En 1961, dans la dernière année de la guerre d'Indépendance, une jeune fille de Sidi-Bel-Abbès part faire ses études à Aix-en-Provence. En 2003, cette jeune fille,
Mireille Nicolas, publie les lettres que sa mère (et quelquefois ses soeurs) lui ont adressées, de 1961 à 1964. Témoignage précieux sur la vie des "Européen d'Algérie", mais aussi des musulmans, pendant la période coloniale. Vie de gens simples et généreux, les parents de la jeune fille sont instituteurs en quartier "arabe", ils voient défiler les exactions de tous genres, les angoisses, les rejets : "C'est un chaos abominable où l'un assassine l'autre pour une idée qu'il croit juste, par habitude ou, je me le demande, par vice". Témoignages authentiques, simples, au jour le jour, par de braves gens qui font l'impossible pour faire subsister un peu de bonheur, un peu de respect et qui, bien entendu, ne dominent pas l'histoire, mais la subissent, comme la subissent toutes les braves gens de leur quartier. Puis vient l'indépendance, le bonheur de certains, la peur des autres, des départs, des disparitions, les difficiles amours entre jeunes de religions différentes, les déceptions, les vexations, les joies. Ecrits simplement et sans recul, juste pour entretenir de ce qui se passe une enfant absente et tendrement aimée, ces lettres devraient être un document indispensable pour les historiens qui voudraient restituer une image fidèle de l'Algérie française.