AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782246223023
149 pages
Grasset (31/03/2006)
3.86/5   64 notes
Résumé :
Tatiana Ivanovna a consacré sa vie entière à ses maîtres, les Karine, qu'elle a vus naître et grandir. Lorsque la révolution russe les chasse de leur domaine, elle les suit jusqu'à Odessa d'abord, puis jusqu'à Paris, dans ce petit appartement du quartier des Ternes, où les exilés tournent en rond comme les mouches d'automne... Avec un art consommé de la touche infime, de la progression insensible, qui évoque l'influence de Tchekhov, Irène Némirovsky peint les désarr... >Voir plus
Que lire après Les mouches d'automneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
3,86

sur 64 notes
5
4 avis
4
18 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Je ne suis pas véritablement parvenue à m'immerger dans la vie de cette famille aristocrate contrainte à l'exil après la révolution russe de 1917. Trop court selon moi. Mais cet effleurement d'une centaine de pages reste très agréable à lire. L'écriture délicate et empreinte de tendresse nostalgique m'a enchantée. C'est comme si on trébuchait dans une excavation du temps.

C'est à travers le regard de la vieille Nianiouchka (alias Tatiana Ivanovna), servante loyale et dévouée à la famille Karine, que nous approchons les membres cette famille. Ils gravitent autour d'elle par petites touches neigeuses, à l'instar de « la neige qui rayait l'air avec une rapidité fuyante, comme des plumes d'oiseau ». Nianiouchka s'est occupée de plusieurs générations de Karine et fait partie de la famille sans en faire complétement partie, tenant son rang, toujours un peu en marge, en accord subtil avec la tonalité de l'écriture. Elle porte un regard réservé et digne sans parvenir à s'adapter au changement, figé dans l'attente d'un monde révolu, s'en remettant inconditionnellement à la volonté de Dieu.

Les mouches d'automne, ce sont ces exilés de la noblesse Russe des années 20, dépossédés de leurs biens, qui ont fui vers la France (c'est le cas ici) ou tout autre pays.

« Ils allaient, venaient, d'un mur à un autre, silencieusement, comme les mouches d'automne, quand la chaleur, la lumière et l'été ont passé, volent péniblement, lasses et irritées, aux vitres, traînant leurs ailes mortes. »

Si les circonstances qui les ont conduits à s'exiler sont à peine évoquées, la fuite du temps, la difficulté à s'intégrer, le mal du pays sont en revanche abordés avec sensibilité et pudeur, parfois juste chuchotés dans le silence. Belle découverte.
Commenter  J’apprécie          494
Les mouches d'automne évoquent les membres de la famille Karine, nobles Russes exilés après la Révolution bolchevique de 1917. Les barines (les fils de la famille) sont partis à la guerre, les plus jeunes enfants ont suivi leurs parents dans leur fuite vers Odessa, Marseille et enfin Paris. Comme des milliers d'autres en cette époque troublée et violente, les privilégiés d'hier sont devenus les mendiants de demain, incertains à assurer leurs ressources, hésitant encore à basculer dans un monde qui n'est pas le leur, celui de l'après-guerre, des "années Folles", un monde sans tsar, sans domaine familial et sans large domesticité.

A travers les yeux de Tatiana Ivanovna, la vieille servante, la plus fidèle des nounous qui a vu naître trois générations de Karine, le lecteur découvre de façon poignante le bouleversement de cette poignée d'existences.

Comme pour "Jézabel", j'ai adoré le style de l'auteur qui se lit très facilement, coule de source et témoigne d'une très belle sensibilité. J'ai seulement regretté la fin trop abrupte et le format du roman, pareil à une longue nouvelle. Avec une telle trame, comment ne pas désirer davantage de développements et une connaissance plus intime des personnages ?


Challenge Petit Bac 2016 - 2017
Challenge ABC 2016 - 2017
Challenge PETITS PLAISIRS 2016
Commenter  J’apprécie          440
C'est en 1931 que paraissent Les mouches d'automne.
Octobre 1917 la Révolution éclate, Janvier 1918, les Karine fuient ... Seule Tatiana Ivanovna reste au Domaine, veillant sur leurs biens comme elle le fait depuis plus de 50 ans. Elle seule en connait tous les coins et recoins, elle a élevé le Maitre, ses frères et soeurs, ses enfants . Quand il lui faut les rejoindre à Odessa où ils ont trouvé refuge elle n'hésite pas un instant..
Odessa puis Marseille au printemps 1920 et enfin Paris ...
Tatiana Ivanovna observe, incrédule, ce monde où elle doit trouver sa place, un monde dont elle ne parle pas la langue, un monde où les règles de vie ne sont plus celles qu'elle a toujours connues, un monde où les convenances semblent ne plus exister, où l'argent vient à manquer, un monde où muette elle n'est pas à sa place... elle est La Femme d'autrefois, sous-titre du roman à sa publication
Irène Némirovsky ,encore jeune écrivaine, restitue l'ambiance délétère de la fuite, de l'exil, de l'installation en France. Les phrases sont courtes, sobres, ni pathos, ni trémolos, nul doute que les souvenirs de son propre exil emplissent ces pages..
Pourquoi ce titre ? Voici la réponse :
"Dès le matin on fermait les volets et les croisées, et dans ces quatre petites chambres obscures, les Karine vivaient jusqu'au soir, sans sortir, étonnés par les bruits de Paris, respirant avec malaise les relents des éviers, des cuisines qui montaient de la cour. Ils allaient, venaient, d'un mur à un autre, silencieusement, comme les mouches d'automne, quand la chaleur, la lumière et l'été ont passé, volent péniblement, lasses et irritées, aux vitres, traînant leurs ailes mortes"
Commenter  J’apprécie          342
Le temps passe tellement vite, si bien que tout semble être arrivé hier. Et pourtant, quelques signes de lassitude ne trompent pas Tatiana Ivanovna. Cinquante et un ans qu'elle élève, de génération en génération, les enfants de la famille Karine. Une riche famille de propriétaires russes qui occupent une grande et belle demeure blottie dans un vaste parc.
Le temps file, emporté par les enfants qui ont grandi trop vite et, en ce soir de Noël, c'est le traîneau qui attend les deux garçons pour les mener vers la guerre, cette guerre civile de la révolution russe.
Tatiana Ivanovna, née au Nord de la Russie, aime la neige épaisse, les nuits glacées et le sifflement du vent. La tête recouverte de son châle, elle trace le signe de la croix sur le départ des enfants et pour elle « Tout est dans les mains de Dieu. »

Ce très court roman est celui de l'exil de ces Russes face à la violence des Rouges, de l'incompréhension et de la stupidité des évènements de cette période, de la richesse disparue et du « chez nous » qui ne reviendra plus. La fuite se fera jusqu'à Paris où les Karine et Tatiana Ivanovna, « traînant leurs ailes mortes » comme les mouches d'automne, porteront avec nostalgie et tristesse les souvenirs de leurs belles années.

En quelques chapitres, d'une concision surprenante, Irène Némirovsky réussit à retracer les grandes lignes de cette famille russe en s'attachant à quelques faits qui résument parfaitement leur triste devenir d'exilés. Mais c'est en suivant la lassitude grandissante chez Tatiana, son repli dans l'attente désespérée de la première neige que l'émotion nous étreint. Une émotion qui s'accentue avec la sensibilité et la beauté de la plume de l'auteure.

Cette petite oeuvre est dramatique. D'une grande part d'Histoire de la Russie, elle nous offre une toute petite page bouleversante, attachée à cette nourrice dévouée.
Commenter  J’apprécie          313
Ce court roman peut être considéré comme une biographie des Russes Blancs exilés lors de la révolution de 1917.

Il débute avec la Première Guerre mondiale quand les fils de la famille endossent l'uniforme et partent se battre. L'histoire est racontée autour de Tatiana Ivanovna, la vieille nounou qui a vu grandir des générations d'enfants de la famille Karine en plus de cinquante ans de présence dans la maison.

Nous les suivons dans leur exil en France. Ils souffrent de la pauvreté mais surtout de la violence que fut cet abandon de leur vie qui durait depuis des générations. La vieille Nianiouchka continue son train-train mais ne comprend pas, ne veut pas voir et ne s'adapte pas !

Une chape de plomb est posée sur cette famille et son histoire depuis le début, comme si tout était inéluctable, voulu par Dieu, sans qu'ils puissent intervenir. La prose d'Irène Némirovski est claire et pure comme un ruisseau de montagne malgré l'atavisme qui ressort dans toutes pages. Il n'y a pas de critiques ni de condamnation juste une constatation décrite sans enluminure.

Challenge MULTI-DEFIS 2021
Challenge PLUME FEMININE 2021
Challenge RIQUIQUI 2021
Challenge SOLIDAIRE 2021
Challenge ATOUT PRIX 2021
Commenter  J’apprécie          260

Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Quelque temps encore, Tatiana Ivanovna écouta le bruit de grelots qui s'éloignait. "Ils vont vite", songeait-elle. Elle demeurait debout au milieu de l'allée, serrant des deux mains son châle sur son visage. La neige, sèche et légère, entrait dans les yeux comme une poudre ; la lune s'était levée, et les traces du traîneau, profondément creusées dans le sol gelé, étincelaient d'un feu bleu. Le vent tourna, et, aussitôt, la neige commença à tomber avec force. Le faible tintement des clochettes avait cessé ; les sapins chargés de glace craquaient dans le silence avec le sourd gémissement d'un effort humain.
Commenter  J’apprécie          152
Elle ouvrit, et, alors seulement, elle entendit le gramophone, qui jouait, entouré d’un rempart de coussins ; la musique basse, haletante, semblait passer à travers une épaisseur d’eau. La chambre était à demi obscure. Seule une lampe, voilée d’un chiffon rouge, éclairait le divan, où Loulou, étendue, paraissait dormir, la robe défaite sur la poitrine, serrant dans ses bras un garçon, à la pâle figure délicate, renversée en arrière. La vieille femme s’avança. Ils dormaient réellement, leurs lèvres encore jointes, leurs visages collés l’un à l’autre.

Chapitre V
Commenter  J’apprécie          130
Quand elle revint il paraissait calmé ; il tournait machinalement la poignée du poêle, d’où le plâtre coulait avec un bruit léger de sable. "Regarde, Tatiana, combien de fois t’ai-je dit de faire coller ces trous… Regarde, regarde, fit-il en montrant une blatte qui courait sur le plancher : elles sortent de là. Est-ce que tu crois que c’est sain pour une chambre d’enfants ? – Vous savez bien que c’est signe de prospérité dans une maison, dit Tatiana Ivanovna en haussant les épaules : Dieu merci, il y en a toujours eu ici, et vous y avez été élevé et d’autres avant vous."
Commenter  J’apprécie          120
Dès le matin on fermait les volets et les croisées, et dans ces quatre petites chambres obscures, les Karine vivaient jusqu’au soir, sans sortir, étonnés par les bruits de Paris, respirant avec malaise les relents des éviers, des cuisines qui montaient de la cour. Ils allaient, venaient, d’un mur à un autre, silencieusement, comme les mouches d’automne, quand la chaleur, la lumière et l’été ont passé, volent péniblement, lasses et irritées, aux vitres, traînant leurs ailes mortes.
Commenter  J’apprécie          130
Elle se coucha, ferma les yeux. Elle ne parvenait pas à s’endormir, elle écoutait, malgré elle, les craquements des meubles, le bruit de la pendule dans la salle à manger, comme un soupir humain qui précédait le son de l’heure battant dans le silence, et, au-dessus, au-dessous d’elle, les gramophones, tous en marche, ce soir de réveillon.

Chapitre VIII
Commenter  J’apprécie          110

Videos de Irène Némirovsky (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Irène Némirovsky
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv : https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Elle fut l'une des romancières les plus en vue des années 30 puis on l'a oublié après sa mort en déportation… jusqu'à sa redécouverte il y a quelques années. Son nom ? Irène Némirovsky;
« Suite française » d'Irène Némirovsky, c'est à lire aux éditions Denoël.
autres livres classés : exilVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (127) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature russe

Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

Tolstoï
Pouchkine
Dostoïevski

10 questions
437 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

{* *}