AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Ultima Necat tome 4 sur 4

Anne Sefrioui (Autre)
EAN : 9782251451732
720 pages
Les Belles Lettres (06/05/2021)
4.67/5   3 notes
Résumé :
À la niche, les approuveurs du monde !


Philippe Muray (1945-2006) est un essayiste et romancier français connu pour son grand talent de polémiste.
L'intégralité de l'œuvre de Philippe Muray est en cours de publication, aux Belles lettres, son éditeur historique.
Les Essais, regroupant sept de ses ouvrages phares, ont été publiés en 2010.
Plus récemment : Postérité (roman, 2014) et La Gloire de Rubens (essai, 2013) ont rejo... >Voir plus
Que lire après Ultima Necat, tome 4 : Journal intimeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Les éditions des Belles Lettres ont publié au printemps 2021 le quatrième volume du Journal du fameux Philippe Muray, qui, à la suite de Guy Debord et avant quelques autres, est le plus grand déchiffreur du monde moderne. A la différence des tomes précédents, qui couvraient trois années ou plus, celui-ci ne concerne que 1992 et 1993. En effet, l'écriture du journal prend pour l'auteur une plus grande importance, tandis que ses multiples projets romanesques, qui aboutirent à des désastres et à l'insuccès, passent au second plan. le journal n'est plus pour lui le lieu neutre où l'on déverse le matériau destiné à d'autres oeuvres plus parfaites, il devient un objet de création et de réflexion en soi.

La vie quotidienne, d'autre part, commence à apparaître comme sujet de méditation : généralement, les journaux intimes sont d'un extrême ennui quand ils notent les petits événements répétitifs de chaque jour, mais ici, comme l'auteur se tient toujours à une posture d'imprécateur et de polémiste, les plus petits incidents (comme la loi Evin contre les fumeurs et les mille anecdotes de restaurant auxquelles elle donne lieu) prennent une grande saveur comique, et aussi, donnent à réfléchir. C'est à partir de la vie quotidienne, des publicités, des femmes croisées dans la rue, et aussi de l'attention que porte l'auteur aux égouts médiatiques (la télévision, les journaux le Monde et Libération, les tracts culturels etc), qu'il tire la substance de ses chroniques les plus drôles et les plus percutantes, publiées plus tard dans les volumes de ses Exorcismes Spirituels, Désaccord Parfait et autres recueils. La chronique semble être devenue la forme la plus adéquate au genre satirique, à l'injure au monde moderne, et l'auteur semble avoir pris ses distances avec la forme romanesque qui ne convient plus à ses outrages à la modernité. Il faut noter au passage que le texte de ces chroniques apparaît dans le corps de celui du journal, et fréquemment, l'auteur les présente comme des sortes de poèmes en prose : cela rappelle Huysmans, qui passait du poème en prose au roman ou vice-versa. La violence de Muray a cette grande vertu d'éveiller le lecteur et de le persuader de ne jamais se laisser aller à penser comme les autres.

Quelques figures se profilent dans ce journal, dont le texte a été adouci, de l'aveu de l'éditrice. Bernard-Henry Lévy, Philippe Sollers et quelques autres, toujours en vie de nos jours, sont évoqués par Muray qui a pris ses distances avec eux et avec leurs revues et ouvrages. Vers la fin, il fait l'intéressante rencontre de Milan Kundera, chez qui il retrouve une certaine parenté d'esprit. Un index des personnes et des lieux serait très bienvenu, même si Philippe Muray, dans ce journal, ne cultive pas l'amitié.

Abrutis comme nous sommes par les médias dont l'auteur décrit la puissance, nous pourrions croire que ces années 1992 et 1993 sont presque de la préhistoire... Mais une des grandes leçons de ce journal, c'est que rien n'a changé : les mêmes politiciens immondes, les mêmes eurocrates délavés, les mêmes journalistes de caniveau, tous sont là, fidèles au poste. Et si certains ont bien dû mourir, leurs clones ont vite pris leur place.

L'autre grande vertu de ce livre est de ne proposer absolument aucune solution : chercher à régler les problèmes qu'il évoque, c'est devenir comme ces gens-là, une sorte de progressiste. Mieux vaut s'en garder.
Commenter  J’apprécie          160
Philippe Muray, dans le tome V de son Journal intime, ne fait pas dans la dentelle, mais cent fois mieux, les aiguilles de son écriture acérée, décillée, visionnaire parfois, souvent, vous perforent le cervelet et moulinent grave votre comprennette. Sabayon de philo, de socio, de crachats, de haine, d'amour, d'exécration, de littérature, d'anti-social et de profondément humain, au sens de l'homoncule barraté au plus profond de son âme.
Devait pas être facile à vivre le Muray.
Tout y passe de notre société du Spectacle cordicole à souhait et du Bien comme paradigme foireux. Entre autres joyeusetés.
Les Sollers (intrigant et manipulateur), Hallier (fou de lui-même) et autre Levy (le Bazard de l'Hôtel de Ville de la philosophie), y sont disséqués, cramés et rendus à leur fonction malodorante de prosateurs infatués.
On aime ou pas, mais personne ne reste indifférent à Philippe Muray et c'est tant mieux.
Commenter  J’apprécie          00


critiques presse (1)
Marianne_
04 mars 2024
Philippe Muray persiste et signe dans les deux derniers tomes posthumes d’Ultima necat, son journal intime des années 1994-1997. Une charge féroce contre « la folie normatée du XXIe siècle » au nom d’une défense passionnée de la littérature.
Lire la critique sur le site : Marianne_
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
1 janvier 1992.
Il faut se mettre en travers du siècle, ce n'est évidemment plus "innover". On peut abandonner cette manie avant-gardiste aux publicitaires, aux entrepreneurs, aux managers et aux derniers hommes politiques, enfin à tous ceux qui espèrent continuer éternellement à nous vendre des saloperies dont nous n'avons nul besoin. Se mettre en travers du siècle, c'est d'abord mettre en question "le siècle" lui-même, la chose, avec sa myriade de de subdivisions jamais pensées (générations, périodes, époques, années 70, 80, etc). Se mettre en travers du siècle, c'est commencer par dire qu'il n'y a pas de générations, qu'il n'y a pas de périodes, qu'il n'y a pas "d'esprit" des années 60 ou des années 80, qu'il n'y a pas d'années 60 et qu'il n'y a pas d'années 80.
Se mettre en travers du siècle, c'est casser les pattes à l'hystérie des découpages temporels.
Se mettre en travers du siècle, c'est démontrer, chaque fois que l'occasion s'en présente, le caractère commercial (il n'y a plus de générations parce qu'il n'y a plus de "fossé" entre les générations, mais c'est le secret-défense du business) et le caractère religieux (ce qui disparaît revient en culte) de la notion de génération.
Toute oeuvre ne ne se structure pas comme une conspiration est nulle et non avenue.
Mais toute oeuvre digne de ce nom est déjà, par elle-même, un acte de désobéissance envers un monde qui pense en avoir finir avec ce genre de fantasmagorie.
p. 11
Commenter  J’apprécie          70
8 avril 1992.
Un spécialiste américain de l'histoire de la littérature donnait récemment les quatre raisons pour lesquelles celle-ci est en train de disparaître (...) 4. Les livres sont écrits pour appartenir au journalisme et non plus à la littérature. Il faudrait y ajouter, à mon avis, la nouvelle injonction, diffuse et en même temps implacable, d'approuver partout un monde qui se prétend idéal puisqu'il veut le bien de tous, et qui ne saurait tolérer le moindre manquement de respect à son égard. L'enfer des écrivains a toujours été pavé de médiateurs, mais jamais encore ceux-ci n'étaient apparus sous le masque inattaquable de la philanthropie.
p. 119
Commenter  J’apprécie          121
14 décembre 1993.
Etre de droite ne peut être que profondément, définitivement, irrémédiablement négatif. A la limite, toute positivité est de gauche. Etre de droite, c'est être structuré comme un rejet, comme une horreur du goudron pleurnichant de la gauche, donc de tout ce qui peut /positiver/. La haine des valeurs de gauche est déjà, en soi, une occupation à plein temps, un programme pour toute la vie. D'ailleurs, c'est quand les hommes de droite font des programmes qu'ils se mettent automatiquement à ressembler à des gens de gauche. On ne peut pas en sortir. Toutes les catégories par lesquelles ils se définissent appartiennent à la gauche. Accepter de se définir, sur ce plan-là, c'est déjà utiliser le vocabulaire de l'ennemi. La droite de pouvoir a toujours été bien trop chrétienne pour ne pas être solidariste, fraternitaire, philanthrope et sécurité sociale, donc de gauche. Aujourd'hui, où tous les gens de gauche sont devenus les marguilliers de la Paroisse médiatique et globale, la fusion est opérée entre la droite et la gauche. Le monde comme télé a connu son unification en tant que bureau de bienfaisance.
pp. 664-665
Commenter  J’apprécie          60
13 janvier 1992.
Le problème n'est plus de connaître beaucoup de gens, d'être aimé par beaucoup de gens, mais au contraire, à mes yeux, d'en connaître le moins possible. Deux ou trois suffisent désormais puisqu'ils se ressemblent tous.
p. 28
Commenter  J’apprécie          130
30 janvier 1992.
Conclusions ?
...
4. L'Europe est désormais le plus court chemin d'une haine à une loi.
5. La restauration de l'éminente dignité de la censure peut être considérée comme quasi achevée.
...
7. Je n'écris plus, je produis du contrepoison. Fin de la "crise" de la littérature, qui se transforme en chimie indispensable.
p. 50
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Philippe Muray (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philippe Muray
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv : https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Philipe Muray n'a pas eu droit de son vivant à l'attention que son talent aurait justifiée. Mais un comédien a contribué à le venger. Savez-vous de qui il s'agit ?
« Exorcismes spirituels » de Philippe Muray, c'est à lire en poche chez Tempus.
autres livres classés : journal intimeVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (6) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1720 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}