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EAN : 9782072704925
96 pages
Gallimard (23/02/2017)
3.44/5   16 notes
Résumé :
"Je restai à l'attendre déjà tendu et prêt, savourant en silence le coton du drap qui me couvrait, et bientôt je fermais les yeux pensant aux artifices que j'emploierais (parmi tous ceux que je connaissais), et sur ce je repassais seul dans ma tête tant de choses que nous faisions, comment elle vibrait aux signes initiaux de ma bouche et à l'éclat que je forgeais dans mes yeux où je faisais affleurer ce qui existait en moi de plus louche et de plus sordide, sachant ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un couple,
L' homme soliloque.
Une ferme,
Des fourmis anéantissent.
L' homme enrage,

Un couple,
La femme nargue.
Un couple,
L'homme enrage.
Un duel verbal à mort,

Un homme, une femme,
Amant / Amante,
Tyran / Victime,
Paysan / Intellectuelle,
Mère / Fils,

"An old man and a little miss", une lecture en apnée, que généralement je n'aime pas, mais ici subjuguée par le choix du vocabulaire, des métaphores et d'une syntaxe époustouflante, je reste sans voix. Sept chapitres, sept phrases. Un condensé de violence, de vitalité, d'énergie sexuelle qui frappe trés fort, une gifle comme dit Ambages (merci).


".....the damned insects had found every possible entrance into me, my eyes, my nostrils, my ears, especially my earholes! and someone had to pay, someone always had to pay, whether they wanted to or not,..."
( ...les satanés insectes avaient trouvé toute sorte d'entrée possible dans mon corps, mes yeux, mes narines, mes oreilles, spécialement mes orifices auriculaires! et quelqu'un devait payer, quelqu'un devait toujours payer, qu'ils le veulent ou non..." )

"I think one of the preconditions of our supposed freedom is being on friendly terms with the devil. I couldn't imagine leaving him out when writing.”Raduan Nassar
( Je pense qu'une des conditions préalables à notre soi-disant liberté est d'être en bon terme avec le diable. Je ne peux imaginer écrire en l'ignorant )





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Un coup de coeur pour ce livre.
Prenez une bonne respiration agrémentée d'une tablette de chocolat pour tenir tout du long et plongez dans ce déchaînement d'amour et d'idées. Vous ne pourrez prendre que sept respirations, sept points pour sept chapitres. C'est magistral. Je n'avais jamais lu un texte enflammé aussi surprenant.
C'est de la sensualité, de l'amour et des idées qui s'entremêlent pour un bonheur de lecture fulgurant.
Tout oppose cet homme et cette femme : leur sexe, leur âge, leurs idées et ...ils s'aiment. Ils se détestent pour mieux s'aimer. Quand je pense que tout est parti d'une fourmilière qui a attaqué sournoisement sa haie vive pendant la nuit !
« maudites fourmis filles de pute »
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Un ovni, quelque chose de fulgurant qui vous prend comme un venin. Une phrase unique par chapitre qui vous emporte comme un grand souffle, une tornade, vous essore et vous rejette pantelant, halluciné.

Tout se déverse pareil à un flot de conscience torrentiel. Attraction animale et répulsion morale se mêlent et se fondent, se dévorent et se régurgitent pour s'engloutir à nouveau dans une sorte de danse pleine de fiel, de sauvagerie, rapace et cruelle. Et pourtant je la trouve belle.

Ce verre de colère est grisant au-delà de la griserie.
Il n'étonne pas, il stupéfie ; il ne choque pas, il ravage ; il n'étourdit pas, il met sens dessus dessous. C'est un séisme. L'histoire d'un homme, d'une femme, de fourmis ? de tout cela mélangé dans une potion explosive.

Il arrive parfois que quelque chose vous prenne, vous secoue, vous empoisonne jusqu'à la jouissance, sans que vous soyez maso une seule seconde.

Ce livre brutal, mais en aucune façon dénué de raffinement, est dopé à l'animalité déchaînée. Un feu inextinguible dévore cet homme. Il n'est plus qu'une bête et cette femme oublie ce qu'elle est pour jouer avec lui à ce jeu qui est le seul qui vaille (de leur point de vue).

Dans une totale rupture, cette histoire est une sorte de tango au bord d'un précipice ; une orgie crue ; une lutte orgasmique et lancinante ; un corps à corps démoniaque et aliénant. Un livre qui sent fort le soufre et qui se lit en apnée.

Après avoir lu ça, vous vous direz sûrement : « Ce mec est bon pour l'asile ! » et vous n'aurez peut-être pas tout à fait tort. Mais avant de lâcher votre sentence, jetez un coup d'oeil à ce petit livre. Son bandeau « Culte » n'est pas là sans raison.
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« Un verre de colère ». Raduan Nassar (95 pages, Folio).
J'ai toujours eu du mal avec les apnées, que ce soit dans l'eau ou dans les livres. Et c'est bien ce que nous propose ici Raduan Nassar dans ce tout petit roman. Car avant de rentrer dans l'histoire, il faut d'abord plonger dans la forme très particulière de l'écriture ; six petits chapitres (de deux à six pages) et un très long (soixante pages), mais tous construits en une seule phrase ! Certes, à l'exception des sept fins de chapitre, l'auteur use de tous les points possibles (suspension, exclamation, interrogation, double), tous donc, sauf LE point, le simple, le seul qui appelle impérativement, qui exige la majuscule. Au point qu'on se demande si c'est le point qu'il a banni, ou justement la majuscule. Pas la moindre opportunité pour reprendre son souffle donc, il faut tout avaler vite d'une traite, cul sec, et glou et glou, ça ne va jamais à la ligne, l'auteur a serré les liens sans pitié. Jusqu'au premier mot du roman, ce « Et » qui nous fait croire qu'il faut se dépêcher car on aurait loupé le début du film. On aime ou pas, moi j'ai bu la tasse. Il a fallu que je laisse tomber, que je reprenne mon souffle ; que, ma curiosité aiguisée par les bonnes critiques des babéliens, je tente de replonger ; rien à faire, j'ai vraiment senti cette forme comme artificielle et gratuite. Un exercice de style bien trop formel.
Une propriété dans le Brésil d'aujourd'hui. Lui, le narrateur dont on ne sait rien si ce n'est qu'il a du sang paysan dans les veines. Elle est journaliste, celle qu'il aime, qui l'aime… peut-être ou pas, à moins qu'ils ne se haïssent, et qu'ils haïssent le lien avec lequel ils se sont entravés l'un à l'autre, c'est sans doute plus juste. Ils baisent, intensément, prennent une douche, un petit déjeuner. Lui s'énerve contre des fourmis qui dans son jardin ont dépouillé un bel arbuste de ses feuilles, il s'emporte avec hargne contre la femme de ménage et son mari le jardinier. Puis c'est le bouquet, il s'engueule avec sa maitresse dans une violence inouïe, elle le nargue en retour, il la gifle et regifle. Elle s'en va ; elle revient, ils vont certainement baiser encore. Voilà pour l'histoire.
Même si le narrateur monopolise presque jusqu'à la fin la parole, il montre dans ses éructations toute sa misanthropie ultime, son asocialité extrême, toute la misogynie dont il est capable. Les insultes machistes fusent, ordurières, et le fait qu'il apparaisse finalement comme assez lucide sur lui-même ne nous le rend pas plus sympathique. Elle qui ne prend la parole que sous sa plume, celle qui se la joue selon lui comme l'intello de gauche-caviar de service n'est pas plus attirante. De toute manière, il n'a qu'un fiel acide et corrosif à la bouche, envers et contre tous, y compris lui-même. Où l'on voit que « la forme, c'est le fond qui remonte à la surface », comme disait l'autre.
Ne reste-t-il rien à goûter dans ce fébrile roman, qui a obtenu une reconnaissance littéraire très tardive, au Brésil et dans le monde ?
Si justement, et c'est bien là le paradoxe. Car l'écriture, violente, très oralisée, est percutante, avec parfois un regard pointu sur quelques réalités de ce monde, et souvent un sens aiguisé de la formule choc, y compris dans la grossièreté vulgaire (« - n'ayant pas même à ma portée la béquille d'une phrase toute faite… » / « - sache que ton caquetage me fait chier, et que ce n'est que par un principe d'hygiène que je ne me torche pas le cul à ton humanisme » et quelques autres). Et surtout, une sensualité animale, fauve, un lien des corps accrocs, dont lui, conscient de son pouvoir sexuel sur elle, se pense le maître… Mais est-ce si sûr ?
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Attirée par une critique élogieuse, je me suis précipitée pour me procurer ce soi-disant petit bijou, je dois avouer que je n'ai rien de trouver de tellement si "culte". Peut être la construction atypique du récit qui nous emporte dans une déferlante infernale, une violence qu'on ressent aisément par ces phrases faisant tout un chapitre, je n'ai pas forcément bien capté ce que l'auteur a voulu faire passer comme message.
Je suis restée complètement à côté de la plaque ! dommage je m'attendais tellement à un festin que je n'ai eu que des miettes de rien.
Je pense que je lui donnerai une deuxième chance un autre jour à un autre moment.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Pendant un moment là dans la chambre nous paraissions deux étrangers qui seraient observés par quelqu'un, et ce quelqu'un c'était toujours elle et moi, il revenait aux deux de garder l’œil sur ce que j'allais faire et non sur ce qu'elle allait faire, c'est pourquoi je m'assis au bord du lit et retirai calmement mes chaussures et mes chaussettes, prenant mes pieds nus dans mes mains et les sentant agréablement humides comme s'ils avaient été arrachés de terre à cet instant, et je me mis ensuite, dans un dessein précis, à marcher sur le plancher, simulant de menus motifs pour ma déambulation dans la chambre, laissant l'ourlet de mon pantalon toucher légèrement le sol en même temps qu'il couvrait partiellement mes pieds avec quelques mystères, sachant que, déchaussés et très blancs, ils incarnaient ma nudité anticipée, et bientôt j'entendais sa respiration haletante là contre la chaise où, qui sait, elle s'abandonnait déjà au désespoir, retirant fébrilement ses vêtements, s'emmêlant les doigts dans la bride qui tombait sur son bras, et moi, feignant toujours, je savais que tout ça était vrai, connaissant comme je la connaissais son obsession pour les pieds, et tout spécialement pour les miens, fermes de port et bien modelés, les orteils assez noueux, marqués aussi nerveusement sur le dessus par les veines et les tendons sans perdre cependant leur air timide de racine tendre, et j'allais et venais de mes pas calculés, prolongeant toujours l'attente sous de minimes prétextes, mais dès qu'elle quitta la chambre et alla quelques instants dans la salle de bains, je retirai vivement mon pantalon et ma chemise et, me jetant au lit, je restai à l'attendre déjà tendu et prêt, savourant en silence le coton du drap qui le couvrait, et bientôt je fermais les yeux pensant aux artifices que l'emploierais (parmi tous ceux que je connaissais), et sur ce je repassais seul dans ma tête tant de choses que nous faisions, comment elle vibrait aux signes initiaux de ma bouche et à l'éclat que je forgeais dans mes yeux où je faisais affleurer ce qui existait en moi de plus louche et de plus sordide, sachant qu'elle, transportée par mon envers, devrait crier "c'est ce salaud que j'aime", et je repassai dans ma tête cette autre figure banale de notre jeu, préambule pourtant à d'insoupçonnables combinaisons ultérieures et aussi nécessaires que de faire avancer d'abord un simple pion sur un échiquier lorsque, fermant ma main sur la sienne, je dirigeais ses doigts, leur imprimant courage, les conduisant sous mon contrôle vers la toison de ma poitrine, jusqu'à ce que, à l'exemple de mes propres doigts sous le drap, ils déplient d'eux-mêmes une remarquable activité clandestine, ou encore, à une étape plus avancée, après avoir minutieusement fouillé nos poils, nos noyaux et toutes leurs odeurs, quand tous deux à genoux mesurions le chemin prolongé à l'extrême d'un unique baiser, les paumes de nos mais se collant, les bras s'ouvrant dans un exercice quasi chrétien, nos dents mordant la bouche de l'autre comme si elles mordaient la chair tendre du cœur, et les yeux fermés, lâchant mon imagination dans les courbes de ces détours, je (...)
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couché sur le côté, la tête touchant presque les genoux ramassé, il dormait, ce n'était pas la première fois qu'il feignait ce sommeil d'enfant, et ce ne serait pas la première fois que je me prêtais à ses caprices, car je fus prise soudain d'un virulent vertige de tendresse, si subit et insoupçonné que je contenais mal l'impulsion prématurée de m'ouvrir tout entière pour accueillir de nouveau cet énorme fœtus.
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sentant que je lui ébranlais une paire d'os, le coup du déguisement avait porté, sans parler du prophylactique rejet de son humanisme, mais son agilité était réellement étonnante, voyant que dans la joute il n'y avait plus place pour les mots, la pauvre naine, même furieuse, se raccrocha en vitesse à la queue de ma fusée, se mettant également - avec un éloquent jeu de hanches - à m'inciter au corps à corps
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(...) tu ne te doutes même pas que tu te gargarises d'une blague : impossible d'ordonner le monde des valeurs, nul ne fait le ménage dans la maison du diable ; je me refuse donc à penser à ce en quoi je ne crois plus, que ce soit l'amour, l'amitié, la famille, l’Église ou l'humanité ; je me fous de tout ça ! l'existence m'effraie encore mais je n'ai pas peur de rester seul, c'est consciemment que j'ai choisi l'exil, aujourd'hui me suffit le cynisme des grands indifférents...
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"il ne t'est jamais passé par la tête, hein intello de merde, il ne t'est jamais passé par la tête que tout ce que tu dis, et tout ce que tu vomis, tu ne le connaissais que par ouï-dire, que rien de ce que tu disais tu ne le faisais, que tu baisais comme une pucelle, que sans mon levier tu ne vaux pas un pet, que j'ai autrement de vie et autrement de poids..." là elle m’interrompit "allez, allez, répète ça, dis-moi que tu n'es pas l'ermite que j'imagine, mais que tu as un tas de démons qui gravitent autour de toi, allez, dis-le, dis-le encore... ha-ha-ha... démoniaque... ha-ha-ha..." elle devait, la goinfre, avoir avalé un pot de brillantine au petit-déjeuner car jamais je n'avais dit ça !
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