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Patrick Marcel (Traducteur)
EAN : 9782361836405
272 pages
Les Moutons Electriques (19/03/2021)
3.97/5   31 notes
Résumé :
Après une pandémie qui n'a laissé qu'une maigre population, San Francisco est surtout peuplée d'artistes, rêveurs, de rebelles qui ont reconstruit une société libre et utopiste. De l'autre côté de la Baie, un militaire veut écraser ses sales hippies — mais la Ville elle-même aidera à le combattre, car elle exsude sa propre magie.
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Personnalité importante de la scène science-fictive et fantasy américaine, Pat Murphy a non seulement reçu une multitudes de prix pour ses romans et nouvelles mais est également à l'origine du prestigieux prix James Tiptree Jr en 1991 avec sa compatriote Karen Joy Fowler (dont La Volte s'apprête à publier un recueil de nouvelles en langue française pour la fin de l'année).
On connaît pourtant peu Pat Murphy dans l'Hexagone puisque sa dernière traduction remonte à 2000 chez J'Ai Lu avec Nadya.
Ce sont Les Moutons Électriques qui ont choisi de lui redonner une chance dans la langue de Molière avec la traduction par Patrick Marcel du roman La Ville peu de temps après, un ouvrage à mi-chemin entre post-apocalyptique et utopie.

If you're going to San Francisco…
C'est par une bouteille à la mer que commence La Ville peu de temps après. Une bouteille retrouvée par l'une des survivantes de San Francisco qui, à l'instar du reste des autres grandes villes américaines, a été dévastée par une épidémie de Peste venue d'on ne sait où.
Quelques communautés tentent pourtant de reconstruire un semblant de société. Parmi elles, celle d'une jeune femme dont la mère, Mary Laurenson, est morte avant de pouvoir lui choisir un nom. Aux abords de Sacramento, un nouveau pouvoir monte, celui du général Miles (ou Quatre-Étoiles comme l'appellent ses adversaires) dont le régime ressemble fortement à une dictature de la pire espèce. Après avoir annexé quelques villes de moindre importance, Miles et ses troupes tournent leur regard vers San Franscico, la grande ville du Sud.
Mais dans San Francisco, les choses sont radicalement différentes. Pas de dictature, pas d'autodafé, pas de milice armée mais…de l'art et des artistes, des excentriques et des anarchistes. Sacré contraste.
La jeune femme de Sacramento quitte alors les siens pour porter un message à ceux de San Francisco : la guerre arrive.
Si Pat Murphy choisit deux lignes conductrices pour la première partie de son récit, alternant entre Sacramento et San Francisco, c'est d'abord pour illustrer la radicale différence de ton, de liberté et de politique entre les deux villes.
Très rapidement, les choses vont se centrer quasi-exclusivement sur San Francisco et le périple de cette mystérieuse jeune femme porteuse de tant d'espoirs. Contrairement aux attentes, l'autrice américaine s'oriente vers un récit contemplatif, à la fois doux et poétique, où l'art occupe le premier plan.
En consacrant des chapitres entiers pour caractériser les occupants de San Francisco, dressant leur passé et leurs aspirations, Pat Murphy offre une galerie de personnages sublimes et originaux.
La Machine, ou l'histoire d'un génie en robotique/mécanique qui pense être lui-même une machine puisqu'il a survécu aux siens, Crotale, un grapheur-artiste au talent inégalé, Danny-boy, jeune idéaliste adopté par un mère délirante, Bouquins, un vieil homme féru de littérature ancienne, Mme Migsdale, dernière romancière et historienne de son époque…
C'est l'ensemble de ces personnalités qui va donner, pour beaucoup, l'atmosphère quasi-onirique et franchement utopiste du roman. Mais c'est aussi, et surtout, leur rapport à San Francisco, leur façon de changer le visage de la ville qui va aussi changer le monde. Leur présence et leur manière de disséminer des oeuvres d'art partout où ils passent, repeignant le Golden Gate ou construisant des labyrinthes-miroirs, va finir par insuffler une âme entre les murs de bétons et les voitures à l'abandon. C'est ainsi que Pat Murphy se distingue radicalement des autres romans du même type, par cette volonté de faire du beau et à ré-enchanter un contexte post-apocalyptique qui devrait (logiquement) ouvrir la voie au désespoir.

Une forme de guerre
Que reste-t-il après la fin ?
Quand toutes les structures sociales et les lois se sont effondrées ?
Par la confrontation entre les hommes du général Miles et les artistes de San Francisco, Pat Murphy imagine une alternative à la loi du plus fort, s'inspirant des rapports de force inversés des conflits modernes, du Vietnam à la révolte menée par Gandhi, l'américaine livre un discours anti-militariste et, surtout, anti-guerre.
Publié en 1989, alors que la Guerre Froide était encore d'actualité, La Ville peu de temps après, raconte la menace apporté par la terreur et la violence. On retrouve dans le récit de l'américaine cette peur sourde de voir un pouvoir américain totalitaire prendre les armes pour défendre sa patrie au mépris de la vie humaine. En retour, l'autrice explore une autre voie, celle d'une guerre sans mort (ou presque) où la ruse, l'artifice, l'intelligence font comprendre à l'autre qu'il n'y a aucun intérêt pour les partis en présence de s'entretuer.
Utopique dans sa présentation d'une société d'excentriques à la tournure prise par la guerre asymétrique contre le général Miles, le roman de Pat Muprhy fait du bien au moral, il montre, simplement, que les choses sont plus complexes qu'on pourrait le croire, que le camp du mal est, souvent, plus difficile à appréhender qu'on ne le croit et qu'une réponse radicale n'entraînera qu'une nouvelle réaction radicale.
Dans ce message bourré d'humanité, Pat Murphy arrive cependant à rester lucide, à comprendre que certains hommes n'ont aucune possibilité de rédemption et que, dans des cas extrêmes, il faudra une solution extrême… même si cela ôtera un peu de la beauté du monde.
En prenant l'art et la création pour contrer l'autoritarisme et la destruction, Pat Muprhy offre un vibrant message d'espoir pour un monde nouveau où la paix adviendra certainement, mais pas forcément sous la forme attendue.
Au milieu, ce sont l'amour et l'amitié, la beauté du monde et de l'autre, ce sont des fleurs qui tombent du ciel et des anges discrets qui rendent le futur plus grand.

Roman d'une grande poésie à la beauté saisissante, La Ville peu de temps après ré-imagine complètement une grande ville américaine pour en faire une chose vivante et fascinante, attendant que l'homme choisisse le chemin de la paix pour mettre fin à un cycle de violence qui semble toujours (et plus que jamais) d'actualité à l'heure actuelle. Un plaidoyer anti-militariste et humaniste à mettre entre toutes les mains.
Lien : https://justaword.fr/la-vill..
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J'avoue que je n'aurais jamais pensé me laisser persuader de lire un roman post-apocalyptique où une pandémie a fait disparaître 98 % de la population mondiale. J'aurais encore moins cru trouver une telle lecture plaisante. Ce qui m'a convaincue, c'est mon envie d'explorer la littérature utopique. Et j'avoue que lire du post-apo utopique qui n'est pas consacré au retour à la nature (thème qui a tendance à me faire saturer), ça fait du bien.

Le roman commence vingt ans après ladite pandémie. Une communauté anarchiste vit dans les ruines de San Francisco, où chacun·e est libre de se consacrer aux projets qui lui plaît – comme par exemple de… repeindre le Golden Gate en bleu, idée que j'ai trouvée à la fois ridicule et géniale. Mais un jour, une jeune femme sans nom vient les avertir d'un danger imminent : un militaire tente de recréer une nouvelle Amérique sous sa bannière et s'apprête à envahir San Francisco.

L'enjeu principal du roman, c'est la stratégie à adopter pour s'opposer à une menace fasciste : décrédibiliser et ridiculiser l'envahisseur? Ou bien prendre les armes pour le contrer? le débat est intéressant et très bien porté par les personnages, et le dénouement franchement habile. Là-dessus, c'est un sans-faute que je recommande à quiconque s'intéresse au sujet.

Les personnages sont intéressants (La Machine en particulier) et l'ambiance onirique très prenante, quoiqu'un peu trop appuyée par moments. J'ai lu presque en diagonale certains passages très contemplatifs voire ésotériques quand il s'agit de la magie liée à la ville elle-même. Cela mis à part, l'ensemble vaut largement le détour et je suis très curieuse de lire d'autres oeuvres de cette autrice.
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Peu de temps après nous, peu de temps après une épidémie qui a vidé les USA de leur population, San Francisco vit à l'heure hippie. Quelques artistes, quelques rêveurs ont organisé une communauté sympathique, vivant de l'air du temps parmi les fantômes du passé. Parfois, un voyageur vient apporter des nouvelles de l'extérieur, un colporteur fait circuler des objets et des idées nouvelles. Parfois, un projet réunit la communauté, comme l'idée de peindre le Golden Gate en bleu. Et c'est ainsi que Danny-Boy, Machine, Bouquins et les autres passent leurs journées.
La fille sans nom, elle, a grandi à l'écart de tout cela. Avec sa mère, elle vivait dans une ferme, le long de la route. Une ferme où la vie était paisible, tellement paisible qu'un voyageur avait résolu de se joindre à elles, ramenant le sourire sur le visage de la maman, la quiétude dans l'esprit de la jeune fille.
Jusqu'au jour où la fille sans nom voit les soldats de Quatre-Étoiles brutaliser, molester, puis enlever sa mère et le marchand. Elle l'ignore encore, mais c'est le début d'une quête qui la conduira au coeur de la ville, à la rencontre des autres survivants, le début d'une guerre pour la liberté.

J'ai vraiment aimé ce roman, qui échappe aux caricatures et propose des personnages assez atypiques, sans omettre de proposer des interrogations profondes sous des apparences de légèreté. Doit-on se comporter comme les gens que l'on combat ? Sans doute la question la plus cruciale de notre triste époque.
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Pour un défi je devais lire un post-apo, ce n'est clairement pas le genre de la science fiction que je préfère et au vu du monde actuel c'est même devenu le type de lecture que j'évite. le quotidien est déjà assez compliqué pour que je prenne plaisir à lire quelque chose où la loi du plus fort pour la survie sera probablement le coeur du récit. Je me suis tournée vers la ville peu de temps après suite au conseil de ma libraire qui me l'a présentée comme un post-apo positif. Je confirme l'impression générale est vraiment positive, ça change et en même temps on reste dans les autres codes du genre. Il y a bien eu apocalypse, différents types de survie se sont mises en place et tous ne sont pas sympathiques. C'est chouette d'avoir un traitement différent. Pour l'histoire, il y a eu une énorme épidémie avec très peu de survivants, ils vivent de manière plutôt isolé même s'il reste une enclave à San Francisco ce qui n'est pas du gout de tout le monde.
San Francisco a été investie par des artistes. Ce petit groupe a complètement apprivoisée la ville, elle est devenue un immense terrain de jeu créatif. La politique y est minimale, un vent de liberté souffle à cet endroit. Bien évidemment, un système politique si différent n'est pas au gout de l'extérieur et une colère monte chez un « nostalgique » du monde d'avant (comprendre un bon gros tyran belliqueux, sexiste, patriote…). Une jeune fille qui a grandi à l'extérieur va se réfugier à San Francisco et prévenir du danger. Une fois dans la ville, c'est à travers ses yeux que le lecteur découvre comment fonctionne San Francisco. On voit le contraste entre le fait d'y grandir ou d'y être de passage. Comprendre le fonctionnement de cette espèce de bulle est vraiment géniale. Comment a été créé cette enclave ? Est-ce que on peut la maintenir si l'extérieur décide d'attaquer ? Comment rester fidèle à sa philosophie ? Si San Francisco montre une communauté au quotidien heureux, ça ne veut pas dire que le récit est planplan ni qu'on n'a que de la vie quotidienne. Il y a des réflexions et de l'action aussi disons que c'est plus la tendance générale avec cette façon de s'auto-gérer qui est positive. C'est une très bonne lecture rafraîchissante.
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Un roman qui prend le contre point des récits post apo. La grande Peste a décimé une large partie de la population qui vivote aujourd'hui. Nous suivons une héroïne sans nom qui après le décès de sa mère retourne dans sa ville d'origine : San Francisco afin de prévenir ses habitants d'une possible du attaque du général "quatre-étoiles".

Si vous avez lu "Dans la forêt" de Jean Hegland, qui date de la même époque, ce récit pourrait en être l'opposé : au lieu de quitter son humanité pour faire corps avec la nature, notre héroïne va rejoindre la ville et faire société avec d'autres humains par le biais de l'art. "La ville peu de temps après" est un ode à la culture, à ce qui rend l'humain si humain.

La première partie du récit à quelques exceptions près est assez contemplative et nous introduit dans le milieu de San Francisco et de ses habitants. La ville est une entité à part entière, emplie de fantômes, de rues qui vous perdent ou vous guident selon les moments. Pas de "zombies" au sens contemporain du terme mais des esprits, des souvenirs qui courent les rues. Nous nous laissons ensuite porter par la plume de l'autrice à travers les oeuvres de Danny-Boy, La Machine et tant d'autres.

Mais aucun havre ne peut réellement rester en paix semble vouloir nous dire ce général Quatre étoiles qui veut conquérir la ville pour reconstituer une nation américaine à son image. Des armes contre des oeuvres, David contre Goliath, voilà le récit qui s'offre à nous avec de belles trouvailles. Et comment résister à cette lutte utopique (teintée par l'histoire bien réelle des USA) ? Car il s'agit bien de décrire un idéal de paix et d'harmonie entre les humains.

Je ne vous dévoile pas la fin mais vous recommande ce récit antimilitariste des années 90, intemporel à mes yeux et qui mérite d'être découvert.
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critiques presse (2)
Elbakin.net
11 janvier 2022
Le livre est porteur d’un message bienveillant, choisissant sciemment de mettre l’accent sur la beauté, l’ouverture d’esprit et l’acceptation de l’altérité. C’est une vibrante ode au bonheur et à l’espoir, au changement et au renouveau.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
SciFiUniverse
19 octobre 2021
La Ville peu de temps après est un texte post apocalyptique utopique, bienveillant et porteur d’espoir. Comment changer le monde si celui-ci venait à s’effondrer ? Ce roman de 1989 est enfin traduit et ça fait du bien !
Lire la critique sur le site : SciFiUniverse
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Pourquoi bâtir quelque chose d’aussi beau si c’est pour qu’il soit détruit ? Si nous n’étions pas passé par ici, personne ne l’aurait jamais vu.
- Parfois, on crée des choses qui ne dureront pas, rien que pour le plaisir de le faire », répondit Danny. Il regarda une vague mordre le rempart du château. « On fait ça pour soi, pas pour qui que ce soit d’autre. Quand on crée quelque chose de beau, on change. On met une part de soi dans ce qu’on crée. On est différent quand c’est fini. » Une autre vague atteignit la muraille du château, en grignotant un petit bout.
« C’est pour ça que tu peins le pont ?
- En partie, oui, je suppose.
- Et l’autre partie ?
- En se changeant, on change le monde. On le fait un peu plus sien.
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Voir un sujet à travers différents points de vue, c’est un peu comme voyager à travers un palais des glaces, vous ne trouvez pas ? Ça apporte une perspective intéressante.
[…] Il est important de ne pas trop croire à la réalité dans le miroir, ajouta-t-il. Faut pas s’y fier. C’est comme la ville. Tout le monde la voit différemment.
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Pour ma part, j'ai toujours trouvé ce concept de nation terriblement surfait. Je ne peux pas dire que j'étais particulièrement fière d'être américaine ; je ne me suis jamais beaucoup souciée de l'Amérique en général, même si j'étais assez attachée à mon quartier. J'ai toujours été plus favorable à une structure quelque peu plus distendue, plus proche des cités-États de la Grèce antique."
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"Pourquoi est-ce qu'ils ne peuvent pas nous foutre la paix ?" gronda-t-il.
Lily eu un haussement d'épaules. "Parce que nous sommes différents d'eux, répondit-elle. Ce n'est pas toujours pour ça que les gens se battent ?"
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– Vous détruiriez une ville entière pour faire un exemple?
– Pour faire une nation, Danny-boy. Pour le bien du plus grand nombre. Cette ville n’est pas un très gros sacrifice. Quelques bâtiments, quelques vies humaines – quelle importance ? La nation survivra. Vous ne voyez pas l’ensemble du tableau, vous autres. Vous êtes prisonniers d’une vision étriquée. Si vous aviez une vue d’ensemble, comme moi, vous comprendriez.
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