livre un peu étrange, non, c'est une vraie tragédie grecque, vécue par un adolescent japonais au nom d'emprunt tchèque de Kafka. le héros a en effet choisi le prénom de Kafka, qui signifie corbeau en tchèque, en fuguant de la maison paternelle. Il porte en lui une blessure vive qui le consume : sa mère l'a abandonné à 4 ans, est partie de la maison familiale avec sa soeur adoptive, et son père lui a prédit qu'il le tuerait et qu'il coucherait avec sa mère et sa soeur ! Sa fugue a pour but de fuir cette prédication. Oui, une tragédie. Au sens grec du terme. Quand ce ne sont pas les hommes qui choisissent leur destin mais le destin qui choisit les hommes. Comme le sent le jeune Kafka : « J'ai l'impression de suivre un chemin que quelqu'un d'autre a déjà tracé pour moi. J'ai beau essayer de comprendre, cela me semble complètement inutile. Ou plutôt, j'ai l'impression que plus je fais d'efforts pour comprendre, moins je suis moi-même. Comme si je m'éloignais de ma propre trajectoire. C'est terrible comme sensation. Cela me fait peur. Rien que d'y penser, je me sens pétrifié ».

Malgré cette distanciation, meurtre il y a. Malgré la fuite et l'isolement, accouplements il y a. Sont-ils vraiment commis ? Si l'on imagine tuer ou si l'on tue en rêve, est-ce qu'on tue réellement ? Emprunte-t-on des circuits particuliers aux rêves pour aller tuer dans la vie réelle ? Si l'on fait le rêve de faire l'amour avec une femme non consentante, a-t-on réellement abusé cette personne ? La responsabilité commence-t-elle dans l'imagination ? Comment ce qu'on fait en imagination laisse des traces dans la vie réelle ? Quel rôle joue vraiment le vieil homme, Nakata, quant à la réalisation de ces événements ? Est-il un « esprit vivant ». Comme l'explique Oshima à Kafka: « Je ne sais pas comment cela se passe dans les autres pays mais au Japon, ce genre de phénomène est fréquemment évoqué dans la littérature. le Dit du Genji, par exemple, regorge d'esprits vivants. À l'ère Heian, ou en tout cas dans le monde mental de cette époque, les gens pouvaient se transformer dans certains cas en esprits vivants. Ils avaient alors le pouvoir de se déplacer dans l'espace et d'accomplir ce qu'ils souhaitaient ». Nakata est-il l'instrument du destin permettant d'accomplir la prédiction et de faire en sorte que les choses redeviennent normales ?


Ce roman, c'est également l'expérience de la solitude du jeune Kafka, sa communion avec la nature. C'est la quête entremêlée de Nakata considéré par la société comme simple et handicapé, le seul qui sait vivre l'instant présent, terriblement attachant, d'une sagesse profonde et touchante.

Comme souvent dans les romans de Murakami, il y a la présence des chats, leur importance, leur connaissance du monde. Il y a ces gestes du quotidien, comme se laver, ranger, laver, cuisiner, ces petits gestes accomplis avec conscience qui font la grandeur et l'honneur d'une personne, qui la structurent. Il y a ces personnages secondaires si beaux et attachants. Comme toujours dans ses livres, nous retrouvons la présence de la musique, du jazz, en passant par Prince et Radiohead, jusqu'à la musique classique (le fameux morceau "A l'archiduc" de Beethoven) et des références cinématographiques, notamment Truffaut, que l'auteur semble tant aimer.
Et sinon, sinon, tout est métaphore, tout est clé, tout est rêve et imagination. C'est magique et vous entraine loin.

Ce livre me bouleverse toujours autant, me parle, me fait écho. Il est pour moi un livre repère, un guide. Un livre que j'amènerais sur une île déserte.

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Un livre étrange et envoutant à la fois, l'histoire est intrigante, on ne sait pas trop où l'on va mais on n'a pas envie de lâcher le morceau. Deux personnages principaux, Kafka dont on ne connaitra jamais le vrai nom, jeune fugueur de 15 ans avec la malédiction d'Oedipe attachée à son destin et Nakata, vieillard étrange qui parle aux chats. On y croise aussi de nombreux personnages secondaires, particulièrement normaux ou totalement étrange, en passant par toutes les nuances possibles : des vies marquées par la tragédie, des corps étrangement contraints, des esprits torturés, des figures publicitaires qui prennent vie… L'atmosphère est étrange oscillante entre le normal et le surnaturel, très japonais en somme avec l'étrange qui s'immisce dans la vie quotidienne. La description de forêt, une atmosphère étrange, magique, inquiétante, qui me fait penser à Princess Mononoke, où la forêt peut être autant une alliée qu'une ennemie, où elle peut être inquiétante comme dans les temps non civilisés… surtout quand on découvre ce qu'elle referme en son centre.
Un parcours initiatique pour le jeune Kafka qui va faire l'expérience de la perte de son père, de l'amour, du sexe, de la solitude et même d'une sorte d'au-delà, ce qui lui permettra de retourner au réel grandit et renforcé. Nakata au contraire est bloqué dans un monde qui ne lui correspond plus : d'élève brillant, suite à un incident, il reste illettré mais capable de dialoguer avec les êtres les plus improbables depuis près de cinquante ans. Tout deux vont se retrouver liés dans une aventure qui les entrainera dans un univers où la frontière entre rêve et réalité est tenue. Tantôt onirique, tantôt inquiétant, tantôt révoltant, Murakami nous entraine dans un monde où les Kamis se mêlent au vivant pour influer le cours des vies….
Une expérience étonnante que j'ai pu vivre grâce à une amie qui me disait que c'était son livre préféré (merci Marianne !), ce qui m'a convaincu de le lire. Un livre que je relirai avec grand plaisir également ce qui n'arrive pas souvent.
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Pour mon presque tout premier roman d'un auteur japonais, j'ai choisi de lire Kafka sur le rivage.
J'ai choisi, façon de parler, puisque quand ma Sandrinette l'a proposé en Lecture Commune, je n'avais aucune idée de ce qu'était cet OLNI. Mais bon, j'ai vu Kafka, j'ai foncé.
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Il me semblait trop alambiqué pour moi, ce livre, et jusqu'à la dernière minute, je n'étais pas sûre de tenter de le lire.
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Je ne sais pas si vous vous rendez bien compte, j'ai failli passer carrément à côté de ce roman génialissime.
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Murakami nous fait voyager dans un intermonde, entre vivants et morts.
Distorsion du temps, passé et présent se rejoignent et s'entremêlent.
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Les rêves n'en sont plus, ou du moins on ne les distingue pas de la réalité, de même que les personnages.
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On discute avec les chats et avec les fantômes, il pleut des sardines et des maquereaux ; n'oubliez pas votre parapluie.
C'est d'ailleurs de ce dernier que ne se sépare jamais Nakata, personnage attachant, qui, après avoir été victime d'un incident inexpliquable au cours d'une sortie scolaire, a subi un reset de sa mémoire.
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Nakata nous prouve qu'il n'est pas besoin d'être érudit pour avoir une vie passionnante.
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L'autre personnage principal, Kafka, 15 ans, fils d'un sculpteur célèbre et richissime, part de chez lui un beau matin au lieu d'aller au bahut. Un sac à dos avec le minimum vital et c'est parti mon kiki.
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Mais tous les personnages sont sympathiques et émouvants, on s'attache à tous (ou presque, mais vous verrez bien) et ils nous entraînent dans un labyrinthe où l'on ne se perd jamais vraiment, malgré le côté très fantastique de certaines situations.
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J'ai adoré la puissance narrative de l'auteur. Sa plume m'a embarquée dans les méandres de l'histoire, et si au début j'ai cherché à comprendre jusqu'au moindre détail, parce qu'en général j'ai vraiment besoin de comprendre, là j'ai vite lâché laffaire pour me laisser bercer.
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En plus de tout ça, on s'instruit, aussi bien en littérature qu'en musique ou en peinture.
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Et cerise sur le gâteau, les dialogues sont jubilatoires. Un humour comme je les aime, tout en finesse, frôlant parfois l'absurde.
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Une réplique prise au hasard :
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"Ce n'est pas pour me vanter, mais la réflexion n'est pas mon fort."
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Est-il besoin de préciser que j'ai vraiment adoré le voyage et que je suis loin d'en avoir fini avec cet auteur ?
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Je vous invite donc à le découvrir et je remercie mille fois Sandrine (HundredDreams) de m'avoir incitée à franchir le pas, moi qui redoutais tant de me plonger dans la Littérature japonaise, alors que par ailleurs, j'apprécie beaucoup les Japonais et les asiatiques en général.
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Et un gros bisou baveux aux amis qui m'ont accompagnée dans ce voyage : ma Caro (Mcd30), ma Fanny (Fanny1980), mon Patounet (patlancien), ma Yaya (Yaena), Pöllux (El_Camaleon_Barbudo), Catherine (gromit33), mon Berni-Chou (Berni_29), et enfin mon Isa (Isacom), qui ne l'a pas lu avec nous mais a vu de la lumière...
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Je viens de relire Kafka sur le rivage pour la seconde fois. Cette lecture confirme le plaisir que j'ai eu lors de la première fois et voici une seconde fois où parfois l'on dit que les choses s'étiolent. Parfois les secondes fois sont encore plus belles, ce le fut ici encore...
Ce n'est pas la première fois que je suis conquis par la plume de Haruki Murakami. Ici elle m'a envouté de nouveau. Onirique, magique, hypnotique... Tout en racontant une histoire de manière réaliste.
Kafka sur le rivage est avant tout un roman, un très beau roman initiatique qui retrace le parcours d'un adolescent fugueur de quinze ans, il porte le nom, le très beau nom de Kafka Tamura, ayant quitté sa maison pour d'étranges raisons qu'on découvre peu à peu au cours du récit. Un garçon nommé Corbeau le guide comme étant sa conscience. Un jour Kafka trouve refuge dans une bibliothèque et je lui rends grâce de cette destinée, parce que tout d'abord je comprends qu'une bibliothèque puisse être un refuge, une citadelle qui conforte et qui protège, mais aussi parce qu'il va y rencontrer deux personnages étranges et attachants, Mme Saeki et Oshima, qui vont façonner son destin, à moins que celui-ci était déjà écrit depuis longtemps déjà. Qui sait ?
Au même moment, nous suivons le parcours d'un autre homme, Satoru Nakata, un vieil homme ami des chats à tel point que les sauver lorsqu'ils sont en danger de mort est viscéral pour lui. Il est amnésique, une perte de mémoire mystérieuse, inexplicable qui remonte à l'enfance, le rend un peu simple d'esprit, il avance aussi sur une trajectoire déterminée mais qu'il ne sait pas du tout expliquer. Son itinéraire suscite l'amitié, en particulier celle d'un jeune routier. J'ai été touché par cette très belle relation entre les deux hommes.
Quand on perd la mémoire, est-ce qu'on gagne autre chose en échange ? C'est la question que je me suis posé en découvrant ce personnage touchant qu'est Nakata. Dans les pages de ce livre, j'ai cru deviner une réponse à ma question, en tous cas je l'ai cherchée ainsi...
Tout le livre se conjugue sur l'entrelacement de ces deux récits à la fois différents et si proches, qui se suivent, s'effleurent, se rapprochent... Ce sont deux histoires, l'une semble plus réelle que l'autre, mais je n'en suis plus très sûr finalement au moment où je vous écris, laquelle est réelle, laquelle est irréelle ? Peut-être les deux, peut-être aucune... Peut-être au fond ne serais-je pas plutôt ce lecteur irréel sur les sables mouvants des rivages d'un livre ?
Ces deux personnages qui cherchent à se rejoindre sans vraiment le savoir, sont-ils des fantômes, des hallucinations ?
Moi aussi quand j'avais quinze ans, je croyais qu'il existait un endroit secret, magique, disparu, quelque part dans le monde ou de l'autre côté de notre monde, dans l'envers de son apparence. Je croyais moi aussi que je pourrais trouver l'entrée de cet autre monde, continuer mon chemin, y vivre peut-être. Je crois aux talismans, aux objets magiques qui savent ouvrir les portes…
Je le croyais, comme certains personnages de ce magnifique roman l'ont cru, le croient peut-être encore...
Parfois la frontière entre le réel et l'irréel est si poreuse qu'on ne sait plus à quel endroit on tente de tenir debout et si d'ailleurs on parvient à tenir debout. Et si tenir debout revenait davantage au réel ou bien au contraire à l'irréel...
Et si ce récit n'était rien d'autre qu'une vertigineuse métaphore de la vie... ?
Amis lecteurs, prenez votre parapluie. Ici des poissons tombent brusquement du ciel, quand ce ne sont pas des sangsues, là c'est moins drôle.
Ici, j'ai vu, j'ai senti...
... La foudre qui frappe...
Le temps qui s'écoule...
Le mouvement des gens...
L'enfance volée, amnésique...
Le temps perdu, peut-être à jamais...
Le vide qui se comble...
Le dedans, le dehors...
Le désir de continuer à vivre malgré les blessures...
Le coeur des forêts, où peut-être se terre l'origine du monde.
Un enfant qui ne parvient pas à se souvenir d'avoir été un jour aimé, serré dans les bras d'autres personnes.
Il y a dans ce livre des personnages qui comprennent mieux les choses que quiconque dans nos vraies vies.
Ici, par exemple il y a celui qui est Kafka sur le rivage, qui se tient debout au coeur d'un grand tourbillon de mots. Et puis il y a Nakata qu'on dit idiot et qui sent pourtant les choses.
Murakami nous tend des clefs et c'est à nous de les saisir, d'avancer et tenter d'ouvrir les portes provisoirement closes.
En lisant ce livre, à mon tour j'ai été frappé par la foudre, une foudre invisible et silencieuse.
C'est un sentiment de pureté qui m'a étreint tout au long de ce récit, qui porte les personnages, malgré la violence de certaines pages, insupportable parfois jusqu'au dégoût.
Ce récit est un labyrinthe, puisque la vie ne sait qu'être cela.
À lire ce livre, je ne sais plus distinguer ce qui est l'intérieur, de ce qui est l'extérieur. Ce qui est le monde des vivants de celui des morts…
Il y a des forêts et des guerres comme tant d'autres romans, tant d'autres vies mais brusquement ces forêts, ces guerres, ceux qui les croisent, ceux-là se réveillent et reviennent, inlassablement pour tenter d'entrer par effraction dans des souvenirs qui ne nous appartiennent pas vraiment.
Ici, les personnages portent en eux une obscure confusion, l'angoisse d'un monde d'avant, d'un monde futur où tout peut exister, recommencer ou s'écrire comme une prophétie. Cette histoire ressemble à une malédiction oedipienne.
Ce roman retrace la métaphore des souvenirs perdus à jamais et dont l'absence fait mal.
C'est le roman des confluences ; s'il est des territoires que j'aime avant tout ce sont les confluences, la rencontre improbable des eaux, de deux rivières ou bien simplement de deux cours d'eau, ce mélange, cette rencontre, pour se jeter ailleurs, plus loin.
L'esthétique du roman m'a pris par la main et m'a intimé, - oui je dis bien intimé, et non invité, à croire tout ce que disait l'irréel de ce texte, tout ce que j'en lisais, à travers les mots et leurs résonances.
C'est le roman de l'angoisse, de l'isolement et de la solitude, mais c'est aussi le roman de l'attente, du départ et du cheminement, qui ne fait que parler de nous-mêmes finalement, nous tendant un miroir à la fois merveilleux et inquiétant vers nous-mêmes. En ce sens c'est un roman solaire, un roman empli d'humanité.
Songeant à l'errance d'Antigone, j'ai trouvé que ce roman avait parfois les accents d'une tragédie grecque.
Comme souvent chez Murakami il y a une bande-son qui ne me laisse pas indifférent, elle est si éclectique qu'elle finit par se fondre dans le roman que je lis : Haydn, Beethoven, Les Beatles avec ce chef d'oeuvre qu'est Sgt Peppers Only Dart Board Band, Stan Getz et cette chanteuse joyeuse Astrud Gilberto qui vient hélas de nous quitter, Prince, mais surtout John Coltrane et ses solos labyrinthiques. Si Kafka sur le rivage était une musique, elle serait My Favorite Things.
C'est beau comme un rivage qui attend.
J'ai adoré la fin du roman qui pourra surprendre plus d'un... Elle m'a surpris aussi.

Merci aux amis de Babelio avec lesquels j'ai eu la chance de parcourir ce livre si foisonnant ! Leurs regards m'ont permis d'enrichir toutes les interprétations multiples que ce roman récèle.
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Kafka sur le rivage est le troisième roman que je lis et j'avoue que Haruki Murakami est un écrivain qui me tourneboule.
Son style unique, un mélange de rêve, de surnaturel, des sujets récurrents, le souvenir, la vieillesse, l'amour.....des thèmes universels mais sous la plume de Murakami ça donne toujours des récits oniriques.
Kafka Tamura un adolescent de 15 ans quitte son foyer pour fuir la malédiction oedipienne qu'a prédit son père.
Il prend la route pour Takamatsu dans le but de rechercher sa mère et sa soeur.
Nakata, un vieil homme amnésique part lui aussi à Takamatsu, sa quête il ne la connait pas.
je n'en dirais pas plus sur l'intrigue, ce récit demande de l'attention, ce livre est plein de métaphores, d'images, où " les seconds rôles " comme Oshima ou Oshino sont aussi importants que Kafka où Nakata.
Les lieux ont aussi leurs rôles la bibliothèque, la cabane, la forêt impénétrable, sorte de Styx où le passeur d'âmes sont deux déserteurs de l'armée nippone.
Il y a tellement à dire sur ce roman, j'oubliais la musique ce " trio de l'archiduc "de Beethoven.
Je finirais cette critique de " Kafka sur le rivage "par une citation de Nietzsche " La métaphore n'est pas pour le poète une figure de rhétorique, mais une image substituée qu'il place réellement devant ses yeux à la place d'une idée ".
difficile de faire court devant un tel roman .
bonne lecture à toutes et tous.
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Il me paraît bien difficile de traiter de ce roman sous toutes ses facettes tant il me paraît complexe bien que la lecture en soit aisée.
Il s'agit cela va de soi, d'un conte initiatique de départ qui n'est pas sans rappeler le mythe oedipien avec en situation initiale, un héros digne des contes traditionnels : courageux, déterminé à mener à bien sa quête, rencontrant des personnages qui vont l'aider, personnages souvent ambigus (oshima) ou mystérieux (Mademoiselle Saeki). Les autres personnages, nous font entrer dans un monde magique, irrationnel qui m'a bien surprise et auquel j'ai dû m'habituer sans difficulté une fois admis que ce conte, bien que se déroulant dans le Japon aujourd'hui, comprenait des personnage qui n'ont pas été sans rappeler quelques figures apparaissant dans Alice au pays des merveilles, notamment le père de Kafka, personnage morbide et cruel il est vrai, mais original, et qui pouvait rappeler le chapelier fou de Lewis Caroll.
Le garçon nommé corbeau n'est autre, cela se conçoit sans question, que la conscience de Kafka

J'ai trouvé fort sympathique, le personnage de Nataka dont on devine peu à peu la genèse dans les témoignage du début du roman, personnage clé malgré son amnésie et sa vision du monde réduite, mené par un destin décidé par on ne sait qui ou quoi, une sorte d'inconscient qui flotterait au-dessus de sa tête, capable de provoquer d'étranges phénomènes et qui sera celui qui libérera Mademoiselle Saeki d'un monde dont elle est prisonnière.
Les liens entre les personnages sont parfois difficiles à percevoir : on peut penser qu'un lien va se créer entre Nataka et Kafka, les deux héros car le chemin qu'il prennent serait susceptible de converger, et il converge certes, mais pour une autre rencontre et une première résolution d'un état initial, je n'en dirai pas plus !

Les personnages de ce roman existent réellement, ou pas… le monde de Nataka est un monde onirique, Nataka serait alors lui-même une conscience qui aurait une mission sur terre, un rêve, qui aurait un lien certains avec Kafka qui se réveille taché de sang sans résoudre cette énigme, pendant que Nataka s'accuse du meurtre du père de l'adolescent.
Le père existe-t-il ? Très peu dans la tête de Kafka et peut-être encore moins dans celle de Nataka qui est lui-même un rêve.

Le destin de Kafka le mène à la bibliothèque ou il trouvera des qui devrait l'aider à résoudre l'énigme de sa vie : qui est sa mère ? qui est sa soeur ?
L'arrivé de de Kafka en cet endroit n'est pas un hasard : il connaît chaque élément du tableau le représentant dans sa chambre, et c'est là qu'il trouvera la part de sa personne qui lui manque pour grandir et faire un séjour dans un monde parallèle et revenir à la vie réelle qui lui permettra de se reconstruire.

J'ai aimé de ce roman, les personnages fantastiques, les scènes relevant du rêve, l'évolution des personnages, le suspens maintenu par l'alternance des chapitres, le passage d'un monde à un autre, deuxième monde fantastique,
j'ai moins apprécié les longueurs dues aux descriptions plus que détaillées, détails probablement inutiles dans le développement du roman, les mystères non résolus, mais cela n'engage que moi, le lecteur étant invité à se poser des questions avec ou sans réponse.
J'ai beaucoup aimé ce conte dont il faudrait faire une deuxième lecture pour le découvrir plus amplement, voire l'emmener sur son île déserte afin de l'étudier en profondeur.
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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Délicieux.
L'auteur revisite le mythe d'Oedipe par l'intermediaire d'une oeuvre voguant en plus sur la relativité et la distorsion du temps.

Il anime une relation particulière entre deux personnages qui ne se connaissent pas et évoluent en parallèle sur les mêmes zones sans jamais se rencontrer.
L'un, jeune, réfléchi et intellectuellement mature, cherche à fuire la malédiction qui l'obsède ; il va aller jusqu'à vivre l'experience d'un entre deux temps suspendu de deux états humains.
L'autre, vieil homme se définisant comme "pas intelligent", dialogue avec des chats et une pierre, rencontre entre autres Johnny Walker et le colonel Sanders au cours de sa mission, refermer ce couloir temporel qui impacte le jeune homme.
Point de jonction des deux, une très belle femme reconnaît intuitivement ces méandres temporels, qui lui sont liés.

Tous deux vont être secondés par des rencontres fortuites et essentielles à l'histoire, présents sur leurs chemins pour les aider et les guider ; il n'y a pas de hasards, tout est implacablement programmé.

Cet embrouillamini de situations saugrenues, farfelues, solennelles, philosophiques, métaphysiques, aux confins du surnaturel sans exagérations, ressortent évidentes et naturelles à la lecture que l'on poursuit avidemment pour découvrir les fins mots des destinées exposées.
Ce tout baigne dans un fatalisme et un stoïcisme que l'on se représente bien comme d'obédience japonaise.

Alors que les scènes s'enchaînent le roman reste naturel de par sa finesse et ses grandes qualités narrative et d'écriture. Une écriture d'une fluidité telle qu'elle coule dans l'oeil pour ravir directement les aires de lecture du cerveau.

Une excellente surprise, un auteur de qualité dont je vais vite poursuivre la découverte.
Les avis très favorables de la babeliosphère ne sont pas usurpés.
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