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Ce "prélude à une philosophie de l'avenir" s'ouvre sur une critique des préjugés des philosophes, à commencer par leur croyance en la valeur absolue de la vérité, et annonce un nouveau type de penseur : "l'esprit libre", seul capable de redonner du sens à l'existence humaine en créant des valeurs nouvelles. Contre la croyance en l'existence d'un bien en soi et d'un mal en soi, contre la dualité même du bien et du mal, Nietzsche juge qu'"il n'y a pas de phénomènes moraux du tout, mais seulement une interprétation morale des phénomènes".
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(Traduction de Patrick Wotling). Lu pour la première fois il y a 2 ans.

Ce livre est avant tout infiniment riche et exigeant.

Le dernier ouvrage de la série le gai savoir - Ainsi parlait Zarathoustra - Par-delà le bien et le mal, est, de l'avis même de son auteur, un commentaire de Zarathoustra, qui choisi de dire ici le « non » là ou le précédent livre disait le « oui », et qui dresse un premier bilan de la recherche à laquelle il s'était jusqu' alors appliqué dans ses premières oeuvres.

Aph. 185 « Il ne m'est pas sympathique. » – Pourquoi ? –« Je ne suis pas à sa hauteur. » Un homme a-t-il jamais fait cette réponse ?

Nietzsche adopte ici un ton radical et explicite sa philosophie sous une forme extrêmement claire, qui contraste avec la prose fantaisiste de Zarathoustra. Les grands thèmes de sa philosophie y sont exposés : le refus d'une hiérarchie simpliste entre bien et mal, de la vérité philosophique vide de sens, auxquelles il tentera de substituer des valeurs nouvelles, adoptant comme présupposé que toute chose doit être considérée en fonction de la « volonté », c'est à dire en fonction de l'intention dissimulée de celui qui agit, qu'il ne désire pas s'avouer à lui-même en toute mauvaise foi.

On insistera donc ici plutôt sur la valeur de l'erreur (pour autant que celle-ci procède du moi profond) que sur la recherche de la vérité, sur l'étude de l'histoire naturelle de la morale plutôt que sur la recherche de ses fondements. La philosophie, la religion, la compassion et la pitié, l'égalité (et par là, la démocratie et le socialisme), l'utilitarisme, le nationalisme, une certaine catégorie d'art…autant de cibles pour Nietzsche qui ne manquera pas de rappeler pour chacune d'elles le manque de probité de ceux qui en sont les partisans, la mauvaise foi et la superficialité caractéristiques qui hantent les idéaux de tous bords. Face à cela, il appellera de ses voeux l'émergence de « sur-hommes », une aristocratie refusant l'hypocrisie de la morale, cultivant la probité et la distance avec les autres hommes dans des conflits permanents.

On trouvera également les indissociables rengaines sur les « castes » humaines, l' « élevage » de différents grands types d'esprits humains, le désir d'esclavage, les femmes considérées comme des bêtes sauvages et dissimulatrices… points de vue que l'on ne pourra pas séparer de sa philosophie, et qui encourent toujours le risque d'être soumis soit à de mauvaises interprétations, soit à des utilisations douteuses.

Aph. 40 « […] Tout esprit profond a besoin d'un masque : plus encore, un masque pousse continuellement autour de tout esprit profond, du fait de l'interprétation constamment fausse, à savoir plate de toute parole, de tout pas, de tout signe de vie émanant de lui.»

Dans la profondeur de sa pensée, nous retrouverons, ravis, le « masque », indispensable à tout esprit noble, les puits profonds, l'opposition de la règle et de l'exception, toute une théorie de la dissimulation dans le commerce des hommes qui fait le charme particulier de cette philosophie.

Il faut une fois de plus souligner la qualité de l'écriture, qui est très agréable comme dans le Gai Savoir, et la clarté des aphorismes. N'hésitez pas à vous lancer dans la lecture de ce philosophe, Il n'y a pas de difficulté majeure à entrer dans sa pensée, et vous pourrez constater qu'il ne fait pas vraiment partie de ceux qui usent de gants et manient la langue de bois pour fustiger l'hypocrisie des intellectuels, les institutions vides de sens, le laisser-aller et les démagogies de tous horizons… ! Attention toutefois : il ne faudra pas entamer sa découverte par cet ouvrage, mais débuter bien plutôt par le Gai savoir ou une de ses premières oeuvres, plus introductives. de plus, il faudra être patient, c'est évidement toujours le cas lorsque l'on aborde un auteur nouveau, mais cela est encore plus vrai pour Nietzsche, pour se glisser dans cette étrange philosophie, d'autant plus que nous avons affaire à un auteur facétieux qui aime parfois à se faire comprendre à demi-mot, et il sera de plus véritablement nécessaire d'effectuer un lent travail sur soi pour véritablement comprendre cette pensée. C'est peut être finalement dans cet effort nécessaire que réside l'intérêt profond de cette lecture, qui permet de faire un pas sur le chemin de la probité intellectuelle.

Par ailleurs, cette obligation pour le lecteur de devoir s'impliquer personnellement dans cette philosophie pour pouvoir la comprendre fait de Zarathoustra un socle indispensable à la lecture de ce livre, alors que celui-ci apparaît dans le même temps comme un commentaire du premier dans le sens où il explique pleinement à quoi s'oppose la philosophie du prophète.
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On pourrait presque sous-titrer cette oeuvre "la philo amusante". Car malgré l'image tristounette que peut avoir Nietzsche, on découvre dans cette oeuvre beaucoup d'humour. Contrairement, aussi, aux idées communément reçue, c'est un ouvrage très facile d'accès : les textes sont courts et tout à fait compréhensibles. Voilà pour la forme.
Le fond quant à lui ne peut que (re)questionner le lecteur sur les notions de bien et de mal. Dit autrement : quelle valeur à la morale ?
Excellent ouvrage qui gagne à être lu.
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Chaque livre de Nietzsche contient une myriade de choses à tel point subtiles et profondes qu'à chaque lecture, on y découvre des pensées qui nous avaient échappé ou des interprétations nouvelles. C'est un empire philosophique que l'on peut relire interminablement sans jamais vraiment se lasser.

Ici, Nietzsche se fait un peu spinoziste, en faisant abstraction du bien et du mal, cette interprétation fallacieuse et dogmatique qu'en fit la morale chrétienne car tout part de l'interprétation comme il le dit si bien dans un de ses fameux aphorismes : "Il n'existe pas de phénomènes moraux, mais seulement une interprétation morale des phénomènes".

Puis il s'attaque également à une armée de ces philosophes prédécesseurs tels que Kant, Descartes, Platon, Hume, Locke, même Spinoza en prend pour son grade... Ils s'attaque aussi à l'esprit allemand de son époque, à ce pangermanisme stupide qui donnera au XXème siècle ce que l'on sait. D'ailleurs, à ce sujet, il écrit : "Il serait peut-être utile et juste d'expulser du pays (l'Allemagne) les braillards antisémites".

Il me semble que "Par-delà bien et mal" est probablement le pendant, un peu décousu, certes, de "La généalogie de la morale".
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Bien
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Dans ses "Textes sur les Représentations sociales", Nietzsche écrivait : "Pour élever la lecture à la hauteur d'un art, il faut posséder avant tout une faculté qu'on a précisément le mieux oubliée aujourd'hui et c'est pourquoi il s'écoulera encore du temps avant que mes écrits soient "lisibles" -, une faculté qui exigerait presque que l'on ait la nature d'une vache et non point, en tous les cas celle d'un "homme moderne" ; j'entends la faculté de ruminer ...". Je crains que ce soit un processus encore à utiliser si on veut tirer tout le sel de cet ouvrage !
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sarrbiram555@yahoo.fr
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le silence s'impose.
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Dans "Par-delà bien et mal", Nietzsche n'y va pas avec des pincettes. Sa critique du principe démocratique d'égalité l'amène à prendre des positions très radicales qui pourraient heurter certains esprits humanistes. Cette critique serait (il s'agit de mon interprétation) une suite logique des principes chrétiens de pitié et de charité. En effet, pour se préserver du dégoût de la vie et ne pas sombrer dans un pessimisme incurable, les hommes se cachent de la vérité à travers ces principes définis comme bons. On comprend ainsi pourquoi les hommes sont faux et inconstants. L'égalité n'est qu'une illusion, le cache-misère d'un monde qui avance par ce que Nietzsche appelle la volonté de puissance. Il y a des êtres, qu'il appelle « aristocratiques », cherchant à s'épanouir par une oppression sur d'autres êtres, de loin les plus nombreux, cherchant eux à se soumettre à de grands chefs, à des maîtres tout puissants. Joli tableau n'est-il pas ?
Mais ses aphorismes les plus stimulants sont ceux traitant d'une sorte de relativisme : toute théorie n'étant qu'interprétation, même les lois scientifiques, il n'y a alors aucune vérité durable et immuable. Et comme, de surcroît, nos sens sont trompeurs, ils ne peuvent nous donner les clés d'une vérité souveraine. Et il n'hésite pas aussi à nous mettre en garde sur les vérités qu'il nous enseigne : ce sont ses vérités du moment, elles ne le seront plus une fois couchées sur le papier.
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