Le narrateur, un ancien commis de cuisine dont on ne connaîtra jamais le nom, éperdu d'amour et d'admiration pour sa patronne, raconte la vie et l'ascension de celle-ci. Née dans une famille pauvre, elle est placée comme bonne dans une famille bourgeoise, son rôle sera d'aider la cuisinière. Elle est plutôt mal reçue dans cette famille, ou plutôt avec indifférence : on ne la regarde pas, on ne lui adresse la parole que pour lui donner des ordres. Alors, elle observe, elle goûte les plats confectionnés par la cuisinière puisque les repas sont les mêmes à la cuisine qu'à la salle à manger. Et le soir, dans sa tête, elle refait les recettes : trop de crème dans ce plat, pas assez de couleurs dans celui-ci, celui-là est trop gras, trop lourd, il faudrait remplacer certains ingrédients. Lorsque la cuisinière s'absente pour passer quelques temps dans sa famille, elle prend sa place et va pouvoir enfin montrer de quoi elle est capable. Ses employeurs sont séduits par les plats qu'elle leur propose et ne peuvent bientôt plus se passer d'elle. Elle partira quand même pour voler de ses propres ailes et ouvrira son restaurant à Bordeaux. Celui-ci aura beaucoup de succès, obtiendra une étoile au "guide", et puis tout s'effondrera.
Marie NDiaye brosse ici le magnifique portrait d'une femme qui a tout sacrifié pour assouvir sa passion : la cuisine. Et ce n'est pas pour un plaisir personnel, c'est pour les autres qu'elle confectionne ses plats, visant à toujours plus de simplicité. Elle veut que tous puissent en profiter, refusant de faire des réservations : les premiers arrivés seront les premiers servis, elle calcule ses prix au plus juste. Sa passion est telle qu'elle l'isole du monde extérieur, des autres avec qui elle ne communique plus qu'à travers son art. Elle va ainsi se tromper dans l'éducation de sa fille qui en grandissant va devenir sa pire ennemie et précipiter sa chute.
J'avais déjà lu "
Trois Femmes puissantes" de
Marie Ndiaye que je n'avais pas du tout aimé ; je crois bien que j'avais expédié le dernier tiers du roman en diagonale. J'avais été rebutée par le style de l'auteur, lourd, redondant, surchargé. Ici le style est le même : des phrases à n'en plus finir avec des qui, des que à répétition, pas de chapitres, seulement un long monologue. J'avoue que, échaudée par ma première rencontre avec l'auteure, je n'aurai jamais acheté "
La Cheffe, roman d'une cuisinière" de moi-même, mais je l'ai reçu dans le cadre d'un swap.......Armée de courage, je me suis plongée dedans et bien m'en a pris puisqu'au bout de quelques pages l'impression désagréable causée par ces longues phrases et ces nombreux adjectifs a disparu. La plume de
Marie Ndiaye servant au contraire à enrichir le récit et j'ai été emportée par l'histoire de cette femme entière, inspirée, se donnant corps et âme à son art.
Lien :
http://memoiredelivres.canal..