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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« J'avais seulement le souvenir d'une image vague. Subsistait juste la sensation positive que j'avais éprouvée en réalisant cette peinture, ou plus exactement, mon corps en gardait le souvenir. Davantage que l'oeuvre elle-même, ce qui compte pour moi, ce sont les sensations. »
Chez Murakami priment la sensation, l'indéfini, l'incertain, l'entremêlement, le cotonneux - On est loin de toute certitude tranchante, de toute rigidité raisonnante, on est là où se mêlent la banalité du quotidien et les mystères de l'invisible, là où les rêves, les fantasmes, les créations artistiques se fondent dans le réel, abolissant les lignes de démarcation qui voudraient les séparer. Des morceaux de réalité se glissent par erreur dans le sommeil, l'ex du narrateur tombe enceinte après un rêve intense où il a l'impression d'avoir émis en elle son « vrai sperme »; la peinture de Tomohiko Amada intitulée le meurtre du Commandeur est si puissante qu'elle prend vraiment vie, créant dans la réalité un passage vers un monde fantasmatique, les frontières entre l'art et la vie « réelle » s'estompent et s'évanouissent.
Le narrateur a beau se sentir parfois cerné par une réalité complètement détraquée, cela n'a rien d'anxiogène, je trouve même qu'il y a quelque chose de doux, de serein, de bienfaisant, de chaleureux dans ce drôle d'univers où c'est si bon de perdre pieds, de se sentir à la fois un peu déboussolé et en terrain familier - d'une étrangeté familière.
Le Meurtre du Commandeur est une oeuvre profonde, originale et en même temps d'une lecture très très agréable.
Bref, je suis un peu verte quand je me dis que les Japonais ont Murakami et qu'en France on a Houellebecq - je me sens tellement plus chez moi dans l'oeuvre d'Haruki!
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Est-ce la fluidité du texte, sa densité sous la clarté des mots, son rythme, la manière de traiter l'absence (la petite soeur et la femme perdue), ce jeu subtil d'apparition/disparition des personnages ou la capacité de donner corps aux idées et aux êtres invisibles comme aux fantômes en résidence dans la peinture, la musique et la littérature ? Est-ce le pouvoir suggestif d'une narration mêlant une succession peu ordinaire d'événement insolites avec des images hyper réalistes (jaguar contre break corola, mini rouge et subaru blanche !) à côté d'autres purement poétiques (à chaque chapitre sa notation atmosphérique, saisonnière) ? Est-ce la puissance d'une composition en abyme où l'art du portrait utilisé à des fins romanesques permet la décantation lente et différée d'interrogations infinies sur ce qu'est la forme et sur le sens de la création artistique, (je n'ai rien lu de mieux sur la question depuis Dorian Gray) ? Il y a aussi je ne sais quelle rare intensité émanant des dialogues. Toujours est-il qu'on entre subrepticement dans ce roman et que plus la lecture progresse plus on désire rester avec ce narrateur, peintre en instance de divorce, mari toujours, confident de l'étonnant M. Menshiki qu'il accepte de portraiturer, grand frère inconsolable d'une petite soeur morte trop tôt, professeur de dessin, ami, amant, voyant.

Au duo très réussi du peintre et M. Menshiki, le tome 2 associe le pendant féminin d'une adolescente, élève devenue également modèle, et sa tante. Ce tome 2 est plus particulièrement le lieu du dialogue entre l'oeuvre ancienne accomplie, ignorée de tous car cachée, redécouverte par le peintre dans la première partie, et la sienne en train de se réaliser à l'atelier. le Meurtre du Commandeur, titre de cette peinture retrouvée, est aussi l'histoire de son auteur, célébré autrefois pour son retour à la tradition et dont la vie qui s'achève dans une luxueuse maison de retraite a été mêlée aux prémices de la Seconde Guerre Mondiale. Roman de transmission, d'échanges entre la tradition et la modernité, qui questionne bien sûr l'Histoire du Japon et de son ouverture à la culture occidentale. Roman miroir aux multiples facettes, tendu au peintre confronté à ses désirs et par le peintre à ses modèles, mais que l'écrivain se tend peut-être à lui-même autant qu'il le tend, souvent avec humour, à son époque (amour des bagnoles et goût des fringues) témoignant également des doutes dont celle-ci est porteuse, d'une façon épatante, à travers des sujets tels que l'amour, le couple et la paternité.

Mystère d'un cheminement artistique intérieur que le prologue anticipait déjà (Tome 1). Etrange parenthèse de quelques mois de la vie d'un artiste dont la composition évoque une boucle. Traversée de l'invisible ouverte à ce peintre par Murakami en un retour sur lui-même, inauguré par l'intrusion d'un hibou et le tintement d'une clochette en bronze dans une maison de montagne qui accroche les nuages et retient les esprits. Certaine tradition picturale (Nihonga) semble y avoir donné rendez-vous à R. Strauss et Mozart quand ce jeune portraitiste contemporain résolu à tourner le dos à sa pratique s'y installe, après avoir balancé son portable par-dessus un pont et erré obscurément quelques temps dans le nord de l'archipel. En acceptant l'offre mirobolante d'un insaisissable commanditaire et voisin à la cinquantaine avantageuse qui veut absolument se faire portraiturer, il ignore ce que ce dernier a réellement en tête… une relation improbable naît, par laquelle il renoue avec la toile. L'atelier devient alors le coeur d'une passionnante et haletante fiction/réflexion où la puissance allégorique d'une autre peinture ("Le Meurtre du Commandeur") lui dévoile (et lui transmet) l'énergie créatrice nécessaire au renouveau de son geste artistique et le sens du dialogue perdu avec la toile. Mais peut-être cette oeuvre était-elle faite pour rester inconnue et contemplée par un seul ? C'est ce que suggère l'issue de cette histoire splendide.






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C'est le tome 2 et il faut avoir lu le premier volume pour bien l'apprécier. Et ensuite, si on continue c'est sûrement qu'on a aimé le précédent. Alors, pas vraiment besoin d'un commentaire pour guider le choix de lecture.
C'est la même atmosphère, le même dépaysement, le même fabuleux mélange de vie quotidienne, d'humour subtil et d'univers métaphorique.

Je ne vais pas raconter l'histoire, je vous laisse le plaisir de la découvrir.
J'ajouterais cependant de ne pas trop se fier au quatrième de couverture, on est à plus de 200 pages quand la disparition mentionnée survient finalement. (p. 224 pour préciser)

Un plaisir de lecture pour les fans de Murakami.
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Ce second tome est encore meilleur que le premier.
Avis aux amateurs de Murakami, précipitez-vous pour vous procurer ces deux tomes extraordinaires, aussi bien sûr le plan littéraire, que sur le plan du fond, de l'intrigue, des intrigues.
Dans ce second opus, il est davantage question du fantastique, de l'étrange, et on est réellement plongé au coeur de la vie du narrateur, et de ce qui va lui arriver.
Je ne peux pas en dire plus c'est tellement dense, tellement fourni, que je dévoilerai trop de l'intrigue.
Ça ressemble à un thriller, mais à un thriller génial, inventif, surprenant, encore mieux que Stephen King, (d'ailleurs, rien à voir avec lui, en fait !).
Ne vous attendez surtout pas à des explications logiques ou rationnelles, il n'y en a pas, et c'est bien cela qui diffère des thrillers classiques. D'ailleurs, je m'en veux de parler de "thriller", ce serait dévaluer cette oeuvre, car on ne peut la ranger dans aucune case, c'est bien cela qui fait sa rareté, son exigence et sa valeur.
Tout le fantastique démarre lors de la découverte d'un tableau d'un grand peintre japonais, "Le meurtre du Commandeur" (oui, comme dans Dom Juan), caché dans un grenier, et de cette découverte découlera toutes les péripéties du narrateur. le pauvre...
Encore dans ce second tome, une grande réflexion sur l'Art et la Création.
Quel talent ! Quelles références ! C'est du grand art.
Je commence derechef Kafka sur le rivage, une de ces oeuvres magistrales.
Bonne lecture aux petits veinards qui n'ont pas eu encore la chance de lire ces deux tomes !
PS : Je prépare pour très bientôt un quiz concernant les deux tomes de ce roman, bien sûr il faudra les avoir lus pour y répondre.

PS 2 : J'ajoute juste que nous sommes le lendemain de la fin de ma lecture, et le plus sincèrement du monde, les personnages me manquent horriblement !
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Le plaisir tant attendu de se replonger dans cette histoire nippo-fantastique. J'assume, je suis un fan ! Ce long dérapage de la normalité vers l'irrationnel est toujours aussi plaisamment raconté. Les fils déroulés dans le premier tome continuent de s'enchevêtrer  dans des intrigues invraisemblables sur un fond d'histoires amoureuses.
Murakami n'est jamais meilleur que quand il entretien le mystère et le puzzle des événements se reconstitue petit à petit pour n'en dévoiler qu'une partie à la toute fin. Et c'est tant mieux, on peut continuer à y penser, à rêver !
Un livre qu'on ne lâche pas et qui reste en tête...

Attention la quatrième de couverture dévoile une partie de l'intrigue... a éviter de lire.
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Après le premier livre, on ne peut que se plonger dans le deuxième tome, où l'on entre dans le labyrinthe de la créativité onirique "Murakienne";

Il nous révèle le poids de l'Histoire, avec ses blessures et ses traumatismes, il nous fait pénétrer dans le monde étrange des métaphores, et surtout il nous place face à nos angoisses intérieures, nos "monstres" qu'il nous faut combattre et surmonter pour vivre une existence avec responsabilité.

Un auteur qui a le mérite de rester fidèle à lui-même, et avec un talent d'écriture admirable.
Un vrai peintre des mots
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Entre étrange présence et véritable absence, entre vérité assumée et mensonges, entre rêves raisonnables et réalité inavouable, entre monde quotidien et univers fantastique, Murakami sait trouver un chemin louvoyant qui nous égare entre terreur et ravissement.
Excellent !
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Si le livre 1 m'avait un peu privée de l'univers onirique et fantastique si propre à H.Murakami, le deuxième vient combler ma frustration! Notre narrateur poursuit sa quête créatrice et bien au delà! Il se retrouve entraîné dans un monde bien particulier , guidé par les personnages du tableau trouvé dans le grenier du vieux peintre Tomohiko Amada. Pour retrouver la fillette avec laquelle une complicité singulière c'est créée, il va affronter ses démons les plus profonds, se relier à son passé de façon improbable, faire confiance à ce qui semble le plus déraisonnable...Ce personnage de Marié prend toute sa dimension dans ce second livre et permet de développer avec beaucoup de sensibilité toute une gamme d'émotions chez le narrateur qui remet en question la relation enfant/adulte, parfois symétrique parfois pas, toujours complémentaire et jamais hiérarchique.
Plus que jamais H.Murakami intérroge sur la porosité entre rêve et réalité, sur la crédibilité de la notion de temps linéaire, sur ce qui influe , in fine, le plus sur nos choix et notre être: la réalité objective ou le poid qu'on accorde à ce que l'on ressent, ce que l'on croit. " Dans ce monde, il n'y a sans doute rien de certain dis-je. Mais on peut au moins croire à quelque chose."
La création est abordée avec un grand "C" en y incluant la paternité: qu'est- ce qu'être père,, qu'est-ce qui fait père? Que se trame t-il entre l'oeuvre et l'artiste? qui appartient à qui? qui révéle t-il à l'autre l'essence de ce qu'il est?
Si l'auteur nous offre pleinement danc ce deuxième livre toute la palette des sujets qui lui sont chers entre "monde objectif" et "monde parallèle il me confirme également l'impression ressentie dans le premier d'un nouvel angle de vue. le narrateur est, en effet, conscient d'évoluer dans des sphéres dont il ne peut parler à n'importe qui sans passer pour un fou. Son questionnement est explicite et l'extra-ordinaire n'est pas posé comme une évidence contrairement aux précédents romans.
Enfin, j'ai le sentiment de quelque chose d'auto biographique dans cet écrit.Par exemple, comme les tableaux inachevés du narrateur, j'ai toujours eu le sentiment qu'H.Murakami ne peut véritablement achever ses romans.Il y a toujours des liens qui ne sont pas faits et pourtant attendus, des réponses en suspend...Quel serait le risque d'une fin structurée? L'interrogation est-t-elle nécessaire en conclusion?
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Ma critique vaut pour les deux livres de cette première oeuvre que j'ai eu le bonheur de lire de Haruki Murakami.
En bref : j'ai A d'O R é alors que je ne m'attendais à rien de particulier, ayant acheté les deux volumes un peu par hasard alors que j'avais une fringale de lecture et peu de choix disponible (je me trouvais dans une grande surface). Pour moi c'est l'un des meilleurs livres que j'aie jamais lu, c'est tout simple.
Impossible de s'attarder sur l'intrigue sans spoiler, la quatrième de couverture de chacun des deux volumes étant d'ailleurs déjà trop explicite.
Je dirai simplement que j'ai beaucoup beaucoup aimé cet équilibre entre un réalisme un peu rêveur et un onirisme assez fou, vraiment délicat à atteindre mais pari pleinement réussi. Et un double voyage initiatique en forme de retour vers une enfance affectée d'un manque (le narrateur dont on ne saura jamais le nom) et vers l'âge adulte pour la jeune Marié.
Pour moi ce livre est une synthèse entre peut-être pas tout mais beaucoup de choses que j'ai pu lire auparavant: allant du conte pour enfants à l'autopsie de l'échec d'un couple, en passant par les affres du processus créatif et de ses mystérieux déclencheurs.
J'ai été étonnée de lire après coup des critiques, surtout anglo-saxonnes, affirmant que cette oeuvre de Murakami ne serait que "mineure" voire franchement ratée. Pour moi c'est un chef d'oeuvre syncrétique, à tel point de craindre la déception à la lecture d'une autre des oeuvres de l'auteur.
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Ce second volume du Meurtre du Commandeur nous entraîne dans des arcanes plus sombres, dans des ténèbres plus épaisses et dans des mystères plus insondables.
Après avoir réalisé le portrait de Menshiki, le narrateur retrouve l'inspiration, notamment grâce au tableau de Tomohiko Amada, le Meurtre du Commandeur.
Il entame le portrait de l'homme à la Subaru Forester Blanche puis, sur la demande de Menshiki, celui de Marié Akikawa.
C'est alors que la jeune fille disparaît et que le narrateur, toujours par l'intermédiaire du tableau de Tomohiko Amada, se retrouve à la frontière entre le rien et l'être.
On retrouve ici des traits d'autres romans de Murakami : la fin des temps, chroniques de l'oiseau à ressort dont l'univers ressurgit ici à travers le voyage du narrateur entre le monde réel et l'irréel.
Ce roman est passionnant de bout en bout et il ouvre au lecteur des horizons illimités et des abîmes de réflexion sur le sens des choses.
Toujours à la frontière du réel et de l'irréel, Murakami signe là une oeuvre majeure.
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